Le château de Féline


Sur une idée d’André, ce sera une courte balade dans un endroit peu fréquenté près de la Quille, le vieux village abandonné du Puy Sainte-Réparade, près d’Aix-en-Provence.

Depuis le grand parking au sud de la Quille, nous nous dirigeons vers le sud en passant sur la grande aire de battage dont on voit encore les rayons.

Du fait de l’absence de mortier, la calade n’est pas rigide, elle peut se déformer au gré des mouvements du sol ou sous le poids des charges qui y circulent. Pour cette raison, on disposait des raidisseurs, composés de pierres adjacentes, entre deux marches […]. Les raidisseurs permettaient aussi de créer un creux central, qui servait de caniveau ou fil d’eau. Extrait de wikipedia, la calade. Lire aussi cugistoria

La piste qui circule en sous-bois sur la crête est facile.

Dans une trouée d’arbres, la colline qui porte une tour ruinée de l’ancien village du Puy apparaît fièrement depuis sa restauration et sa mise en valeur par le département des Bouches-du-Rhône.

La ruine de Jeanne, dans le quartier de Féline, ayant probablement appartenu au château de Féline, était entourée de pâtures. Etait-ce Jeanne, descendante du premier habitant de Saint-Canadet, Jean Eyguesier, nourriguier aixois ? dans l’acte de partage de ses biens en 1479, Jean mentionne une maison sous le château : ce pourrait être celle-là, plusieurs fois réparée et consolidée au cours des siècles.

Un peu plus loin, sur une éminence peu élevée, nous grimpons par un sentier empierré et dégradé qui dut être le chemin d’accès au château, modeste construction à un seul bâtiment d’après le cadastre napoléonien.
Dans la tourmente entre catholiques et protestants, le château du Puy est plusieurs fois attaqué puis condamné par le Parlement d’Aix en 1596 à être détruit ainsi que celui de Féline.  D’après Colette Dijoux.

Il reste cependant un mur épais aux grands pierres soigneusement assemblées, complètement caché sous les arbres et invisible depuis le sentier.

D’après le site personnel d’Yves Venturini, au XIe siècle on dénombre trois paroisses : Saint-Maurice du Puy, sur les lieux de l’actuelle paroisse de Sainte-Réparade, Saint-André au lieu-dit l’Église Vieille et Saint-Cannat de Félines.
L’abbé Constantin évoque la paroisse Saint-Cannat de Félines presque abandonnée en 1728 mais selon moi c’est une erreur ; le texte en latin des archives de Saint-Sauveur (Monuments inédits sur l’apostolat de sainte Marie-Madeleine, Volume 2, Étienne Michel Faillon) et les Pouillés des provinces d’Aix, Arles et Embrun, Etienne Clouzot, Imprimerie nationale, 1913 considèrent vers 1350 Fellinis et sancti Cannati comme deux ecclesias différentes. S’il y avait bien une église dédiée à Saint-Cannat et appartenant à l’évêché d’Aix, elle devait se trouver ailleurs à Saint-Canadet

Après les guerres de la Ligue, la population se regroupe autour de Saint Pierre de Félines qui deviendra Saint-Pierre Canadet. D’après Statistique du département des Bouches-du-Rhône : avec Atlas …, Volume 2, Christophe de Villeneuve, 1824

Si Féline vous fait penser à un chat, B. et J.-J. Fénié évoquent un atelier de potier (figulina, felina). A vous de choisir !

Et si vous trouvez la balade trop courte, vous pouvez toujours aller à la Quille.

Histoire du Puy, Yves Venturini
Histoire du Puy, site de Michel Dijoux

Image de l’itinéraire 6km580, 2h déplacement avec visite, 131m dénivelée

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Une ville américaine dans l’Arbois


Pendant longtemps, je n’y ai pas cru à cette ville américaine construite sur le plateau de l’Arbois à la fin de la seconde guerre mondiale ; puis, j’ai cherché, consulté les forums et quelques documents d’archives pour finalement l’admettre… Anne, Claude, Majo et moi partons à la recherche de quelques indices de sa présence dans la zone nord CP1.

Album photo

Un peu d’histoire : au moment du débarquement des alliés en Provence le 15 août 1944, la guerre contre le Japon n’est pas terminée. L’Etat-major des forces alliées envisage de transférer des troupes (excédentaires ou venant des USA et d’Angleterre), de l’Europe vers le pacifique et de rapatrier aux USA les troupes non nécessaires : une opération de redéploiement de grande envergure avec mouvements d’hommes et de matériels. Ce camp de transit n°1 – Calas staging Area – sera installé sur le plateau de l’Arbois :  terrain vaste, à proximité d’un port, d’un réseau routier et ferroviaire, d’un aérodrome capable de faire atterrir des gros avions. Parallèlement un camp de prisonniers de guerre était mis en place au sud de la RD9 sous le nom de Continental Central Prisoner of War Enclosure number 404 (CCPWE 404, capacité 25 000 hommes environ). Le camp ferme officiellement le 23 janvier 1946.
Sur le côté gauche de la photo aérienne de l’IGN en 1949, vous pouvez voir une partie de l’alignement des blocs où étaient installées les tentes de la zone CP1 (nord de la route), et au sud le camp de prisonniers. Côté droit, le bassin du Réaltor.

Nous stationnons face à la DFCI, non loin de l’embranchement qui mène à la SPA sur la petite route D65D. La piste est large et facile, entrecoupée de nombreuses petits chemins.

La piste DFCI passe au dessus du canal puis de la ligne TGV.

Nous arrivons sur ‘la grande route de Tokyo‘, large avenue goudronnée de plus de 3km de long, avec un terre-plein central ; elle suit la ligne à haute tension de 13 000V qui a été prolongée vers le camp pour alimenter les 13 postes de transformation en 115 volts, le standard américain. Le réseau ainsi câblé alimentait en électricité toutes les tentes et les bâtiments. Sur les photos aériennes de l’époque, on reconnait facilement cette route et les tentes installées de chaque côté.

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Les bergeries des terres gastes, les Brulades à Eguilles


En ce début juin, j’organise pour un groupe d’aixois, une randonnée près de chez moi. Nous stationnons sous le pont TGV le long de l’ancienne voie aurélienne. Le spectacle des champs de coquelicots met déjà de bonne humeur.

Le sentier du Mazet à Saint-Cannat, qui démarre à la piste DFCI à côté du pont, passe d’abord en sous-bois puis grimpe au Mazet par une piste caillouteuse ; de là haut, on peut voir la Sainte-Victoire au loin. Il figure sur le cadastre napoléonien de 1827 mais pas sur la carte de Cassini : la bastide du Mazet a donc été construite fin XVIIIe-début XIXe. Quatre chemins, venant des quatre points cardinaux ) y aboutissent.

Sur internet, le Mazet est parfois décrit comme lieu de regroupement de la grande transhumance et haut lieu de la Résistance : qui pourrait m’en dire plus ? (merci André pour l’envoi de ce premier document)

Depuis le XVe siècle, les nourriguiers1 utilisaient les pâturages de la commune situés dans les terres gastes2 de l’ouest d’Eguilles ; en 1717, treize bergers y travaillent pour des propriétaires de troupeaux ; mais en 1832 le nouveau code forestier interdit le pâturage ; le maire se bat pour rétablir le droit de pacage et d’affouage ; finalement, par des ordonnances successives, les habitants d’Eguilles sont autorisés à refaire pacager les bêtes à laine, 2000 environ en 1882, en payant une taxe de 60 centimes par tête (prix de 1836) mais la commune se plaint régulièrement des dégâts causés par les troupeaux transhumants qui mangent tout sur leur passage et envahissent les champs.
Eguilles, images et histoires : d’Aculeus à Eguilles, l’histoire du village et de ses habitants, S. Bergaglio, Editions des lilas, 2014

Nous visitons le Mazet, profitons des mûres sur le grand mûrier près de la bâtisse ; les crochets pour attacher les chevaux sont toujours scellés au mur ; l’abreuvoir près du puits sert encore aux troupeaux de passage ; j’y ai rencontré à ses abords, en mai 2016, un millier de moutons fraîchement tondus, guidés à la voix par un vieux berger et bien gardés par les chiens. Un spectacle unique ! Continuer la lecture de Les bergeries des terres gastes, les Brulades à Eguilles