Entre étang et forêt de Castillon


A dix minutes de la ville, sur un plateau calcaire, s’étend le domaine de Castillon. Ici, toutes les couleurs de la nature se sont données rendez-vous : le bleu rose irisé des étangs et le bleu vif du ciel un jour de mistral, toutes les nuances de verts des feuillages, le gris fané des vieilles pierres du passé, les couleurs gaies des fleurs de printemps ; la lumière vive aumedium_img_1084.jpg bord des étangs côtoie l’ombre de la forêt au bord du canal. Pour les amateurs d’histoire, le site archéologique de Saint-Blaise peut débuter la randonnée… à condition que celle-ci ait lieu un jour de semaine !

* La forêt de Castillon et le tour du Pourra du site Week-ends et tourisme en Provence avec photos
* Pour découvrir le site de Saint-Blaise du site Balade en Provence avec photos
* Télécharger le tracé de mon itinéraire sur une carte satellite – 5km – 1h15 – dénivelé : 57m

Le temps qu’il fait aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

Après le passage des Sarrazins, le village médiéval se regroupa au 12ème siècle autour de son église paroissiale Notre-Dame de Castelveyre (chateau vieux en provençal), flanquée de son petit ermitage, dominant l’étang.medium_img_1090.jpg [Site de Saint-Blaise] « Il est possible de découvrir les ruines d’une ville antique : lieu de prières, portes, trottoirs, seuils d’habitations. Un sentier est là pour vous guider sur les traces des grecs, des gallo-romains et des carthaginois… A ne pas manquer les remparts qui s’étendent sur un demi-kilomère, construits à l’aide d’énormes blocs de pierre, assemblés sans mortier,…, l’église Saint-Vincent de l’an 500 avant notre ère, un moulin à huile domestique ou encore la fosse de 25m de profondeur. »

Extrait de la revue Accents, Conseil Général des Bouches-du-Rhône Des sarcophages de pierre creusés à même le sol recouvrent le plateau : vous êtes sur une nécropole du 5ème siècle. medium_img_1099.jpgLe sentier en forêt est très agréable : il longe d’abord les remparts, puis passe à côté de quelques ruines, avant de d’aboutir par un sentier raviné et pentu à l’étang de Lavalduc. Le plus grand après celui de Berre. Là, la lumière est aveuglante. Je longe l’étang et m’aperçois que sa teinte irisée tirant vers le violet n’est peut-être pas naturelle. Quelques arbres morts dans l’eau au bord de l’étang donne un côté sinistre à ce coin. Parfois une odeur piquante vient me titiller les narines. Je ne vois pratiquement aucun oiseau sur l’étang. Pollution ? medium_machaon.jpgAvant d’entrer à nouveau dans la forêt, j’observe un papillon dont le vol rapide me surprend. Il ne s’arrête pas plusieurs secondes sur les fleurs mais semble sautiller de l’une à l’autre. Je le reconnais quand même à sa queue : c’est un machaon. Bien que mon livre sur la faune méditerranéenne le classe dans les papillons communs, c’est le premier que je vois cette année. Je mettrai un quart d’heure à faire une photo à peu près convenable, sans pied ! medium_img_1104.jpg La flore et la faune des lieux humides est caractéristique : de hauts roseaux dans lesquelles se cachent des fleurs blanches. Au fur et à mesure de mon avancée le long du canal des Martigues, je réussis à provoquer le saut dans l’eau de 5 grenouilles qui ne réapparaitront pas. Entre ombre et lumière, cette partie de la visite est fort reposante malgré quelques moustiques qui seront sans doute plus nombreux dans quelque temps. Par une petite montée, je rejoins le parking de Saint-Blaise. Cette randonnée me laissera finalement un goût mitigé entre plaisir (diversité des portions du parcours, intérêt de Saint-Blaise) et déception face à ces lieux probablement pollués.

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Les étangs de l’ouest, étang de Lavalduc, Citis, Engrenier et Pourra sont définis comme Zone d’importance communautaire pour les oiseaux

L’abbaye de Frigolet dans la Montagnette


Voilà un nom qui sonne la Provence avec un accent chantant : frigolet ! En pleine nature, niché au cœur de la Montagnette, ce monastère doit son nom aux innombrables touffes de thym (ferigoulo en provençal) dont sont parsemées les collines.

* Le site de l’abbaye
* Le site de Tarascon et son patrimoine
* Télécharger l’itinéraire de 7,220km A/R, 2h45 environ, dénivelé de 142m

Le temps qu’il fait aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

medium_img_0917.jpgmedium_img_0920.jpgPour y aller, j’ai choisi de partir de la commune de Boulbon par un sentier balisé de jaune au départ du château. Impossible de le louper : massif, en hauteur, soudé à la roche, il est vraiment impressionnant : collez-vous à la paroi et levez les yeux !

Le chemin démarre dans une gorge étroite : le vallon de Saint-Michel, un ancien lit de torrent bordé d’oliviers centenaires. Je marche sur les dalles rocheuses avant d’atteindre un sentier plus classique dans la garrigue. Le printemps annonce la couleur : hélianthèmes blancs au cœur jaune, géraniums luisants mauves, coquelicots rouges, la nature me met de bonne humeur. Presque au sommet, une étendue d’eau protégée d’un grillage, permet aux chiens qui accompagnent leur maître, de se désaltérer par une petite brèche ménagée dans celui-ci.

Les pistes sont larges et se croisent. Il s’agit de ne pas se tromper. medium_img_0925.jpgAu niveau des Rochers de Raous, je profite des superbes vues sur les paysages de la vallée du Rhône et de la Durance, le mont Ventoux et le Luberon. Soudain, après une petite descente, j’aperçois les toits si caractéristiques de l’abbaye de Frigolet. Impatiente de la découvrir, j’accélère le pas ; je traverse la piste de San Salvador et après quelques petites montées et descentes, je vois enfin l’abbaye en grand. Derrière celle-ci, un groupe de randonneurs est en train de pique-niquer sur l’herbe. Quel endroit agréable en effet ! j’en fais autant, profitant bien involontairement des discussions entre les membres du groupe voisin.

La chapelle romane construite près du monastère porte le vocable de Bon remède (remède = rédemption). medium_img_0935.jpgLa révolution supprime les ordres religieux et confisque leurs biens. Une habitante d’un mas voisin sauve la chapelle du pillage et du vandalisme en faisant croire justement qu’elle a déjà été dépouillée. De 1839 à 1841, le propriétaire y établit un pensionnat. Les parents de Frédéric Mistral l’y conduiront suite à sa mauvaise conduite !

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Puis des industriels y produisent des dragées, l’église Saint-Michel devient un abri pour les troupeaux. En 1858, l’abbaye est rachetée pour y installer une nouvelle fondation, celle des Prémontrés (« les Pères Blancs »). L’extraordinaire rayonnement de la Communauté donne naissance à plusieurs missions au delà des frontières. En 1880, le gouvernement décrète la dissolution de la communauté mais, dès la medium_img_0938.jpgToussaint, des milliers de fidèles montent au monastère pour tenter d’éviter l’expulsion. Une véritable armée installe un blocus et se déploie sur la Montagnette. Quand les portes sont défoncées, le père abbé lit une protestation solennelle et les Pères chantent l’office que personne n’ose troubler. Sous une pluie torrentielle, les gendarmes font évacuer l’abbaye. Les Prémontrés sont poussés dans des voitures puis conduits vers Tarascon. Pendant de longs mois, l’abbaye est gardée par des militaires. En 1903, la Communauté est chassée, la majeure partie s’exilant en Belgique, dans l’abbaye de Leffe, plus connue sans doute pour sa bière… Ils reviennent en 1920. Il est à noter que le R.P. Xavier de Fourvières s’est spécialisé dans la prédication en langue provençale ; il est même l’auteur d’une grammaire du provençal et d’un dictionnaire français-provençal.

Les murs de la chapelle romane sont recouverts de boiseries dorées, – offertes pas Anne d’Autriche pour remercier la Vierge d’avoir exaucé son vœu de mettre au monde un fils qui deviendra Louis XIV – , et de 12 tableaux attribués à l’école de Nicolas Mignard. medium_img_0944.jpgJe termine la visite par la boutique où se vendent des sirops de fruits, dont certains à servir avec de la bière : malheureusement étant à pied, je n’ai pu ramener cette bouteille bien trop lourde pour mon sac à dos ! Savons, cierges, livres, articles religieux, remèdes à base de plantes,… y sont également disponibles. C’est dans cette abbaye qu’Alphonse Daudet a situé sa célèbre nouvelle des Lettres de mon Moulin : * L’elixir du Révérend Père Gaucher. Quant à cette fameuse boisson qui enchanta le héros, curé de Graveson, vous la trouverez peut-être … ici. Le retour n’est pas aussi facile : je préfère quand même prendre le même chemin (187m de montée et 91m de descente) car la variante par la piste de San Salvador est bien plus longue (9,7km).

Abbaye Saint-Michel de Frigolet, T. Secuianu, H.Champollion, Editions Ouest-France, 1998

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Merci à Bobines84, geocacheur du Vaucluse (pour savoir ce qu’est un geoacacheur, voir l’article * chasse au trésor high tech dans ce blog), grâce à qui j’ai découvert ce site remarquable

Le Concors à partir de Taulisson


Monter sur le sommet du Concors est assez sportif : 400m de dénivelé continu mais quelle fierté d’arriver au point culminant et trouver le « trésor » qui a été caché par Serge Robert (Pour connaitre le jeu : voir l’article sur Chasse au trésor high tech au barrage Zola ; pour connaitre où est la cache Boîte de pruneaux au sommet du Concors).

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Le temps qu’il fait aujourd’hui à cet endroit :
Météo du jour, direction du vent et température ressentie

En chemin, le plus curieux, ce sont bien les fours à charbon de bois, installés sur les lieux même de la coupe. Deux fours se suivent sur le chemin du Pié de Masse ; dans le second, on peut encore voir les tuyaux permettant l’arrivée de la chaleur dans le foyer. Le couvercle mobile permettait de fermer la cheminée quand les vapeurs rouges commençaient à se dégager.

Si un lecteur sait si ce charbon de bois servait de combustible pour la métallurgie ou s’il était réservé à l’usage des charbonniers, je le remercie de poster un commentaire.

medium_img_0632.jpgLe charbon de bois est obtenu en carbonisant du bois de manière contrôlée en l’absence d’oxygène. Le procédé permet de retirer du bois, son humidité et toute matière végétale volatile afin de ne laisser que le carbone. Au cours du XIXe siècle, il apparaîtra des enceintes métalliques de divers formes. Certains sont amovibles afin d’être utilisés sur place en forêt. Encyclopédie Wikipédia

Transformer et habiter la forêt : les sites de charbonnage du Var, Ada Acovitsioti Hameau

Pour la Provence et le Var, ce sont les vagues d’immigrants italiens, arrivés entre 1870 et 1930, puis espagnols, arrivés autour de 1940, qui ont fourni, en dernier lieu, la majorité des acteurs humains du secteur. […] Le charbon à four provient souvent de bois mélangés et convient pour faire marcher les moteurs à gazogène, d’utilisation quasi exclusive dans les décennies 1940 et 1950.
Merci à Richard H. qui m’a suggéré cet usage dans son commentaire. En effet, le charbon de bois a été réquisitionné pendant la seconde guerre mondiale ; les autorités ont donné leur préférence à la technique en four, plus facile à maîtriser.
Les fours à charbon de bois du lac noir, lien communiqué par Richard H.
 

L’appareil Moreau se compose d’un vase en tôle ayant la forme d’un prisme droit octogonal ; …. Des cheminées et des buses disposées sur le pourtour et au sommet de ce récipient servent au dégagement des gaz et des liquides produits par la carbonisation. Des prises d’air, ouvertes dans le bas, permettent d’allumer facilement le bois qu’on dispose dans l’intérieur. Au moyen d’une disposition fort ingénieuse, toutes ces ouvertures se ferment d’elles-mêmes, automatiquement, quand la combustion devient trop active. … il permet de carboniser, en trente heures, environ 10 stères de bois.
L’appareil Dromart se compose d’une cage en forme de dôme, composé de plaques de forte tôle montées sur un bâti en fonte. La partie supérieure se termine par une cheminée munie d’un couvercle mobile ; la partie inférieure est ouverte et la cage se pose simplement sur une aire préparée. Dans cette aire, on établit d’ailleurs préalablement, en maçonnerie de brique et d’argile, un foyer qui, sans communiquer avec l’intérieur de la cage, y fait pénétrer la chaleur par une série de conduits convenablement disposés à la surface du sol et dont quelques uns sont recouverts de plaques de fonte. La cage s’emplit de bois au moyen d’une porte ménagée sur le côté ; on allume le foyer et la carbonisation ne tarde pas à se produire. Lorsque des vapeurs de couleur rouge commencent à se dégager, on éteint le feu, on ferme la cheminée et on laisse refroidir le tout.

M. Larzillière, Sous-Inspecteur des Forêts Notice sur le débit des bois de feu, leur mode de vente et les procédés de carbonisation usités en France, Exposition universelle de 1878

medium_jonquilles_concors.2.jpgLa montée au travers des sous-bois humides est bien rafraichissante les jours de forte chaleur : avec la mousse recouvrant les pierres, on se demande parfois si on est bien en Provence. De petites jonquilles sont sorties timidement de terre. Après quelques passages un peu plus durs, une montée qui peut paraitre interminable, je sais que la récompense est au bout du chemin.

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Quand l’étroit sentier débouche sur la piste forestière, je me sens libre et comblée. Je ne suis plus qu’à quelques mètres de la chapelle Sainte-Consorce restaurée par les Amis de Jouques. Malheureusement, elle est presque toujours fermée (pas d’ouverture non plus), comme la dernière fois où je suis montée par Peyrolles (voir la note dans ce blog Le Concors, un belvédère, une tour de guet, une chapelle).

On s’y rend en pélerinage le lundi de Pentecôte et, en temps de sécheresse, pour implorer la pluie. […] La chapelle est mentionnée dans un recueil des droits et revenus de l’archevêque […] et rédigé vraisemblablement entre 1282 et 1323. […] Une statue en bois de Joseph Armulphy […] se trouve maintenant au Cabinet d’Arbaud, à Aix-en-Provence.
Selon la légende, Consorce et Tulle étaient filles du sénateur Eucher et de son épouse Galla au VIe siècle.

Un village, son histoire : Jouques, Les Amis de Jouques, pp.194-195

En suivant finalement les traces bleues grossièrement peintes sur les rochers de la crête, je rejoins la croix de bois qui tremble sous la force du vent mais résiste. A partir de là , j’entamerai ma partie de geocaching qui se terminera par un « found it » ; j’en profiterai pour embrasser du regard le paysage des deux deux côtés du Concors.

La descente par le large chemin forestier me permet d’apercevoir le château du grand Sambuc avec ses tourelles. Avis aux amateurs de pilotage.