Le vieux Redortiers par les Sartrons


Troisième visite au vieux Redortiers avec Yves Provence  et un groupe de la communauté d’OVS ; elle est identique à celle du 11/11/2016 avec un écart vers les Sartrons. Se reporter aux précédents articles pour une description détaillée : je me contente aujourd’hui de photos et anecdotes nouvelles.

  • La première balade Du Contadour au vieux Redortiers (04/03/2012), vous parle de l’histoire du village et fait référence à la vie de Giono au Contadour ; elle est extraite du livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominique, Le Bec en l’air, 2008, pages 130-139. Difficile d’un point de vue orientation à partir des Graves.
  • La seconde avec Yves Provence le 11 novembre 2016, Le Vieux Redortiers, sur un circuit de geocaching sur le thème de Giono.

Les photos de Yves Provence

Mes photos

Sur le parking face à la mairie, la fête se prépare : nous sommes priés d’aller nous garer un peu plus loin. Tandis que certains enfilent leurs chaussures, je parcours l’article de la Provence consacré au geocaching, rubrique insolite, avec une belle photo de Yves Provence.

Nous passons devant le moulin de Jean Giono, son enclos et le mur à arcades qui abritait des ruches. Sur une ancienne photo en noir & blanc, on le voit avec son âne Cornélia en train de tirer une charrette remplie de pierres.

Qui a repéré au carrefour vers les Graves, le panneau Chemin de la Résistance ? c’est Yves !

Le maquis des Graves est l’un des premiers des Basses-Alpes créé sur l’initiative de Martin-Bret, afin de cacher des réfractaires au STO. Dès 1943, un groupe s’installe à côté de la ferme de Giono [je pense qu’à cette date il n’y habite plus]. Fin 1944, le maquis, trop important, est dispersé. L’un va s’installer à l’Héritier, l’autre aux Fraches où un terrain de parachutage sera homologué par la résistance ; le seul parachutage effectif est tombé dans le vallon de la Riaille mais a été récupéré. D’après Les chemins de la liberté sur les pas des résistants de Haute-Provence, ADRI/AMRID, ADRI, 2004

La maison des Graves, la seconde bâtisse ayant accueilli les contadouriens lorsque le moulin est devenu trop étroit, a bien changé depuis 2012 (voir l’article de 2012). Cette ferme des Graves, achetée en tontine, est donc revenue au dernier survivant, Daniel May dont la fille en est aujourd’hui propriétaire.
La piste longe la route le long des champs : champs de sauge et de lavandin courent en ondulant vers le Ventoux coiffé de son bonnet blanc si caractéristique : il n’est qu’à 25 km de nous à vol d’oiseau.

Nous rejoignons la route à la Boutonnelle. Il va bien falloir marcher sur l’asphalte sur 1,800 km. Enfin, nous descendons dans le vallon de la Baume ; c’est là que je délaisse le groupe pour un aller-retour de 900m jusqu’à l’école des Sartrons évoqué dans le film de Jean Giono Crésus en 1960 (lire dans ce blog Le Contadour sur les pas de Giono et du film Crésus). Le berger Jules trouve un jour, au détour d’un sentier, un conteneur d’aviation qu’il perce avec son fusil ; cela laisse apparaître près de deux mètres cubes de billets de banque qu’il a bien du mal à compter tellement le nombre comporte de zéros. Il cherche de l’aide chez son ancienne institutrice Delphine à l’école des Sartrons.

– [Jules] Mademoiselle Delphine, ça serait au sujet du zéro […] comment ça se multiplie ?
– [Delphine] s’il n’y a que des zéros ce n’est pas un nombre […] On met un 1 devant, idiot ! […]
– [Jules] Moi j’étais venu pour vous parler d’un chiffre avec 30 zéros
– [Delphine] 30 zéros ? tu fais de l’astronomie ? Trente zéros dans le ciel, ça se prononce mais sur la terre, ça se prononce pas !

Véritable école de Redortiers, loin de tout, construite selon les règles du XIXe, avec son mur protecteur, sa cour, le préau et les portes de bois des WC à la turque. La femme de Giono y a enseigné et y a vécu en 1915 alors qu’elle n’avait que 18 ans.

D’un pas rapide, je rejoins le groupe au lavoir envahi de moucherons maintenus sur place par la chaleur plutôt rare en octobre à cet endroit. La toiture restaurée a conservé sa forme décentrée d’origine. Nous montons dans le vieux village, montée rude à l’approche de midi ; n’hésitez pas à grignoter une barre de céréales avant de vous y attaquer ! Là haut, une borne d’incendie a été installée au carrefour des deux voies d’accès, bien après la désertion du village : les habitants n’ont jamais eu l’eau courante à Redortiers.
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Céreste côté campagne par le prieuré médiéval de Carluc


Grâce à Yves voici un itinéraire campagnard pour se rendre au prieuré médiéval de Carluc à Céreste ; ma première visite date de 2006, c’était alors une de mes premières randonnées car facile avec un point d’intérêt remarquable.

Mon album photos

L’album d’Yves Provence

L’album de Céline (cliquer sur l’oeil en haut à droite pour les visualiser)

Nous passons devant la chapelle de Piété (propriété privée) devant laquelle un rosier trémière a été planté. L’IGN s’évertue à appeler romain le pont sur l’Encrême, il ne l’est pas ;  le panneau directionnel de la gare le nomme pont roman, il ne l’est pas davantage ; la commune l’appelle pont de la Baou (1740), c’est mieux.

Le pont de la Baou, alterch

Nous passons devant un énorme réservoir puis devant des bâtiments dont la construction est « signée » (toit en triangle, fenêtres entourées de briques rouges, un étage) : nous reconnaissons l’ancienne gare de Céreste, située sur la ligne Cavaillon-Saint-Maime. Côté Vaucluse, l’emprise de la ligne est en partie réutilisée par la véloroute du Calavon. Le projet est, à terme, de relier Avignon à Volx. Sur une carte postale ancienne datant de 1920 le train à vapeur arrive sur Céreste par la vallée de l’Encrême, à un endroit encaissé  : elle est sous-titrée le derrunaou ; selon UnDeBaumugnes, cela viendrait du verbe derruna qui veut dire s’écrouler, s’ébouler, rouler. Faudrait que j’aille sur place pour comprendre ce toponyme.

La section entre Apt et Saint-Maime – Dauphin, est concédée à titre définitif à la compagnie du PLM […] le 26 mai 1883. […] La ligne et l’embranchement, tous deux à voie unique, sont mis en service le . La ligne comporte quinze ouvrages d’art dans son trajet en Vaucluse, et dix-sept dans les Basses-Alpes. Selon wikipedia Ligne de Cavaillon à Saint-Maime

Quand je vous disais que la balade était campagnarde : au loin un troupeau de moutons, au bord du chemin un cheval dans un pré s’approche de nous espérant obtenir quelques caresses ou friandises. La piste de terre est encombrée de cailloux mais rien de difficile. Des champs à perte de vue avant d’arriver à l’ensemble architectural du prieuré de Carluc situé dans un vallon humide. Il a été l’objet de nombreuses recherches et… interrogations. Carluc est une étape sur la voie Domitia romaine signalée sur l’itinéraire d’Antonin, et étape sur le chemin de Compostelle  : cela nous sera rappelé par la coquille dessinée sur les panneaux directionnels.

Quand nous arrivons sur le site, le premier monument que nous découvrons est la chapelle Notre-Dame dont l’abside polygonale prend appui sur les fondations de l’abside romane primitive, semi-circulaire à l’intérieur et pentagonale à l’extérieur. C’est une forme assez rare en Basse-Provence. Ensuite une galerie à fonction funéraire avec des sarcophages de pierre de chaque côté ; à la fin de celle-ci un hypogée, espace rupestre funéraire supposé dédié à des personnalités, une salle couverte d’une coupole [chapelle Saint-Jean Baptiste ?], un appentis couvrant un espace ayant servi de carrière de pierres, une petite cellule creusée dans le rocher et une construction interprétée comme une chapelle [Saint-Pierre ?] qui aurait englobé une cellule rupestre. Dans un rayon de 200 m les tombes foisonnent autour de l’hypogée. Soyons honnête, j’identifie bien mieux le début de la visite que la fin.
Si l’on admet qu’un sanctuaire plus ancien a précédé le prieuré, la source près de la crypte pourrait évoquer une divinité aquatique ou une eau miraculeuse. Selon La Haute Provence monumentale et artistique, R. Collier, Digne, 1987

Vermot-Gauchy L, Le prieuré Saint-Pierre de Carluc, organisation monumentale et administration d’un relais de l’Abbaye de Montmajour en Haute-Provence du XIe siècle au XVe siècle, 2007, master 2, UNSA, sous la direction de Dominique Garcia
Boekholt C., Du nouveau à CarlucARCHIPAL, 61, 2007, pp.55-62

Au pied de l’ensemble architectural, un panneau d’information propose un hypothèse de restitution des lieux faite par J.M. Gassend de l’IRAA/CNRS. L’importance incontestable de Carluc par les dimensions du site, est confirmée par ses liens avec la célèbre abbaye de Montmajour et la quinzaine de prieurés ruraux sous son obédience.

Archinric, scribe de Montmajour dès 973-975, en devint l’abbé en 999 ; […] C’est probablement vers 1010 que l’abbé quitta Montmajour pour se réfugier à Carluc, bien que la nature et la motivation principale de ce retrait ne soient pas connues.

Le prieuré de Carluc, Serge Robert

Au sud de Carluc un lieu-dit Saint-Pierre, à 600 m à vol d’oiseau, a été fouillé en 2011 : on y trouve un bâtiment ayant servi de chapelle ; des tombes en bâtières, dont la datation est traditionnellement située dans les périodes hautes, autour des Ve-VIIe s., des tombes rupestres, des tombes en coffrage de pierres avec ou sans couverture de dalles et des tombes en pleine terre, attribuables aux Xe-XIIIe s. J’ai immédiatement pensé qu’il pouvait faire partie du site de Carluc mais selon la DRAC les hypothèses sur les liens avec le monastère de Carluc, où les textes mentionnent également une chapelle Saint-Pierre, ne peuvent pas à l’heure actuelle être confirmées ou infirmées. En tous cas, ces deux lieux ont la même fonction funéraire…

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** Train des Merveilles Rétro : visite de Tende et balade de l’Aigle


Le train des Merveilles Rétro nous a déposés à Tende vers 12h30  : lire Train des Merveilles rétro 1  et Train des Merveilles rétro 2. Cette ville de 2164 habitants en 2014 (seulement 12 h au km2) n’est française que depuis 70 ans et ça se sent ! Je passe à l’office du tourisme pour établir un programme mi-culturel mi-sportif : visite de Tende, tout en montées et descentes, promenade jusqu’à l’Aigle.

Tende et ses merveilles, Chroniques méditerranéennes, vidéo FR3 Méditerranée

Le plan que m’a donné l’office du tourisme n’est pas clair, n’est pas orienté avec le nord vers le haut comme j’en ai l’habitude ; il manque presque tous les escaliers et la même rue qui se prolonge peut changer de nom ou faire une boucle. La carte IGN ci-contre est plus précise avec une dizaine de fontaines figurant sous forme de ronds bleus. Néanmoins, comme je n’ai que le dépliant, je vais tenter de repérer les centres d’intérêt numérotés dans l’ordre du plan.

Visite de Tende

1 – Place de la mairie  la mairie est installée dans la Villa Alpina construite à la fin du siècle dernier  par un passionné de peintures rupestres ; le monument aux morts rappelle que les tendasques étaient italiens jusqu’en 1947

2 – Maison Chianea : une des premières maisons construites vers 1620 par la famille Chianea en dehors de la ville fortifiée. L’entrée est surmontée d’un linteau sculpté

3 – Porte d’Italie ou du Piémont et chapelle de l’Annonciade : une porte en arc brisé qui donne accès à la partie médiévale de la ville ; c’est par là que passaient les muletiers et les marchands qui se rendaient dans le Piémont.

chapelle Annonciade photo site par-monts-et-par-vaux.euLa chapelle de l’Annonciade accolée au rempart est un petit édifice composé d’une salle couverte d’une voûte d’arêtes bombée, et d’un toit de lauzes en appentis. Décor peint à fresque de la fin du gothique (vers 1480-1485) , illustrant pour l’essentiel un cycle marial (Visitation, Nativité, Adoration des mages, Fuite en Egypte, Massacre des Innocents…). Le décor est sans doute dû à Giovanni Baleison, peintre originaire de Demonte en Piémont. Selon le ministère de la culture

4 – Rue de France : en raison de l’affluence des muletiers, elle devient sens unique au XVIIe ; de nombreuses maisons sont sculptées d’armoiries ou de sentences. Plusieurs montées portant le même nom – Béatrice Lascaris (née au XIVè) – j’avoue que c’est perturbant pour s’orienter.

La plupart des linteaux gravés se trouvent côté impair de la rue c’est-à-dire qu’ils appartiennent à des maisons donnant sur la vallée, donc plus riches que celles donnant sur la rue et adossées à la colline. Au numéro 131, inscription « IHS » gothique avec fioritures et gland à la partie inférieure et  écus à tête de cheval, forme typiquement italienne. Site archeo-alpi-maritimi.com

Placés ainsi au-dessus des portes, [les sigles] devaient éloigner le diable et les mauvais esprits. Comme le monogramme du Christ IHS ou JHS (de Iesus Hominum Salvator). Tous les linteaux de Tende et la Brigue

5 – Place du Traou : sur la place du Traou les comtes de Tende rendaient la justice. On y trouve une plaque en l’honneur du colonel Maurice Guido, pilote de chasse, intervenu en Russie pendant la seconde guerre mondiale. Sur le mur peint en jaune et rose, la fontaine du Traou à trois robinets annonce sa date de création : 1870.

6 – Place du Ponte ou place de la sectionTB

Construite sur le riou, l’ancienne place du Ponte servait de place du marché. L’ilôt où se situe la fontaine ayant été détruit pendant la 2e guerre, il n’y a plus la galerie de circulation sous les maisons.

Un linteau en schiste noir au n° 1 de la place de la Section TB porte les initiales IHS ; ce serait l’ancienne maison des Lascaris.

Je m’aventure dans la ruelle du Rio Supérieur et descend au bord de l’eau ; et là, surprise, une petite cascade inattendue tout près des maisons.

7 – Collégiale Notre Dame de l’Assomption : absolument gigantesque, surprenante, dans un style qui m’est étranger. Le portail en pierre verte de Tende est achevé en 1562 ; les colonnes à l’antique sont de la Renaissance. On reconnait bien les 12 apôtres sur la frise du linteau.
Les autels latéraux appartiennent aux confréries ; la chapelle de gauche abrite l’entrée du tombeau de certains comtes de Lascaris. Au tympan, les donateurs agenouillés assistent à l’Assomption de la Vierge.
Plusieurs périodes artistiques cohabitent…

8 – Chapelle de l’Annonciation appartenant aux Pénitents Blancs : les Pénitents Blancs y avaient comme mission de donner les soins aux malades en fin de vie.

A l’intérieur, […] au centre un tableau représentant l’Annonciation et, de part et d’autre, des tableaux sur le Massacre des Innocents et l’Ascension du Seigneur sont de style baroque. L’autel en bois polychrome occupe la totalité du mur de chevet et date et date de 1672. de 1704.
La chapelle conserve un orgue classé en 1971 à titre d’objet par les monuments historiques. Le buffet est celui de l’ancien orgue datant de 1672.

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