*** Le tour du Dromon par la crypte, visite à la sentinelle et la mystérieuse Pierre Ecrite


2018 : les nouveaux horaires de visite.
19 avril 2016 : la mairie de Saint-Geniez informe que la chapelle de Dromont est définitivement fermée à cause de l’état dégradé des escaliers.

IMG_0443.jpgVenant de 3 départements différents, nous nous sommes donné rendez-vous sur la place du village de Saint-Geniez, village situé à 1110m d’altitude. Posées par estoublon depuis peu, s’y trouvent 5 caches qui, je l’espère, contribueront à faire connaitre les lieux. GC2DMBR Saint-Geniez la cité de Dieu. Beaucoup de vent froid. C’est moi qui ai préparé la randonnée grâce au guide de la FFR Les Alpes de haute Provence… à pied – de l’Ubaye au Verdon et au Lubéron, Association Départementale des Relais et Itinéraires, FFRandonnée, FFR, 2002. Première étape : essayer d’obtenir la clé de la chapelle de Dromon et visiter la crypte qui fait couler beaucoup d’encre.

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Site de Saint-Geniez

IMG_0543.jpgLe chemin herbeux bordé de saules et de peupliers, balisé ‘chapelle de Dromon, monte doucement jusqu’au hameau de Chabert en traversant les terres agricoles ; la clef est détenue par Mr et Mme PALOMBA qui accompagneront impérativement les visiteurs. Nous nous présentons, pas vraiment attendus mais M. Palomba est disponible et nous accompagne jusqu’à la chapelle Notre Dame, implantée à l’ubac du rocher. IMG_0499.jpgEdifiée au XVIIe siècle, s’inscrivant dans un carré parfait [selon Guy Barruol], elle garde des vestiges de l’art roman primitif ; elle a perdu son clocheton au XXe. Il l’aime cette chapelle ! il a constitué un dossier historique réunissant tous les documents sérieux qu’il présente sur un chevalet. Il nous fait remarquer l’entrée qui a été bouchée, les fossiles dans la pierre des marches, le retable qu’il faudrait repeindre, et la crypte.

Lors du décès du curé de la paroisse – l’Abbé Jourdan Sébastien -, la statue ‘la vierge à l’enfant‘ n’était plus dans la cure. Après recherches, le conseil municipal délègue son Premier Magistrat en la personne de Donnadieu pour se rendre dans la vallée du Jabron afin de « récupérer » celle-ci chez l’un des héritiers. Le retour de ce bien précieux se fera en moto, moyen moderne de l’époque, mais risqué pour la statuette ; c’est sans encombre qu’elle rejoint Saint-Geniez où maintenant elle est conservée en lieu sûr pour n’être visible qu’une fois l’an lors de la messe solennelle qui a lieu à la Chapelle de Dromon  le 2è dimanche de juillet de chaque année.
Deux cloches ont été volées dans les années 1965/1966. Effectivement je les cherche toujours […]. Toujours est-il que même les « cloches » apportent leur lot d’interrogations  en ce lieu si paisible ordinairement mais tellement chargé en histoire(s). M. Palomba

IMG_0519.jpgIMG_0522.jpgNous descendons dans la crypte par un étroit escalier en colimaçon. Elle aurait été édifiée autour de l’an mille. La chapelle latérale de la crypte a presque disparu, il ne reste que l’abside. De chaque côté deux absidioles formant des niches. Raymond Collier, dans la Haute Provence monumentale et artistique, Digne, 1986

Les IMG_0516.jpgarcs sont soutenus par des impostes en grès qui reposent sur des chapiteaux d’albâtre sculptés. Le premier représente un paon et un bélier, le second des gerbes de blé ; la pierre de la fécondité au fond de la crypte complète peut-être ces deux symboles : le bélier (symbole de la fécondité des troupeaux) et le blé (symbole de la fécondité des moissons). Là où F. Benoit voit des motifs de l’art carolingien ou mérovingien tel que des lobes en forme de grains de café, certains y voient des testicules1 de bélier ! Au XVIIè siècle, un pèlerinage avait lieu ici pour l’arrivée des troupeaux. Le plan en trois parties de cette crypte a laissé supposer qu’elle était conçue pour conserver des reliques. On a alors pensé à celles de saint-Geniez, dont une partie des ossements auraient été transférés depuis Arles jusqu’ici au XIè siècle, par les bénédictins de l’abbaye de Saint-Victor.

Pour joindre M. Palomba écrire à Marcel Palomba. Ne pas modifier l’objet du mail proposé par défaut : PATRIMOINE.

Réouverture du Café-Restaurant le Dromon à Saint-Geniez depuis le 19/06/2010. Le restaurant le Dromon est fermé pour la saison hivernale et rouvrira ses portes au printemps. Pensez-y si vous passez par là !

GC2DMBE La chapelle Notre-Dame de Dromon

Après une heure de visite au cours de laquelle nous avons discuté des citoyens acteurs de la préservation du patrimoine et ceux qui font des fouilles sauvages, nous partons pour le tour du Dromon, entourant le trapu Rocher de Dromon (1285m), le Sabot (1306m) pointu, tous deux pointant fièrement vers le ciel. Direction la Grange Neuve par le sentier jaune. Soudain Ti’Mars…IMG_0456.jpg s’immobilise, surpris et fier de sa trouvaille : là, parfaitement immobile et redressé, l’œil fixe, aussi vert que le feuillage qui l’entoure, un lézard, un gros lézard vert si rare dans notre région. Tellement confondu avec son milieu que je mettrai 2 minutes à le voir.

Il est limité en France au sud de la Seine mais pas en Corse. [Il] est dépendant d’un couvert végétal assez épais. On le trouve en lisière des bois et forêts, dans les clairières ainsi que dans les prairies, bords des chemins et talus.
IMG_0460.jpg[…] Cet animal mord fortement quand on le manipule. C’est un animal très sensible à la température […] 15° C avec un optimum autour de 32-33°C. Il hiverne2 d’octobre à avril dans un terrier de rongeur sous une roche ou un amas de végétaux. Sa nourriture se compose principalement d’arthropodes et d’insectes, notamment de coléoptères. Il boit chaque jour en lêchant les gouttes de rosée une à une. Extrait du portail de l’ONF reptiles : lézard vert

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*** Le vieil Eyguians et le château des Arzeliers


IMG_4224.JPGDu beau temps enfin pour cette randonnée dans les Hautes-Alpes. Nous nous retrouvons au village du Vieil Eyguians après avoir malencontreusement suivi le GPS qui nous avait amené au point le plus proche à vol d’oiseau mais sur la mauvaise piste. Suivez donc les panneaux !

Pour chacun des trois villages abandonnés que GSA 05 propose de découvrir, la raison de l’abandon est différente : « à Vières [Sigoyer], c’est à cause de risques naturels ; à Arzeliers et au Vieil Eyguians, c’est plutôt l’exode rural qui a joué. Citation de GSA 05 [Gap Sciences Animations], Isabelle Potdevin Extrait de Villages abandonnés, pas forcément oubliés, Dauphiné Libéré du 23 mars 2010

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IMG_0168.jpgestoublon et moi, nous aimons les villages abandonnés. Sous la verdure et dans le calme, l’âme du Vieil Eyguians est encore perceptible : les habitants s’y sont réfugiés au moment des invasions sarrazines et ne l’ont abandonné qu’en 1902 ; mes acolytes privilégient la cache de seblultra Le vieil Eyguians pendant que je flâne, et reconnais grâce aux panneaux d’information :

  • Chapelle Ste-MadeleineIMG_0163.jpgl’église Sainte-Madeleine restaurée en 1983, avec des poutres en cèdre de la forêt toute proche, dont les pierres sombres viennent sans doute des calcaires noirs d’Eyguians ; elle a toujours souffert d’humidité : d’ailleurs vous pouvez voir encore devant l’église un bassin alimenté par une source captée
  • le rempart derrière élevé par les seigneurs d’Arzeliers
  • la porte par laquelle on entre dans le vieux village
  • IMG_4246.JPGle cimetière à la croisée des chemins vers Arzeliers et celui menant à l’îlot : les croix de fer de certaines tombes ont été pillées ; sur l’une d’entre elles, on peut lire nettement le nom : « ici repose Joseph JULIEN décédé le 2 mars 1898 »
  • le chemin de ronde
  • le château
  • IMG_4237.JPGune cuve aux carreaux vernissés servant à la conservation du vin ou de l’eau

IMG_4255.JPGPuis c’est le sentier botanique Pierre Roux au cours duquel, de borne en borne, nous exerçons nos mémoires et nos connaissances. Le genévrier commun dont les baies servent à la fabrication de liqueurs : le genièvre est une spécialité de Belgique et du Nord de la France (je suis originaire de Lille…), il aromatise parfois la bière. Le prunellier, arbrisseau épineux dont les fruits trop mûrs sont utilisés également en alcool : là c’est notre Haut-Alpin qui connait. Le cèdre du Liban et son port majestueux ; le robinier faux acacia servant à faire des manches d’outils et des piquets. Certains vivent plusieurs centaines d’années. Grâce à l’attention que nous avons portée aux panneaux d’information, nous avons trouvé la cache Sentier botanique Pierre Roux, de seblultra.

IMG_0200.jpgIMG_0191.jpgPuis nous partons pour le château des Arzeliers ; le sentier est bien balisé, facile, quelquefois étroit. Les premières fleurs sont sorties pour notre plus grand plaisir. L’hépatique noble et ses fleurs violettes a de drôles de feuilles lobées comme le foie. Parfois au vu d’un ravin impressionnant, on devine l’instabilité de ces terres noires.

IMG_0215.jpgAu loin, les ruines du château des Arzeliers en position dominante. Perdu au milieu de nulle part et pourtant imposant par sa taille : nul doute qu’il a joué un rôle d’importance. IMG_0197.jpgUn panneau sans équivoque nous invite à ne pas pénétrer à l’intérieur des ruines. Mais notre curiosité est plus forte : je commence à grimper du côté de la plus forte pente jusqu’à être au pied du mur construit avec des pierres rondes ou carrées d’épaisseurs et couleurs différentes. Il a probablement été construit avec les matériaux trouvés sur place. A l’extrémité, une tour ronde en ruine. Nous le contournons par la droite, non sans mal. Nous croyons reconnaitre l’emplacement de la chapelle romane.

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La boucle des Esconfines à Buoux


IMG_4092.JPGMes deux acolytes ont craint une météo boudeuse ; j’ai ressorti mon livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, F. Dominique, Le bec en l’air, 2009 et j’ai choisi cette boucle des Esconfines1 moins connue que le fort de Buoux mais où une curiosité géologique m’intrigue. C’est à l’extrémité sud ouest du plateau des Claparèdes, d’abord partiellement sur le GR de pays du tour des Claparèdes puis balisé « esconfines ».

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IMG_4102.JPGIMG_4095.JPGDépart du parking du village en bordure de la Loube si boueux que cela me jouera un mauvais tour au moment de repartir. Je monte par la calade qui passe devant l’église paroissiale puis  jusqu’au plateau en passant devant un oratoire. La petite église romane Sainte-Marie, dont la façade est enduite à la chaux, servait de lieu de culte à une population nombreuse mais disséminée sur le plateau ; jusqu’au XIXè siècle les habitants étaient enterrés autour de l’église : il reste quelques tombes à même la terre posée sur des dalles de pierres dans un cimetière surélevé. IMG_4098.JPGC’était, avant l´implantation de la petite agglomération actuelle (vers 1660), le lieu de culte correspondant alors aux besoins du château voisin et d’une population rurale dispersée. L’autel de pierre est surmonté d’un retable à pilastres cannelés. « L’architrave2 porte encore l’inscription Sancta Maria de Buolis O.M. » Ce retable servait autrefois d’encadrement au tableau de la Vierge Marie.

IMG_4111.JPGAu carrefour à droite l’ancien château seigneurial de Buoux est devenu château de l’environnement, propriété du parc naturel régional du Lubéron. « En 1418, c’est Béranger de Forcalquier qui remet pour services rendus, le château, le village,… à Lancelot de Pontevès, second fils de Jean et Madeleine de Marseille ». Dès lors, la seigneurie de Buoux appartient à la branche des Pontevès. Le château a été transformé au XVIIè siècle (plus de fossés, plus d’enceinte ni de tourelles), mais inachevé puisque la toiture de l’aile droite n’a jamais été posée. Provence Luberon news

IMG_4116.JPGUne éIMG_4137.JPGnorme citerne rectangulaire recueille les eaux de ruissellement.  Un escalier en pierre de taille descend dans le fond de la cuve pour l’entretien. Le trop-plein s’évacue dans un second bassin perpendiculairement au premier. Ici, l’eau circule partout sur les sentiers, dégouline des falaises, alimente les cultures des bancau et sculpte de drôles de formes.

IMG_4103.JPGDe drôles de formes telles que ces boulets de canon enchâssées dans la molasse grise, sur un espace de quelques mètres à droite du sentier ; plus carbonatées que les autres, plus résistantes à l’érosion, elles sortent peu à peu de leur support, finiront sans IMG_4104r.JPGpeut-être par s’en détacher et rouleront au bas de la pente. Cette masse calcaire a subi et continue à subir une importante érosion hydraulique.

Les boules de Buoux sont des sphères de 10 à 50 cm de diamètre, régulières, compactes, enchâssées dans la molasse burdigalienne Elles y sont « fichées comme des boulets dans une muraille ».
Leur composition est identique à celle de la roche encaissante, mais toutefois plus carbonatée. Il ne s’agit donc ni de galets, ni de nodules* ou de concrétions, qui devraient avoir une composition différente de celle du milieu. Leur formation est encore mal connue. Peut-être s’agit-il, comme pour un rognon de silex, d’un phénomène de concentration centripète de carbonate lors de la diagenèse, c’est à dire lors de la transformation du sédiment en roche. « Les boules résultent d’un processus comparable de grésification mais non identique, plus intense, mieux délimité ». Information obtenue de Stéphane Legal, parc régional du Lubéron

Produites pendant la diagenèse, ce ne sont donc pas des concrétions comme dans les grottes mais des concrétions au sens des sédimentologues :

dans ce cas elles sont produites par la concentration ou la ségrégation d’un minéral au sein d’une roche sédimentaire, et sont très généralement diagénétiques (donc avant lithification complète de la roche). […] On a la même chose dans le cas des boules de Saint-André-de-Rosans [Hautes-Alpes – phénomène différent mais comparable] ou d’autres concrétions semblables en Europe : pour l’essentiel la composition de la concrétion est la même que celle de la roche encaissante, seule la quantité du minéral formant le « ciment » (ici calcaire) diffère.

Merci Irna pour ces précisions. Il est vrai que des boules de pierre, il en existe plusieurs sortes dans la nature. Regardez tout ce que la nature ne peut pas faire : IV sphères de pierre, du site d’Irna. Voir aussi en anglais wikipedia sur les concrétions.

epigenisation.jpgepigenisation2.jpgSchéma simplifié de la diagenèse (site de l’académie d’Aix-Marseille)

 

concretion_NZ3.jpgtheodore roosevelt nat park concretions.jpgconcre1.jpgConcrétions : certaines personnes les déterrent et en font un ornement dans la pelouse de leur maison !

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