Balade dans les vignes à Lambesc


Une balade campagnarde familiale qui, tout le long du parcours, longe les vignes, tantôt dans la plaine, tantôt sur le piémont sud de la chaîne des Côtes. En début et fin de balade, on circule sur des routes macadamisées mais peu fréquentées.

Noria du camp d'EyguièresL'entrée dans le boisSur la route, généralement il existe un bas-côté sur lequel on peut marcher sans risque. Au camp d’Eyguières, les godets de l’ancienne noria fixés sur une roue, sont tout cabossés. On faisait remonter l’eau d’un puits en actionnant un manège sans fin tiré par un mulet qui avaient les yeux bandés. Déversée dans un réservoir, l’eau servait à irriguer les cultures.

L'entrée dans le boisUn champ encore enneigéAprès un long passage entre les vignes, la route pénètre dans un sous-bois clairsemé ; les champs sont parfois couverts de neige ; à l’altitude 350, je délaisse la piste qui grimpe vers la chapelle Sainte-Anne et reste sur celle du piémont bien à découvert, qui domine la plaine et les champs de vigne. Pas bel alignement de vignesde risque de se retrouver face à un sanglier ! dans le quartier de Saint-Victor, face à des dizaines de sentiers d’exploitation qui quadrillent les vignes, un ancien puitsje cafouille un peu, fais demi-tour, en prend un autre qui mène à une propriété privée pour finalement en trouver un qui traverse Douau, puis passe au dessus de l’ancien canal du Verdon, sous la ligne à haute tension, et poursuit entre de jolies propriétés que l’on voit au loin. A cause du vent froid, j’ai supprimé une boucle qui contournait les vignes.

Croix au carrefour avec la D67Ruines sur le chemin de CambousseUne haie d'arbres élancésAprès une haie d’arbres maigrichons et dénudés (la haie est bien horizontale, c’est moi qui ai tenu l’appareil photo d’une seule main), une ruine de pierres sur le chemin de Cambousse, je retrouve la route la D67 à la croix de métal ; elle descend vers Lambesc, passe devant le cimetière et la chapelle saint-Michel où se trouve une des rares caches placées dans ce coin ; le temps de visiter trois des centres d’intérêt de Lambesc et je retourne boire un café chaud.

chapelle st michel photo liodan13Chapelle Saint-Michel et cimetière, GCNF45 par liodan13

Bono font la plus ancienne fontaineBono font est la fontaine la plus ancienne de la ville où les animaux domestiques, chevaux, ânes ou moutons, avaient coutume de venir boire. Détruite en 1813 par un violent orage, les lambescains la reconstruisent et décident de la dédier à Louis XVIII ; suite au retour éclair de Napoléon, la plaque commémorative ne sera pas posée avant 1972.

Le lavoirLe grand lavoir monument historiqueLe lavoir est imposant, arcades en plein cintre, piliers renforcés, murs épais : nul doute qu’il a été construit pour durer, il a d’ailleurs résisté au fameux tremblement de terre de 1909. Quatre double bassins en pierre de Lamanon sont alimentés par la bono font ; le dispositif d’égouttage est toujours en place. Une pensée pour YvesProvence qui collectionne les photos de lavoirs…

Lavoirs, fonaines et aménagements pour l’eau sur Pinterest par YvesProvence

Font di mourgo place du XVè corpsFont di Mourgo (fontaine des religieuses) se trouvait autrefois près d’un couvent Sainte-Thérèse. Elle aussi a été reconstruite.

 

Cette balade dominicale m’a fait penser à certaines portions inter-urbaines du GR 2013. On n’est jamais très loin des habitations. Pas de grande dénivelée et une option possible pour les sportifs : rejoindre le plateau de Manivert et la chapelle Sainte-Anne de Goiron peu après la Bastide Blanche. Comme on marche à découvert, je vous conseille de ne pas sortir par jour de mistral ; certes, c’est ce que j’ai fait, mais je ne connaissais pas les conditions du parcours.

lambesc_traceCorr_pano

Image de l’itinéraire, 12km200, 180m dénivelée (+243, -243), 3h30 au total (3h déplacement). Les erreurs de parcours ont été enlevés.

 

Le Trou du Loup


L‘idée, je l’ai prise sur le site de YvesProvence qui aime autant que moi le département des Alpes de Haute Provence. La fontaine de CorbièresJe pars de Corbières, petit village des Alpes de Haute-Provence, près de Manosque. Le fait historique marquant ici, c’est celui de la peste de 1720 contre laquelle les habitants ont combattu avec de bien faibles moyens.

Dans ce village, la peste fut meurtrière surtout entre le 25 septembre 1720 et le 14 avril 1721, en tout, elle fit 140 victimes  sur une population de 400 habitants. Parmi elles, il y eut un des deux consuls qui étaient à la tête du bourg, il fut un des premiers à succomber. Le survivant fit entourer d’une muraille de buissons le cimetière [ndlr : Le bacille étant résistant au froid, les cadavres non enterrés, cas fréquent à l’époque – restent contagieux]. C’est une des mesures prophylactiques qui fut prises à cette époque. Lorsque la maladie se déclara à Corbières et à Sainte Tulle, un blocus allant de Manosque à Beaumont de Pertuis, gardé par 80 hommes, fut ordonné par le marquis d’Argenson. Ils rejoignirent les hommes du régiment de Provence qui avaient pour mission, entre autres, de faire subir une sévère quarantaine à ceux qui revenaient des villages contaminés. Extrait du site Basses-Alpes

Une belle grappe de raisin noirRapidement je longe un champ de vignes où un chasseur fait le gué ; aimablement, il me recommande de rester sur les sentiers. Celui que j’ai choisi est comme je les aime : pas large mais bien marqué, tranquille ; les coups de feu s’intensifient, me laissant penser que le gibier n’est pas loin. Un sentier étroit de chasseursPlus j’avance, plus je me sens seule et plus le sentier disparaît sous l’épaisse frondaison des arbres. Bientôt ça ne ressemble plus à un sentier mais à une sente de sangliers. Et pour couronner le tout, sur la fin, il tourne sans arrêt en larges épingles à cheveux, semblant ne jamais vouloir atteindre la piste du haut. Que de fois je me suis demandée ce qu’il fallait faire si je me retrouvais face à un sanglier ! Là, je stresse un peu et j’accélère ; quand j’arrive sur la large piste, un chasseur m’accueille, prêt à tirer si j’étais un sanglier : « faut pas passer par là ! prenez la piste ! ».

Chiran Mourre de Chanier cime de Barbin Grand MargèsChangement de programme ; je resterai sur la piste du trou du Loup, large, dégagée qui continue à monter. Toujours des coups de feu et progressivement l’apparition à l’Est du Chiran qui forme un V cassé avec le Mourre de Chanier, la cime de Barbin et Grand Margès ; j’atteins 428 m d’altitude, au croisement avec la piste qui rejoint le Trou du Loup (c’est un raccourci possible) et m’y arrête pour déjeuner.

Cairn Sud 04Cairn Sud 04 et témoignageLa piste caillouteuse LUB H03 m’amène au sommet avec le cairn 04 construit par l’association Sainte-Tulle rando qui fêtait ses 20 ans d’existence ; les randonneurs qui viennent jusque là laissent un témoignage de leur passage, une pierre gravée le plus souvent comme au cairn 2000 sur la montagne de Lure ; l’association a aussi participé à la réhabilitation de l’espace incendié. Un des personnages de Le TexierLe plasticien Jacques Le Tixier a réalisé une oeuvre « Et la colline reverdira ». 92 totems de bois taillés à la tronçonneuse, plus ou moins peints en vert, semblent converger en ligne vers le cairn, figures symbolisant des couples, des familles amenées à disparaître un jour. L’artiste ne s’inquiète pas de la disparation progressive de son oeuvre. Sur Calaméo Sainte-Tulle info n°4 janvier-février 2013.

Oliviers le long de la pisteLa ferme de Beaumont sur la piste LUB04Retour par une belle piste le long de champs d’oliviers ; elle traverse un hameau au bout duquel se dévoilent la ferme de Beaumont et sa vieille éolienne. Puis c’est la forêt de Corbières. Les terrains de chaque côté de la descente se désagrègent : Un rocher récemment écrouléUn rocher récemment écrouléon reconnait facilement des conglomérats de galets et roches diverses soudés entre eux. Un gros bloc s’est récemment écroulé, laissant béante une plaie de terre rouge.

Le Trou du LoupLa réserve d'eau derrière le barrageLe torrent de CorbièresL’eau de la retenue du Trou du Loup sur le torrent de Corbières est d’une drôle de couleur vert olive (présence d’algues ?) ; sa surface frisotte avec le vent. Le torrent a un régime hydrologique méditerranéen, c’est à dire avec un étiage sévère pouvant subir des crues éclairs. Je n’ai rien trouvé sur ce modeste barrage. De l’autre côté, les plages rocheuses du torrent invitent à la baignade.

Fontaine creusée dans un troncSource du TarnaudN’ayant pas regardé avec assez attention les photos de Yves Provence sur le Trou du Loup, je suis passée à côté de la source du Tarnaud et de sa rustique fontaine creusée dans un tronc d’arbre. Quand on est au barrage, il suffit de descendre 3 marches qui descendent vers des feuillages, coté sud. Ce sont donc ses photos que je vous propose.

Pont aqueducregard d'entretien d'un aqueducPassage raviné au dessus du videLe sentier longe une canalisation plus ou moins mise à nu par l’érosion ; d’abord un pont-aqueduc, puis quelques regards d’entretien confirment l’existence d’une adduction d’eau : exutoire du canal de Manosque ? le sentier, utilisé probablement  pour l’entretien du canal, s’élève progressivement au dessus du torrent ; l’un des passages au dessus du vide est réduit à sa plus simple expression. Prudence !

Eglise de CorbièresJe mets les mains dans un dernier passage en pente raide dégradé par les pluies ; en quelques sinuosités, et un tâtonnement, je retrouve les champs de vignes de Corbières.

Une randonnée sur des entiers variés sur lesquels on ne s’ennuie pas. En période de chasse, préférez la piste du Trou du Loup dès le départ de Corbières.

Image de l'itinéraire14km800, 180m dénivelée (+700, -700), 5h40 au total, 4h déplacement seul

Les sauts du Cabri à partir du Caïre de Sarrasin


Les sauts du Cabri : le point de vue du randonneur, c’est que c’est drôlement difficile de l’atteindre par les gorges du Carami à partir de Tourves. Des gorges profondes, de plus en plus étroites et encombrées de blocs rocheux. Le point de vue de l’ethnologue, c’est aujourd’hui que nous allons le découvrir en partant du plateau au-dessus des gorges. L’eau sera donc notre thématique. C’est Philippe Hameau de l’ASER Centre Var, qui nous guide.

La Caire de Sarrasin a son pendant sur l’autre rive du Carami : la Caire de Piourian, avec une ancienne mine de bauxite de chaque côté. Pourquoi l’IGN en a-t-elle fait un substantif féminin alors que la préfecture en fait un substantif masculin ? écrit « Caïré » sur le cadastre napoléonien, ce toponyme ne m’aide pas à en trouver l’origine. Mireille, qui prend des cours de provençal, et Laurence m’ont proposé « du côté de  » : du côté de Sarrasin et du côté de Piourian, et ça me convient bien. Jean Nicod affirme que cela désigne les lapiaz, fissures calcaires résultant de l’infiltration de l’eau.

Malgré l’exploitation de la bauxite et les travaux d’irrigation, l’environnement n’est guère urbanisé. Aller au Carami, c’est donc aller au delà de l’espace villageois […] pour pénétrer dans un autre contexte spatial […] très différent du premier et où les règles sont autres.

le plateau vu des bords du CaramiGous du casqueComme les jeunes du village, nous longeons la rivière en passant par les « gous »1 auxquels ils ont donné des noms : le gous bleu à la confluence du Petit Gaudin et du Carami, le gous du casque dominé par une petite falaise de 4m de haut dans lequel on aurait trouvé un casque militaire, allemand peut-être ; ici pas de trou à moins que l’on admette qu’il est constitué chaque été par la construction d’un barrage de galets et de branches.

Gous du mariageLe sentier continue ; les falaises s’élèvent sur les deux rives ; le Carami s’engouffre dans une vasque semi circulaire de 5m de diamètre. La coutume veut que l’on fasse ricocher un galet sur la surface de l’eau pour le faire entrer dans la fente du rocher. le nombre de ricochets indique le nombre d’années séparant le lanceur de son mariage ! c’est donc le gous du mariage.
Selon les géologues, quand la Sainte-Baume s’est soulevée, la pente de la rivière s’est accrue, sapant progressivement les parois et la voûte du tunnel.

Lancer un caillou dans un trou, vous l’avez sûrement déjà vu comme par exemple dans un oratoire. Durant les pélerinages à Notre Dame de Paracol, la coutume est de jeter un caillou dans la niche de chaque oratoire. Si l’on vise juste, on a des chances que les voeux soient exaucés… Chapelles de Provence, E.Bousquet-Duquesne, Editions Ouest-France, 2009

tête de tortue (photo A. Touvier)Une grande tortuePlus nous avançons plus les rochers de chaque côté s’élèvent et plus l’impression de chaos rocheux se renforce. Des figures fantastiques semblent surgir du Carami. Ici une grande tortue, là un visage humain. La progression devient plus difficile.

Cabris (photo A. Touvier)tombera, tombera pas ? photo A TouvierLe saut du Cabri est un endroit spectaculaire, où le Carami incise les calcaires du plateau. En levant la tête sur la crête rocheuse, on peut comprendre pourquoi il s’appelle ainsi : merci André d’avoir capté les sauts des cabris en haut des barres rocheuses.

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