Caguerenard, le musée promenade et la dalle aux ammonites


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Cette grande boucle au départ de Digne est particulièrement variée et riche. Elle se décompose en 3 parties que vous pouvez enchaîner, en fonction du temps dont vous disposez et de la présence ou non de jeunes enfants.

  1. Option 1: rejoindre le musée promenade de Saint-Benoît par le sentier de Caguerenard ; à la Sainte-Victoire, nous avons un lieu dit Cagueloup. Peut-être parce que ces animaux caguent1 en ces lieux et laissent des traces de leur passage…
  2. Option 2 (partie commune) : visiter Saint-Benoit par plusieurs sentiers thématiques, ses jardins, sa fontaine pétrifiante, son aquarium. Ajouter le musée pour les amateurs de géologie et de fossiles.
  3. Option 3 : derrière le musée de la réserve géologique, prolonger la balade (balisage jaune) par le circuit du gypse jusqu’à la dalle aux ammonites.

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Si vous longez la Bléone jusqu’au musée promenade (option 1), voilà ce que vous pourrez voir : le sentier de Caguerenard du centre de Digne au musée (blog videos2provence)

Eboulement de Luc ParentParterre III Catherine MarcoglieseIMG_3729r.JPGLa balade à saint-Benoît est pleine de surprises (option 2). Le circuit de l’eau longe les nombreux ruisseaux qui dégoulinent de la fontaine pétrifiante. Le premier parterre est composé de formes métalliques en arabesque (Catherine Marcogliese). Des bornes demeurent immobiles au fil de l’eau : je n’ai pas compris tout de suite que c’était l’oeuvre de  Agathe Larpent. Jean-Luc Parant a déposé dans une pente latérale de la cascade pétrifiante, un éboulis de galets ronds qui semble avoir été produit par la cascade elle-même. Une autre oeuvre, la Fontaine de Théière (Sylvie Bussière), exécutée en collaboration avec un céramiste professionnel, répond à la cascade pétrifiante. Quand je regarde la liste des oeuvres d’art, je me rends compte que je suis passée à côté de certaines sans les avoir vues, preuve que leur intégration est réussie.

IMG_3745r.jpgDe partout l’eau coule, rafraichissante. La source Saint-Benoit alimente les bâtiments administratifs de la réserve, les fontaines, les cairns d’eau et les ruisseaux du parc. C’est dans le secteur du synclinal de Givaudan que les eaux de pluies s’infiltrent en profondeur et où elles circulent ensuite, pour ressortir finalement à la source.

Peu après la sourceCette source est pétrifiante, c’est à dire qu’à la sortie de l’eau se forme une roche, que l’on appelle tufs ou travertins. L’eau de pluie qui s’infiltre circule pendant plus d’une année et demi dans l’aquifère calcaire avant de ressortir à la source : c’est cette longue durée qui lui permet de dissoudre la roche calcaire et de s’enrichir en ions, tout en stabilisant sa température. Cela explique aussi que la période sèche se situe entre décembre et février.

IMG_3726r.JPGLa source coule toute l’année, en moyenne 10 litres d’eau par seconde, soit […] 864 m3 par jour !
Lors d’un événement pluvieux, les eaux de pluie qui s’infiltrent poussent les eaux déjà stockées en profondeur vers la source : c’est l’effet Piston. La source Saint-Benoit, projet hydroval

IMG_3735r.JPGIMG_3740r.JPGEn haut, avant d’arriver sur la plate-forme où se trouve les salles du musée, nous longeons un mur sur lequel une inscription gravée attire notre attention : »Ici reposent les constructeurs de ce mur GOMEZ Jean, Molinatti(?) Raymond, Digne le 23 août 1951″,… Superbe panorama sur la ville de Digne et la Bléone, torrent parfois impétueux. A l’arrière du musée, le bassin bien nettoyé accueille des truites de grande taille ; un triangle léger, oeuvre de Kurt Asker, suspendu au-dessus de celui-ci, joue le rôle d’une fenêtre sur le parc Saint-Benoît.

IMG_3749r.JPGSi le musée de la réserve géologique est ouvert, vous pourrez y voir des fossiles, un aquarium, un film de fiction dans lequel les scientifiques ont imaginé les animaux de demain qui se seront adaptés aux nouvelles conditions de leur environnement. Curieux et amusant ! Une échelle de temps, proportionnelle au temps qui passe, recouvre les murs des salles d’exposition et les montées d’escalier. Site de la réserve géologique

IMG_3736r.JPGIMG_3753r.JPGJe redescends par le circuit des cairns d’Andy Goldsworthy. Ce ne sont pas les premières oeuvres que je vois de lui : un cairn construit dans une ruine sur le sentier menant à la chapelle Saint-Pancrace, le mur d’argile du refuge d’art du vieil Esclangon dans Et si le vélodrome n’était pas à Marseille. En approchant très près de l’un d’eux, je comprends que ceux là ont quelque chose de spécial en dehors de leur grande taille… Ecoutez ! cairn d’eau (format Windows Media Player)

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Le sommet de Tigne à Volonne : un versant au sec, un versant dans la neige


pont_Volonne_le_Dauphine.JPG7 février : j’arrive à Volonne par le 4è pont construit sur la Durance.  Le premier pont, à péage, autorisé par décret royal du 1/4/1844 est achevé en 1846. L’adjudication est passée en faveur des frères Escarraguel. La construction s’appuie de part et d’autre sur la roche en place. La longueur du pont, au-dessus de la Durance, n’est que de 99 mètres. Sa largeur est de 3,9 m.

Un second est détruit par la résistance en 1944 : le vieux bac est remis en fonctionnement, tout comme il le fut à Avignon ou Valence ; le troisième (1949) vient d’être remplacé par un pont à haubans en 2006. Transformation d’un pont suspendu en pont à haubans (DSI Network)

Le bac à traille (définition wikipedia), ou bac à chaine, embarcation utilisée pour traverser un cours d’eau, qui se déplace le long d’un câble (la traille) tendu entre deux mâts ou deux tours situés sur chaque rive.

Sa technique de navigation consiste à placer ce grand bateau plat avec un certain angle par rapport au courant de manière à le faire avancer. Sous le directoire, les bacs sont de la responsabilité des communes et leur tarif est réglementé : 1 sou pour une personne ou 1 cochon, le double pour un cheval scellé. Exemple de ce type de bac : Avignon, Passage d’une rive à l’autre, documents d’archives départementales du Vaucluse, pp. 24-25.

La particularité des bacs de la Durance tient au mât (« aiguille ») et à la corde qui sert de câble. Le dessin trouvé par estoublon, l’auteur du pont de Volonne, est issu du livre de Josette Chambonnet, Château-Arnoux. Les voies de communications : Routes, bacs, ponts et chemin de fer, société scientifique et littéraire des Alpes de Haute-Provence, 1er semestre 1987, n° 303.
De l’originalité des bacs de la Durance, Catherine Lonchambon, Médiévales 36, 1999 (concerne les bacs depuis Mirabeau jusque dans le Vaucluse)
La navigation sur la Durance, site de l’Amicale des anciens et des personnels du Lycée Professionnel Vauvenargues

En savoir plus sur les ponts à Volonne dans Randomania Plus

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Tour de l'HorlogeIMG_0525.jpgPour nous ce sera la randonnée par le sommet de Tigne, pas tout à fait celle du tour de Tigne proposée par l’office du tourisme de Volonne : compter presque 100m de dénivelée en plus. Le parcours débute par la traversée du village de Volonne, en direction des deux tours que nous ne manquerons pas de visiter. Des escaliers taillés dans la roche permettent d’y grimper. La tour de l’Horloge porte l’horloge communale (lou reloge) construite au XVIè comme dans beaucoup de communes de l’époque ; quelquefois, une plate-forme permettait de surveiller les incendies ou bien elle accueillait des réunions de la communauté ; un gardien la mettait à l’heure, ce qui n’est plus utile depuis que celle-ci est électrifiée ; la tour de vigie avec une porte en plein cintre en bordure de ravin (datant de 1015 selon Féraud, mais la date gravée n’est plus visible), nous protège à peine du vent froid qui souffle ce matin.

Pour en savoir plus les tours de Volonne sur randomania Plus

Selon l’abbé Féraud, la tour de gué a probablement fait partie d’une forteresse que se seraient disputé Henri III et Charles 1er d’Anjou, comte de Provence. Raymond Collier, ancien archiviste du département, pense que ces tours ne sont qu’une partie du système défensif de Volonne au même titre que le chemin de ronde. Comment une forteresse aurait-elle pu être construite sur un éperon rocheux si étroit ?

  • Dans la charte de 1064, Pierre de Volonne fait des donations à l’abbaye de Saint-Victor, donations situées dans le comté de Gap et le territoire de Volonne, « ce qui prouve que le castrum1 de Volonne commandait à un territoire s’étendant […] de la portion sud de la seigneurie de Dromon jusqu’au delà de la Bléone […] aujourd’hui Malijai ». Cartulaire de la Commanderie de Richerenches de l’Ordre du Temple (1136-1214). T. 1, publié et annoté par le marquis de Ripert-Monclar,… Ordre du Temple. Commanderie (Richerenches, Vaucluse)F. Seguin (Avignon). Le terme de castrum n’a donc pas ici le sens de château.
  • Dans un livre récent sur l’histoire de la famille des Baux, Hugues de Berre en 1332 puis son frère ont bien reçu le « chateau » de Volonne en récompense de leurs services. Mais peut-être est-ce simplement une traduction erronée du mot castrum, simple lieu fortifié ?

IMG_0522.jpgimg_3411r.jpgIl y a là une cache posée par estoublon GC23M6W les tours de Volonne et nous ne pouvons la manquer : elle réserve une surprise à Ti’Mars…. pour son anniversaire. De là, nous apercevons les toits du village, l’aqueduc (photo de droite prise au zoom) qui amenait l’eau de la source Saint-Antoine aux trois fontaines du village, la Durance et le camping l’Hyppocampe, point de rencontre de la fête régionale de la randonnée en 2008.

Histoire géographie et statistiques du département des Basses Alpes, J.J.M. Féraud, Digne, 1861, p. 694 et suiv.
La Haute-Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, 1986

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*** La Roche Amère ou le vieux village de la Roque


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Vue aérienne des gradins de la carrière, de la chapelle et des ruines du château médiéval – extrait du site de l’IGN www.geoportail.fr –

IMG_0555.jpgIl fait froid ce matin à Villeneuve ; pour nous réchauffer, Ti’Mars… a préparé le café, j’ai préparé le Lusse bröd (pain de Sainte-Lucie), spécialité des pays nordiques finement parfumé au safran (saupoudré de sucre glace, ça c’est une idée à moi !) que l’on mange le jour de la Sainte-Lucie (13 décembre), début de la période des fêtes. J’ai adapté la recette à la machine à pain. Mais si j’en crois mes deux compagnons de route, il n’en est pas moins bon pour autant.

Pâte à pain à mettre dans l’ordre préconisé par la machine ou dans cet ordre :

  • 120ml lait porté à ébullition dans lequel on fait infuser environ 0,5 gramme de stigmates de safran (ou une dosette) hors du feu pendant 15mn
  • 120ml d’eau tiède
  • 50g beurre en pommade
  • lusse_brod_photo_menyse_com.jpg200g farine blanche
  • 2.5g sel
  • 1/2 tasse de raisins secs
  • 75g sucre de canne en poudre
  • 50g d’amandes en poudre
  • 200g farine blanche
  • 1 sachet de levure de boulanger

Garniture :
1 oeuf battu dans du lait

Mettre sur le programme ‘pâte’. Diviser la pâte en 12 parts égales et en faire des boudins. Leur donner différentes formes en S, en étoile (en coupant le boudin en 2), en U renversé. Facultatif : laisser fermenter au chaud pendant 30mn sous un film huilé.  Préchauffer le four à 200°. Badigeonner les gâteaux avec l’oeuf battu dans le lait. Faire cuire 10 à 15mn. Se mangent un peu chauds ou froids saupoudré de sucre glace.

IMG_0548.jpgIMG_0542.jpgNous traversons le village de Villeneuve ou Vilo Novo de la Roco. La tour de l’horloge nous intrigue parce qu’elle ne sert qu’à cela, donner l’heure. On s’attend toujours à ce qu’une tour sert à surveiller. Nous montons jusqu’au point de vue figurant sur la carte. Un peu déçus, nous reconnaissons au loin la montagne de Lure, les Monges, les alpes enneigées. Si la descente repérée par Ti’Mars… à travers bois est raide et caillouteuse, elle a l’avantage d’être rapide.

IMG_0580.jpgIMG_3134r.JPGLIMG_0570.jpge Luberon se termine à Villeneuve, au niveau de la carrière de la Roche-Amère qui exploite des calcaires urgoniens pour le granulat. Au loin la chapelle Notre Dame de la Roque (Notre Dame des Rochas au XVIIIème siècle) n’est qu’un petit point au milieu de la verdure. Quand nous arrivons près de l’accès à la carrière, de grands panneaux nous annoncent une propriété privée  mais c’est le seul accès au castrum, site occupé depuis la plus haute antiquité. Notre Dame de la Roche est perchée au sommet du piton rocheux dominant le confluent du Largue et de la Durance.  Elle fut donnée en 1150 à l’abbaye de Saint-Gilles par l’évêque de Sisteron Pierre de Sabran. L’abside est flanquée au nord des restes d’une absidiole romane curieusement intégrée, soudée dans le nouvel édifice. Au sud, au XVIIème siècle, il y avait un ermitage achevé d’être démoli  en 1972 : il figure sur la carte de Cassini de 1778. La chapelle a été restaurée il y a une trentaine d’années. Jauge Saugnac pour la fissure de la façadeSur la façade, un expert a posé une jauge sur une fissure à lèvres parallèles pour en mesurer l’écartement : les importantes vibrations du sol causées par le travail d’extraction dans la carrière déstabilisent l’édifice. Sur le vernier, je peux lire que l’écartement est de 10.2mm mais en combien de temps, un an, dix ans, trente ?

IMG_3162r.JPGIMG_3159r.JPGancienne archère ?

plan_castrum_villeneuve.jpgIMG_0597.jpgEn grimpant jusqu’au sommet, nous longeons l’ancienne enceinte avant d’atteindre les vestiges de la forteresse du Moyen-Age. Le donjon, construit sur le rocher, est de taille impressionnante : nous dominons la vallée et le village de Volx. Une archère a été dégagée. Aux alentours se trouvait l’ancien village de la communauté de la Roque de Volx, abandonné pour difficulté d’accès, en 1443, au profit du nouveau village. IMG_0604.jpgDe nombreux tas de pierre en témoignent. La translation s’est effectuée à la suite d’un accord entre la communauté et les seigneurs de Brancas de l’ancien village de La Roque. La Haute-Provence monumentale et artistique, R. Collier, Imprimerie Louis Jean, Digne, 1986
Translation de la communauté de la Roque de Volx au lieu actuel de Villeneuve, Loth, Léon de, Annales de Haute-Provence, tome XXII, société scientifique et littéraire des Alpes de Haute-Provence, 1928 – 1929
Le site a été fouillé en premier lieu par Pierre Martel, fondateur de Alpes de Lumière, à partir des années 1950 (plan du chateau extrait de cet article) La carrière de la Roche AmèreP. Martel, Associations et Environnement en Haute-Provence, Les Alpes de Lumière, n°74/75, 1981. ll incite ceux qui voulent sauver le site à se regrouper en association de défense Les Amis de Villeneuve en 1980. Celle-ci fait officiellement des fouilles sous l’égide de la DRAC en 1981, 1982 et 1983 et crée le musée archéologique en 1985. Un lieu riche d’histoire qui risque de disparaitre complètement.

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