* Petit tour des gorges de la Méouge


IMG_0063.jpgBalade courte mais enchanteresse, en limite de Drôme et Alpes-de-Haute-Provence ; pour ceux qui ont peu de temps à consacrer à cette découverte, c’est une vision concentrée des gorges de la Méouge : ses cascades de glace, son pont roman, ses sculptures de pierre, son promontoire au pied du village abandonné de Pomet… et ses truites fario protégées nationalement. Nous avons aimé tous les trois : vous aimerez.

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IMG_0067.jpgIMG_0046.jpgNous partons du pont roman (balisage du tour de Pays jaune et rouge) qui s’incline doucement vers l’autre rive ; seule la première arche en arc brisé témoigne de la période de sa construction (XIVè ou XVè). Au début du XXè siècle, les crues de la Méouge ont détruit le vieux moulin de Pomet de l’autre côté de la rivière ; il ne reste qu’un pan de mur en ruine et le trou dans lequel s’insérait l’axe de la meule. IMG_0068.jpgLes paysans y venaient moudre le froment, l’épeautre et  le seigle, broyer les noix et les amandes ou battre le chanvre pour le tissage des vêtements.
IMG_0063.jpgIMG_7215.JPGIMG_0070.jpgLe barrage à l’amont a lui aussi cédé ; quelques mètres devant, un arbre planté au milieu de l’eau, on ne sait comment, résiste au courant. Le travail incessant de la rivière a par endroit creusé des marmites de géant ou laissé des sculptures de pierre en forme de champignon. Quelques cascades de glace ont sculpté naturellement de jolies formes qui s’accrochent aux parois rocheuses. Sous le manteau de glace, parfois l’eau s’écoule avec discrétion.

IMG_7229.JPGAprès une première erreur (il ne faut pas monter mais rester légèrement au-dessus de l’eau), nous longeons la rivière. Par endroit le sentier est tellement gelé qu’il constitue un réel danger. Nous préférons éviter ces passages en marchant dans la terre, en faisant des pas de géant ou en cassant la glace pour poser le pied avec plus de sûreté. La saison d’hiver ne se prête pas à une balade tranquille.

Photo empruntée au site de Blanc-BlancIMG_7234.JPGDe magnifiques plissements dignes de cours de géologie (photos de plissements sur l’Espace perso de Blanc-Blanc désormais fermé), sont visibles sur les deux rives ; « Sous l’effet de la poussée pyrénéenne, le feuilleté de roches calcaires qui recouvrait la région s’est lentement déformé en ondulations créant une série de plis […] en gouttière, les synclinaux, orientés essentiellement est-ouest. La Méouge coule dans le fond d’un de ces synclinaux. »

Méouge orientale, site geol-alpes

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Après le méandre encaissé que nous contournons (balisage PR jaune), nous arrivons à la passerelle qui enjambe une rivière bien calme. Pourtant elle doit être bien fougueuse parfois pour avoir élargi cette vallée et emporté presque tous les ponts sur la Méouge en 1901.

Vue sur la Méouge et le barrage depuis Banc de BoucVue sur Pomet

Ayant réservé notre repas à l’auberge de Méouge (je vous la recommande pour son accueil et sa cuisine de qualité pour un prix modique), dans un Bistrot de Pays à Barret-sur-Méouge, nous abandonnons le circuit prévu pour rentrer rapidement par la route et rejoindre en voiture le rocher de Banc de Bouc, lieu de l’ancien cimetière de Pomet qui domine les gorges. Bien avant que la route des gorges n’existe, au XIVè, sur le chemin de Barret-sur-Méouge,  Guillaume de Mévouillon, seigneur de Val-de-Barret surnommé le Barbe-Bleu provençal, et ses soldats se livraient à des pillages, viols, et séquestrations sur les voyageurs et marchands de passage. Résidant majoritairement au château du Pomet, il fut trainé en justice devant le conseil delphinal de Grenoble sans que sa peine soit connue.

En vidéo les gorges de la Méouge, club alpin du guillestrois, 2014 (circuit complet)

Image de l’itinéraire 2.400km 40mn dépl 50m dénivelée (le vrai circuit par Banc de Bouc 3.600km 1h 120m dénivelée)

Description itinéraire le Banc du Bouc circuit 13 (celui de cet article)
Le Tour des gorges de la Méouge Topoguide Buëch rando 12km

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Méoujo : du provençal « l’eau qui a la couleur du miel »

 

La chapelle Saint-Philippe et le vieux Mirabeau


Nous partons de Mirabeau1, petit village des Alpes de Haute Provence qui autrefois comptait 14 hameaux dont le Château, où se trouve le château de Mirabeau. Ne pas  confondre avec le Mirabeau du Vaucluse qui a donné son nom au turbulent député des états-généraux, Gabriel Riquetti dont le père, marquis de Mirabeau, avait conquis de nouvelles terres en bordure de la Durance. Notre objectif est de visiter la chapelle Saint-Philippe et tenter de retrouver les vestiges du premier village médiéval aux Usclats.

IMG_5392.JPGbalisage jaune chapelle St-PhilippeLa montée est bien balisée (PR jaune), progressive jusqu’à la chapelle complètement cachée sous les arbres ; nous passons devant la croix de Saint-Philippe, plantée dans un endroit dégagé ; c’est là qu’autrefois les gens des hameaux attendaient le convoi mortuaire avant d’entrer dans l’église. C’est là aussi que le prêtre de la paroisse, les habitants, les marcheurs, accompagnés de la statue du saint portée par deux personnes, font une halte chaque année, au moment du pèlerinage du 1er mai, pour la bénédiction des terres, des maisons et des travailleurs.

image36.jpgimage37.jpgNous poursuivons ; tant que nous ne sommes pas à quelques mètres de la chapelle Saint-Philippe, nous ne la voyons pas, à peine devine-t-on son grand clocher arcades à trois baies. Mais quelle classe ! Construite au Xlè siècle, sur la montagne Saint Philippe, cette chapelle conserve de la construction primitive certains éléments : arc triomphal en pierres de taille, arceaux brisés et abside en cul-de-four. Elle a été fort bien remaniée au XVIIè et restaurée au XIXè. La commune y est sans doute fort attachée depuis longtemps car vers 1839, elle

IMG_5398.JPGsupplie humblement la justice de M le Préfet aux fins qu’il lui plaise de présenter à Sa Majesté la pauvre situation de la dite Chapelle avec prière d’implorer les secours de sa bonne charité […] afin de pouvoir continuer annuellement le premier jour de Mai d’adresser nos vœux à notre bienheureux Saint Philippe […] et afin de le prier de placer Louis-Philippe, notre Roi, sous sa protection.

IMG_5396.JPGLe 27 Octobre 1839 une aide de 150F était accordée par l’État. Et si le roi ne s’était pas prénommé Philippe, cela aurait-il changé quelque chose ? Extrait du site de la commune de Mirabeau : la chapelle Saint-Philippe

IMG_5401.JPGIMG_5402.JPGLa découverte du premier vieux village abandonné, surnommé Ville Vielle déjà en 1778, date où la carte de Cassini a été établie, est un peu plus galère. Je l’ai repéré approximativement avec mon GPS. Après un essai infructueux, nous prenons un sentier à peine visible ; quelques soubassements sont complètement envahis par les chênes ; au delà il faut plutôt escalader les ruines ; on se retrouve dans un endroit sombre, sauvage, coincé entre deux rochers élevés. Sur le rocher de droite, les ruines d’un mur élancé, celui d’un château peut-être ? impossible de continuer. IMG_5406.JPGNous nous frayons un chemin risqué par la gauche dans d’autres ruines et atteignons le sommet de la colline encore repéré par une balise de granit IGN. Du sommet, nous découvrons la vue sur le village et un sentier pour le retour vers la chapelle Saint-Philippe.

IMG_5409.JPGTi’Mars… propose de faire une grande boucle improvisée plutôt qu’un aller-retour tel que préconisé dans Digne les Bains et ses environs à pied, FFRP, office du tourisme, ADRI, FFRP, 2003 pp. 36-37 pour redescendre au village : il voit son tracé sur la carte de son GPS. Nous descendons dans le vallon, passons devant l’ancien second village de la Colle à quelques 400 mètres de la chapelle Saint-Philippe ; quelques maisons abandonnées sont encore debout. Au XVlllè siècle, il comportait encore 19 maisons et 122 habitants.

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Sigoyer et le vieux de village de Vière


J‘aime les vieux villages abondonnés. D’où celui-ci tire-t-il son nom de Vière, de l’occitan vièr ou vièl (=vieux) ? Que ce soit sur la carte de Cassini (où il s’appelle Sigoyer du Dô sur Tallard) ou sur le cadastre napoléonien (1810, section A4, où il est noté Sigoyer Village), ce nom n’apparait pas. Le terme occitan (= ville), désigne dans les Hautes-Alpes la localité principale de la commune. Ce même nom est donné au village abandonné d’Ongles dans les Alpes-de-Haute-Provence.

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IMG_4608.JPGPour parvenir au vieux village de Vière, il suffit de suivre le panneau indicateur près de l’église à partir du village de Sigoyer. Nous longeons les pâturages le long de la rivière : les nombreuses vaches font un concert de cloches. Avant d’emprunter le dispositif de franchissement du Tibaudon, nous cherchons un emplacement pour la cache de Ti’Mars…, cache qui sera dévoilée pour la rencontre Alp’en fête les 5 et 6 juin 2010 : GC25A13 Alp 11, Villages Perchés 8B : Sigoyer-Le Pissenton. Pour éviter que les troupeaux ne s’enfuient par une porte laissée ouverte, ce ne sont pas des échelles de bois comme en Auvergne mais un portillon mobile qui permet de franchir la clôture.

IMG_4611.JPGIMG_4624.JPGBientôt, nous quittons la dernière maison pour entrer dans les faubourgs de Vière. S’il n’y avait les panneaux d’information plantés dans l’herbe (installés par les bénévoles de l’association de sauvegarde du patrimoine de Sigoyer), il serait impossible de savoir qu’il y avait là des maisons. Les rues sont parfois envahies par la végétation. Il n’y a plus de pierres, récupérées sans doute par les habitants qui ont reconstruit ailleurs leur maison.  Dans le coeur du village, une tour ronde et un morceau du rempart délimitent encore le coeur du village.

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IMG_4616.JPGLa seconde église de Vière, construite derrière la maison seigneuriale, n’avait pas de cimetière resté à Saint-Laurent. Nous montons jusqu’à la borne, limite de propriété ?, sur la butte ; à nos pieds, le ravin de terres noires dans lequel les maisons ont été précipitées suite aux différents éboulements. Une frêle clôture délimite la zone dangereuse.  Sur le cadastre napoléonien, on voit bien que le coeur du village était coincé entre deux torrents : le Pissauton et le Baudon.

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Si guerres de religions et incendies n’ont pas épargné le village aux 16e et 17e siècles, c’est au début du 18e que survient le pire. Au XVIIè siècle, la cohabitation avec les loups devient difficile. Pour les éloigner, les habitants mettent le feu à leurs repaires dans les endroits pâturés des deux Céüze. Le résultat est catastrophique : lors de chutes de neige ou fortes pluies, rien ne retient les eaux des 4 ruisseaux environnants qui creusent des lits de plus en plus profonds. La première catastrophe a eu lieu en 1725, suivie de nombreux autres glissements de terrain. Ponts, routes, maisons sont emportés. Le château est habité par la comtesse née Caritat de Condorcet jusqu’en 1793. En 1845, la nouvelle église n’est plus qu’à quelques mètres du précipice creusé par le Baudon. On vend aux enchères le produit de sa démolition. Petit à petit, le village se vide ; les habitants emmènent planches, pierres, poutres et fenêtres pour reconstruire leur maison jusqu’à l’Eglise neuve. IMG_4621.JPGAu début du XXè siècle, l’Auberge du Midi abrite encore une des trois écoles. Les prairies de la Pra sont encore fauchées. Les bêtes y paissent encore. Le Barbu et la cantonnière [la femme du cantonnier], en mourant respectivement en 1934 et 1936, seront les derniers à quitter Vière. Ecrit d’après le Résumé de l’histoire de Sigoyer par M. Robert, membre de l’association de sauvegarde du patrimoine de Sigoyer, qui organise les visites guidées.

Site Internet de l’Association de diffusion de la culture scientifique dans les Hautes-Alpes

pierre_du_roi.jpgEntre la rue du château et la rue Chalançon, Ti’Mars… cherche un endroit pour placer sa deuxième cache GC259Z5 Alp 10, Villages Perchés 8A : Sigoyer Dô. Pendant ce temps, je continue à déambuler. Nous continuons à travers champs dans le quartier de la Pra dans une vaine recherche de la pierre du Roy. J’ai quand même trouvé une photo (à gauche) empruntée à l’album des journées du patrimoine 2007, paru sur le site de la mairie de Sigoyer. Mais je ne connais rien de cette pierre, sinon qu’elle n’a pas de rapport avec le roi.

IMG_4637.JPGAu bout du sentier une centaurée avec des fleurs blanches au coeur pourpre, ressemble presque à une plante cultivée pour les jardins.

Image de l’itinéraire Vière (Sigoyer) 4km 1h15 dépl. 103m dénivelée