Boucle de la chapelle, sentier vigneron de Rognes


Le sentier vigneron n’est qu’un prétexte à marcher et découvrir le patrimoine. J’avais parcouru cette boucle le 12 avril lors de la sortie officielle Les sentiers vignerons des Bouches-du-Rhône, FFR, la coopération agricole Antenne 13, coll. TopoGuides Editions FFRandonnée 2025, mais n’en avais pas profité : trop de difficulté à marcher après un problème de genou-sciatique-rhumatisme.

Le départ se fait depuis le parking de l’Hostellerie des vins de Rognes, à l’entrée du village en venant d’Aix-en-Provence. La bonne idée c’est de rejoindre la chapelle Saint-Denis par un sentier en sous-bois fraîchement tracé ; un poteau de bois porte une marque de balisage bleu ; derrière à 60 m, un cabanon des vignes, puis plus rien de visible ; il faut marcher dans les herbes hautes en longeant les arbres au plus près, puis entrer dans la ripisylve, le long d’un ruisseau intermittent ; les troncs des arbres coupés trainent au sol ; il fait frais ; le sentier sinue jusqu’à sa sortie sur une petite route, le chemin de la Coulade, qui mène à la chapelle Saint-Denis.

Sur sa façade au-dessus de la porte, à l’écriture à peine visible, une plaque blanche datant de 1880 rappelle les circonstances de la construction de cette chapelle : la protection de Saint-Denis contre la peste de 1720, un saint rarement invoqué en temps d’épidémie ; en 1792, c’était une sculpture en méplat du saint et à l’origine, vers 1720, une plaque de marbre portant le nom des consuls de l’époque : Paul Barlatier de Saint-Suffren1, Joseph Pagy, Gaspard Pascal et le vicaire Jean Melchior Alphéran.

Le mal contagieux faisant de grands ravages dans plusieurs villes et villages de cette province, ce lieu de Rognes a été préservé jusqu’à présent de ce terrible fléau ; Dieu veuille par l’intercession du Grand Saint-Denis patron de ce lieu nous en préserver jusqu’au bout à Rognes. Le premier janvier 1721. Extrait des registres des baptêmes mariages et sépultures de Rognes AD13 202E 250

Les Amis du patrimoine de Rognes, Annales 45, 2021

Le parcours suit la route, passe devant la biscuiterie de Rognes qui entretient la tradition provençale (Majo s’y arrête systématiquement…) puis la mairie ; un oratoire y est placé en hauteur dans l’angle, pas facile de le voir depuis le trottoir côté droit. Video facebook Mylène, guide de Secrets d’ici

La mairie occupe depuis 1976 le bâtiment de l’ancien hospice de Rognes construit en 1695. L’oratoire de la Miséricorde : la Vierge protège dans les plis de sa robe 5 enfants, rappelant que l’hospice accueillait les orphelins.

Sur la colline à ma gauche, la Vierge du Foussa et les restes d’une citadelle du XIIe. Ce quartier a été durement éprouvé par le tremblement de terre de juin 1909 [ndlr : 14 morts, 50 blessés]. Par un parcours dans les vieilles ruelles de Rognes, vous pourrez atteindre cet ex-voto géant et la fenêtre du Foussa. Rognes, Foussa.

La Vierge du Foussa : Ex voto monumental (1946) exécuté par le sculpteur marseillais Raymond SERVIAN (1903 – 1954). Il fut sculpté en remerciement de la population de Rognes à la vierge pour sa protection au cours de la deuxième guerre mondiale. Les Amis du patrimoine de Rognes

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Sentier vigneron de Berre


Première marche un peu longue (9km) sur du plat après plus de 2 mois d’inactivité. La randonnée des Amis, figurant au nouveau topoguide Sentiers Vignerons des Bouches-du-Rhône 20 circuits dont 16 adaptés à la marche nordique, FFrandonnée, Editions FFrandonnée 2025 porte le nom du club local de Berre. Commune qui m’est totalement inconnue, elle a l’avantage d’être propice aux promenades faciles et en bordure de la « mer de Berre« .

Le sentier démarre de la cave coopérative des vignerons de Mistral à Berre dont le bâtiment a mal vieilli : les peintures sur le mur extérieur – dont un bâteau à voiles transportant des tonneaux – se voient à peine.

Cette coopérative a été construite en 1923 par l’architecte Hourst. La cuverie a été prolongée en 1962-63. Deux postes de réception de la vendange datent de 1974 et une cuverie y fut ajoutée en 1975. Un hangar pour la mise en bouteille, un groupe de réfrigération et des pressoirs modernes ont été installés en 1984.[…] C’est une des caves coopératives les plus particulières des Bouches-du-Rhône par sa conception symétrique et monumentale, par sa décoration en matériaux bruts (chaînages d’angle en pierre rustique) et colorés (céramique). Fiche base Mérimée

Nous passons derrière la coopérative et longeons un grillage dans un champ. Après le chemin revêtu du Terrail, nous prenons celui de Rambouillet1, champêtre, comme je les aime, jusqu’à La Suzanne qui contraste fort : un ilot de maisons et batiments serrés dans un espace carré. J’interroge une habitante sur le toponyme gaffe du Renard : elle dit juste qu’il existe depuis longtemps ; en effet, sur le cadastre napoléonien, ce toponyme existe déjà et sans nul doute, la gaffe était utilisée par les gallo-romains de l’étang de Berre.

Décrite dans Une agglomération rurale gallo-romaine des rives de l’étang de Berre. Le Castellan ch.3, Sous la direction de Frédéric Marty et Brice Chevaux, 2011 par les archéologues, une gaffe en fer à emmanchement à douille dont la partie utile forme un crochet dont la section mesure 0.7cm de diamètre. Ce crochet permet d’attraper du poisson à la manière d’un harpon ou… d’ailleurs tout autre objet dans l’eau comme on peut le lire dans certains romans.
Les géographes et historiens grecs et latins, […] décrivent une technique propre aux populations riveraines des étangs du littoral marseillais et languedocien. Elle consiste, en période de très basses eaux, à harponner avec un trident les muges prisonniers de la vase ou aveuglés par la salinité élevée de l’eau.

Nous passons devant un haut bâtiment à plusieurs étages de 1000m2 au sol, ouvert d’un seul côté par 6 fenêtres (que faisait-on là dedans ? Pourquoi une façade aveugle ?…) et plus loin, un long bâtiment, une ancienne porcherie, sûrement.

L’aliment de base des porcs est fourni par les savonneries marseillaises, il s’agit de tourteaux d’arachide – palmiste – coprah (résidus de la pression agglomérés sous forme de plaques). L’étang de Berre, CAUE13 (École d’architecture de Marseille-Luminy)

A droite de notre chemin, un quartier Trompe-pauvre2 composé de plein de petites parcelles entre l’Arc et la Petite Suzanne.

Puis nous passons dans une zone de prés bien verts, sous un couvert végétal abondant typique de la présence de l’eau avec ses cannes, sur le chemin du Bouquet. Nous sommes au sud du domaine de Palustranne ; déjà en 1833, il possédait de nombreux pâturages loués à des bergers, bois et jardins. Dans un article de La plaine de Berre et l’Arc, Gérard Castel, Méditerranée, Année 1998, numéro 90 une explication peut être envisagée à ce changement de décor.

En 1545 existait un Arc vieux desséché passant au sud de Palustranne alors qu’aujourd’hui le fleuve passe au nord. L’Arc vieux du XIVe siècle se jetait vraisemblablement dans l’étang de Drignon (aujourd’hui les salins) au sud en passant par le « gas de Saytis » (en 1833 Les Seitis,section E3) où le mot gas désigne gaffe… ou gué ; d’après la Carte des fluctuations du cours d’eau sur le territoire de Berre depuis le 1er siècle, et la carte IGN des cours d’eau de 1950, j’ai pu reconstituer le trajet de l’Arc : il passait sur le chemin du Bouquet et par la gaffe de Renard ! La gaffe du Renard désigne plus sûrement un ancien gué sur l’Arc du XVIe.

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** D’Alleins à Aurons : une tour, trois chapelles


Sur une idée d’André, nous retournons du côté de Vernègues où nous avions découvert le site peu connu d’Avalone. Là aussi, lieu riche en patrimoine religieux : c’est d’ailleurs près d’une chapelle que nous nous garons.

Chapelle Saint-Jean abside
Chapelle Saint-Jean intérieur

La chapelle Saint-Jean date du XIIe siècle (style premier art roman provençal) ; bien restaurée extérieurement avec assemblage de moellons et pierre de taille sur les chaînages d’angle, elle est à ciel ouvert à l’intérieur avec un bel arc triomphal en pierre de taille et une abside voûtée en cul-de-four. Selon Antonin Palliès, journaliste au Petit Marseillais en 1902, l’abside serait plus ancienne et contiendrait des bas-reliefs gallo-romains. Comme souvent, les fouilles archéologiques de 1986 ont révélé sous l’abside un foyer du Ve siècle avant J.-C.

Direction de la ferme de Rousset par un sentier communal, creusé d’ornières, datant sans doute des romains : en effet une villa romaine, des tombes, des moulures antiques réemployées dans cette ferme signent leur présence. Peu avant, pas de trace de la borne 35 dite des Trois-confronts (Alleins, Vernègues, Aurons) pourtant souvent matérialisée par un cairn imposant ou une grosse borne de pierre, gravée ou pas.

Nous continuons le sentier en bordure de bois, à la recherche d’un vieux puits ; nous avons pour cela la carte de l’IPIL d’Alleins ; André cherche d’un côté, je cherche de l’autre à l’aide de mon GPS et de la carte aérienne. Je trouve le vieux puits côté gauche, sans doute médiéval, dont la margelle est formée d’un seul bloc monolithe. Il se trouve dans une parcelle de pâturage d’une vaste propriété agricole (1827 section D3 du cadastre napoléonien) appartenant autrefois au seigneur d’Aurons Louis de Cordoue, famille venue d’Espagne et installée en Provence à la fin du XVe siècle.

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