Le sommet de Tigne à Volonne : un versant au sec, un versant dans la neige


pont_Volonne_le_Dauphine.JPG7 février : j’arrive à Volonne par le 4è pont construit sur la Durance.  Le premier pont, à péage, autorisé par décret royal du 1/4/1844 est achevé en 1846. L’adjudication est passée en faveur des frères Escarraguel. La construction s’appuie de part et d’autre sur la roche en place. La longueur du pont, au-dessus de la Durance, n’est que de 99 mètres. Sa largeur est de 3,9 m.

Un second est détruit par la résistance en 1944 : le vieux bac est remis en fonctionnement, tout comme il le fut à Avignon ou Valence ; le troisième (1949) vient d’être remplacé par un pont à haubans en 2006. Transformation d’un pont suspendu en pont à haubans (DSI Network)

Le bac à traille (définition wikipedia), ou bac à chaine, embarcation utilisée pour traverser un cours d’eau, qui se déplace le long d’un câble (la traille) tendu entre deux mâts ou deux tours situés sur chaque rive.

Sa technique de navigation consiste à placer ce grand bateau plat avec un certain angle par rapport au courant de manière à le faire avancer. Sous le directoire, les bacs sont de la responsabilité des communes et leur tarif est réglementé : 1 sou pour une personne ou 1 cochon, le double pour un cheval scellé. Exemple de ce type de bac : Avignon, Passage d’une rive à l’autre, documents d’archives départementales du Vaucluse, pp. 24-25.

La particularité des bacs de la Durance tient au mât (« aiguille ») et à la corde qui sert de câble. Le dessin trouvé par estoublon, l’auteur du pont de Volonne, est issu du livre de Josette Chambonnet, Château-Arnoux. Les voies de communications : Routes, bacs, ponts et chemin de fer, société scientifique et littéraire des Alpes de Haute-Provence, 1er semestre 1987, n° 303.
De l’originalité des bacs de la Durance, Catherine Lonchambon, Médiévales 36, 1999 (concerne les bacs depuis Mirabeau jusque dans le Vaucluse)
La navigation sur la Durance, site de l’Amicale des anciens et des personnels du Lycée Professionnel Vauvenargues

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avec le vent

Tour de l'HorlogeIMG_0525.jpgPour nous ce sera la randonnée par le sommet de Tigne, pas tout à fait celle du tour de Tigne proposée par l’office du tourisme de Volonne : compter presque 100m de dénivelée en plus. Le parcours débute par la traversée du village de Volonne, en direction des deux tours que nous ne manquerons pas de visiter. Des escaliers taillés dans la roche permettent d’y grimper. La tour de l’Horloge porte l’horloge communale (lou reloge) construite au XVIè comme dans beaucoup de communes de l’époque ; quelquefois, une plate-forme permettait de surveiller les incendies ou bien elle accueillait des réunions de la communauté ; un gardien la mettait à l’heure, ce qui n’est plus utile depuis que celle-ci est électrifiée ; la tour de vigie avec une porte en plein cintre en bordure de ravin (datant de 1015 selon Féraud, mais la date gravée n’est plus visible), nous protège à peine du vent froid qui souffle ce matin.

Pour en savoir plus les tours de Volonne sur randomania Plus

Selon l’abbé Féraud, la tour de gué a probablement fait partie d’une forteresse que se seraient disputé Henri III et Charles 1er d’Anjou, comte de Provence. Raymond Collier, ancien archiviste du département, pense que ces tours ne sont qu’une partie du système défensif de Volonne au même titre que le chemin de ronde. Comment une forteresse aurait-elle pu être construite sur un éperon rocheux si étroit ?

  • Dans la charte de 1064, Pierre de Volonne fait des donations à l’abbaye de Saint-Victor, donations situées dans le comté de Gap et le territoire de Volonne, « ce qui prouve que le castrum1 de Volonne commandait à un territoire s’étendant […] de la portion sud de la seigneurie de Dromon jusqu’au delà de la Bléone […] aujourd’hui Malijai ». Cartulaire de la Commanderie de Richerenches de l’Ordre du Temple (1136-1214). T. 1, publié et annoté par le marquis de Ripert-Monclar,… Ordre du Temple. Commanderie (Richerenches, Vaucluse)F. Seguin (Avignon). Le terme de castrum n’a donc pas ici le sens de château.
  • Dans un livre récent sur l’histoire de la famille des Baux, Hugues de Berre en 1332 puis son frère ont bien reçu le « chateau » de Volonne en récompense de leurs services. Mais peut-être est-ce simplement une traduction erronée du mot castrum, simple lieu fortifié ?

IMG_0522.jpgimg_3411r.jpgIl y a là une cache posée par estoublon GC23M6W les tours de Volonne et nous ne pouvons la manquer : elle réserve une surprise à Ti’Mars…. pour son anniversaire. De là, nous apercevons les toits du village, l’aqueduc (photo de droite prise au zoom) qui amenait l’eau de la source Saint-Antoine aux trois fontaines du village, la Durance et le camping l’Hyppocampe, point de rencontre de la fête régionale de la randonnée en 2008.

Histoire géographie et statistiques du département des Basses Alpes, J.J.M. Féraud, Digne, 1861, p. 694 et suiv.
La Haute-Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, 1986

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Du refuge Cézanne à l’oppidum d’Untinos par le tracé marron


Une boucle classique dans le massif de la Sainte-Victoire par un temps « couvert, avec quelques éclaircies et un  vent à 10km/h ». Les photos s’en ressentent, forcément. Mais je retrouve « ma » montagne avec plaisir.

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IMG_0325b.jpgIMG_3308r.JPGPour monter au refuge Cézanne, deux possibilités : une longue et facile par une large piste à l’ouest, l’autre à l’est, ravinée (encore plus aujourd’hui car il a neigé et plu ces derniers jours), rocailleuse et parfois pénible : c’est celle-là que nous prenons.  De gros rondins de bois tentent de limiter le ravinement. L’arrivée sur le plan du refuge se signale par un plan herbeux, quelques murs de restanques et un puits à sec. IMG_3311b.JPGLe refuge Cézanne a été construit dans les années 1980 par les excursionnistes provençaux puis restauré par l’O.N.F. en 1986. Je l’ai toujours vu fermé. A côté du refuge des pierres ont appartenu à une ancienne ferme. Au nord une ancienne aire de battage que l’on repère grâce à la calade. Devant, la table de pique-nique est une invitation à boire un café chaud avant de continuer le tracé brun sur la corniche sud qui nous mènera au collet de l’oppidum.

IMG_3310r.JPGCarte de Cassini 1778 le Trou lieu saintLe rocher en équilibre sur le piton rocheux semble bien menaçant : d’ailleurs l’accès à l’ermitage du Trou, maison de pierre coincée contre le rocher, est désormais interdit ; au début du XXème siècle, il y avait encore là une chapelle dédiée à Notre Dame des sept douleurs, que l’on a longtemps cru construite par l’abbé Aubert, fondateur du prieuré de Sainte-Victoire. « Le Père Rousset en fut longtemps le gardien. IMG_0333r.jpgIl y accueillit, après 1875, les pèlerins de la Croix de Provence au retour de leur excursion ». En 1778, la carte établie par Cassini indique « le Trou, lieu Saint ». Le calvaire, symbole de cet édifice religieux, tient toujours au sommet du rocher. Un puits alimenté par une source, alimentait en eau le hameau du Trou mais ce n’est pas celui devant lequel nous sommes passés en arrivant. Site des Amis de la Sainte-Victoire sur la chapelle du Trou (historique de la chapelle reconstituée et photos)

Pour en savoir plus une recherche sur le hameau du Trou

2010, le hameau du Trou : les fermes, le puits, l’aire de battage, le four à pain sont remis en valeur sous le contrôle de l’architecte Xavier Boutin. Le site sera bientôt réouvert au public. Extrait du bulletin n°31, octobre 2010, Les Amis de Sainte-Victoire.

IMG_0400r.jpgNous continuons sur le tracé brun qui mène jusqu’à l’ermitage de Saint-Ser mais nous n’irons pas jusque là. Le chemin monte et descend sans cesse. Sur le côté gauche le tracé noir se faufile dans le couloir des Libellules. Pas pour nous. Puis le tracé Forcioli. Pas pour nous. Les escarpements de poudingues couleur lie de vin à droite tranchent fortement avec la couleur blanche du calcaire à gauche. Que de choses ont dû se passer d’un point de vue géologique ! Pas étonnant que Paul Cézanne ait tant aimé les couleurs de cette montagne.

IMG_0349r.jpgIMG_3325r.JPGL’oratoire de l’amitié a été construit par deux artisans aixois Charles Troump et Louis Merlin, passionnés de cette montagne : ils ont signé de leurs initiales la pancarte du piédestal. De là, on voit même la cheminée de Gardanne et le pilon du Roy ! Nous continuons vers le collet de l’oppidum. Sur le site d’escalade des deux Aiguilles, quelques sportifs s’exercent malgré le froid. Le vent s’est levé. GC1GPNK, La croix du point 532 par pp34

IMG_3327r.JPGUn groupe de randonneurs courageux écoutent sagement leur guide ; nous rejoignons le site de l’oppidum d’Untinos qu’il vaut mieux appeler oppidum du Bayon, daté du second âge du fer, parce qu’il y en a plusieurs à Saint-Antonin (oppida de la Roque Vaoutade, des Masques, du Pas de Magnan). A nos pieds, le village de Saint-Antonin et la maison de Sainte-Victoire. Au loin les sommets de l’Etoile. Après la cache de Bob_13 l’oppidum d’Untinos GC22EF3, bien près du bord de la falaise, nous revenons sur nos pas en contournant les vestiges d’un mur de pierres. Difficile de se représenter un oppidum à cet endroit. Dans Excursions aux environs d’Aix, A.-M. de La Tour-Keyrié, Makaire, 1899, l’auteur nous apprend que les habitants de Saint-Antonin appelait ce mur de moellons taillés  « la dent » (on comprend pourquoi quand on regarde de loin ce débris de castelas). Il y a ramassé des débris de poterie de différents âges, preuve que le lieu a été habité durant plusieurs siècles.

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*** De Notre Dame de Grâces au monastère Saint-Joseph à Cotignac


IMG_0114.jpgIMG_0121.jpgParcours sur les traces de deux miracles ayant eu lieu à Cotignac1. Nous prenons le chemin qui démarre à l’oratoire Sainte-Anne. En haut de  l’impasse, nous traversons la route et montons sur le chemin des Pélerins, large escalier qui mène à Notre Dame des Grâces de Cotignac.

Dès le début, un chat s’approche de nous et se frotte à nos jambes. Il fait froid et nous nous étonnons qu’il ne recherche pas la chaleur. Nous montons, il monte ; nous nous arrêtons pour faire une photo, il nous attend ; même quand nous sinuons, il ne nous perd pas ; nous entrons dans le diorama2, il nous suit.

Un chat qui agit comme un chien ! Il nous accompagne jusqu’à la cache de carfantin. mais le ne la trouve pas Cotignac #4 : Notre Dame de Grâces par carfantin.

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IMG_0133.jpgIMG_0113.jpgBien que seuls visiteurs en ce jour de janvier, nous devinons qu’en période d’été, le site doit être très fréquenté : un magasin de souvenirs, un distributeur de boissons, un parking aménagé, tout indique qu’un large public y est accueilli, et depuis longtemps. En 1660, la présence de cabarets sur les deux lieux de pélerinage Notre Dame et Saint-Joseph, fournissaient de gros revenus à la commune ; le seigneur du lieu – le comte de Carcès – fit un procès à la commune pour les récupérer. Qui devait conserver la juridiction de ces sanctuaires et toucher les bénéfices ? la commune s’en sortit par un stratagème ingénieux.  Elle céda ses droits à la communauté des Pères de l’Oratoire de Notre Dame des Grâces (moyennant quelques arrangements), à charge pour eux d’ester en justice. Le comte se trouvant maintenant devant une communauté indépendante  sachant faire valoir ses droits, dut s’incliner. Le récit entier

IMG_0157.jpgLe 10 août 1519, un bûcheron, Jean de la Baume, gravit le mont Verdaille. Comme d’accoutumée, il commence sa journée par prier. A peine s’est-il relevé qu’une nuée lui apparaît, découvrant la Vierge Marie, et l’Enfant Jésus dans ses bras, qu’entourent Saint Bernard de Clairvaux, Sainte Catherine martyre, et l’Archange Saint Michel. […] Elle s’adresse alors à Jean « Allez dire au clergé et aux Consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre Dame des Grâces et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. Jean garda pour lui le message… ce qui lui valut une seconde apparition de la Mère de Dieu et des Grâces ! Cette fois, il s’y résolut et redescendit au village sans attendre.

IMG_0139.jpgIMG_0130.jpgEn 1637, le Frère Fiacre a une soudaine révélation intérieure : pour que la reine ait un enfant, elle devait demander publiquement qu’on fasse en son nom trois neuvaines de prières, dont la première à Cotignac, à Notre-Dame-de-Grâces. Le 5 septembre 1638, Louis XIV naît. En 1638, Louis XIII consacre la France à la Vierge Marie, ce qui nous vaut un jour de fête le 15 août de chaque année. En 1660, Louis XIV, accompagné de sa mère, fait un pèlerinage à Notre-Dame-de-Grâces. C’est ce que racontent les scènes du diorama2. Dans les comptes de la commune, on peut voir les dépenses faites pour leurs majestés, lors de cette visite : 24 pots de confiture dite coutignac1, 20 boîtes de fruits secs divers, des raisins de Marseille, pommes et poires royales, 24 douzaines de galettes, 70 bouteilles de vin muscat de pays pour un total de 53 livres 24 sols. J’aimerais bien savoir ce que ça représente en euros aujourd’hui…

Notre Dame de Grâce, site officiel de Cotignac
Dans le Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de la ville de DraguignanSociété d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, Draguignan, 1855-1955, je vois que la procession a eu quelques difficultés à se maintenir au long des années. En cette période de guerre et de famine, pour inciter les plus pauvres à quitter leur travail durant une journée, on a même payé les gens pour qu’ils participent à la procession !

En 1714, pouvoir est donné au consul de rétribuer ceux qui assisteraient à la procession,
En 1735, le premier consul de Cotignac propose à ceux qui assisteront à la procession à notre dame de Grâces de Cotignac de leur donner les 10 écus distribués habituellement pour acheter la poudre de guerre lors de la bravade de Saint-Gervais,
En 1745, monsieur d’Abeille se charge de rétablir la procession si le conseil le dispense de payer la taille de sa terre roturière de Ponton (cela ressemble à de la corruption de fonctionnaires !)

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