Le tour de la Tête du Pape à Gigors


IMG_1768.JPGIMG_0146.jpgImpossible de ne pas savoir que la Tête du Pape1 est dans ce coin ! le bois, l’ancienne ferme à l’est, la piste fermée au public, tirent tous leur dénomination de la Tête du Pape. La randonnée est toute simple, avec des paysages diversifiés, bien agréable, au départ d’un tout petit village des Hautes Terres de Provence, Gigors. Départ de l’oratoire près d’un champ où trois chèvres se courent après jusqu’au moment où elles s’arrêtent, nous fixent bien en face, comme pour nous faire comprendre que nous les dérangeons.

IMG_0141.jpgLa montée est continue jusqu’au lieu dit Le Forest où les propriétaires d’une accueillante maison ont construit « les deux soeurs », fontaine à deux bacs du XXème siècle qui invite au rafraichissement.

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IMG_1772.JPGDans le jardin, le grand réservoir d’eau adossé à un oratoire (bizarre…), remplit l’abreuvoir. Il est alimenté probablement par un bélier hydraulique car il faut que l’eau remonte de plus de 2m dans la colonne. « Il faut de l’eau qui tombe pour actionner le bélier hydraulique. Si la pompe est installée correctement, elle IMG_1771.JPGpeut belier_hydraulique.jpgdéplacer l’eau sur une hauteur jusqu’à 10 fois plus grande que celle de la chute. […] Comme le taux de pompage est constant mais généralement lent, il est nécessaire de disposer d’un réservoir de stockage en prévision des périodes de forte demande ».

IMG_0138.jpgTi’Mars… a réussi à photographier un drôle de papillon aux ailes étroites d’un bleu métallique tachetées de blanc, à l’abdomen épais annelé de deux bandes jaunes, et qui ne ressemble pas à nos papillons européens. Peut-être est-ce une espèce tropicale qui s’est adaptée ? IMG_0140.jpgUn syntomidé ? « Les individus volent de jour avec un vol plutôt bourdonnant et assez particulier, à première vue ils semblent dépenser beaucoup d’énergie pour une efficacité réduite » écrit le musée de zoologie de Lausanne. Qui pourrait me confirmer son nom ? c’est Sylvie, inscrite à l’observatoire des papillons pour compter les espèces, qui, propose Syntomis (ou Amata) Kruegeri tandis que Marc, le baliseur et accompagnateur, propose Syntomis Phegea (ou Sphinx du pissenlit). Ces deux espèces se ressemblent tellement que je leur donne raison à tous deux (taille de l’une des taches, j’ai cru comprendre…) ! Qu’ils soient remerciés pour leur recherche.

IMG_0154.jpgIMG_1774.JPGEn haut de la montagne, nous nous interrogeons sur le nom des villages des Alpes à nos pieds. Au loin Theus et ses demoiselles coiffées, le barrage de Serre-Ponçon et ses deux étendues d’eau, Rochebrune près de la Durance, et une étrange colline pointue, le Mouisset. D’autres pyramides en face de nous, ont été sculptées par l’érosion.

IMG_1794.JPGAu changement de versant, c’est un changement géologique (voir la page de Gigors-Bellafaire -Tête du Pape, du site geo-alpes) que nous avions déjà constaté à Clamensane ; cela est dû à la présence d’une faille de chaque côté de la Tête du Pape et au chevauchement de deux couches géologiques de datation différente. Nous passons dans les schistes puis dans les Terres Noires.

IMG_0158.jpgIMG_1790.JPGSur la piste de la Tête du Pape, nous entendrons beaucoup d’oiseaux au chant peu classique mais aucun ne se montrera ou c’est nous qui n’en verrons aucun. Nous tournons à droite à la ruine (tiens, le balisage jaune indiquant le virage, n’est pas dans le bon sens pour ceux qui feraient le circuit dans l’autre sens…). Là, les stipes pennées (« plumets ») ont déployé leur chevelure blanche : ça ferait un joli tableau impresssionniste pour un peintre amoureux de la campagne. De loin, on dirait des flocons de neige qui flottent sur les pâturages. Stipe pennée sur le site florealpes.com.

IMG_1813.JPGDe retour au village, ne manquez pas la fontaine à cinq pièces (si pièce =  bassin, alors je n’en vois que 4, la dernière n’aurait-elle pas été enlevée pour permettre aux voitures de passer ?…), taillée dans la pierre et datée de 1829, que les villageois auraient rachetée autrefois à leur Seigneur en la payant contre son poids de blé ; Gigors possède l’unique meule à plâtre du département (Information extraite du Guide d’Accueil Pays de la Motte-Turriers).

Tour de la Tête de Pape, par l’office du tourisme des Hautes Terres de Provence

IMG_0170.jpgCette fois, nous avons logé au Caire, à la maison des hôtes d’Ingrid et Marc (Marc, c’est celui qui a balisé ce parcours) à la Motte du Caire. Chambre simple, accueil plein de sollicitude : la maîtresse de maison a tout fait pour que je puisse me connecter à internet. En compagnie d’un belge et d’un breton, au cours du copieux dîner, nous avons appris plein de  choses sur la technique du vol à voile de montagne, dont le lancement catapulté qui a bien surpris Ti’Mars… (Club de vol à voile de la Motte du Caire)

Télécharger l’image de l’itinéraire Gigors, 5km340, 2h dépl sans les arrêts, 273m denivelée

Deux autres randonnées si vous êtes dans le coin : l’aqueduc des Sagnières, le vallon de la Piche

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1Ce pape est-il une allusion à Clément VI, fils de Charles d’Anjou, qui possédait le fief de la Motte du Caire ?

L’aqueduc des Sagnières à Clamensane


Voilà un itinéraire aux paysages variés, bien balisé, dans la fraîcheur des sous-bois. Le sentier, au départ de Clamensane, a été entretenu, les arbres coupés, c’est un plaisir de côtoyer l’eau tout le long du parcours ; les enfants apprécieront sûrement d’y passer à gué. La découverte des Hautes Terres de Provence continue…
IMG_1540r.JPGIMG_1537r.JPGIMG_1538r.JPGLa première passerelle au-dessus du torrent du Vermeil est condamnée ; nous traversons à gué, en se mouillant les pieds. Au loin, on dirait un haut mur de pierre en ruines, fin comme la lame de Facibelle ; il se dresse, solitaire et incongru, dans le paysage verdoyant : serait-ce le rocher de la baume qui sous les poussées tectoniques aurait émergé entre deux failles ? Voir la Géologie à Clamensane, site geo-alp

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IMG_1542r.JPGSous d’épaisses frondaisons, le petit barrage déverse l’eau en cascades, cette eau si précieuse pour toute la partie montagneuse du département. Saviez-vous que la qualité bactériologique des eaux de consommation dans cette région est la moins bonne du département ? mais heureusement, cela ne concerne que 5% de la population. Le nombre élevé de captages (535 contre 145 captages dans les Bouches-du-Rhône), pour une faible consommation d’eau (21millions de m3 prélevés dans le 04 contre 237 millions m3 par an dans le 13) pénalise le département qui doit engager autant de procédures de protection que de captages. Source : la protection des ressources en eau en PACA, 2006

Ce barrage est sans doute un ouvrage de correction torrentielle qui consiste à « transformer le profil naturel du torrent sauvage en une série de marches d’escalier faiblement inclinées vers l’aval. Ces seuils brisent l’énergie du torrent et provoquent le dépôt de matériaux à l’amont de chaque petit barrage, dont la retenue se comble peu à peu. » Extrait des risques naturels en montagne, ministère de l’écologie et du développement durable

Parler d’eau, c’est évoquer Marcel Massot (1899, 1981), député des Basses-Alpes, qui a défendu les droits des agriculteurs au moment de la construction du lac de Serre-Ponçon par l’EDF. Ils craignaient que ceux habitant à l’aval de la réserve ne manquent d’eau pour irriguer leurs terres. Votre texte défavorise les agriculteurs au bénéfice des industriels », a-t-il lancé à l’assemblée le 14 novembre 1963. Et lorsque la propriété du lit [de la rivière] et du droit de pêche a été transféré à l’état, il a négocié des « indemnités pouvant être dues en raison des dommages entraînés par ce transfert. Archives de l’assemblée nationale

IMG_0331r.jpgAqueduc photo Vx murier SigoyerIMG_0337.jpgLe sentier passe dans le canal de l’aqueduc des Sagnières, pont de pierres à plusieurs arches qui ressemble à ceux construits autrefois par la société du Canal du Verdon à Venelles. (auteur de l’aqueduc en automne : propriétaires du Vieux Mûrier). Aucune autre trace de cet aqueduc d’irrigation n’est visible. Peut-être a-t-il été construit pour une activité locale nécessitant de l’eau (ancienne tuilerie ?). Je n’ai acune réponse pour l’instant à mes interrogations.

IMG_1554r.JPGAu delà du pont, dans le ravin des Sagnières, se succèdent trois vastes étendues d’eau stagnantes appelées les Sagnières. Sans doute faut-il voir là une origine provençale, de sagno = roseau. Puis ce sont les Basses Graves avec ses maisons isolées dans de vastes prairies verdoyantes.

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Nous suivons la route pendant quelque temps avant de nous enfoncer dans un sous-bois qui ne ressemble pas au précédent. Les terres noires fines et instables sont de plus en  plus visibles ; un énorme champignon parasite d’un arbre, se fait dévorer par des dizaines d’insectes noirs et jaunes. Merci à Sylvie qui vient de me communiquer le nom de ce coléoptère mycophage de taille moyenne vivant sur les champignons arboricoles, surtout ceux qui parisitent les feuillus : Diaperis boleti, inventorié par Linné en 1758.

IMG_1567r.JPGIMG_1569r_1.JPGNous signalons au cavalier qui tire un second cheval que le sentier s’est affaissé un peu plus loin, laissant peu de place aux sabots des chevaux : il doit l’emprunter pour rejoindre les Basses Graves.

IMG_1566r.JPGIMG_0353r.jpgIMG_1461r.JPGNous approchons de l’ancien cimetière, ses deux anciennes tombes et son ‘rocher qui parle’ (article explicatif à venir). A partir de là, le retour vers le  centre du village est le passage le moins bien entretenu, en forte pente, et non marqué. C’est le seul reproche que l’on peut faire à l’office du tourisme des Hautes Terres de Provence qui ne doit pas avoir de grands moyens pour l’entretien de ses sentiers mais fait de gros efforts pour le tourisme.

 IMG_0341.jpgIMG_0342r.jpgIMG_0343.jpgIMG_0356.jpg

Télécharger la fiche de randonnée de l’office du tourisme de la Motte-Turriers (Hautes Terres de Provence)

Aqueduc_sagnieres_itinéraire 6.450km 2h25 dénivelée 177m

Notre chambre d’hôtes se trouvait Au vieux mûrier à Sigoyer, petit village bien tranquille où nous avons été accueillis chaleureusement dans une ancienne ferme que les propriétaires améliorent toujours, et qui de plus, a obtenu le label ‘Tourisme et handicaps’, c’est assez rare pour être signalé. Les repas étaient dignes d’un grand chef et les discussions animées autour de sujets aussi variés que les produits régionaux, le travail des fonctionnaires internationaux ou l’éducation des enfants en difficulté. Les prix, un peu élevés pour la  région, sont cependant à la hauteur des prestations.

Le vallon de la Piche, Faucon du Caire


Note  : après la parution de cet article, suite à nos remarques, l’office du tourisme des Hautes Terres de Provence a revu le balisage de cette randonnée.

Première randonnée conseillée par l’office du tourisme intercommunal (situé au pied de la via ferrata au Caire) classée difficile. Celui qui nous conseille nous laisse une photocopie, et un numéro de téléphone au cas où nous serions perdus : l’idée est curieuse mais nous comprendrons plus tard pourquoi il a pris cette précaution. Il nous montre un croisement sur la carte où il se pourrait bien que le panneau indicateur ne soit pas encore remis en place ! En tous cas l’accueil, la rapidité et la qualité des réponses sont meilleurs que dans les grandes villes. Bravo, nous reviendrons !

Nous allons à Faucon du Caire1 que le Chevalier de l’Ordre du Croissant Hélion de Glandevès reçut en récompense de ses services dans la conquête du royaume de Sicile au XVème siècle. Comme à Bras d’Asse, je suis surprise qu’il existait un baron dans ce village.

Télécharger le descriptif de la randonnée, site de l’O.T. des Hautes Terres de Provence

faucon_geologie.gifLa route longe le Grand Vallon, une vallée profonde que ne parcourt pourtant qu’un petit ruisseau. Ce n’est pas lui qui a pu creuser la vallée mais les écoulements de langues glaciaires du nord-est qui ont fondu. Le tracé de cette vallée a été dirigé par une grande fracture qui a mis  côte à côte deux compartiments très différents, d’un côté des calcaires argileux sombres, de l’autre des alternances de grès et marnes de Molasses rouges. Terres noires, marnes rouges, grès verts, toutes les couleurs de la géologie locale sont à Faucon. Si vous regardez la carte géologique (extraite du site Geol-Alp), vous verrez d’ailleurs qu’elle a plein de couleurs différentes.

img_0226.jpgÇa commence bien : un beau panneau tout neuf à l’entrée du sentier, comme celui qui est à gauche « le Caire par le Viéraron » ; nous longeons les terres noires du img_0230.jpgravin de la Bouchouse dont la surface a été rougie par les actions du climat. Le sentier est parfois à peine visible sous la végétation. La montée est raide et continue. Nous cherchons souvent le balisage tant il est situé soit trop haut, soit trop loin, soit absent ou invisible. Une petite cascade au loin, attire nos oreilles par son léger clapotis.

IMG_1423r.JPGIMG_1425r.JPGAu fameux croisement où il faut tourner à gauche (le panneau est bien présent…), la piste s’élargit et nous savons que les vaches l’empruntent également. Sur le petit coin de prairie avant la descente, nous observons les papillons et les fleurs de printemps qui ont eu tant de mal à sortir cette année. Nous passons à côté d’un effrondrement rocheux naturel qui semble avoir été dynamité tant les blocs sont tombés de façon désordonnée. La voie est barrée par un arbre en travers du chemin : impossible de le contourner, il nous faut l’enjamber.

Au changement de vallon, mon compagnon de route s’éloigne par la droite, enjambant les arbres et marchant sur les ronces ; il a toujours de bonnes IMG_1428r.JPGraisons pour me convaincre qu’il s’agit du bon chemin : « il faut revenir par l’autre vallon [de la Piche] » et en plus, « je vois bien le chemin sur mon GPS « . Au bout de 100m, nous nous trouvons en haut d’une barrière rocheuse dominant la rivière et il est impossible d’aller plus loin. Si le ravin de la Piche porte ce nom dérivé de pis – avec ses variantes pisse, pich, pissoun = cascade – c’est sans doute que des cascades y tombent en pluie fine mais nous n’en verrons pas de ce côté bien qu’ayant souvent côtoyé l’eau en traversant à gué le ruisseau. Vocabulaire et toponymie des pays de montagne, R. Luft, Club Alpin Français de Nice-Mercantour, 2006. J’ai d’ailleurs déjà rencontré une cascade de la Piche lors de ma montée au refuge de l’Estrop.

IMG_1435r.JPGDemi-tour puis descente dans la forêt par une piste que l’on devine plus qu’on ne la voit : elle n’est plus sur la cartographie du GPS. Quelques marques jaunes reviennent, manifestement rafraichies depuis peu. A nouveau, elles se font trop discrètes ; dans cette forêt au côté sauvage, nous parlons d’égarement possible, de couverture de survie, de briquet que nous aurions dû emporter, de coordonnées que nous aurions dû laisser à nos enfants, enfin de tout ce qui rassure quand on songe qu’on peut se perdre…

img_0232.jpgimg_0233.jpgSur la crête, je ne vois que plus tard la croix jaune qui nous indique une fausse piste : il fallait tourner à gauche en épingle à cheveu. Bientôt nous arrivons sur le promontoire où se trouvait un ancien castrum ; désormais s’y trouve un « rocher qui parle« , rocher artificiel qui diffuse un conte ou une anecdote reliée à un jeu thématique : je vous en reparlerai dans un autre article. La descente se fait par un escalier aménagé retenu par des traverses rondes en bois dont certaines ne maintiennent plus la terre. Manifestement, l’entretien du sentier n’est pas terminé.
IMG_1437r.JPGAu final ma curiosité n’a pas été rassasiée sur ce parcours dont l’intérêt réside dans la dépense physique et des fleurs que je n’ai vues nullement ailleurs ; certaines sont des espèces protégées comme cette orchidée qui ressemble à Ophrys bécasse, ou abeille, bourdon, mouche, les différences sont si subtiles et mon ignorance si grande… certaines fleurs sont rares comme l’Ephedra Negri qui se cache dans les marnes noires mais je n’en verrai pas.

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Vallon de la_Piche itinéraire_4.400km 2h05 déplacement_(2h20 au total) 561m de dénivelée

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1caire : du celtique car, ker = pierre, sommet rocheux, le plus souvent accessible par escalade ; d’où la Motte du Caire, le Caire, Faucon du Caire