De la Redonne à la calanque de Méjean par le sentier du littoral


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Voilà un itinéraire au profil tout en montées et en descentes, entre villas et mer. Pour profiter de ces petits ports de la Côte Bleue, il faut donc accepter les escaliers de béton, les petites routes en lacets et en pente, les propriétés privées qui interdisent parfois arbitrairement l’accès au chemin. Mais entre deux contraintes, quel plaisir de se poser dans une calanque déserte, à l’eau limpide, ou d’écouter le clapotis de l’eau qui vient vous lécher les pieds !
* Je vous propose un itinéraire de 2h A/R env. 5,4km (3h si retour par les vallons 7,100km), sur carte IGN réalisé à partir de CartoExplorer
Sur le chemin trois petits ports : la Redonne, le petit Méjean et le grand Méjean ; deux petites calanques : la calanque des Anthénors et celle des Figuières ; de loin, deux viaducs : celui de la Redonne et celui de Méjean.

* Le temps qu’il fait aujourd’hui, à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

medium_img_0335.jpgLes arbres de la côte sont torturés par le vent : certains, presque à l’horizontale, s’accrochent bravement à la falaise. Comment peuvent-ils tenir debout ? Dans la première calanque, celle des Anthénors, un plongeur me regarde avec inquiétude comme si j’allais lui prendre sa place. Le rocher des Anthénors semble avoir été taillé par la main de l’homme. Autrefois, les pêcheurs de l’Estaque venaient l’hiver seincher1 les loups au moment du frai. Pêche importante mais délicate selon Gérard Chevé. Les galets blancs de la plage sont des débris de fossiles usés par la mer et tombés des rochers qui bordent la crique.
Dans la seconde, une pointe, conglomérat ocre et rouge, dentelé, plissé, penché, quadrillé comme un pain bien cuit, me semble presque artificiel. Un gigantesque escalier droit, aux marches inclinées trop profondes, sans rampe (si l’on excepte le grillage des maisons de chaque côté) mène jusqu’à Figuières après de gros efforts. Impossible de le rater : un canal d’écoulement central le partage en deux. Qui a donc pu concevoir un escalier aussi peu fonctionnel ?
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Le port de la Figuière est presque désert, si petit, comme emprisonné entre la mer et le reste du monde. Sur le port du petit Méjean2, la même tranquillité ; sur le port du grand Méjean, seuls un couple et son chien profitent des quais. La route qui relie Figuières à Méjean et que l’on emprunte en partie pour venir jusqu’ici, a été financée grâce à une tombola au début des années cinquante. Initialement la gare de cette section devait être construite à Méjean. Alors que les travaux étaient engagés, un sénateur désirant conserver sa tranquillité dans la calanque réussit à faire déplacer la gare à la Redonne !
Deux mouettes surveillent le large. Je m’asseois sur le banc face aux quelques rares bateaux.
Sur une ancienne carte de 1694, à l’emplacement du port, on peut lire « Port dans lequel on peut mettre 5 ou 6 galères », sans doute les galères du roi Soleil. Je vous recommande la lecture de De l’Estaque à Pounent, gérard chevé, Les Editions de la Nerthe, 2003 pour y retrouver des informations complètes sur la calanque de Méjean.
En allant vers Marseille, en contrebas du chemin de la douane, se trouve une grotte marine dont la sortie débouche au niveau de la mer (voir la photo du blog * En route pour l’Erevine à partir de Méjean). Au soleil, les couleurs émeraude de l’eau invite à la plongée.
* L’itinéraire en photos, du site Balade en Provence
* Sur le chemin des calanques, site dédié à la Côte bleue
Dans l’Express du 22 août 2005, jérôme dupuis écrivait dans son article intitulé les vraies calanques des Marseillais : « En longeant la mer quelques minutes sur le chemin des douaniers, on tombe sur la calanque jumelle de la Vesse, encore plus tranquille. Un bout du monde à l’ombre d’un gigantesque viaduc, comme un décor tiré d’un roman de Jules Verne. .. Cette Côte bleue … a pourtant souvent séduit peintres et poètes, tel Blaise Cendrars, tombé fou amoureux de la calanque de la Redonne », en 1927 : « …je découvrais des poches d’outremer, des golfes en miniature, des ilots, des bosquets sacrés, des roches, des tables à l’antique, une crique, un désert de pierres… » (Blaise Cendrars).
Compte tenu des difficultés pour trouver une place de parking dans ces ports minuscules en saison touristique, le moyen le plus adapté et le plus original pour effectuer cette randonnée, est de partir dans la matinée avec le train de la Côte Bleue depuis Marseille ou Miramas, s’arrêter en gare d’Ensuès, marcher, pique-niquer dans une petite calanque ou un port, et revenir en fin d’après-midi. Dans certains trains, vous pourrez même emmener gratuitement votre vélo. Plaisir garanti pour toute la famille !
* CD du parcours ferroviaire à commander
* Les horaires 2016-2017 de la ligne 7 Marseille-Miramas (page à réactualiser)

1seincher : encercler
2méjean : du provençal miéjo = milieu

La calanque des eaux salées à partir d’Ensuès


La calanque des eaux salées à partir d’Ensuès par les Vallons de l’EscAyolle et de Graffiane.

* Itinéraire à partir de Carry, site balade en Provence
* Je vous propose l’itinéraire sur carte IGN réalisé à partir de CartoExplorer, 3h15 environ, 10km600

* Le temps qu’il fait aujourd’hui, à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

Autant vous prévenir tout de suite : la randonnée progresse entre nature et lotissements : les amateurs inconditionnels de solitude seront probablement déçus.
J’ai eu quelques difficultés à trouver le point de départ que j’avais fixé sur le parking de l’école juste après le cimitière d’Ensuès-la-Redonne. Puis mon GPS est devenu fou : il s’est positionné d’emblée sur la fin du parcours, sans doute parce que je l’avais allumé en voiture et que la vitesse atteinte dépassait ce qu’il était capable d’enregistrer. Enfin, pas de balisage au départ et les risques d’erreur sont donc possibles.
medium_img_0089.2.jpgNous sommes dans le parc régional marin de la Côte bleue. J’ai commencé par le vallon de Graffiane, sec, calcaire, avec sa garrigue si caractéristique des régions méditerranéennes. Le village d’Ensuès est abrité des vents de la mer par un plateau boisé. En bas du chemin de l’Escayolle, j’arrive dans le lotissement des Oliviers. Pendant 1km, je prends la petite route départementale 48d qui descend jusqu’à la mer. On n’accède à la Madrague de Gignac qu’à pied, près d’une aire de contournement. Ancien port de pêche au thon, elle est habitée aujourd’hui par trois dizaines de familles qui ont donc un accès privilégié à la mer.

Les pêcheurs tendaient autrefois des filets – ou madragues1 – pour attraper les thons lors de leur migration. Ces poissons venant de la pleine mer, entraient dans une sorte de corridor en maille. Une fois engagés dans la madrague, ils passaient de chambre en chambre pour aboutir dans un dernier carré « la chambre de la mort » (ou corpou). Quand on relevait le filet, les thons étaient assommés. Cette pêche était souvent très fructueuse. Le droit de madrague était un privilège nobiliaire. Par extension, la madrague désigne désormais le petit bout de mer qui entourait ces filets. (* origine de la madrague et de la madrague de Gignac par B. Chappe avec photos du début du siècle ; à lire un bel hommage à la Côte bleue De l’Estaque à Pounent, Gérard Chevé, Les Editions de la Nerthe, 2003)

Petit arrêt à la minuscule calanque du Puits : le bruit de l’eau qui clapote contre les rochers a déjà un son qui rappelle les vacances.

Le clapotis de la calanque du Puy

A cause de la source des Eaux Salées, à l’est de la plage du Rouet, dont la salinité provient d’infiltrations profondes d’eau de mer, la calanque a été surnommée calanque des eaux salées. A l’approche du viaduc des eaux salées, en service depuis 1914 (ligne l’Estaque – Miramas voir le * site de B. Chappe), je descends l’escalier taillé dans la roche. Spectacle surprenant que ce viaduc aussi près du littoral ! le seul de toute la côte avec une arche unique de 50m ; le seul endroit où les sources abondantes sont chargées de sulfates alcalins et magnésiens qui auraient pu ronger les fondations des piles. medium_img_0370.jpgPour sa construction, un système de transport aérien par câble a dû être installé au-dessus du viaduc. Côté Estaque, les fondations descendent à 22m au-dessous du niveau de la mer, jusqu’à ce que l’on rencontre du calcaire compact. D’un point de vue technique, c’est certainement la réalisation la plus spectaculaire de l’ingénieur Paul Séjourné.

Le chemin de fer de la Côte Bleue vers les plaines de la Crau, louis roubaud, éditions Campanile, 2004

La calanque des eaux salées est là , presque déserte. Après une marche chaotique sur la plage de gros galets, je goûte l’eau limpide : sa température est plutôt bonne pour un mois de février et pour une calanque. Accessible par un ancien sentier muletier désormais bien aménagé, elle n’est que relativement à l’abri de la foule. L’été venu, les quelques rochers à fleur d’eau permettent d’agréables plongeons. Ne soyez pas étonné cependant d’y trouver quelques naturistes discrets…

Après avoir mangé face à la mer, je monte le second escalier de pierre vers le Rouet ; la balustrade de bois, en mauvais état, s’incline dangereusement lorsque je m’en sers comme appui. Je dois donc monter à la seule force des mollets. Je longe le chemin de fer du littoral tout en gardant un oeil sur la mer. Après le tunnel Matheron, j’arrive à nouveau aux abords des villas, près du port du Rouet.
Nouvelle montée jusqu’au plateau où le cap Rouet et la rade de Marseille offrent des paysages dignes de cartes postales de la Côte Bleue.

MalméjeannePar le vallon de l’Escayolle, j’atteins la grande et vieille ferme de Malméjeanne2, au carrefour de trois chemins ; elle tombe en ruines mais elle est un excellent point de repère pour les randonneurs ; en face, une nouvelle maison se construit. Des coupes d’arbres sur des dizaines d’hectares font le bonheur des amateurs de petit bois pour la cheminée : une famille est venue avec de grands sacs plastique pour le ramasser. Certains véhicules 4×4 sont même garés non loin, là malgré l’interdiction aux véhicules. Le cheval, que j’avais vu dans le jardin d’une maison des Besquens, est toujours derrière la grille du jardin mais il ne me présente que son arrière-train : il n’aura pas le bout de pain que je tenais dans la main, na !

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Depuis le port du Rouet, en 1h30 aller-retour, un balisage blanc et rouge peut également vous mener au port de La Redonne en passant par la calanque des eaux salées.


1Madrague, de l’arabe signifiant enclore
2Préfixe mau signifiant mauvais comme dans Mauvallon (La Redonne), Maufatan (Ensuès), Malméjeanne, sans doute à cause de la réputation de côte inacessible et dangereuse

Le gouffre de la Gardiole et la calanque de l’Oule


* Guide pratique des calanques du site Calanques info
* Photos des calanques dont celle de l’Oule site Montagne Pyrénées – Trekking et Horizons Lointains
* Galerie de photos des calanques de Marseille1 avec escalade du site Photos du Gum

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

medium_119_1971_r1.jpgLe gouffre de la Gardiole est sans prétention : étroit, à peine visible, hormis par le cairn au bord de son entrée. Mais il donne une idée précise de ce qu’est un gouffre : je n’en vois pas le fond ; parce qu’on marche peu à partir du parking de la Gardiole, il est possible d’y emmener des enfants. Prendre le GR98a sur la droite (quand on est face à la mer) et tourner à gauche sur le premier chemin entre deux poteaux de béton. Sur la gauche dans l’amorce de la descente, un cairn signale que vous êtes proche. Il s’agit alors d’un jeu de pistes : repérez les cairns et vous tomberez dessus, et non dedans j’espère !
medium_119_1959.jpgDans le vallon d’En Vau, coincé entre deux hautes falaises, il fait froid en ce 11 décembre et il n’y a plus les couleurs vives de l’été, sauf cet arbuste.
Le sentier de la garrigue (balisage bleu) par le col de l’Oule, me mène au croisement de plusieurs chemins mais je ne trouve pas la piste qui rejoint en larges lacets, le vallon de la Fenêtre puis celui des Rampes : je ne verrai donc pas aujourd’hui l’aven des Marseillais.
Rien à regretter cependant : le panorama est toujours grandiose…

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1Note : contrairement à ce qu’affirme le site Photos du Gum cité dans les liens plus haut, et comme le l’a fait remarquer Guy (commentaire du 21/01/2007), la plupart des calanques sont situées sur le territoire de la commune de Marseille : la limite de commune coupant la pointe Cacau en deux, seule la calanque de Port-Miou est sur la commune de Cassis.