*** Le Beaucet, Venasque sur les chemins de la pierre sèche


Extraite d’un de mes livres préférés, 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009, cette balade sur les chemins de la pierre sèche est un concentré des paysages et des constructions de pierre sèche typiques du Vaucluse, avec 10 caches sélectionnées pour les amateurs de geocaching.

La caladePartie du village perché du Beaucet, à peine sortie de mon véhicule, je tombe en admiration devant la calade qui monte jusqu’au village avec ses pas d’âne permettant aux animaux de l’emprunter. Je me dirige sur la petite route de Saint-Gens. Ignorant comment Saint-Gens se prononce (je ne suis pas originaire de la région…), j’ai eu droit au sourire moqueur d’un habitant à qui je demandais la route de saint [Jeansse – phonétiquement ʒɑ̃s]. Il m’a rétorqué [Jin – phonétiquement ʒɛ̃ ]. Pour une fois la finale ne se prononce pas et le son ‘en’ se transforme en ‘in’…
Saint-Gens de Vaucluse, biographie site geneprovence

Le lavoir du BeaucetLe lavoir et son décor peint par les Ateliers du Beaucet (centre de formation aux métiers d’Arts) en 1998, reçoit l’eau depuis la fontaine ; couvert, il protège les femmes des intempéries et du soleil. Construit en moellons ordinaires et pierres de taille du pays.

Porte sudLa statue de Saint-GensLa routeJe passe sous la porte sud, salue Saint-Gens sur son piédestal puis continue entre deux clôtures, sur un sentier aménagé le long du ruisseau (A) puis sur la route bordée de vignes et de champs de cerisiers.

restanques doubles

Place au chemin et aux diverses constructions de pierre sèche.
Option B : hameau de Caroufra puis retour. Après la maison au bord du chemin puis la dalle rocheuse, un superbe point de vue sur le vallon de Carroufra (D) et ses aménagements : ensemble exceptionnel de restanques1 parementées des deux côtés, conçues comme une véritable digue qui retient les alluvions et draine les eaux de la combe, le tout sur fond de barres rocheuses ; je n’en ai vu de telles qu’une seule fois dans le vallon de Mion (sentier du Badaïre, Arbois).

Vers la VachèreBassin creusé dans la pierreMaison abandonnéeLe sentier monte, emmuré entre deux rangées de grosses pierres ; protégés par la végétation, des aménagements de pierre sont encore visibles en fouillant un peu, comme ce large bassin creusé dans la pierre. Anciens vergers de CarroufraUne haute et impressionnante maison de pierre a perdu sa toiture mais ses murs sont toujours debout. Il ne faudrait pas grand chose pour que les arbres fruitiers reprennent vie. Le vallon de Caroufra, ilagaris
Troglodytes bien cachésTroglodyte provisoireEscalier menant à un habitat troglodytiqueJe longe maintenant une falaise et des habitations troglodytiques (E) bien cachées derrière les arbres. Quelques marches de pierre me servent d’indice. J’arrive à pénétrer dans l’une d’elle qui pourrait être encore utilisée car des outils et une charrette y sont stockés. Il est probablement dangereux de s’aventurer dans ces habitations troglodytiques temporaires ; j’y retrouve les larmiers de tuiles ou de lauzes qui, savamment, protégeaient les habitations des eaux de ruissellement.

Cuve vinaireUne cuve vinaire (F) – appartenant à une propriété privée, était l’indispensable complément des cultures de la vigne ; taillée dans le Cuve vinaire probablementroc, de forme cylindrique, d’une profondeur de 2 m, couverte d’une voûte de protection en encorbellement, elle pouvait être fermée ; une bonde en bas permettait de la vidanger. Un fouloir précède la cuve principale. Sur la photo de droite, une autre cuve, en bordure du sentier, ‘a perdu la tête’.
L’habitation troglodyte, ilagaris
Option C : en prolongeant le sentier vers Carroufra, vous découvrirez d’autres abris de ce genre et le troglodyte de la combe Mayraud (G), restauré avec un rucher de plusieurs niches (pas de photo).

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Sur les traces d’une mine de gypse


C‘est une randonnée culturelle animée par Eric Chopin, président de l’association Dauphin en fête.

Ces promenades en colline sont le fil conducteur d’un projet appelé chemin du patrimoine qui fait partie de l’association Dauphin en fête ; […] ouverte tous les jours entre 11h et midi et 16h à 18h sauf le lundi, pour accueillir et informer les gens de passage de ce projet de mise en valeur du petit patrimoine local. Eric et Mireille Chopin

Qu’est-ce qu’il marche vite ! on lui pardonne car il sait ce dont il parle quand il s’agit des métiers d’autrefois : aujourd’hui ce sera les mines de gypse situées sur le territoire de la commune de Dauphin. Depuis combien de temps sont-elles exploitées ? plus de 700 ans ! comme en témoigne en 1278, l’acte de cession d’un défends1 appelé Escourtegat2 pour 60 livres… Le 22/01/1440, par l’acte de cession en emphytéose perpétuelle, la communauté de Manosque acquiert…

le défends appelé Escourtegat situé à Montaigu, confrontant le bois de Chaudosse, du Puy Amblard et ceux du seigneur Gaucher. […] cédé avec la gipière.[…]

La météo à cet endroit aujourd’hui

Rappel des mines paysannesNous nous garons sur un sentier parallèle à la D5, au quartier de Beauregard à Dauphin.  Nous passons devant le moulin de l’Ausselet, avant de prendre une des nombreuses pistes de la forêt de Pélissier. La silhouette de l’âne rappelle que dans cette colline l’animal a travaillé dur pour les ouvriers de la mine. Impossible de reconnaître en cette saison l’hellébore fétide du sentier botanique : pas de fleur, pas d’odeur.

helleborefetide site lepetitherboriste.netL’hellébore fétide est une plante toxique dégageant une odeur assez désagréable. Dans l’Antiquité et au Moyen-Age, elle était utilisée pour soigner la folie. Plus récemment, elle fut utilisée comme vermifuge vétérinaire avant d’être considérée comme trop dangereuse. Selon Flore alpes

Source de ChaudoueSource ChaudoueAprès nous avoir fait sentir des schistes qui contiennent du bitume, Eric nous emmène près d’une source, histoire de nous démontrer que l’eau n’a jamais manqué ici – appelons-là source Chaudoue. Fort appréciée des animaux la nuit, elle serait introuvable sans l’aide d’un habitant du coin. Nous retrouvons la piste à travers le sous-bois.

Eric ouvre la grilleSortie de la mine de gypsePour se rendre à la mine de gypse de l’Escourtejá1, mieux vaut être accompagné : un sentier parfois dégradé et en forte montée sur la fin, aboutit face à l’entrée de la mine de gypse, petite mine privée fermée par une grille et un cadenas ; Eric en connait le code et nous ouvre. On ne voit pas grand chose, l’éclairage est faible, la température fraîche ; une paire de rails sur lesquels le wagonnet circulait, est encore fixée au sol. Les trois photos ci-dessous sont extraites du livre Le pays de Forcalquier son lac, sa mer, Gabriel Conte, c’est-à-dire Editions, 2010.

Informations recueillies sur Dauphin : dans son livre Statistique minéralogique du département des Basses-Alpes, Grenoble, Prudhomme, 1840, Joseph Scipion Gras parle de trois ou quatre bancs gypseux sur la colline de Scourtgat (transcrit sans doute par l’auteur tel qu’il l’a entendu !) mêlés de marne et de calcaire. Ces mines sont exploitées par 5 ou 6 ouvriers. Les débouchés sont locaux (Mane, Dauphin, Forcalquier, Peyruis) ; le transport jusqu’à la route se fait à dos de mulet, donc bien plus difficile que dans les gypières de Manosque. Vers 1819, à Dauphin, 15 ouvriers travaillent pour leur compte la chaux ou le plâtre.
En 1825, à Dauphin, « site pourtant riche en combustible minéral […], une demande pour un four à plâtre est accordée à titre de simple tolérance toujours résiliable ».
C’est un travail saisonnier en dehors des travaux des champs, qui dure 6 mois maximum ; le plâtre fabriqué à Dauphin, de qualité ‘inférieure’, sert essentiellement à la construction. Il offre de plus un avantage particulier pour les habitants démunis : les plâtres récupérés des ruines ou des démolitions peuvent être recuits et réutilisés.

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** Rando découverte du Val de Cuech et Val d’Hugon


Pour concevoir ce circuit inédit, il m’aura fallu deux visites sur le terrain, repérer les caches du coin placées souvent sur des points dignes d’intérêt, des kilomètres de tâtonnement pour éviter les propriétés privées et les routes, enfin éclaircir quelques confusions historiques lors de mes recherches sur internet. Le résultat, même s’il n’est pas idéal car empruntant en partie des routes dans une zone urbanisée, me semble un bon compromis ; en une demie journée, il vous fera voyager à Pélissanne, Salon et Aurons. A éviter par fortes chaleurs – une grande partie à découvert – et après de fortes pluies si vous accédez à Sainte-Croix par le sud.

Je stationne sur le parking recommandé par liodan13, sur la commune de Pélissanne, pas très loin du canal de Craponne. Après un passage sur quelques traces d’ornières dans la pierre, je rejoins le vieux chemin de Lambesc à Salon dans le quartier de Redourtières où se trouverait, selon l’archéologue Valérian, l’ancienne cité romaine de Pisavis (Salon-de-Provence). Isidore Valérian, archéologue, 1909
En hommage à un salarié d'EurocopterSur une ruine, la marque du GR 2013 qui rejoint Salon. Tentant d’accéder à une cabane de pierre sèche au détour d’un champ, je tombe sur une croix plantée sur un petit monticule « A notre collègue regretté ses amis d’Europter »…

La croix de missionLes Alpilles depuis la croix de missionUtilisé la semaine précédente dans l’autre sens, mais à peine repérable, le sentier d’exploitation contourne un champ d’oliviers avant d’attaquer la pente ; pas facile de grimper sur le sentier fortement raviné, sec et étroit, qui domine le Val d’Hugon1, devenu Valdegon sur la carte IGN d’aujourd’hui. Blocs rocheux dans la montéeLe sentier raviné et secDe gros blocs rocheux jalonnent le sentier sur la gauche ; au sommet, après un coup d’oeil sur la piste de Salon, par un raccourci avec un haut pas rocheux, j’arrive à la croix de mission (270m d’altitude) qui a été plantée en 1873. Un socle ancien, sans rien dessus, gravé 1873 (?), se trouve juste à côté ; peut-être la croix précédente est-elle tombée avec le vent ? Au nord ouest, une superbe vue sur la chaîne déchiquetée des Alpilles.

En commémoration de la mission de 1873, Aranarth13

Je repars dans la garrigue, en suivant la via crusis sur quelques dizaines de mètres pour me retrouver au pied de la vigie ; en 1722, pour répondre au vœu des Consuls pour conjurer la peste, les confréries de pénitents montèrent en pèlerinage à Sainte-croix, par cette voie le long de laquelle chaque oratoire était fleuri. L’ancien chemin qui mène en douceur au sommet à partir de l’abbaye n’est plus praticable : il faut donc prendre celui du XIXè, fortement dégradé, qui dérape, et nécessite parfois de mettre les mains ; il débouche au pied de la baume fortifiée en bon état, et à l’abri sous roche protégé d’un long mur de pierres. C’est sans doute là que vivait le frère Reymond, dernier ermite de Salon de Provence. La façade est percée de cinq meurtrières et deux fenêtres. Une étroite vire rocheuse a été creusée pour empêcher l’accès à la baume. Lors des périodes troublées, depuis le sommet de la colline, on y accédait au moyen de cordes et d’une passerelle de bois amovible.

Chroniques souterraines, Sainte-Croix avec plusieurs schémas

On franchit la falaise sur des marches de pierre dans un étroit goulet. Et là on découvre la chapelle rupestre Sainte-Croix. D’après la légende, elle aurait été construite par l’Archevêque saint-Hilaire d’Arles (401- 449) pour l’accomplissement d’un vœu […]. Il en rapporta un fragment de la croix du Christ qu’il fit insérer dans la croix de la chapelle. D’où son nom.

Vue vers le sud depuis l'enceinteVestiges des mursSubsistent les ruines de la chapelle médiévale et de quelques bâtiments qui servaient à loger des moines. Elle est enchâssée dans la roche, un peu écrasée tout de même par la vigie construite au dessus. La façade composée de belles pierres tranche avec le reste de la maçonnerie plus modeste. Impossible d’en visiter l’intérieur dont vous trouverez quelques photos dans les chroniques souterraines. Vue imprenable à 180° au nord comme au sud.

l’oppidum du Salounet, lulla

L'abbaye Sainte-CroixLa croix au pied de ND de CuechJe redescends lentement par le même sentier puis par la piste en direction de l’hôtel-restaurant 3* Abbaye de Sainte-Croix qui devrait porter plutôt le nom de Notre Dame de Val de Cuech puisque c’est son nom original ; au XVIIè quelques religieux y ont construit un couvent. Le comte de cadastre napoléonien 1814Florans est alors propriétaire des lieux. Nicolas de Montgallet s’y est retiré dans le courant du XVIIè avec le frère Jehan Paris ; monseigneur de Grignan, archevêque d’Arles, le restaura et l’agrandit. Congrès des Sociétés savantes de Provence, Marseille Comptes-rendus et mémoires…,, Nicollet, F.-N. Éditeur scientifique, 1907
Provincia, bulletin de la Société de statistique d’histoire de d’archéologie de Marseille et de Provence, F.-N. Nicollet, 1921

portail d'entrée abbaye Sainte-croixJ’emprunte la voie de contournement de ce lieu privé ; c’est le long de celle-ci que se garent les clients ; même si le premier et le second portail sont fermés, il est possible de passer à pied en dehors des heures d’ouverture. La route DFCI qui mène à la vigie démarre justement aux portails, précédés d’une croix.

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