** Rando découverte du Val de Cuech et Val d’Hugon


Pour concevoir ce circuit inédit, il m’aura fallu deux visites sur le terrain, repérer les caches du coin placées souvent sur des points dignes d’intérêt, des kilomètres de tâtonnement pour éviter les propriétés privées et les routes, enfin éclaircir quelques confusions historiques lors de mes recherches sur internet. Le résultat, même s’il n’est pas idéal car empruntant en partie des routes dans une zone urbanisée, me semble un bon compromis ; en une demie journée, il vous fera voyager à Pélissanne, Salon et Aurons. A éviter par fortes chaleurs – une grande partie à découvert – et après de fortes pluies si vous accédez à Sainte-Croix par le sud.

Je stationne sur le parking recommandé par liodan13, sur la commune de Pélissanne, pas très loin du canal de Craponne. Après un passage sur quelques traces d’ornières dans la pierre, je rejoins le vieux chemin de Lambesc à Salon dans le quartier de Redourtières où se trouverait, selon l’archéologue Valérian, l’ancienne cité romaine de Pisavis (Salon-de-Provence). Isidore Valérian, archéologue, 1909
En hommage à un salarié d'EurocopterSur une ruine, la marque du GR 2013 qui rejoint Salon. Tentant d’accéder à une cabane de pierre sèche au détour d’un champ, je tombe sur une croix plantée sur un petit monticule « A notre collègue regretté ses amis d’Europter »…

La croix de missionLes Alpilles depuis la croix de missionUtilisé la semaine précédente dans l’autre sens, mais à peine repérable, le sentier d’exploitation contourne un champ d’oliviers avant d’attaquer la pente ; pas facile de grimper sur le sentier fortement raviné, sec et étroit, qui domine le Val d’Hugon1, devenu Valdegon sur la carte IGN d’aujourd’hui. Blocs rocheux dans la montéeLe sentier raviné et secDe gros blocs rocheux jalonnent le sentier sur la gauche ; au sommet, après un coup d’oeil sur la piste de Salon, par un raccourci avec un haut pas rocheux, j’arrive à la croix de mission (270m d’altitude) qui a été plantée en 1873. Un socle ancien, sans rien dessus, gravé 1873 (?), se trouve juste à côté ; peut-être la croix précédente est-elle tombée avec le vent ? Au nord ouest, une superbe vue sur la chaîne déchiquetée des Alpilles.

En commémoration de la mission de 1873, Aranarth13

Je repars dans la garrigue, en suivant la via crusis sur quelques dizaines de mètres pour me retrouver au pied de la vigie ; en 1722, pour répondre au vœu des Consuls pour conjurer la peste, les confréries de pénitents montèrent en pèlerinage à Sainte-croix, par cette voie le long de laquelle chaque oratoire était fleuri. L’ancien chemin qui mène en douceur au sommet à partir de l’abbaye n’est plus praticable : il faut donc prendre celui du XIXè, fortement dégradé, qui dérape, et nécessite parfois de mettre les mains ; il débouche au pied de la baume fortifiée en bon état, et à l’abri sous roche protégé d’un long mur de pierres. C’est sans doute là que vivait le frère Reymond, dernier ermite de Salon de Provence. La façade est percée de cinq meurtrières et deux fenêtres. Une étroite vire rocheuse a été creusée pour empêcher l’accès à la baume. Lors des périodes troublées, depuis le sommet de la colline, on y accédait au moyen de cordes et d’une passerelle de bois amovible.

Chroniques souterraines, Sainte-Croix avec plusieurs schémas

On franchit la falaise sur des marches de pierre dans un étroit goulet. Et là on découvre la chapelle rupestre Sainte-Croix. D’après la légende, elle aurait été construite par l’Archevêque saint-Hilaire d’Arles (401- 449) pour l’accomplissement d’un vœu […]. Il en rapporta un fragment de la croix du Christ qu’il fit insérer dans la croix de la chapelle. D’où son nom.

Vue vers le sud depuis l'enceinteVestiges des mursSubsistent les ruines de la chapelle médiévale et de quelques bâtiments qui servaient à loger des moines. Elle est enchâssée dans la roche, un peu écrasée tout de même par la vigie construite au dessus. La façade composée de belles pierres tranche avec le reste de la maçonnerie plus modeste. Impossible d’en visiter l’intérieur dont vous trouverez quelques photos dans les chroniques souterraines. Vue imprenable à 180° au nord comme au sud.

l’oppidum du Salounet, lulla

L'abbaye Sainte-CroixLa croix au pied de ND de CuechJe redescends lentement par le même sentier puis par la piste en direction de l’hôtel-restaurant 3* Abbaye de Sainte-Croix qui devrait porter plutôt le nom de Notre Dame de Val de Cuech puisque c’est son nom original ; au XVIIè quelques religieux y ont construit un couvent. Le comte de cadastre napoléonien 1814Florans est alors propriétaire des lieux. Nicolas de Montgallet s’y est retiré dans le courant du XVIIè avec le frère Jehan Paris ; monseigneur de Grignan, archevêque d’Arles, le restaura et l’agrandit. Congrès des Sociétés savantes de Provence, Marseille Comptes-rendus et mémoires…,, Nicollet, F.-N. Éditeur scientifique, 1907
Provincia, bulletin de la Société de statistique d’histoire de d’archéologie de Marseille et de Provence, F.-N. Nicollet, 1921

portail d'entrée abbaye Sainte-croixJ’emprunte la voie de contournement de ce lieu privé ; c’est le long de celle-ci que se garent les clients ; même si le premier et le second portail sont fermés, il est possible de passer à pied en dehors des heures d’ouverture. La route DFCI qui mène à la vigie démarre justement aux portails, précédés d’une croix.

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La rando des pivoines sauvages


AdrechJusqu’à la veille de la rando, j’étais en liste d’attente sur O.V.S. Marseille ; vers 19h, j’apprends que j’intègre la liste principale et peux participer ; Maurice, notre guide, m’écrit un mot pour me rappeler qu’il y a plus de 800m de dénivelée, sous-entendu : ce n’est pas une rando facile. Mais je suis confiante : à mon rythme, habituellement je peux vaincre le dénivelée. A 7h le matin, je confirme le covoiturage avec Pascale qui me donne rendez-vous à la Chevalière. Voiture remplie avec 4 personnes : en route pour les Omergues, petite commune des Alpes-de-Haute-Provence dans la vallée du Jabron ; aujourd’hui composé de hameaux et maisons isolés, ce village, au moyen-âge, avait un habitat groupé et perché avec un château, au quartier de la Fontaine. Mouralis D., Les phénomènes d’habitat dans le massif des Baronnies (Préalpes du Sud), In: Revue de géographie alpine. 1924, Tome 12 N°4. pp. 547-644

Population des Omergues 1836 : 743 ; 1881 : 496 ; 1906 : 310 ; 2011 : 129 soit 3.8 habitants au km2. Vers 1884, 30 habitants sont morts du choléra en une seule journée. Gazette agricole n°237 17/08/1884

cafe-restaurant-franceMaurice nous attend devant le bar des Omergues ; le panneau coloré Bistrot de pays évoque ce concept inventé dans ce département pour redonner vie aux petites communes rurales. Souvent, ces bistrots sont les seuls points de services de proximité encore présents au sein des villages.

Le label Bistrot de Pays a été créé en 1993. Un Bistrot de Pays est un café ouvert à l’année et situé dans un petit village rural. […] Les Bistrots de Pays s’engagent à constituer un point d’information touristique. Ils mettent en valeur autant que possible les produits et recettes du terroir.

Quel plaisir d’y déjeûner après une rando… ou entre deux petites balades ! j’ai dégusté l’agneau de Sisteron à Niozelles, une tarte à Chateauneuf Val Saint-Donat à la fin d’une rando, un repas gastronomique à Mallefougasse et suivi une conférence sur ‘le sexe des bories’ dans celui d’Ongles ! Une idée à suivre pour les randonneurs : les randos-bistrot.

Tapis de fleursAprès un peu d’attente des retardataires, la longue file de plus de 20 personnes venant de toute la région paca et même d’au-delà, s’échauffe en prenant la route ; rapidement un sentier prend la relève et traverse des champs de fleurs sauvages. Le quartier s’appelle l’Adret et bénéficie en effet de l’exposition au Soleil. Après un chemin partiellement pavé, c’est un sentier classique caillouteux qui monte, monte, et montera ainsi jusqu’à 1433m d’altitude avec quelques passages un peu plus plats. Mais cela représente quand même une pente à presque 8% !

Le fruitD’abord nous découvrons le fruit de la pivoine, formé par 3 à 5 follicules tomenteux1 étalés horizontalement ; c’est la forme qu’a pris le carpelle après la fécondation ; à l’intérieur de l’enveloppe protectrice, se trouvent l’ovaire, le style et le stigmate muni de papilles pour mieux capter le pollen ; après plus de 3 km de marche depuis le départ, la première pivoine sauvage grande ouverte séduit les marcheurs venus pour elle. groupe de pivoinesPivoine ouverteA la différence des pivoines cultivées qui comptent de nombreuses rangées de pétales imbriquées les unes dans les autres, la Pivoine sauvage possède des fleurs à une seule rangée de 5 à 8 pétales. Avec ses grandes fleurs rouges, ses étamines jaunes aux stigmates rouges, ses grandes feuilles aux multiples divisions, elle peut être identifiée facilement en lisière de certains bois clairs des Alpes du sud. Les fleurs sont pollinisées par les insectes. La floraison se fait en une semaine, entre avril et juin. C’est pour cela qu’il vaut mieux partir avec un guide qui saura quelle est la meilleure période d’observation. Il en existe plusieurs sous-espèces  qui se différencient surtout par leurs folioles2 (nombre, couleur, aspect dessous). Je n’ai ni compté ni observé le dessous des feuilles : je ne peux que supposer qu’il s’agit de la pivoine mâle. Plante rare et protégée, elle ne doit pas être cueillie.

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** De la colline Sainte-Propice au domaine de Meynes et au jas des vaches


Sur une bonne idée de A. Roubaud, fidèle lecteur de randomania – et chanteur dans la chorale acantari, j’ai tenté ce circuit. Autant le dire tout de suite, je pense avoir traversé bien involontairement deux propriétés privées : l’une en bas de la descente de la colline Sainte-Propice côté est, l’autre au Val des Vignes ; dans le premier cas, j’ai débouché sur un carré de vignes que j’ai longé avant de rejoindre la route par un chemin d’exploitation ; je vous propose un itinéraire de contournement sans être tout à fait certaine qu’il soit entièrement public ; dans le second cas, ne sachant si cette partie du Val des Vignes appartenait au département ou à un propriétaire privé, j’ai trouvé un itinéraire de contournement.

La randonnée n’est pas si facile que cela, pas longue mais avec plusieurs descentes un peu raides et caillouteuses dans lesquelles on a tendance à glisser avec les cailloux. Vous passerez plusieurs fois à côté ou sous les pylônes à haute tension mais pour une fois, l’un d’eux vous réservera une surprise plutôt agréable.

L’ensemble des photos de la randonnée

La météo à cet endroit aujourd’hui

Début du sentierDépart sur le chemin du moulin à Velaux, en bordure de forêt. Première étape : la colline Sainte-Propice dont le nom a été déformé puisqu’il s’agit de Sainte-Eutropie, martyre du IIIè siècle, torturée pour avoir refusé de renier le Christ. La piste monte doucement, passe devant la bastide de Pépé, longe les vignes. L’AREMS – Association pour le Reboisement et l’Entretien du Massif de Ste-Propice – restaure les restanques dans les vignes, partie intégrante, et particulièrement esthétique, de nos paysages calcaires. Mur de soutènement pierre sècheBancaus restaurés par ARCEMSIl vaudrait mieux utiliser le terme bancau, terrasse soutenue par un mur. La restanque est à l’origine  un mur transversal construit dans une zone d’écoulement, comme le lit d’un torrent. Fait de pierres sèches – donc non liées –, il laisse passer l’eau tout en retenant en grande partie la terre, en amont. Paul Colombier, secrétaire du Ròdo de Velaurs Restanque dans le vallon de MionExtrait du Bulletin de liaison de Velaux, juillet 2013. J’en ai vu de beaux exemplaires dans le vallon de Mion.

Le sentier menant à l'oppidumLe sentier s’enfonce par un étroit sentier dans la végétation faite de genêts odorants et de cistes cotonneux. D’en bas on peut encore voir un large morceau du mur d’enceinte, les autres côtés de l’oppidum étant protégés par des falaises. J’arrive à l’entrée du site archéologique.

De l’oppidum préromain (Ier siècle av. J.-C.) il ne restait que des traces. Du Ve au VIIe siècle, un habitat se met en place. La plupart des objets trouvés sur le site sont profondément brûlés, même déformés.

Chapelle Ste Eutropie

Abside chapelle

A l’époque romaine ou paléochrétienne, la chapelle Sainte-Eutropie a été implantée : autrefois un haut lieu de pèlerinage, aujourd’hui, une ruine oubliée ; c’est elle que vous pouvez voir au sommet ; 12,60m par 7,40m, constituée d’une abside en cul-de-four s’ouvrant sur la nef unique. Histoire de Velaux, période antique. Vue sur VentabrenUn tour de la colline offre deux points de vue : celui au nord vers Ventabren et le plateau avec l’aqueduc de Roquefavour en fond ; au sud, celui sur Velaux, la tour de guet de l’Arbois.

L’oppidum Sainte-Propice, bob_13

Deuxième étape en sortant de l’oppidum par l’est, d’abord sur la crête puis dans une descente caillouteuse que je redoute toujours. Lorsque j’atteins une piste, en quelques lacets et un raccourci que je n’ose vous recommander, j’atteins une propriété sur laquelle des travaux d’irrigation sont en cours ; je longe les vignes, descends du talus pour rejoindre le sentier d’exploitation qui mène sans barrière jusqu’au chemin en contrebas.

Une pente à 15% !De là, par un sentier autrefois barré, je rejoins le point à 151m d’altitude : une montée particulièrement raide qui n’a rien à voir avec un sentier : j’ai préféré rallonger grâce à un petit détour par la gauche pour que la pente (entre 10 et 16% !) soit moins raide et moins dangereuse.

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