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De Fontienne à Forcalquier en passant par le dolmen du Clot de Melly


IMG_0127.jpgPour faire cette randonnée, il faut laisser une voiture à Forcalquier et l’autre à Fontienne, près de l’église ; si vous disposez d’une journée entière, le retour en boucle sera toujours possible. Vous passerez par les rochers des Mourres, *** les formes insolites des rochers des Mourres, curiosité géologique unique au monde.

La journée devrait être pleine de surprises préparée mes compagnons de route pour mon anniversaire : je me suis laissée guider et j’espère que nous trouverons un des rares dolmens des Alpes-de-Haute-Provence, annoncé par Ch. Cotte de la Société préhistorique française dans sa séance du 26 juin 1912. Pour cela estoublon a imprimé un document qu’il a trouvé sur le site Persée.

IMG_0132.jpgIMG_0131.jpgNous partons de Fontienne, petit village au nord de Forcalquier, sentier bien balisé même si les panneaux de bois ont été altérés par les intempéries. Nous tournons à l’enclos protégé par une ligne électrifiée à l’énergie solaire où deux ânes paisibles cherchent auprès de nous de la nourriture que nous n’avons pas.

IMG_0135.jpgIMG_7287.JPGNous montons progressivement par le GR6 sur un sentier caillouteux qui pénètre dans une forêt de chênes ; plus nous nous élevons, plus les surfaces neigeuses se multiplient ; nous atteindrons presque 900m d’altitude.

IMG_0136.jpgIMG_0138.jpgNous entrons dans la propriété privée du Clot de Melly uniquement accessible aux piétons. Le poste à grives camouflé sous des branches a même un semblant de confort : petite cheminée, chaise et table. Le tracé du GR, autrefois voie romaine et aujourd’hui sentier des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, a été réhabilité par Pierre Martel, fondateur de l’association Alpes de Lumière ; c’est même à cette occasion qu’il aurait redécouvert le fameux dolmen.

IMG_0142.jpgConformément au document qu’il a en main, estoublon veut entamer la recherche du dolmen dans la direction N.-N-E à partir de l’ancienne ferme. A l’aide de la boussole de mon GPS, je me rends compte que nous avons dû passer à côté. Ti’Mars…, persuadé de partir dans la bonne direction, s’éloigne vers l’ouest tandis que Michel, propriétaire des 90 ha du Clot de Melly, demande à estoublon ce qu’il cherche. Dans la minute qui suit, il propose de nous y emmener. Regardez, des traces de biche, elles n’étaient pas hier !, s’exclame-t-il tout en marchant d’un bon pas.

IMG_0141.jpgUn sentier moins visible que le GR pénètre dans Roche Ruine. Dans le bois, plus dénudé en hiver, nous apercevons de grosses pierres posées verticalement : c’est bien le dolmen du Clot du Melly que l’on pourra reconstituer, avec un peu d’imagination et de connaissance. Fort sympathique, Michel nous raconte comment ses parents sont devenus propriétaires du Clot de Melly. Ancien professeur à la retraite, curieux de nature, il est manifestement content d’échanger avec nous. Estoublon lui donne la documentation de Persée tandis que je lui remets la carte de visite de mon blog grâce à laquelle il pourra relire l’article sur cette randonnée.

dolmen 1 Clot du Melly Société préhistorique française 1971Comme la plupart des dolmens de Provence, il s’ouvre vers le couchant. C’est un petit dolmen de construction simple. La dalle desIMG_0145.jpg seuil et de chevet sont tombées à l’intérieur. La dalle de couverture a glissé vers l’extérieur. Notre chercheur n’a pas vu de trace de tumulus mais a repéré une sorte d’enceinte constituée de pierres et de lauzes protégeant le monument. Nous ne partirons pas à la recherche du dolmen n°2, situé également sur Roche Ruine mais en moins bon état.  Les dolmens du Clau deï Meli, commune de Forcalquier, Alain Calvet, Bulletin de la Société Préhistorique française, T. 68, 1971

En 1630, la peste ravage Forcalquier. Le Conseil municipal forme le vœu de fonder un couvent de religieuses si Dieu consent à mettre fin à l’épidémie. Le fléau ne cessa pas tout de suite mais le conseil honora sa promesse. Le couvent fut achevé en 1634 et sa chapelle en 1687. Selon le propriétaire, il est possible que sa maison leur ait servi de refuge lors de la peste.

Le parlement rendit des arrêts pour Digne, Forcalquier, Chénerilles […] : interdiction était faite aux habitants de sortir du lieu infecté, sous peine de mort, […]. Sitôt qu’un cas de peste se déclarait les proches du malade étaient expédiés hors des murs de la ville ». Extrait de La vie en Haute-Provence de 1600 à 1850, Raymond Collier, Société scientifique et littéraire des Alpes de Haute Provence, Digne, 1973

Religieuses contemplatives dont l’ordre fut fondé en 1610 par saint François de Sales et sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal (1572-1641) à l’intention des personnes âgées ou de santé fragile auxquelles les autres ordres sont interdits. En fait, à l’origine, Jeanne et ses compagnes […] ajoutaient aux exercices de la vie contemplative le service des malades et des pauvres.

IMG_7297.JPGHabitation du clot de MellyRetour par GR 6 qui passe à côté de la maison de Michel (photo de gauche) ; celui-ci nous en détaille les pièges, en particulier en arrivant aux Mourres, ces fameux rochers aux formes étranges dont la formation géologique est unique au monde. Pour les plus curieux de géologie, voir également la formation des Mourres paru sur randomania Plus. Dans cette partie plus à l’est, les formes sont affaissées dans un paysage de désolation.

IMG_7299.JPGDans le pays de Forcalquier, son lac, sa mer, Gabriel Conte, C’est-à-dire Editions, 2010, l’auteur, se basant sur la thèse de J.L. Lesueur datant de 1991, réfute l’hypothèse d’ilots de végétation au milieu d’un marais peu profond dont les racines auraient fixé le calcaire. Les allées et venues de la mer suscitent des couples de sédiments qui se répètent : une tranche marneuse et friable suivie d’une tranche de calcaire plus résistant. Sur le versant gauche du vallon des Souyons, on compte au moins 8 couches dures portées par 8 couches tendres.

Aux  lacs côtiers succède la mer miocène profonde et ses calcaires qui recouvrent les formations des lacs côtiers. Après le retrait de la mer, l’érosion va enlever cette couverture miocène [..] et dégager les couches tendres-dures successives des formations des lacs côtiers.

IMG_7301.JPGNous ratons le balisage du GR rouge et blanc et partons sur la droite dans un sentier de moins en moins marqué. Plutôt orientés par notre GPS, nous dévalons une pente dans un sous-bois abandonné et sec, descendons un passage sur une échelle de bois cassée avant de parvenir en bordure de route, plus éloigné que le trajet prévu. Nous marchons sur la route d’un bon pas. Nous avons retrouvé le balisage jaune vers la chapelle Saint-Marc. Nous accélérons le pas. Nous allons être en retard au rendez-vous de midi trente mais une journée pas comme les autres, c’est cela aussi, l’imprévu…

Je pensais à tort que le dolmen du Clot de Melly était unique dans les Alpes de Haute-Provence mais Jean Courtin dans sa thèse sur le néolithique de la Provence, C.N.R.S., 1974, en comptait 5 ; il en existe deux recensés officiellement dans la base de données Mérimée Le dolmen des Pierres Blanches à Castellane et le dolmen de Villard au Lauzet sur Ubaye appartenant à la commune. Estoublon me signale celui d’Enriou à Saint-Laurent du Verdon, cité par Cotte. Un dolmen se trouverait au lieu-dit Villevieille à Demandolx (source wikipedia). Six alors ?
Interview de J. Courtin sur le site préhistoire PACA et biographie sur le site Futura Sciences

Image de l’itinéraire 8.900 km aller simple 357m dénivelée 2h30 dépl. (itinéraire géolocalisé avec le dolmen)

©copyright randomania.fr

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