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*** Le sentier des aiguiers, Saint-Saturnin les Apt


Cela faisait bien longtemps que je voulais faire ce sentier extrait de 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominique, le Bec en l’air, 2008 ; avec mes amis Claire & Denis, nous n’étions allés que jusqu’aux aiguiers1 Grognard.

Les photos de Yves Provence

balisage du sentierDépart du parking des Longuets sur la D230 qui mène à Sault ; le parking est peu visible surtout si aucune voiture n’y est encore garée. Des poteaux de bois portant une marque verte baliseront le circuit. Les lettres identifiant les points d’intérêt sont reportés sur la carte IGN en bas de page.

Au virage en épingle à cheveux, direction les Romanes ; je m’engage par erreur vers la Thébaïde, bordée d’un muret de pierres (je n’ai pas vu le modeste panneau de bois à l’entrée) au lieu de la contourner par la droite ; les propriétaires attablés pour le petit déjeuner me remettent gentiment sur la bonne voie.

aiguiers bessons aiguiers bessonsLes aiguiers Bessons2 (A, B) se font face de part et d’autre du chemin ; à droite deux bassins séparés par un mur de pierre. On accède au second à ciel ouvert par trois marches taillées dans la pierre.

Puis direction la Cassette ; sur la gauche, un petit sentier conduit à l’aiguier de Barralié (C) ; l’impluvium est envahi par les pins ; trois abreuvoirs en pierre taillée sont construits à proximité ; un escalier d’accès est creusé dans la roche pour accéder au réservoir : les deux toits de pierre sèche couvrent deux bassins séparés dont la longueur totale est de presque 7m. Compte tenu de l’ombre, il est bien difficile de faire des photos convenables ; celles du livre ont été prises en hiver : c’est mieux !

la Cassette la CassetteJ’ai d’abord trouvé deux cabanes écroulées avant de trouver la grande cabane de forme oblongue avec un élégant décroché qui souligne le début de la voûte ; elle s’ouvre sur des champs de lavande. Le panneau l’appelle borie de la Cassette (D) ; borie est un terme impropre pour cabane mais c’est celui que tout le monde connait…

GayeouxLa traversée d’une propriété privée, bien annoncée, ne doit pas vous faire peur : elle est autorisée. Des banquettes de pierre sèche pour des cultures en terrasse, un drôle de cairn, un virage qui nous positionne sur le chemin du retour, et nous voilà à l’aiguier de Gayéoux (E), avant la piste de Travignon ; il appartient à la ferme de Gayéoux à l’est. Avec sa grande dalle rocheuse creusée de rigoles, il est typique des aiguiers de Saint-Saturnin.

Au croisement avec l’ancien chemin de Saint-Saturnin à Saint-Christol, je n’ai pris la piste vers le sud-est que je n’ai pas repérée (voir sur la carte le croisement) ; au vu des traces mises en téléchargement sur le même circuit, je ne suis pas la seule à l’avoir loupée !
J’ai pris le GR9 plus évident ; hors circuit, avant de monter au hameau abandonné de Travignon, en continuant une centaine de mètres sur la piste des Lays, au lieu-dit la croix de Bonnefoy, il était d’usage de tracer dans le sable une croix avec le pied mais ne me demandez pas pourquoi…

GR9TravignonLe GR monte, d’abord assez large dans une forêt sombre, puis se rétrécit ; ne venant pas par le chemin signalé dans le livre, je n’ai pas trouvé aussi facilement les aiguiers de Travignon (F).

ruelle Travignon Travignon fourSuivant la grosse flèche au sol, je me suis retrouvée d’abord dans le centre du village abandonné ; il aurait fallu arriver par le haut (donc au carrefour juste avant le hameau, monter à gauche) et redescendre ensuite vers les ruines.
Ce sont deux beaux spécimens d’aiguiers couverts d’une voûte clavée en berceau dont l’une a été reconstruite par un atelier de jeunes. Le premier aiguier déverse son trop-plein dans un bassin à ciel ouvert, lequel est relié à un second aiguier par une profonde rigole. La façade est percée d’une porte à trois monolithes taillés. Le troisième aiguier semble inachevé. En regardant bien, vous trouverez des traces d’extraction de pierre ayant servi à la construction du hameau de Travignon. Le hameau est privé mais je n’ai pas résisté à la visite de quelques ruines parmi les ronces et les amandiers sauvages. Le village d’autrefois, en 1977, conservaient encore de belles pierres de taille, linteaux de porte et de fenêtre, arcs en plein cintre. Mais des vandales sont venus les dérober pour fournir en matériaux les belles demeures des nouveaux riches.

le fantôme de Travignon, iop

Les gens se nourrissaient des châtaignes, des lactaires, des grisets du plateau. Le hameau de Gayéoux approvisionnait Travignon en  bois de chauffage. On descendait à la ville les jours de foire pour la Sainte-Luce ou Saint-Sylvestre. On échangeait les pommes de terre contre le vin des côteaux, le lard contre l’huile d’olive des Grands Cléments. On cultivait la garance, l’indigo,… on fabriquait toutes sortes d’objets comme des brosses avec des racines de l’aphyllante de Montpellier. D’après le livre Circuits de découverte des monts de Vaucluse dans le parc régional du Luberon, Claude Morenas, François Morenas, préface de Jean Giono, Cheminements, 1977

Mais Travignon c’est aussi l’expérience d’un retour à la terre au sein du mouvement des auberges de jeunesse mais qui échoua en septembre 1936 ; elle trouve ses racines dans les rencontres Contadour, qui ont eu lieu en Provence deux fois par an entre 1935 et 1939, sous les auspices de l’écrivain pacifiste Jean Giono. L’auteur a eu une profonde influence sur le mouvement des auberges de jeunesse. Finalement Marc Augier, journaliste et romancier, un des responsables des auberges de jeunesse, tirera une leçon de cette expérience :

Le retour à la terre […] nous devons l’interpréter, l’adapter aux besoins et aux possibilités des Ajistes. (…) Ce que nous pouvons faire est un retour saisonnier à la terre,[…] non pas comme un objectif autonome ou un moyen de subsistance. (…)

Pour apprécier ce hameau, il faut savoir regarder au delà des arbres rabougris, des murs écroulés et de la solitude du lieu…

Le sentier redescend en lacets jusque dans la combe de Travignon au fond de laquelle je retrouve une belle piste ; le repos sur terrain plat sera de courte durée ; après le Pas de la Femme et ses deux rochers jumeaux, il faut remonter vers le Caulet, restauré depuis peu.
Cabane CauletPeu après le virage qui remonte vers vers le gîte Caulet, sur la gauche, la grande cabane Caulet (G) – photo de Yves Provence – fort bien construite, supporte une ruche de chaque côté. Une cheminée est aménagée dans l’épaisseur de sa voûte.
aiguier cauletplan aiguier Caulet (extrait du livre)L’aiguier Caulet (H) – photo de Yves Provence – est original par son caractère enterré et sa couverture constituée de plusieurs dalles aujourd’hui ensevelies ; à proximité une auge de pierre percée d’une bonde d’évacuation pour que l’eau s’échappe dans l’abreuvoir taillé dans la dalle. cabane au sud de CauletEn quittant Caulet, je découvre une cabane non signalée avec une grosse pierre de façade gravée d’initiales et datée (1876 ?).

En route pour les Gavaniols et les aiguiers Grognards (I) que l’on atteint par un étroit sentier fléché. La grande dalle rocheuse a servi d’extraction de pierre comme en attestent les coupes ; les carriers en ont profité pour creuser des bassins dont l’un avait une voûte aujourd’hui effondrée. les bassins s’échelonnent le long de la pente de façon à récupérer l’eau qui pourrait déborder des bassins supérieurs.

vue sur les montagnesJe remonte sur mes pas puis longe la propriété grillagée où ce matin, un chien n’arrêtait pas d’aboyer sur mon passage. Rapide coup d’œil sur le Luberon au sud. Fatiguée, c’est à pas lents que je rejoins mon véhicule : j’ai parcouru 18 km au lieu de 16 mais je suis contente de ma journée.

Une randonnée sur le thème de l’eau, riche de découvertes, et assez sportive ; je m’étonne qu’aucun geocacheur n’ait encore posé une série de boîtes sur ce circuit. Si vous manquez de temps mais voulez découvrir ce qu’est un aiguier, je vous conseille d’aller jusqu’aux aiguiers Grognard (une demie-journée voire moins).
Autres randonnées sur le thème de la pierre sèche

trace aiguiersImage de la randonnée 16km, 265 m dénivelée (+497, -497), 5h30 déplacement (6h30 au total)

1aiguier : réservoir creusé à même la roche et qui a pour fonction de récupérer les eaux de ruissellement par un système de rigoles et impluvium.
2besson : du provençal besssoun = jumeau ; les aiguiers bessons sont deux.

©copyright randomania.fr

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