Guides de randonnées d’un nouveau genre


Des guides de randonnée, j’en ai énormément : livres de plus ou moins grande taille, classeur contenant des fiches que l’on peut mettre sous pochette plastique, revues, etc. Il est rare qu’un seul me convienne totalement ; j’y prends ce qui m’intéresse. Je vous présente aujourd’hui plusieurs guides un peu différents des autres.

testLes plus belles balades & randonnées en France, à la campagne, Coll., Glénat, 2013 – 5€
Les « + » :
– petit format, léger et donc transportable ; petit prix
– belle qualité d’impression, une petite photo sur chaque page
– cartes soigneusement dessinées bien que ce ne soit pas des cartes IGN ; coordonnées GPS du point de départ (à entrer dans le GPS routier quand le départ n’est pas en ville)
– un sommaire par région, un index récapitulatif des randonnées avec leur durée, leur difficulté
– des conseils vraiment utiles pour se promener avec des enfants et une astuce (que je ne vous dévoilerai pas ici) pour savoir à tout moment où l’on est, même si l’on n’a pas de GPS.
– possibilité de compléter la randonnée par des visites : on trouve les coordonnées de l’office du tourisme, des idées de visite pour un programme complet et varié sur une journée
Les « A savoir » :
– pour disposer de plus de randonnées en vacances, l’achat de la collection thématique (campagne, bord de mer, montagne, terroirs et patrimoine, forêt, lacs et rivières) serait sans doute un plus
Pour qui ? :
– pour les familles qui changent chaque année de région : on ne trouve qu’une ou deux randonnées par région et toutes les régions n’y sont pas.
Cependant, ce guide réussit à rassembler en petit format les atouts des autres guides similaires. Suite au test en situation de la balade le Jas d’Estelle, je dois modérer mon opinion favorable.
Sortie à partir du 13 mai. Télé 7 jours sur facebook

GR 2013 Marseille-Provence, Sentier métropolitain autour de la mer de Berre et du massif de l’EtoileLe cercle des marcheurs, les excursionnistes marseillais, le comité départemental de la randonnée pédestre des Bouches-du-Rhône, Editions WildProject-FFR, 2013 – 15€

Les « + » :
– un moyen de découvrir les Bouches-du-Rhône sous ses différents aspects : la nature, la ville, les zones industrielles, des points de vue, de l’art, des monuments, des musées,…
– tracé sur carte IGN, parcours présenté par zone, bien décrit, 200 pages
– descriptif et anecdotes ou compléments historiques
Les « A savoir » :
– dans cette découverte il y a le meilleur (les gorges de Cabriès à Vitrolles)… et le pire comme la zone autour de la gare d’Aix-en-Provence qui ressemble à une poubelle à ciel ouvert
– ce ne sont pas des boucles : il faut donc prévoir de placer une voiture à l’autre bout ou utiliser en 2013 les transports en commun prévus à cet effet
– le GR n’étant pas toujours bien balisé, le guide est indispensable
Pour qui ? :
– pour les curieux qui partent, sans préjugé, à la découverte de l’identité d’une région ; les amoureux de la nature ne seront sans doute pas satisfaits.

25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominique, le Bec en l’air, 2008 – 24€

Les « + » :
– un beau livre avec photos et textes de qualité, bien documentés
– tracé sur carte IGN avec points de repère pour ne pas se perdre et centres d’intérêt détaillés dans le texte
– un choix judicieux de sites permettant de découvrir le patrimoine local autour de la pierre sèche (bergerie, « bories », mur de pierre, aiguiers, etc) dans la région PACA
– beaucoup de choses à découvrir, pas de risque d’ennui en chemin
Les « A savoir » :
– un peu lourd à transporter…
Un de mes livres préférés.

Le pays de Forcalquier son lac, sa mer, cinq itinéraires géologiques, Gabriel Conte, C’est-à-dire Editions, 2010 – 22€

Les « + » :
– nombreuses photos anciennes et récentes, avec vues rapprochées, explications avec schémas, glossaire
– véritables curiosités géologiques (les Mourres à Forcalquier, la mine de Saint-Maime, etc), toutes situées dans les Alpes de Haute Provence, le département de la réserve géologique
Les « A savoir » :
– livre pédagogique
Pour qui ? :
– pour les amateurs de géologie et d’histoire locale.

Le rando malin, balades en famille sur des sites chargés d’histoire, le Var, Bruno Ribant, Frédéric Boyer, Mémoires Millénaires Editions, 2010 – 14€

Les « + » :
– une collection assez complète sur la région PACA
– un format pratique A5 pour un coût modique
– un choix judicieux de sites historiques à découvrir, un vrai but pour chaque balade
– préfacé par des personnalités
Les « A savoir » :
– pas de tracé sur carte IGN mais uniquement un dessin parfois approximatif, insuffisant pour les randonnées non balisées (j’ai relevé plusieurs fois des erreurs)
– manquent les distances ou les temps entre deux points éloignés sur un chemin croisant de multiples chemins de traverse
Pour qui ? :
– pour les curieux, pour une famille désirant trouver un but à leur balade pour éviter l’ennui.

Les gorges du Carami par le claou de la Chevalière (diaporama)


N’ayant pas beaucoup de temps à consacrer à la rédaction, j’ai décidé de vous livrer le diaporama mais ne vous y trompez pas, la rando n’est pas facile ! entre le Carami (ou Caramy) calme et le Carami houleux, que de contradictions sur un si petit parcours ! après les aménagements de l’homme pour irriguer, la petite source de la Figuière se cache entre les rochers : je peux la voir au maigre filet d’eau qui fait vibrer la surface.

Plus nous nous enfonçons dans les gorges et plus il faudra escalader des rochers, quelquefois en se hissant à la force des bras. Nous n’irons pas jusqu’au barrage mais remonterons du côté de la galerie de mines aujourd’hui condamnée.
La partie près de la grotte et de la carrière Saint-Michel est un véritable parcours d’aventures : nous sautons de rocher en rocher, de gauche et de droite, dominant des crevasses profondes qui donnent parfois le vertige. Pour limiter les risques bien réels, mieux vaut suivre les points rouges et prendre son temps. Les problèmes d’orientation seront brillamment résolus par Sébastien qui maîtrise l’usage de la boussole. Pour le passage presque à la verticale, équipé d’une chaîne, il me faudra un peu d’aide.
Le retour sur le GR, sera bien reposant. Nous passerons à côté de ruines de maisons parfois imposantes. Dans la dernière partie très caillouteuse et désagréable, il est aisé de se tordre les chevilles. L’arrivée sur le pont romain et le seuil qui déborde abondamment, termine la randonnée qui finalement aura duré presque 5 heures.
tourves bauxite GR99_imgimage de l’itinéraire de 13.2km, 152m dénivelée (772m cumulées), 5h00 déplacement seul. Nos errements figurent sur le tracé.

** La chapelle Saint-Donat le Bas et le mystérieux couvent des Crottes : une randonnée d’exception !


Une randonnée mémorable ! non seulement pour les deux chapelles Saint-Donat mais aussi à cause du contexte particulier qui a provoqué quelques surprises : il avait plu pendant plusieurs jours auparavant, je n’avais pas étudié en détail le parcours qui traversait à gué plusieurs ruisseaux… le parking est celui de la mairie de Chateauneuf Val Saint-Donat.

Départ vers le sud par la route D951 qui traverse le village. Après les Jas, le premier ruisseau charrie une eau légèrement boueuse ; le ruisseau suivant a inondé les champs ; de chaque côté de l’ancienne voie romaine, des flaques d’eau se sont formées ; grâce au pavage de la chaussée, on identifie bien la voie royale qui réutilise la (supposée) via domitia ; la forme bombée de sa surface favorise l’écoulement des eaux. Les techniques de construction des voies romaines sont simples : une large tranchée dans laquelle les romains superposent plusieurs couches de matériaux (une première couche de fond de gros cailloux, une couche intermédiaire constituée de cailloux de taille moyenne, une troisième couche composée de petits cailloux, de gravier ou de sable. Extrait du collège Gaston Lefavrais) ; après la colline de marnes noires, apparaît le pont de pierres presque invisible sous la végétation. Un autre pont de pierre a bien souffert : je l’ai contourné, observant avec inquiétude le trou béant sur le côté de la chaussée.

Au carrefour avec la voie royale, j’emprunte le chemin de Saint-Jacques, balisé avec la célèbre coquille Saint-Jacques. Le sentier se déroule le long du flanc ouest de La Louvière1. C’est un morceau de l’étape 5 du chemin de Saint-Jacques Peypin-Peyruis (20km). Pour éviter un large lacet sur sentier boueux, je traverse les bois à angle droit pour retrouver la descente vers le ravin du Vèze2.

Après le sous-bois aux tons d’automne, je dois traverser à gué un ruisseau étroit  mais un peu profond, entre des berges de terre écroulées ; malgré mes efforts pour éviter d’avoir les pieds mouillés, je ressors avec les chaussures pleines d’eau que je vide aussitôt passée ; le gué suivant est plus large et plus houleux : après quelques hésitations, je le traverse en diagonale, pas très rassurée ; quand surgit brusquement la chapelle Saint-Donat sur son piton rocheux, ravie, je souffle en longeant le champ. Le nom de Saint-Donat rappelle celui de l’évêque qui aurait évangélisé la montagne de Lure à la fin du Vè. Il se serait retiré dans un lieu désolé que les uns situent à notre Dame de Lure, d’autres dans la combe de Saint-Donat.

La chapelle Saint-Donat-le-Bas (471m), dans un excellent état de conservation, est pourtant une des églises les plus anciennes du département des Alpes-de-Haute-Provence (XIè siècle). Le mur nord n’est percé d’aucune baie, le mur sud en compte cinq ébrasées vers l’intérieur ; la nef se prolonge par une travée rectangulaire débordant de part et d’autre, ce qui est assez rare en Haute-Provence ; les moulurations seraient d’origine carolingienne. Grandeur, esthétique et sobriété.
Petite remarque : on devrait plutôt dire Saint-Donat le Majeur car Saint-Donat-le-Bas, mesurant à peine 8 m sur 3,50 m et antérieure à la grande, était une petite chapelle dont les ruines se trouvent en contre-bas du torrent.
La Haute-Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, 1986

Abside

Alpes de Haute Provence.com

Après le pique-nique face à la chapelle, je reprends le chemin du retour derrière celle-ci, en bordure du torrent du Thoron. L’abbé Andrieu raconte qu’au XIXèà la saison des pluies, des sources [les Sorgues] jaillissent par centaine le long du Mardaric, en aval et en amont de la chapelle, un peu partout : sur le chemin, dans le lit du torrent, sur ses bords et au-dessus, jusqu’à une certaine hauteur. Mais, pour que le phénomène se produise, il faut des pluies excessives […]. Surgie de je ne sais où, une cascade y chute en deux gerbes bruyantes. C’est probablement ce phénomène rare que j’ai vécu en direct. On dit même que dans ce cas, l’eau s’engouffre dans une source souterraine cachée dans les profondeurs du torrent.

Le gué du torrent est plus large que les précédents et je ne sais pas trop à quel endroit le traverser ; pour y parvenir, je m’aide de mon bâton de randonnée. D’autres promeneurs y renonceront et chercheront à traverser ailleurs : il est toujours possible de reprendre le même chemin qu’à l’aller où les passages sont plus ‘guéables’.
Le Mardaric reçoit les eaux  de plusieurs rivières, toutes en crue aujourd’hui, et c’est lui maintenant que je dois traverser ; honnêtement il me fait peur par son débit et la vitesse de son courant. Je songe un moment à rebrousser chemin ; j’étudie avec attention l’endroit qui me parait offrir le moins de risques. Je prévois de traverser là où les rochers ne provoquent pas trop de remous ; je renonce d’avance à ne pas être trempée jusqu’aux genoux ; j’utiliserai mon bâton de randonnée comme béquille pour résister au courant. Après plusieurs minutes de réflexion, je me lance ; arrivée aux deux-tiers du parcours, je me sens chavirée lorsque je lève un pied pour avancer ; ‘ne pas lever les pieds trop haut au-dessus des rochers profonds mais glisser’, telle est ma tactique ; je perds l’équilibre mais m’accroche pendant plusieurs secondes à mon bâton coincé entre deux rochers, ne déplaçant qu’un soutien à la fois. J’ai vaincu le Mardaric mais mon cœur bat la chamade. Le danger était réel.

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