*** Le circuit des Pénitents : aventureux et insolite


15 août 2015 : journée geocaching ; après le pique-nique à Monfort au couvent des Crottes, le groupe du L.G.N. en visite à Monfort décide de s’attaquer à ce circuit de 10 caches posées aux Mées par Ti’Mars… Nous nous garons au camping des Mées, les uns à cvaôté de l’entrée, les autres sur le parking derrière plus grand. Cette fois on ne se contente pas d’admirer la longue procession des Pénitents depuis l’autoroute, on va voir de près de quoi ils sont faits !

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours

Le village autour de la chapelleDirection la chapelle Saint-Roch par la montée caladée puis l’escalier de pierre déjà bien raide ; nous sommes dans l’ensemble primitif des Mées groupé autour de la chapelle Saint-Roch (autrefois Saint Sépulcre) et du château. De l’époque médiévale et jusqu’au XVIè siècle, le village s’est développé en rangées concentriques d’habitations s’enroulant sur le flanc du rocher puis à sa base. De là haut, nous pouvons le vérifier.

chapelle st roch 1900 AD 04Saint-RochEntre la carte postale du début du XXè et la photo d’aujourd’hui, que de remaniements et restaurations ! elle n’a plus grand chose de son origine, peut-être les parties de murs en petit appareil, formés de galets équarris, taillés (XIè ou XIIè siècle ?). D’après Les Amis des Mées

L’ordre chronologique des caches de 1 à 10, est indiqué à la fin du nom de la cache après la lettre P.

GDP04-45 : Les Pénitents des Mées – P1/10, Ti’Mars…

montée 14% photo ti'mars... C’est là que l’expédition commence par un panneau dissuasif précisant que le sentier non balisé – en vérité de vagues traces de ronds bleus ou de peinture rouge au sol – est dangereux. Une montée raide sur le poudingue, composé de galets, sables, grès, limons et différentes roches compressés et agglomérés. Tant que ces éléments restent bien soudés entre eux, pas de problème mais il arrive que l’érosion les détache ; dans les documents d’archives de la commune des Mées, il n’est pas fait mention d’importantes chutes de blocs provenant des rochers surplombant le village mais une expertise réalisée par le DDAF en 1998 mentionne des chutes de pierres régulières au niveau de la rue du Rocher. Mieux vaut donc ne pas partir seul, et ne pas randonner un jour de pluie ; aujourd’hui les jeunes geocacheurs aident les moins jeunes : il faut obligatoirement mettre les mains, parfois chercher le détour le moins risqué, et suer car la pente est raide, très raide. Plus de 18%, donc pas pour les VTT ! (dénivelée 92m pour une distance horizontale de 492m).

Vue sur la valléeUne grotte se creuse dans le basMaintenant que nous les voyons de près, nous voyons bien de quoi sont composés les Pénitents, un poudingue comme disent les géologues, celui du plateau de Valensole. Pas si solide que cela…

conglomérat photo altitude randoLe plateau […] correspond à l’immense cône de déjection de tous les matériaux transportés par les eaux en furie de la Durance, de l’Asse et de la Bléone durant 10 millions d’années au cours de l’ère tertiaire.
A l’est du plateau, les épandages paléoduranciens se caractérisent par la présence de rhyolite et d’andésite provenant du sud-est. Extrait du plateau de Puymichel, atlas des paysages des Alpes de Haute-Provence

GDP04-46 : Les Pénitents des Mées – P2/10, Ti’Mars…

La grande archeLe sentier qui longe les Pénitents par le haut, tout en petites montées et descentes, frôlent parfois le vide ; ceux qui ont le vertige regardent droit devant eux pour défier le vertige ; au travers de la plus belle arche, un coin de la vallée de la Durance se dévoile.

Panoramique Gaëlle83

GDP04-47 : Les Pénitents des Mées – P3/10, Ti’Mars…

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*** Le Beaucet, Venasque sur les chemins de la pierre sèche


Extraite d’un de mes livres préférés, 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009, cette balade sur les chemins de la pierre sèche est un concentré des paysages et des constructions de pierre sèche typiques du Vaucluse, avec 10 caches sélectionnées pour les amateurs de geocaching.

La caladePartie du village perché du Beaucet, à peine sortie de mon véhicule, je tombe en admiration devant la calade qui monte jusqu’au village avec ses pas d’âne permettant aux animaux de l’emprunter. Je me dirige sur la petite route de Saint-Gens. Ignorant comment Saint-Gens se prononce (je ne suis pas originaire de la région…), j’ai eu droit au sourire moqueur d’un habitant à qui je demandais la route de saint [Jeansse – phonétiquement ʒɑ̃s]. Il m’a rétorqué [Jin – phonétiquement ʒɛ̃ ]. Pour une fois la finale ne se prononce pas et le son ‘en’ se transforme en ‘in’…
Saint-Gens de Vaucluse, biographie site geneprovence

Le lavoir du BeaucetLe lavoir et son décor peint par les Ateliers du Beaucet (centre de formation aux métiers d’Arts) en 1998, reçoit l’eau depuis la fontaine ; couvert, il protège les femmes des intempéries et du soleil. Construit en moellons ordinaires et pierres de taille du pays.

Porte sudLa statue de Saint-GensLa routeJe passe sous la porte sud, salue Saint-Gens sur son piédestal puis continue entre deux clôtures, sur un sentier aménagé le long du ruisseau (A) puis sur la route bordée de vignes et de champs de cerisiers.

restanques doubles

Place au chemin et aux diverses constructions de pierre sèche.
Option B : hameau de Caroufra puis retour. Après la maison au bord du chemin puis la dalle rocheuse, un superbe point de vue sur le vallon de Carroufra (D) et ses aménagements : ensemble exceptionnel de restanques1 parementées des deux côtés, conçues comme une véritable digue qui retient les alluvions et draine les eaux de la combe, le tout sur fond de barres rocheuses ; je n’en ai vu de telles qu’une seule fois dans le vallon de Mion (sentier du Badaïre, Arbois).

Vers la VachèreBassin creusé dans la pierreMaison abandonnéeLe sentier monte, emmuré entre deux rangées de grosses pierres ; protégés par la végétation, des aménagements de pierre sont encore visibles en fouillant un peu, comme ce large bassin creusé dans la pierre. Anciens vergers de CarroufraUne haute et impressionnante maison de pierre a perdu sa toiture mais ses murs sont toujours debout. Il ne faudrait pas grand chose pour que les arbres fruitiers reprennent vie. Le vallon de Caroufra, ilagaris
Troglodytes bien cachésTroglodyte provisoireEscalier menant à un habitat troglodytiqueJe longe maintenant une falaise et des habitations troglodytiques (E) bien cachées derrière les arbres. Quelques marches de pierre me servent d’indice. J’arrive à pénétrer dans l’une d’elle qui pourrait être encore utilisée car des outils et une charrette y sont stockés. Il est probablement dangereux de s’aventurer dans ces habitations troglodytiques temporaires ; j’y retrouve les larmiers de tuiles ou de lauzes qui, savamment, protégeaient les habitations des eaux de ruissellement.

Cuve vinaireUne cuve vinaire (F) – appartenant à une propriété privée, était l’indispensable complément des cultures de la vigne ; taillée dans le Cuve vinaire probablementroc, de forme cylindrique, d’une profondeur de 2 m, couverte d’une voûte de protection en encorbellement, elle pouvait être fermée ; une bonde en bas permettait de la vidanger. Un fouloir précède la cuve principale. Sur la photo de droite, une autre cuve, en bordure du sentier, ‘a perdu la tête’.
L’habitation troglodyte, ilagaris
Option C : en prolongeant le sentier vers Carroufra, vous découvrirez d’autres abris de ce genre et le troglodyte de la combe Mayraud (G), restauré avec un rucher de plusieurs niches (pas de photo).

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Sur les traces d’une mine de gypse


C‘est une randonnée culturelle animée par Eric Chopin, président de l’association Dauphin en fête.

Ces promenades en colline sont le fil conducteur d’un projet appelé chemin du patrimoine qui fait partie de l’association Dauphin en fête ; […] ouverte tous les jours entre 11h et midi et 16h à 18h sauf le lundi, pour accueillir et informer les gens de passage de ce projet de mise en valeur du petit patrimoine local. Eric et Mireille Chopin

Qu’est-ce qu’il marche vite ! on lui pardonne car il sait ce dont il parle quand il s’agit des métiers d’autrefois : aujourd’hui ce sera les mines de gypse situées sur le territoire de la commune de Dauphin. Depuis combien de temps sont-elles exploitées ? plus de 700 ans ! comme en témoigne en 1278, l’acte de cession d’un défends1 appelé Escourtegat2 pour 60 livres… Le 22/01/1440, par l’acte de cession en emphytéose perpétuelle, la communauté de Manosque acquiert…

le défends appelé Escourtegat situé à Montaigu, confrontant le bois de Chaudosse, du Puy Amblard et ceux du seigneur Gaucher. […] cédé avec la gipière.[…]

La météo à cet endroit aujourd’hui

Rappel des mines paysannesNous nous garons sur un sentier parallèle à la D5, au quartier de Beauregard à Dauphin.  Nous passons devant le moulin de l’Ausselet, avant de prendre une des nombreuses pistes de la forêt de Pélissier. La silhouette de l’âne rappelle que dans cette colline l’animal a travaillé dur pour les ouvriers de la mine. Impossible de reconnaître en cette saison l’hellébore fétide du sentier botanique : pas de fleur, pas d’odeur.

helleborefetide site lepetitherboriste.netL’hellébore fétide est une plante toxique dégageant une odeur assez désagréable. Dans l’Antiquité et au Moyen-Age, elle était utilisée pour soigner la folie. Plus récemment, elle fut utilisée comme vermifuge vétérinaire avant d’être considérée comme trop dangereuse. Selon Flore alpes

Source de ChaudoueSource ChaudoueAprès nous avoir fait sentir des schistes qui contiennent du bitume, Eric nous emmène près d’une source, histoire de nous démontrer que l’eau n’a jamais manqué ici – appelons-là source Chaudoue. Fort appréciée des animaux la nuit, elle serait introuvable sans l’aide d’un habitant du coin. Nous retrouvons la piste à travers le sous-bois.

Eric ouvre la grilleSortie de la mine de gypsePour se rendre à la mine de gypse de l’Escourtejá1, mieux vaut être accompagné : un sentier parfois dégradé et en forte montée sur la fin, aboutit face à l’entrée de la mine de gypse, petite mine privée fermée par une grille et un cadenas ; Eric en connait le code et nous ouvre. On ne voit pas grand chose, l’éclairage est faible, la température fraîche ; une paire de rails sur lesquels le wagonnet circulait, est encore fixée au sol. Les trois photos ci-dessous sont extraites du livre Le pays de Forcalquier son lac, sa mer, Gabriel Conte, c’est-à-dire Editions, 2010.

Informations recueillies sur Dauphin : dans son livre Statistique minéralogique du département des Basses-Alpes, Grenoble, Prudhomme, 1840, Joseph Scipion Gras parle de trois ou quatre bancs gypseux sur la colline de Scourtgat (transcrit sans doute par l’auteur tel qu’il l’a entendu !) mêlés de marne et de calcaire. Ces mines sont exploitées par 5 ou 6 ouvriers. Les débouchés sont locaux (Mane, Dauphin, Forcalquier, Peyruis) ; le transport jusqu’à la route se fait à dos de mulet, donc bien plus difficile que dans les gypières de Manosque. Vers 1819, à Dauphin, 15 ouvriers travaillent pour leur compte la chaux ou le plâtre.
En 1825, à Dauphin, « site pourtant riche en combustible minéral […], une demande pour un four à plâtre est accordée à titre de simple tolérance toujours résiliable ».
C’est un travail saisonnier en dehors des travaux des champs, qui dure 6 mois maximum ; le plâtre fabriqué à Dauphin, de qualité ‘inférieure’, sert essentiellement à la construction. Il offre de plus un avantage particulier pour les habitants démunis : les plâtres récupérés des ruines ou des démolitions peuvent être recuits et réutilisés.

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