La grotte naturelle de Marie-Madeleine


C’était au mois de mai 2004, deux ans après la réouverture au public de la Grotte de la Sainte-Baume1 et du pèlerinage, à l’occasion d’un regroupement professionnel pas comme les autres. La préparation avait été claire : « Vous êtes dans une forêt séculaire, où vécurent des druides2 ; vous emprunterez le chemin des rois comme Marie de Médicis ou le chemin du Canapé si vous vous êtes pressé ; vous visiterez la grotte de Marie-Madeleine, qui a débarqué sur nos côtes aux Saintes-Maries de la Mer. Croyant ou pas, vous marchez dans un lieu sacré. »
* Je vous propose l’itinéraire de 2h A/R par le chemin du Canapé (GR9) réalisé à partir de CartoExplorer
* Je vous propose un autre itinéraire dans ce massif, 3h30 A/R réalisé à partir de CartoExploreur (voir dans ce blog l’article sur la croix des Béguines)

La météo de ce jour à cet endroit :
(attention l’hiver, micro-climat, neige et givre possibles)
La direction du vent et le calcul de la température ressentie

medium_0006.jpgEté comme hiver, ce haut lieu de pélerinage est toujours très fréquenté. Un petit couvent de quatre frères dominicains est désormais chargé de l’accueil des pèlerins. Parmi les grands pèlerins de notre temps, comment ne pas évoquer Charles de Foucauld, les pélerins du lundi de Pentecôte, ceux de la fête de sainte Marie-Madeleine (22 juillet) qui se rendent en procession à la messe de minuit à la Grotte, les Compagnons ?

Cette forêt celtique de quelques milliers d’années, est unique en France, les chênes et les hêtres ont plusieurs siècles d’existence, de nombreuses associations végétales sont uniques en Provence ; medium_0004.jpgsi vous venez en juin-juillet, cherchez la racine d’or (lys martagon), si rare et si belle ! Ifs, hêtres, houx, essences peu méridionales, ont élu domicile ici. Parce qu’elle est exposée au nord, à l’abri d’une haute falaise, l’humidité, la fraicheur, les mousses et les champignons dominent. J’emprunte le chemin du Canapé, à droite, moins fréquenté que le chemin des Roys, mais plus abrupt. Des marches de pierre favorisent la marche dans un sous-bois sombre ; les arbres sont tellement hauts que la lumière du soleil ne parvient que rarement jusqu’au sol. Mais quand elle passe, c’est un ravissement de points lumineux ! Si je délaisse le chemin des Roys – emprunté par Saint-Louis, le pape Clément V, Philippe VI Valois, Charles IV de Luxembourg, le roi René, Catherine de Médicis, Charles IX, etc – c’est qu’il est trop fréquenté. A la croisée des chemins, un vieil oratoire : c’est Monseigneur Jean Ferrier, archevêque d’Arles qui a fait ériger les oratoires du Chemin des Roys vers 1516.

Le père Vayssière, gardien du sanctuaire au début de notre siècle, a fait construire les 150 marches en mémoire aux 150 Ave du Rosaire ; je les monte en comptant les stations jusqu’à la 13ème pour mesurer ma progression ! Cette Pietà, sur le parvis de la Grotte, impressionnante par sa taille, est une oeuvre de la juive convertie Marthe Spitzer (1932). D’abord exposée devant l’église Ste-Madeleine à Paris, elle arrive par train jusqu’à Saint-Zacharie où un attelage de chevaux l’amène jusqu’en bas de l’escalier. Là avec rouleaux, madriers et palans, elle est hissée jusqu’à la grotte.

0020.3.jpg* Le site officiel de la grotte Sainte Madeleine (histoire des trois Maries, pélerinage, les Dominicains)

Le compagnon Pierre Petit réalise les vitraux de la Grotte. Marie-Madeleine était la patronne du Compagnonnage ; dès que le Tour de France est ouvert au jeune Aspirant Compagnon du Devoir, il porte sa couleur, le blason de son métier et l’emblème de Marie-Madeleine reconnaissant le Christ ressuscité.
* Voir l’article sur les Compagnons du devoir (commune d’Aups)* L’Association les Compagnons du Devoir, ses buts
Rodolphe  Giuglardo présente le travail de la pierre à la Ste-Baume : l’obélisque des Compagnons placé en 2011

De là haut, le paysage s’étage sur 3 niveaux de montagnes : les monts Aurélien, la Sainte-Victoire, le mont Ventoux.

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Le compagnon réalise les vitraux de la Grotte. Marie-Madeleine était la patronne du Compagnonnage ; dès que le Tour de France est ouvert au jeune Aspirant Compagnon du Devoir, il porte sa couleur, le blason de son métier et l’emblème de Marie-Madeleine reconnaissant le Christ ressuscité.

De là haut, le paysage s’étage sur 3 niveaux de montagnes : les monts Aurélien, la Sainte-Victoire, le mont Ventoux.medium_0009.jpg

Après la descente, beaucoup plus rapide, le groupe s’arrête dans le café tout proche de l’hostellerie et nous dégustons une bière bien fraîche, juste récompense de nos efforts.
Dans ce lieu mythique, on peut aller aussi au « Paradis » en passant par le « sentier merveilleux », de quoi donner envie de revenir…

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1Baume : du provençal « baumo », surplomb rocheux, abri sous roche (grotte)
2Les druides étaient les chefs religieux des populations celtiques qui, avant la conquête romaine, occupaient la Gaule et la Grande-Bretagne. Ils représentaient une classe sacerdotale chargée de la célébration du culte, de l’éducation de la jeunesse et des décisions de justice. Leur doctrine se fondait sur la transmigration des âmes. La récolte du gui de chêne, plante sacrée, est l’une des coutumes druidiques les mieux connues

*** Nager avec les poissons à Port-Cros


Le Parc national de Port-Cros, premier parc national marin en Europe, a été créé en décembre 1963. Y passer une journée au mois d’août, ne m’emballait guère : « trop de monde, trop chaud, île trop petite », c’est ce que je craignais. Nous avons pris la première navette partant à 8h15 du port d’Hyères. Après une heure de trajet, nous débarquons sur l’île. D’emblée, le charme opère. Le fort de l’Estissac nous protège (Le chemin des forts, jérôme antonioli, provence magazine, M03740, éd. 2007). Que des piétons ici !

medium_114_1420.jpg* Site du parc naturel de Port-Cros
* Diaporama de l’île de Port Cros : superbes photos à donner envie d’y aller

* La météo aujourd’hui à cet endroit : Direction du vent et température ressentie

 

Accompagnées de Luc qui connait les lieux, nous parcourons le sentier jusqu’à la plage de La Palud où nous arrivons les premiers, après 3/4 d’heure de marche ; cette petite plage est ombragée de tamaris et bordée d’une roselière 1. Des ganivelles 2 partagent l’espace entre les zones protégées et nous, les visiteurs. Un goéland s’invite.

medium_113_1399.jpgmedium_114_1402.jpgJ’observe ceux qui, équipés de masque, tuba et palmes, reviennent enchantés de leur voyage en mer. Ils ont emprunté le * sentier sous-marin (7 bouées équipées de panneaux explicatifs immergés jalonnent le parcours et une plaquette immergeable présente les principales espèces et les espèces à découvrir) ou ils ont choisi de découvrir ces fonds au hasard. Plus je les vois revenir conquis, plus je me dis que je vais louper quelque chose. Je n’ai jamais respiré avec un tuba, je ne me suis jamais déplacée avec des palmes. Les premiers essais ne sont pas très satisfaisants. Quand enfin je parviens à me déplacer, je ressens une telle émotion que je me redresse brusquement. Je m’attendais à devoir chercher quelques poissons sous les roches ou dans l’herbier. Je ne suis qu’à quelques mètres du bord et en eau peu profonde. Je me jette à l’eau de nouveau. C’est un véritable spectacle que cet aquarium naturel ! ce sont des centaines de poissons qui se meuvent à côté de moi, en tous sens, sans être effrayés. Ils me frôlent. Je vois des petits sars sortir de la posidonie qui couvrent 50% des fonds marins, des girelles mâles me montrent leur robe colorée. (Bizarrerie : elles naissent femelles et changent de sexe au cours de leur existence). Les fonds sont si clairs que je mesure combien cette vision a quelque chose d’exceptionnel. Et dire qu’autrefois je pouvais me contenter d’observer les poissons au travers de la vitre d’un aquarium ! En rejoignant le bord de la plage, j’aperçois un congre faisant des allers et retours dans un mètre d’eau !
Avec les nombreux visiteurs de l’après-midi, remuant les fonds sablonneux ou s’égayant avec bruit dans l’eau, les poissons seront moins présents : venir le matin tôt est donc une excellente idée.
* Diaporama de poissons visibles en plongée à Port-Cros

Après le pique-nique très provençal confectionné par ma fille, je pars en randonnée sur l’île. medium_114_1416.jpgmedium_114_1410.jpgIl faut avouer que rester sur la plage n’est pas idyllique : des taons redoutables s’attaquent aux jambes fraîches et nous n’avons pas emmené de répulsif spécial zones tropicales.
La pointe de la Galère me fait immédiatement penser à une baie dans laquelle les bateaux peuvent accoster discrètement… ou s’échouer. On compte d’ailleurs plusieurs épaves autour de l’île. On y aperçoit Héliopolis sur l’île du Levant. Fortement soumis au vent et aux embruns, les arbres ont ici des formes torturées spectaculaires et seuls quelques végétaux survivent entre les schistes.

* Multimédia sur la pointe de la Galère

De retour au village, nous buvons un excellent jus de fruits frais. La journée est terminée ; elle demeurera inoubliable. La prochaine fois, je me promets d’emmener un appareil photo sous-marin.
Cette île a séduit quelques célébrités.

C’est dans la période de l’entre-deux guerres, avec l’installation sur Port-Cros en 1921 de Marcel et Marcelline HENRY, que l’île devient un véritable foyer intellectuel. De 1925 à 1938, Jean Paulhan, […] loue le fort de la Vigie et Jules Supervielle s’installe au fort du Moulin. Ils y attirent … Malraux, Valéry, Gide et Arland, ainsi que Saint-John Perse, qui vient y jeter l’ancre régulièrement.

Horaires de la navette

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1Lieu où poussent des roseaux
2Clôture formée de lattes (souvent en châtaignier) assemblées par 2 à 5 rangs de fil de fer galvanisé torsadé.
Conditionnées en rouleaux, les ganivelles servent de palissades

La Roque des Bancs dans la forêt de cèdres


Merveille du petit Lubéron, cette forêt de cèdres remonte à 1864, date à laquelle les services forestiers introduisent le cèdre de l’Atlas algérien. La balade se fait le plus souvent en forêt, ce qui est bien agréable en été.

* Itinéraires et photos dans la forêt de cèdres du site Balade en Provence
* A la découverte du Lubéron site du Parc naturel régional du Lubéron
* Le village de Bonnieux du site Lubéron News
* L’itinéraire (3km200, 1 heure environ) que nous avons suivi réalisé à partir de CartoExplorer

Nous partons à deux, tôt, pour éviter les grosses chaleurs si bien que le gardien de la forêt n’a pas encore pris ses fonctions et nous ne payons pas le parking. Nous empruntons la route gondronnée, départ du sentier botanique, bien documenté ; de chaque côté, au pied des arbres, la terre est foulée, piétinée récemment comme si un troupeau de sangliers était passé par là . Parvenues à la grande citerne à gauche, nous avons failli rater l’entrée du chemin balisé en bleu.
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Dans la falaise, le long de la Roque des Bancs, quelques grottes où nichent des oiseaux qui s’égaient quand nous y pénétrons. Nous sommes début juillet et contentes d’avoir échappé au sentier classique envahi de touristes plus ou moins respectueux de la nature.
Nous passons à côté des ruines d’une bergerie sous un surplomb rocheux non indiqué sur la carte IGN. Un peu plus loin, nous délaissons le chemin balisé pour monter dans la garrigue : plus aucune trace de chemin. Nous sommes à l’extrémité de la Baume Rousse ; au loin, la Durance et ses iscles (1) : Mallemort, Charleval et les collines de la Trévaresse.
medium_img_2971.jpgAu retour, nous faisons un pari : celui de photographier une cigale ! il faut avoir un sacré sens de l’obervation car elles se confondent avec l’écorce des arbres. Après plusieurs minutes de patience dans une observation silencieuse, mon amie Elizabeth l’aperçoit et la photographie, sans pied. A voir en grand en cliquant sur la photo !

Contrairement à une idée répandue, ce n’est pas par frottement sur ses ailes que la cigale stridule mais grâce à un système de grosses écailles situées dans l’abdomen. Pour en savoir plus, voir la cigale du site Clair de Lune, ou rendez-vous au palais de la découverte à Paris

Vidéo de Carnets de rando, la forêt des cèdres, par David Genestal

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(1) Brice Peyre, dans son « Histoire de Mérindol en Provence », précise que le hameau était appelé, aux XVIe et XVIIe siècles, « l’Iscle » ou « les Iscles » (c’est-à -dire « iscla », variante « isola », pâté de maisons, du latin « insula »).

* Définition selon le vademecum du voyageur en Camargue