Travaux et fouilles au prieuré de la Sainte-Victoire


img_7713r.jpgDépart 8h du parking des Cabassols. Avec une bonne dénivelée1 de 600m, et quelques rares plats, mieux vaut partir doucement sur le sentier des Venturiers, comme le faisaient sans doute les pèlerins de jadis venus de Pertuis (1h30 env.). On traverse la Cause. A la cote 710, c’est la fin du large chemin et autrefois le point de dépose des matériaux servant à la restauration du prieuré. Au bon cœur de chacun de se charger d’un sac de pierre jusqu’à l’édifice, en vue d’aider l’association Les Amis de Ste-Victoire à la remise en état. Mais aujourd’hui 8 mai, c’est en 4×4 que je parcours la partie la  plus difficile : je viens aider les Amis de Ste-Victoire dans leurs gros travaux de restauration et de fouilles au Prieuré.

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tulipe-meridionaler.jpgUn sentier plus étroit serpente en larges lacets jusqu’au prieuré (photo aérienne extraite de geoportail 3D de l’IGN). On passe au-dessus de petites restanques le pré des Moines. Un de mes compagnons de route me présente les frêles tulipes sauvages tout juste sorties de terre et leurs couleurs ensoleillées. Au loin dans le ciel, le Prieuré et la Croix de Provence réunis en un coup d’œil, forment l’incontournable duo à visiter de la montagne Ste-Victoire.


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img_7682r.JPGimg_7681r.JPGimg_7678r.JPG

Je ne connais personne, à part le président que j’ai aperçu de loin le jour de la dernière assemblée générale. Dans le logis du prieur, l’accueil est simple et la discussion se noue facilement autour d’une tasse de café. La douzaine de bénévoles continuent le déblaiement de l’espace sous le logis d’Elzéard (dernier ermite ayant habité au prieuré), espace supposé être celui de l’ancienne chapelle du moyen-âge. De l’escalier provenant de img_7693r.JPGdessous ce logis, il ne reste que des traces d’assise enduite du côté du refuge. Beaucoup de poteries cassées (et autres déchets modernes…), entassées depuis plusieurs siècles, sont retrouvées, certains morceaux pouvant s’emboîter parfaitement comme dans un puzzle. En fin de matinée, nous échangeons les pioches contre des instruments plus fins tels que balayette ou petite truelle, et nous procédons à reculons pour ne pas endommager img_7676r.JPGle niveau d’occupation que nous venons de nettoyer. La résolution de l’énigme de la chapelle Venture peut commencer grâce à Liliane, l’archéologue qui nous accompagne…

img_7683r.JPGQuelques semaines auparavant, la passerelle a été héliportée en kit, sous la direction d’Hervé Béguin du Site Ste-Victoire-Concorce. Le mur de la brèche des moines a été élevé doucement. Aujourd’hui, j’ai l’impression de retrouver la gravure d’antan avec son panorama sur la face sud de la montagne. Des années qu’on ne l’avait pas vu ainsi.

img_7688r.JPGLa margelle de la citerne a été détruite pour retrouver les vestiges du XVIIe siècle. Les pierres de Bibémus ont été reposées tout autour.

Lors des fouilles dans le cloître et du dégagement des ouvertures au niveau des cellules des moines, Yves a trouvé 2-sols FRANÇOIS constitutionnels, monnaie à l’effigie de Louis XVI.

En raison de leur impressionnant tirage, elles sont assez faciles à trouver. Celle trouvée sur le site, en métal de cloche, provient d’un atelier provisoire, celui d’Arras, que l’on repère par le point placé sous le W. Le W seul aurait signifié qu’il s’agissait de l’atelier de Lille ; l’étoile sous le W qu’il s’agissait de l’atelier provisoire de St-Omer. Plus de 4.200.000 de ces pièces y ont été gravées.  Si elle portait par anticipation  la date ‘an V’ au lieu de ‘an IV’, elle aurait eu un peu plus de valeur…

J’adresse mes remerciements au webmaster de la Société Numismatique Héraldique et Sigillographique du Nord de La France, à Gilles Ricocé, son vice-président, Dominique Delgrange, secrétaire général, qui m’ont apporté des informations fiables au sujet de cette pièce.

Le Mercure des Monnaies Françaises, La Révolution 1791-1794, F. Droulers, Pontcarré, 1996
Argus des monnaies francaises de la revolution 1789-1794oeuvre collective, Chevau-Legers Eds, novembre 1999
Monnaies d’Artois et du Pas-De-Calais, Delgrange Dominique, D. Delgrange – Collection : Cercle De Bourgogne – janvier 1986
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Une île de Lérins : Saint-Honorat


img_6715r.JPGDe la tranquillité, une nature généreuse, quelques vestiges de l’ histoire des moines de Lérins, pas de voiture ni base de loisirs, voilà l’île Saint-Honorat, 1,500km de long sur 400m de large ; le quart de la surface est occupé par la vigne et les oliviers. Nous n’étions pas beaucoup à débarquer sur l’île en ce 14 février. Les visiteurs se montrent respectueux du calme de la vie monacale et de la nature que l’on n’a pas voulu domestiquer. 70000 visiteurs par an, seulement.

 

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Le site officiel de l’abbaye de Lérins

IMG_6815r.JPGimg_6817r.JPGSurprise en visitant la nouvelle église (1875) : celle de trouver des croix de Malte rouges sur img_6785r.JPGles piliers de la nouvelle église, à chacune des 14 stations du chemin de croix. Je cherche alors les liens qui peuvent encore unir cette île à Malte  mais je ne trouve que la célèbre pierre de Malte irisée par la lumière avec laquelle est construite l’abbatiale. C’est l’hypothèse de frère Gilles. Peut-être est-elle le signe des Templiers qui  portaient un manteau blanc avec la croix de Malte rouge et défendirent Cannes et les îles au moyen-âge ?

Que de déboires depuis l’arrivée sur l’île, vers 410, d’Honorat, Caprais et leurs compagnons qui forment une communauté de moines rayonnant dans toute la Provence !

  • Après avoir été battus par Charles Martel, les Maures se replient en Provence où ils brûlent Cimiez et Lérins en 734 ; 500 moines et l’abbé saint Porcaire II sont tués.
  • La menace insidieuse des corsaires musulmans catalans ou andalous se poursuit par des raids surprises sur les côtes des Alpes Maritimes. En 1047, l’île de Lérins est de nouveau dévastée et les jeunes moines sont emmenés en Espagne musulmane. Vers 1073, l’abbé Adalbert II débute la construction du monastère fortifié mais à la Pentecôte de 1180, des pirates massacrent plusieurs moines.
  • Les abbés de Lérins construisent au sommet de Cannes (fin XIème), une tour, un château et une enceinte destinés à protéger les pêcheurs des Sarrasins. Ce sont des ordres religieux qui assument la direction de cette défense : les templiers d’abord, les chevaliers de Malte ensuite. En 1327, un système de signalisations par des feux est installé entre la tour du monastère fortifié et celle du Suquet à Cannes.
  • 1400 : l’île est pillée par des corsaires gênois. Dès lors le bâtiment sera défendu depuis  le monastère fortifié où résideront les moines.
  • En 1464, le roi désigne parmi ses courtisans un abbé à la tête du monastère afin de mieux le contrôler. C’est le début du déclin.
  • 1635 : Richelieu déclare la guerre à l’Espagne. La flotte espagnole débarque sur les îles de Lérins. Avec les 59 vaisseaux équipés à Toulon, l’escadre d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, enlèvent les îles de Lérins aux Espagnols, aidés de 300 biotois (Biot appartenait alors aux chevaliers de l’Ordre de Malte).
  • 1637 : à leur départ, les religieux réfugiés à Vallauris sont rappelés.

img_6736r.JPGSelon la tradition, les premiers moines vivaient dans les 7 chapelles dispersées tout autour de l’île : nous irons toutes les découvrir ; celle dédiée à Saint-Michel est totalement ruinée. Le nom de celle de la Trinité est reflété par son architecture : elle possède une abside flanquée de deux absidioles. Certaines portent des traces d’occupation militaire lorsque les espagnols se sont installés sur l’ile : par exemple, la chapelle Saint-Sauveur a été transformée en poudrière.

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IMG_6757r.JPGLa forteresse qu’on aperçoit de loin au bord de l’eau, est de taille impressionnante. Nous en visitons chaque étage avec des cris d’admiration devant le travail de sculpture dans la pierre. Au XVIème siècle, elle comptait 90 pièces pour 15 à 30 moines (ci-dessus un plan de 1775) Continuer la lecture de Une île de Lérins : Saint-Honorat

Les sources pétrifiantes de l’Huveaune


Une randonnée qui commence mal. Mon GPS voiture, que j’utilise pour la première fois en saisie directe des coordonnées, m’amène sur la D80, sur un parking où j’ai rendez-vous mais qui n’existe pas ! Je sors l’extrait de carte IGN que j’ai imprimé, restreint à mon parcours pédestre, il ne comporte pas le numéro des routes ; le bouquet, c’est que le téléphone portable ne capte rien à cet endroit du massif de la Sainte-Baume et je ne peux donc prévenir que je suis perdue. Je roule plusieurs kilomètres dans des virages en épingle à cheveux avant de trouver un espace où passent les ondes. Je laisse un message sur le répondeur : à l’autre bout de la ligne, c’est la même galère. Finalement, c’est avec une heure de retard que nous commencerons la randonnée depuis Nans-les-Pins. La leçon à tirer ? toujours prévoir une solution de secours en cas de défaillance des technologies nouvelles…

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Premiers gours couleur turquoise - février 08Premiers gours aux eaux turquoises - février 08Des couleurs à faire pâlir de jalousie les habitants des lagons  : du turquoise, du vert dans les sous-bois sombres des sources de l’Huveaune, voilà qui est étonnant. Le flash se déclenche sans arrêt et même  en réglage manuel à 800ASA, les photos sont sombres. Sur plusieurs centaines de mètres en remontant vers la source de l’Huveaune,

img_6834r.JPGimg_6830r.JPGGour rempli de feuillesPrès de la source

des vasques remplies d’eau s’étagent en pente douce. L’eau a déposé des couches de calcaire blanc superposées (travertin) ; ce sont des bactéries qui ont accéléré la réaction chimique de précipitation du carbonate de calcium. Si vous revenez les voir en avril, les colonies auront grandi. Nous croisons didrip qui vient de trouver la cache Les sources pétrifiantes, actarus83/Cryx Thypex ; il nous montre la photo qu’il vient de prendre et qui nous évitera de chercher aussi longtemps que lui. Solidarité entre geocacheurs.

« Près de sa source, l’Huveaune est caractérisé par la présence de gours souvent à sec et parfois remplis d’eau. Dans ce cours d’eau, on observe des feuilles, des morceaux de bois et des racines tapissés de calcaire plus ou moins consolidé ; les blocs qui occupent le lit du cours d’eau sont recouverts de calcaire blanc de type travertin1. On observe des couches superposées, enduites d’un tapis gélatineux vert de cyanobactéries2. »  (extrait du site lithothèque – 83 – sources de l’Huveaune, académie d’Aix-Marseille)

Pour résumer, actarus83 écrit : « Vous voilà arrivé au niveau des gours3 pétrifiants de l’Huveaune. Ces vasques résultent de la précipitation du calcaire (CaCO3) présent en très forte concentration dans les eaux de l’Huveaune. Des algues favorisent cette précipitation et donnent de belles touches de bleu ou de vert, sur un fond rosé.  » et d’ajouter dans un autre échange « ce sont ces mêmes algues qui colorent les falaises du Verdon en noir (on dirait de grandes bandes de mazout) ».
 »

« La présence de cyanobactéries dans les eaux de baignade constitue un sujet d’intérêt nouveau de sécurité sanitaire ». Relevé page 17 du rapport du ministère de la santé sur la qualité des eaux de baignade. Sont-ce les mêmes bactéries que celles des sources de l’Huveaune ?

img_6858r.JPGNous traversons la rivière en marchant sur les bords des gours qui, à notre grande surprise, ne sont pas glissants. De toutes façons, quelques centimètres d’eau seulement ne nous font pas peur. Dans le vallon de la Castelette, des témoignages du passage de l’eau rappelle que l’Huveaune prend sa source au dessus de nous, dans la grotte de Castelette, à 590 m d’altitude. Nous y montons par un sentier raide balisé de vert.

StalactitesUne grotte à deux entrées, dont une donnant sur un vallon rocheux et humide parcouru (autrefois ?) par la rivière ; une grande salle qui a servi récemment de salle à manger ; l’exploration à la lampe de poche nous conduit au fond de la grotte où un petit lac souterrain se cache sous  la voûte. Des sculptures, pas encore affinées par l’eau, témoignent du long travail des gouttes suintantes au cours des siècles. La grotte de la Castelette, actarus83/Cryx Thypex
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