La crête de Lure jusqu’au cairn 2000


IMG_1145.JPGIMG_1139.JPGEn montant jusqu’à la station, nous nous arrêtons à l’abbaye Notre-Dame de Lure fondée en 1166. De grands arbres déploient largement leur branchage : ce sont des tilleuls plantés probablement en 1824. Ils cachent à peine l’église dont le portail principal a été fermé à cause du vent qui y dépose les feuilles mortes. Lucien, l’ermite, s’occupe de son jardin tout en acceptant de discuter avec les randonneurs. Il a accroché un message au robinet de la fontaine pour signaler qu’il recherche un robinet à double voie. Face à l’église, de grands monuments ont été érigés en reconnaissance à Notre Dame de Lure.

IMG_1141.JPGL’église a été construite par les moines de l’abbaye de Boscodon ; abbaye chalaisienne, Lure dure 150 ans puis est absorbée par le chapitre de la cathédrale de Notre Dame des Doms à Avignon en 1303. Les 20 moines ne s’y installent pas. En 1481, elle devient simple chapelle. Au XVIème siècle elle tombe en ruine et est en partie ensevelie par un glissement de terrain. Un berger entend une voix qui lui commande de relever le sanctuaire. De 1637 à 1659 les travaux sont entrepris ; depuis cette époque le pélerinage du 15 août demeure toujours vivace.

La météo aujourd’hui à cet endroit
Avec la température ressentie

img_0091.jpgNous partons de la plus vieille station de ski du département (1934) mais qui depuis 1997, a fermé bon nombre de ses pistes. Nous passons près du monument dédié à l’astronome Godefroy Wendelin mais devenu illisible.

« Installé en Provence de 1598 à 1612 il crée en 1603 le premier observatoire météorologique et astronomique de son genre […] sur la montagne de Lure. A partir des observations des satellites de Jupiter, Wendelin et son confrère Peiresc furent les premiers à montrer que la troisième loi de Kepler s’appliquait aux satellites de Jupiter, apportant ainsi la preuve que ces lois étaient bien lois universelles ». Extrait de wikipedia

img_1216img_1170En ce 3 mai 2009, en quelques heures, soleil, vent, pluie, grêle, orage, soleil sur fond de neige se sont succédés sur la montagne de Lure. De 24° à Aix, nous sommes passés à 6° au point culminant à 1827m d’altitude. Montagne de contrastes, elle ne cesse de nous surprendre : pâturages, landes ou désert de cailloux, sentier rocheux et secs ou herbeux saxifrage à feuilles opposées ?Crocuset humides, bordé de résineux ou au contraire sans végétation ; nous ne verrons que deux espèces de fleurs de printemps, un seul insecte, et aucun mammifère,… pourtant y vivent 6 meutes de loups (information FR3 du 19/02/2010) dont un loup gris aperçu en 2006 (le loup est de retour dans la montagne de Lure), c’est sûr ! et peut-être même un autre dans le Ventoux..

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img_0121-300x225.jpgimg_1182-225x300.jpgVu d’en bas, le G.R. qui mène au sommet semble interminable mais monte tranquillement. Il est balisé par une série de poteaux de bois. Il y a tellement de neige sur la crête du sommet que je m’enfonce jusqu’aux chevilles. Le sentier de la crête ne se voit plus : talons bien plantés au sol pour ne pas déraper,  nous contournons par en dessous les antennes du signal de Lure qui étincellent de lumière. Mais le sentier des crêtes devait passer au-dessus. Nous le rejoignons un peu plus loin. Le  belvédère espéré s’est caché sous un voile brumeux.

img_0130.jpgLà de petites constructions de pierre sèche ont été bâties. Chacune a son style mais ont-elles leur utilité ? on ne peut pas y mettre grand chose, à part peut-être des boissons fraîches l’été !

Nous passons au pas de la Graille – un col d’une altitude de 1 597 m encore fermé en ce début mai. Il permet de passer de Saint-Étienne-les-Orgues (réunion de deux fiefs, celui de Saint-Etienne et celui des Orgues, durant le haut moyen-âge) à Noyers-sur-Jabron.  Quand nous sommes à l’adret, l’ombre est fraiche et nous avons besoin d’un vêtement chaud ; à l’ubac au contraire, on pourrait rester en T-shirt.
img_1201img_0143Le cairn 2000 est bien plus grand encore que le Pape que nous avions vu sur la crête de la Faye (les bergeries du Contadour) ; planté élégamment au milieu de la prairie, il se voit de loin et nous attend au sommet de la montagne. Devenu un véritable symbole pour les randonneurs, il est entouré de messages déposés par autant d’amoureux de la nature venus « mettre leur pierre à l’édifice ». C’est ce qu’a fait également mon compagnon de route qui a déposé en hauteur côté levant une pierre plate « Geocacheurs de Provence ». Si vous y allez, vous me direz si elle y est toujours…

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« Pour toi qui passes près de ces pierres,
sache que ce carrrefour est sans frontières,
il est symbole universel,
et pour les randonneurs (il est) leur tour de Babel »
27 avril 2000,
Comité Départemental de la randonnée, commune de Cruis

Img_1210.jpgArrêt pique-nique sur l’unique table à côté de l’unique arbre de la prairie. Sous le vent qui s’est levé, je sors ma baguette et y étale généreusement un demi fromage de Banon – le site de l’AOC Banon – que je déshabille des feuilles de châtaignier qui préservent son incomparable crémeux. « La technique du caillé doux n’utilisant que du lait de chèvre et de la présure convient parfaitement à son affinage particulier sans oublier bien sûr de le tremper dans la gnôle pour obtenir de ce crémeux à cœur l’inimitable saveur […]. S’il est accompagné d’un Châteauneuf du Pape blanc ou d’un ‘Côtes du Ventoux’ selon l’humeur, on en apprécie toutes les fragrances ». Extrait du site de Maître Acappella

img_1218img_0164.jpgLe temps ayant changé, nous décidons de ne pas prendre de risques et nous revenons au point de départ par la route qui, étant barrée, nous appartient totalement. Elle est aussi longue que celle des crêtes mais avec moins de dénivelée. Petite bataille de boules de neige : c’était trop tentant compte tenu du 1 mètre de neige bordant un des côtés de la route. Les quelques trous fraîchement creusés dans le tronc des arbres ont été faits par un pic, plutôt par un pic noir que par un pic épeiche car les trous sont assez grands et ovales, habituellement creusés à plus de 4m du sol, ce qui met les petits à l’abri des prédateurs terrestres. Il a en effet été observé avec certitude dans la montagne de Lure. Atlas communal des oiseaux nicheurs du Luberon et de la Montagne de Lure

Grâce à la cueillette des plantes médicinales, de nombreuses familles de droguistes à Saint-Etienne ont fait fortune ; les marchandises étaient vendues ou échangées sur les foires.

IMG_0094.jpgLe séjour n’aurait pas été complet sans notre chambre d’hôtes au mas de Foulara à Cruis. Gite de charme en pleine campagne dans un décor de verdure, il est tenu par un couple qui aime la région et régale généreusement ses pensionnaires avec des produits frais régionaux : quiche à la ratatouille, agneau de Sisteron aux petits légumes accompagnés d’un coteau de Pierrevert, fraises du pays et son coulis ‘maison’.

Itinéraire crête de Lure 15km870, 4h30 depl. (5h20_au total) 256m dénivelée

* Cap Morgiou


Dès l’entrée dans le chemin de Morgiou, nous croisons des chasseurs. Au vu des traces de terre abondamment labourée, les sangliers ne sont pas loin. Mieux vaut sans doute les sangliers que la fameuse panthère noire de 2004 qui avait obligé la fermeture des calanques et la réquisition de l’armée ! N’empêche que nous avons cru en voir une, nous aussi, dans les carrières de Beaulieu au nord de Montpellier. Avis aux amateurs de sensations qui voudraient aller vérifier.

img_9581r.jpgDes touffes de globulaires bleus apportent une nuance printanière à cette randonnée d’automne. Après le chemin des crêtes de Morgiou, c’est la descente jusqu’au col du Renard qui est particulièrement difficile et risquée : un pierrier glissant de façon continue. Nous remontons ensuite jusqu’au fortin dont la longue muraille traverse presque totalement le cap dans sa largeur.

img_9578r.jpgimg_9585r.jpgimg_9591r.jpgCe fortin, construit en 1614, aurait été utilisé par les anglais appelés par la contre-révolution royaliste de 1793. En longeant le rempart construit directement sur le rocher, on s’aperçoit que l’enceinte devait veiller sur l’entrée des ennemis par la mer et leur accostage à partir de la calanque de Morgiou. A l’abri du vent derrière le mur de la batterie Est, un groupe de randonneurs déjeunent tout en discutant avec bonne humeur. Après la découverte de la cache Cap Morgiou : face à la mer de Bestioles, nous déjeunons plus loin, derrière un vestige de mur, près d’un énorme trou désormais comblé par des pierres : peut-être la carrière qui servit à construire le fort ?

Batteries du cap Morgiou

Calanque de Morgiou, histoire du fortin

grotte_cosquer_coupe.jpgA nos pieds, la calanque de la Triperie (mais pourquoi ce nom ? il semble avoir été donné récemment, peut-être par les militaires qui ont établi les cartes), bien à l’abri du vent, est étrangement calme et arrondie. L’entrée d’une vaste grotte sous-marine apparait dans la falaise verticale. reconstitution_cap_morgiou.jpgPlus à gauche, dans la pointe de la Voile, la célèbre grotte Cosquer s’ouvre sous 37 m d’eau. Henri Cosquer y découvre, en juillet 1991, des traces de mains, des peintures et des gravures. La datation au carbone 14 permet de faire remonter l’occupation de la grotte par l’homme entre 18500 et 27000 ans avant JC. » Elle est désormais murée pour être protégée. A gauche une tentative de reconstitution à l’époque où elle n’était pas envahie par la mer. La grotte Cosquer, site du ministère de la Culture

img_9601r.jpgimg_9603r.jpgimg_9615r.jpgimg_9620r.jpg

cap_morgiou_1.jpgJe pousse jusqu’au cap Morgiou, étroit et descendant jusqu’à 20m au-dessus de l’eau : à 2m des bords de la falaise, la sensation est grisante (1ère photo de gauche dans la série). Vu d’avion et inversé nord-sud, ne trouvez-vous pas qu’il a la forme d’un hyppocampe… ou d’un pélican ?
C’est l’heure de la descente vers la calanque de Morgiou et ses cabanons, presque tous construits en dur désormais, avec des installations sanitaires qui n’ont plus rien de rustiques. Nous reconnaissons sans difficulté, le torpilleur, îlot rocheux de la calanque de Sugiton ressemblant  à un navire de guerre (3ème photo de la série). Autrefois la pêche au thon se pratiquait à l’aide d’installations semi fixes, les madragues. Pour la madrague de Morgiou (1622-1853), voir la partie histoire des calanques sur le site du groupement d’intérêt public des calanques. En 1622, […], Louis XIII âgé de 21 ans, au cours de son passage à Marseille s’est vu offrir un divertissement organisé par la Prud’hommie des Pêcheurs de Marseille. Le jeu consistait à emprisonner des thons dans des seinches d’où ils ne pouvaient s’échapper. Cette pêche se pratiquait également sur la côte bleue ; elle a été interdite parce qu’elle n’était pas sélective. La calanque de Morgiou.

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Les pénitents des Mées


Album de la fête régionale randonnée 2008 (1)

Un week-end consacré à la randonnée, week-end organisé par la fédération régionale de la randonnée, à Volonne (04) pour sa seconde édition. On s’est raccroché au groupe à la dernière minute et nous ne l’avons pas regretté. L’hébergement en camping **** à Volonne (04) était à la hauteur de l’organisation.

penitents_wikipedia.jpgphoto wikipedia

Description de la randonnée, par le site saute-collines

IMG_0289.jpgIMG_0299.jpgLa première randonnée nous mène jusqu’aux fameux pénitents des Mées (itinéraire de 13.5km,  dénivelée 460m, 5h30 environ avec l’arrêt pique-nique) que tout le monde voit au loin en se rendant dans les Alpes mais que personne n’escalade jamais.

La météo aujourd’hui à cet endroit

Nous partons du village des Mées. Il a plu de la veille et le départ commence fort : se promener sur des galets mouillés compacts alors qu’on est si loin de  la mer, ça fait plutôt bizarre ! c’est un sentier en pente un peu raide, sur lequel la mairie décline toute responsabilité. Dans un virage en épingle, nous passons à proximité de la chapelle St-Roch, puis près d’une borne kilométrique (D101) et d’une fontaine moderne. Au XVIème siècle, cette chapelle prend ce vocable, certainement après les épidémies de peste de 1580 ou 1589, Saint-Roch étant habituellement invoqué lors de la peste et du choléra. J’en ai rencontré beaucoup dans la région, la peste de 1720 ayant débuté à Marseille, et s’étant propagé dans toute la Provence (voir La malédiction du grand Saint-Antoine dans ce blog). A la Révolution, elle est vendue comme bien national. Le 29 septembre 1984 M et Mme Jean-Marie Henry en font don à la ville des Mées. « L’Association a consacré exactement 20 chantiers de bénévoles […] soit pour monter les matériaux pour la toiture, soit pour rendre le chemin accessible et aménager l’intérieur de la chapelle et le parvis. » (extrait du site de l’association les Amis des Mées). C’était probablement l’église paroissiale primitive, lorsque le village était accroché au versant du rocher.

IMG_8132.JPGIMG_8143.JPGIMG_0310.jpgIMG_8135_galets.JPG
Marque de l’érosion sur les pénitents ; vue de près sur le poudingue

Bientôt, nous sommes sur la crête, dominant les pénitents qui semblent bien grands désormais. On les appelle ainsi en raison de leur silhouette ; d’après la légende, ils représentent les moines de la Montagne de Lure qui ont été pétrifiés par saint Donat au temps des invasions sarrasines pour s’être épris de belles jeunes femmes Mauresques qu’un seigneur avait ramenées d’une croisade. De là haut, je me rends mieux compte de leur composition et je vois que des morceaux de galets se détachent encore : l’érosion continue.
Schématiquement c’est le résultat de 3 phases essentielles (voir en détail Rochers et légendes, du site des Amis des Mées avec schémas) :

  • 25 millions d’année : la faille de la Durance élève le côté ouest (Forcalquier, Manosque,…) ; contre cette élévation butent les anciennes rivières de nos rivières actuelles (la paléo Durance, par exemple) ; plus au nord naissent les Alpes aussitôt attaquées par l’érosion. Ces blocs arrachés, roulés et devenus galets s’accumulent dans un delta de 60 km de long et de 30 km de large (zone du plateau de Valensole), sur des épaisseurs considérables (Les Mées: 600 à 800 m.). Le calcaire dissout dans l’eau les cimente avec un grès très dur. La roche ainsi formée constitue le poudingue.
  • Ces dépôts s’arrêtent il y a environ 2 millions d’années. Au niveau des Mées, en profondeur, une couche épaisse de conglomérat accumulé, de plus de 100 mètres d’épaisseur et longue d’au moins un kilomètre, se trouve enfermée dans cette masse. Sont déjà pré-formés les futurs pénitents…
  • la Durance attaque le poudingue, le « rogne » sur une épaisseur d’environ 400 mètres. A chacun de ses passages puissants, elle arase le sol et crée une terrasse ; des vallons se forment, tel celui de la Combe.
    Quand elle atteint les Mées, elle butte contre cette partie très dure, racle la face nord-ouest et rabote ainsi une haute façade verticale. Nous retrouvons aujourd’hui, sur l’avant de nombreux rochers, cette face plane.
  • Lors des périodes glaciaires, le gel débite le poudingue en morceaux et laisse les matériaux sur place. Mais aux époques plus chaudes, les eaux sauvages venant du plateau emportent tous les matériaux instables qui vont s’engager dans les fissures existantes et ronger profondément le poudingue.

Sur le coté ouest, le poudingue, profondément travaillé dégage des monolithes. De cette double érosion, latérale et verticale, résultent ces formes coniques qui sont devenues des Pénitents. L’érosion continue toujours…
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