** Le tour de l’île Sainte-Marguerite


IMG_8271-384x198.jpgIMG_8749.JPGL‘île Sainte-Marguerite un jour de beau temps, ça ressemble à un coin de paradis ; l’île Sainte-Marguerite un jour de très grosse pluie, ça donne envie de fuir (photo de droite au moment de l’embarquement). En un mois, j’aurais connu les deux situations extrêmes. Le parking du port vous coûtera 20€ pour la journée ; pour avoir un billet à tarif réduit, prenez le en ligne chez Trans Côte d’Azur et présentez le justificatif papier à l’embarquement.

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Partie en mai pour tester une série de caches posées par aero30 à l’occasion d’une grande chasse aux trésors high tech (geocaching), je débarque sur l’île ravie avant même d’y avoir mis le pied. Le tour de l’île ne présente aucune difficulté : ce ne sont que paysages enchanteurs alternant avec des témoins de notre histoire, sans dénivelée.

Petite visite dans l’ordre du tracé.

Ile Sainte-Marguerite 1 tour Sainte Anne par aero30

Premier vestige visible près du débarcadère : il ne reste que la base de la tour.

Ile Sainte-Marguerite 3 tour Batéguier par aero30

IMG_8278.jpgAvec un couple de promeneurs, nous essayons de l’atteindre sans succès : la végétation est trop dense et hostile. Construite sous François 1er, restaurée par le sieur de Bellon, elle faisait partie d’un ensemble de guets. Les espagnols, lorsqu’ils ont occupé l’île, l’ont renforcé d’un fortin. L’étang du Batéguier alimenté par un puits artésien dont l’eau douce se mélange à l’eau de mer, a failli être en 1842 à proximité d’un établissement piscicole, mais les Cannois, toujours attachés à leurs droits d’usage, s’y sont opposés.

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IMG_8285.jpgIle Sainte-Marguerite 2 Etang et blockhaus par aero30

Un des quatre blockhaus construits par les Allemands sur l’île à la fin de la seconde guerre mondiale. Mais jamais équipé de canon.

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Ile Sainte-Marguerite 4 pointe du Dragon par aero30

C’est surtout le four à boulets installé à ce point stratégique en 1793, qui mérite la visite. On tirait au canon des boulets rougis dans le feu d’un four. Avec la batterie des Braves Gens sur l’autre île Saint-Honnorat, la batterie du Dragon prenait sous un feu croisé les navires tentant de pénétrer dans le Frioul, passage entre les deux îles de Lérins (plateau du milieu aujourd’hui). Un second blockhaus jamais armé de taille impressionnante.

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Le sentier du littoral de la plage de la Favière à Bormes aux caps Bénat et Blanc


IMG_6100.JPGIMG_0193.jpgCourt week-end au Lavandou (grâce à Elisabeth et Guy que je remercie au passage), commune indépendante de Bormes les Mimosas depuis 1913 seulement. Le vent souffle fort mais bien moins froid qu’à Aix. Inspirés par une randonnée conseillée par le geocacheur Elia’s, nous partons sur le sentier du littoral. L’accès étant interdit aux véhicules autres que ceux des résidents du domaine privé du Cap Bénat, ce parcours a son départ au parking de la Favière (PR jaune) à Bormes. Après un début sur le sable parsemé de petits galets colorés – orangé strié de veines blanches, blanc translucide, noir aux paillettes argentées -, c’est la marche entre les rochers bétonnés, sur une passerelle de métal ou sur des rochers au plissé serré.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

Montage géologie BormesParfois des veines blanches ont été emprisonnées dans la roche brune, parfois ce sont des taches bleu-vert (serpentine ?) qui teintent la roche. Nous sommes dans la Provence cristalline où le métamorphisme1 a joué un rôle à différents degrés, comme ces gneiss migmatitiques, étirés et aplatis comme s’ils avaient été passés dans un laminoir. Nous longeons les propriétés privées : le camping coupé par des accès aménagés réservés aux campeurs puis le domaine privé du cap Bénat qui semble interminable.

wikipedia, le massif des Maures

IMG_0208.jpgLorsque nous arrivons à l’endroit interdit d’accès par un arrêté municipal depuis février 2010, des barrières ont été placées par le service technique de la mairie. Nous hésitons un instant. Les planches de la passerelle écroulée ne sont plus maintenues que du côté gauche, gondolent et s’affaissent dangereusement. Faut-il passer en dessous ?  Ti’Mars… observe et m’assure qu’en marchant de chaque côté de la barre métallique à laquelle les planches sont encore maintenues, il n’y a pas de danger. Il passe en premier. J’hésite. Je me lance. A mi-distance, le pied droit a une fâcheuse tendance à pencher du mauvais côté, j’accélère tout en restant prudemment au dessus de la barre. D’autres promeneurs préfèreront passer par en bas avec un peu d’escalade. C’est peut-être mieux…

IMG_0215.jpgIMG_6129.JPGPlusieurs pointes vont se succéder : pointe de la Rispointe de l’Esquillette avec sa cache GC1PPD5 Bouarmo 1 : pointe de l’Esquillette, Elia’s ; pointe du Pinet et sa cache GC1PPD7 Bouarmo 2 : la pointe du Pinet, Elia’s ; pointe du Cristau ; et enfin le cap Bénat et le cap Blanc uniquement accessibles à pied par le sentier du littoral.

IMG_0204.jpgIMG_6115.JPGAu sol la figue marine aux feuilles charnues rampe en étalant ses grandes fleurs aux pétales roses.  Un arbre semble se tordre de douleur, sans doute à cause du vent et des conditions difficiles dans lesquelles il se maintient en vie. A travers l’eau si claire, les rochers dessinent de drôles de formes.

IMG_6158.JPGIMG_0234.jpgLe sentier est de plus en plus escarpé, de moins en moins entretenu. De gros clous, vestiges d’anciennes marches de bois, dépassent dangereusement du sentier. Nous passons parfois sur une bande de terre étroite et instable. La dénivelée augmente en positif comme en négatif. Quand nous arrivons sur la pointe du Cap Blanc, il n’y a personne en vue. Les strates des rochers de la pointe sont fortement inclinées et les rochers aigus comme de grosses aiguilles. Derrière nous, le phare blanc et rouge fraîchement repeint, passe la tête au dessus du fort.

IMG_0247.jpgIMG_0250.jpgAu niveau de la route, en avant du fort, le toit d’une construction ressemblant à un petit blockhaus, me fait penser à un poste de guet. Le fort totalement entouré d’un fossé, porte sur sa façade les traces d’une attaque armée. Dans son environnement désormais calme et serein, il a aujourd’hui un air coquet, avec ses créneaux et pierres d’angle contrastées, ses murs en bon état ; nous ne trouvons pas la porte d’entrée. Ce n’est qu’après en avoir fait totalement le tour, et à force de chercher sous les arbres et la végétation que nous devinons enfin la porte d’entrée accessible par une passerelle métallique au niveau du premier étage. Grossièrement carré, il doit mesurer une quinzaine de mètres de côté de quoi abriter 20 hommes et 4 canons. Selon Luc Malchair, spécialiste de l’index des fortifications françaises, – et que je remercie pour la relecture de cette note –, ce serait une tour crénelée modèle 1846 résultant d’une

« standardisation des réduits destinés à la défense des côtes, voulue par la Commission de défense des Côtes en 1841 », « …elles [les tours Mle 1846] comprenaient deux niveaux de locaux d’habitation plus un sous-sol pour les citernes, plus une plate-forme sommitale pour installer l’artillerie […] ».

Prochain complément d’information lors d’une seconde visite à partir du fort de Brégançon. Index de la fortification française, 1874-1914, Marco Frijns, Luc Malchair, Jean-Jacques Moulins, Jean Puelinckx, auto-édition, 832p., 2008
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La calanque de Marseilleveyre


contre jour sur les îlesbatterie Estéou de Bouqueimg_0064r-300x224.jpg

img_0065r-224x300.jpgimg_0045r-224x300.jpgimg_0051r-224x300.jpgimg_0069r-224x300.jpgimg_0072r-224x300.jpg

Facile d’accès, point de ralliement de nombreux marseillais, même l’hiver par grand vent comme aujourd’hui 27 décembre, la calanque de Marseilleveyre est accessible par le sentier de la douane depuis la calanque de Callelongue. C’est aussi la fin de la route. Au large, l’île Maîre est suivie de ses deux enfants : les deux pharillons. Avec un peu d’attention, vous devriez pouvoir retrouver à Callelongue ou au cap Croisette quelques vestiges du téléscaphe de Callelongue (large roue).

Cabine du télescapheUne curieuse invention (1967) : le téléphérique sous-marin entre Callelongue et le cap Croisette

Images d’archives télévisées sur le télescaphe, ORTF, Les coulisses de l’exploit, août 1969

(Image empruntée au site du Vieux-Marseille)

En quelques petites descentes et montées sur les pierres patinées, nous contournons le rocher des Goudes ; après quelques coups d’oeil sur les îles aux formes si caractéristiques, nous découvrons l’ancienne batterie de l’Estéou1 de Bocque (quel drôle de nom pour cette batterie napoléonnienne !) déclassée depuis 1871 avec son vaste mur en forme d’arc de cercle ; sans doute est ce là l’origine du surnom moderne de ‘Théâtre’ que l’on voit sur la carte des calanques.

En consultant le cadastre napoléonien de la ville de Marseille de 1820 (25ème section, Z7), je m’aperçois que les noms donnés aux lieux n’ont rien à voir avec ceux d’aujourd’hui ; les calanques n’étaient probabalement fréquentés que par ceux en charge de la protection de nos côtes : le sentier de la douane s’appelait le chemin de la batterie de Marseille Veire ; la calanque de Marseilleveyre s’appelait la calanque de la batterie de Marseille Veire ; selon moi, la batterie s’appelait plutôt Estéou de Bouque2 (et non de Bocque) ce qui signifierait Ecueil de l’embouchure vu que son but était d’empêcher les corsaires de débarquer à l’embouchure de la Calanque Longue. Les majuscules n’auraient d’autre justification que de désigner un nom de lieu.

Cadastre napoléonien 1820 - section 25 - Z7

Batterie Est de Marseilleveyre du site Index de la Fortification française 1874-1914

Le 4 janvier 1794, Bonaparte écrit au ministre de la guerre sur les fortins de Marseille : « Toutes les batteries circonvoisines qui défendent la rade sont dans un état ridicule. L’ignorance absolue de tous les principes a présidé à leur traçé. Elles ne sont pas en état de soutenir une bordée » et « Le 7 janvier 1794, Napoléon Buonaparte, général de brigade d’artillerie, se vit confier par le Comité de Salut public le commandement en chef de l’artillerie de l’armée d’Italie, ainsi que de l’armement des côtes de la Méditerranée […] Au cours des mois de janvier et de février 1794, […] il fit avec sa famille plusieurs déplacements pour déterminer la position des diverses batteries à établir pour la défense du littoral méditerranéen ». La Batterie de Cap Croisette, en 1811, est en mauvais état, une nouvelle batterie des Croisettes est décrétée par Napoléon […] elle croise le feu […] à l’Est avec la batterie de la Mounine pour empêcher le refuge ordinaire des corsaires ennemis à l’anse de Callelongue à 800 mètres à l’est. Extrait de Marseille-forum

Après l’étroite calanque de la Mounine, un mouchoir de poche qu’il faut conquérir l’été en arrivant tôt, c’est celle de Marseilleveyre dominée par quelques cabanons vides en cette saison. L’horizon est barré par l’ïle de Jarre, celle où avaient lieu les quarantaines, et Riou au large de laquelle le Lightning F-5B de Saint-Exupéry a été retrouvé en 2003 par des plongeurs audacieux et tenaces (Saint-Exupéry, suite et fin, article de L’express du 21 juin 2004). Après la cache de rabatau Balade dans Marseille – la calanque du Belge, prétexte à cette promenade, nous rejoignons la guinguette du belge (son léger accent en témoigne) dans la calanque de Marseilleveyre ouverte tous les jours de l’année ; une dizaine de chats abandonnés par les vacanciers et adoptés par le propriétaire, s’installent au chaud sur et sous les tables ; la terrasse est prête à accueillir les nombreux clients que nous croiserons sur le chemin de notre retour : ce midi, ce sera pâtes et côtes de porc !

img_0080r.jpgAu retour, nous empruntons la variante à points noirs vers le col du sémaphore. Dominant à la fois Riou et le Frioul, les farots de Marseille sont les ancêtres des sémaphores construits pour avertir Marseille de l’arrivée de navires ennemis. Celui qui domine Callelongue daterait de 1791 ; c’était un poste de guet chargé de surveiller les approches maritimes ; le Génie de Napoléon III revoit le système défensif à partir de 1864 qui se composera, entre autres, des sémaphores de la Ciotat et de Callelongue (source Stokofish : forum-Marseille) : il signalera par signaux optiques toute activité ennemie ; de par sa position stratégique, il a été occupé par les allemands pendant la seconde guerre mondiale. Il est aujourd’hui désaffecté. Après une longue descente dans les graviers, nous atteignons la calanque de Callelongue dont les parkings sont maintenant pleins.

Itinéraire Callelongue – Marseilleveyre – 5.100km – 2h10 de déplacement – dénivelée 88m

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1Estèou : selon Marius Autran Récif, écueil, roche voisine des côtes ; selon le dictionnaire de la Provence et du Comtat Venaissin de Claude François Achard, 1785, rocher contre lequel les vaisseaux vont échouer.

2bouque : selon le même dictionnaire, de l’ancien provençal boùque qui voudrait dire bouche, ouverture, embouchure