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Le sommet du Béouveyre par la cheminée rampante


La cheminée rampante, une idée de Michel qui m’a séduite d’emblée ; toujours à l’affût de curiosités, il m’en a donné les coordonnées géographiques ; j’ai donc élaboré un circuit permettant d’atteindre le sommet du Béouveyre1 en passant par  le sentier noir qui passe par dessus la cheminée. D’après le Topoguide Les calanques… à pied, CDRP 13, FFR, 2007, la randonnée est courte mais sportive avec quelques passages délicats. Comme souvent quand j’inverse le sens de parcours, le balisage sera moins évident à trouver. A noter : une petite erreur dans le GR du guide corrigée dans l’image de l’itinéraire.

La météo à cet endroit
sur 3 jours avec le vent

J’ai bien du mal à trouver une place boulevard du polygone ; 13h c’est sans doute déjà trop tard. Je tâtonne un peu pour trouver le sentier du bois de la Selle (noir) à Saména (du nom de l’usine de soude de Monsieur Saména). Au loin, sur la colline, un long serpent posé sur la colline ondule en bosses irrégulières jusqu’à une énorme cheminée d’évacuation : c’est la cheminée rampante en pierre de l’ancienne usine tartrique de SAS Legré-Mante, longue d’une quarantaine de mètres.

Une fois usiné, l’acide tartrique se présente sous forme de granulés, comme du gros sel ; il est utilisé dans l’acide des comprimés effervescents, dans la vinification de raisins pauvres en cet acide, comme les raisins trop mûrs, l’acide des jus de fruits, des sodas et autres boissons gazeuses, comme stabilisant du goût et de la couleur des produits mis en conserves, dans la métallurgie ; mélangé à d’autres produits pour polir et nettoyer les métaux, chez les cimentiers, l’acide tartrique est un retardateur de la prise des ciments et des plâtres. Selon lakko.fr

L’usine Honoré-François Legré & Cie (1784) est déplacée pour la troisième fois ; elle s’installe à la Madrague de Montredon sur les lieux de l’ancienne usine HILARION ROUX2 (1876-1883) de traitement de plomb argentifère, de zinc et de fabrication de soude ; à partir de 1888, l’usine MANTE-LEGRE et Cie produit de l’acide tartrique, de l’acide sulfurique et de l’acide citrique. Rachetée par Margnat-Tassy en 1979, elle est mise en liquidation judiciaire en juillet 2009. Informations extraites pour partie de marseille forum, Les dynasties marseillaises de la révolution à nos jours, Xavier Daumalin, Laurence Americi, Perrin, 2010

La parcelle contenant l’usine proprement dite est entièrement protégée d’un grillage. Celle que traverse le sentier est occupée par le large et haut carneau3 (on y tient facilement debout, on peut même rejoindre la cheminée verticale) qui concentre les fumées toxiques et restes de la combustion, relié au four d’un côté et à la cheminée verticale de l’autre côté. Les boyaux voûtés qui l’entourent côté usine étaient des chambres de décantation pour certains produits chimiques issus du plomb. Pour l’époque

Un procédé innovant et unique de traitement des pollutions est mis en place avec les installations industrielles. Il s’agit des cheminées rampantes, condensateurs des vapeurs acides […] Extrait du Vol.2, numéro 2 | Mai 2011 : Culture et développement durable: vers quel ordre social ?

Ouverture d'entretienCompte tenu de la pollution généralisée du sol par des métaux (Plomb, Arsenic, Cadmium, Antimoine), il n’est pas prudent de pénétrer dans la cheminée rampante tapissée de dépôts concentrant les métaux lourds, même si les trappes d’accès pour le ramonage et les ouvertures pour récupérer les résidus sont toujours utilisables. Une usine aux installations similaires les mines d’or du Chatelet.

Ce lieu devant servir à construire des habitations avec jardins et potagers, le préfet a ordonné la dépollution du site ; début 2012, il a exigé des prescriptions complémentaires ; la partie de cheminée en amont du canal de Marseille – mémoire de notre patrimoine industriel – ne sera pas détruite.

Plus on monte, plus belles sont les échappées sur la rade de Marseille et la Bonne Mère. Bientôt l’étroit sentier domine un vallon sombre et profond avec, au loin, la Roche Percée. Au détour d’un virage, le sentier est brusquement condamné ; il me faut trouver un autre accès au croisement vers le Béouveyre ; le seul est un pierrier pentu qui me donnera du fil à retordre : je serai obligée de m’accrocher aux maigres arbustes pour ne pas redescendre trop vite ce que j’ai eu tant de mal à monter. Enfin je retrouve le croisement avec le sentier marron.

La montée sera sportive, avec plusieurs passages avec les mains dont une arrivée majestueuse par une cheminée balisée de bleu. Une belle et accueillante dalle en pente à éviter par temps de pluie, s’étale au sommet du Béouveyre, dominant la rade de Marseille.

La silhouette impressionnante sur le rocher des Goudes laisse entrevoir par son col entr’ouvert l’île de Jarre, celle au large de laquelle a coulé le Grand Saint-Antoine qui amena la peste à Marseille et en Provence en 1720. Lire dans ce blog la malédiction du Grand-Saint-Antoine. Au large du Cap Croisette se trouvent l’île Tiboulen de Maïre et l’île Maïre. Mesurant moins de 1 kilomètre sur 500 mètres, cette dernière est totalement inhabitée. Juste à côté se trouve l’îlot de Tiboulen, doté d’un phare à son sommet.

Pour repérer le sentier qui redescend, il me faudra faire plusieurs allers et retours sur le plateau. Je repère enfin la descente très empierrée (jaune) et casse-cou qui s’enfonce entre des blocs calcaires aux formes curieuses, jusqu’au col de Moutte puis au col du Brès d’où arrive le sentier noir qui rejoint rapidement le GR du retour.

Dans le vallon de l’agneau, la piste d’atterrissage des parapentistes est bien visible avec son poisson matérialisé au sol. Je cherche le GR qui a changé de tracé par rapport à celui du guide. Je le suis tant que je le peux puis, dans le doute, je rejoindrai le rivage et rentrerai par la route de l’Escalette. De nombreux témoignages de la guerre subsistent, dont les batteries françaises souvent réutilisées par les allemands en 1943 : batterie de l’Escalette, de Montredon (site http://www.fortiff.be), fortin des Goudes (voir le reportage dans ce blog sur les Goudes avec FR3), blockhaus.

Visite en images de l’intérieur et de l’extérieur de l’usine Legré-Mante, Lise Dupas, 2009 (cliquer sur l’image pour lire)

Des nouvelles du front et Histoire de l’usine depuis la liquidation, regards.fr

Sacré sommet du Béouveyre, CG13, descriptif toujours poétique de la randonnée

Les caches que les geocacheurs rencontreront en chemin :

Le tour de la cheminée 1, Le tour de la cheminée 2, Le tour de la cheminée 3, Le tour de la cheminée 4, Le tour de la cheminée 7, Le tour de la cheminée 8 par l’Equipe Rabatau

Image de l’itinéraire (corrigé)  6km 3h dépl. 340m dénivelée


1Béouveyre : de beou (beau, bel), déformation du provençal veyre (=vue)
2Hilarion Roux,fils d’un banquier marseillais, possédait une fonderie de plomb à Carthagène depuis 1840 ; il rachète en 1848 l’usine San Isidoro à Escombreras dont il devient marquis : Marseille est alors un grand centre de négoce du plomb.
3carneau : conduit qui relie la chaudière à la cheminée et qui peut parfois atteindre une dizaine de mètres. Conduit d’une cheminée servant à évacuer les résidus de la combustion

©copyright randomania.fr

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2 réflexions au sujet de « Le sommet du Béouveyre par la cheminée rampante »

  1. Bonjour,
    On a fait cette super rando hier mais seulement 7 caches trouvées… Il semble que la 8ieme n’existe plus…
    Merci en tout cas pour ce circuit génial.

  2. Bonjour Nicole,
    Heureux que tu aies apprécié notre circuit mais on ne comprend pas pourquoi tu n’as pas logué nos caches
    [ndlr] caches non faites, recensées après coup pour la parution de l’article

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