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GR 2013 en avant-première dans le Petit Arbois


Le GR®2013 inter-urbain (360km), inauguré au long de l’année 2012 pour le grand évènement Marseille-Provence 2013 – capitale européenne de la culture – décrit sur la carte IGN un large 8 couché dont le centre se situe à la gare TGV.  Le GR®2013 est un projet artistique, conçu et réalisé en partenariat avec un collectif dʼartistes-marcheurs. Si son tracé provisoire est disponible, le définitif n’est probablement pas encore publié sur internet. Un peu de curiosité me  pousse à découvrir un bout de ce GR d’un autre genre, aux Milles, dans le Petit-Arbois. Parking le long de la route d’Apt, près du passage à niveau, à côté du panneau qui introduit le GR.

Le projet GR®2013 dans wildproject.

Ce plateau constitue une vaste « coupure verte » dans l’espace métropolitain : la nature proche de la ville.

N’ayant que le balisage comme signe de reconnaissance, j’y prête bien attention ; rapidement, au premier carrefour, je le perds : logiquement, il faut continuer tout droit en longeant la voie ferrée. De nombreux sentiers parcourent le plateau ; face à quelques croisements, je me poserai la question de la direction à prendre : balisage rustique ou trop éloigné du point de choix.

Le plateau de l’Arbois est composé de plusieurs plateaux empilés et légèrement basculés appelés «Cuestas». L’érosion différentielle y a fait émerger des fronts calcaires caractéristiques et des fonds de vallons aux ocres rouges. […] Ces massifs sont pour l’essentiel constitués de pins d’Alep et de boisements mixtes. Ils abritent une faune relativement riche. Extrait de L’était initial de l’environnement du P.L.U. de la communauté d’Aix-en-Provence, Octobre 2011

Après le passage en sous-bois et la marche sur des dalles rocheuses, j’arrive dans une vaste étendue déserte d’où émerge, seul et insolite, un rocher visiblement abîmé par l’érosion. On voit bien qu’il est formé de plusieurs couches empilées, comme le calcaire du Réaltor dans lequel a été taillée la route de la gare TGV.

Le Rocher au milieu de nulle part, par Nichrojen

L’arrivée à la Rigoutière se devine au loin grâce à son éolienne. Le lieu est humide. Rapidement, le sentier s’éloigne et entre dans les bois. Le GR se poursuit sans grande difficulté malgré les nombreux carrefours, sujets d’égarement possible ; aux abords du petit Arbois, je m’interroge à nouveau : un tracé rouge devant, un jaune à gauche ; je suppose que l’un rejoint le Réaltor par l’ouest (c’est prévu comme cela sur la carte) mais l’autre… je prends l’autre jusqu’au château d’eau de l’Europôle de l’Arbois. Petit jeu de piste pour retrouver le GR qui manifestement reprend la direction nord : je dois donc être sur le GR du retour qui rejoint celui de l’aller un peu plus loin.

Je passe devant une ancienne tuilerie ; des centaines de tuiles cassées jonchent le sol ; j’en trouve une cependant qui porte encore gravée le nom de son fabriquant : Arnaud. Il ne reste que le four en bon état et le sol de deux salles bétonnées. Au moins celle là n’a pas servi de camp d’internement.

Les champignons se plaisent dans dans le sous-bois humide : ils sont d’une taille respectables mais n’ont pas été du goût des cueilleurs. Au carrefour suivant, le balisage encore me laisse perplexe : il y en a deux dont un avec une flèche. Pour m’assurer de ne rien rater, je prends celui de droite qui me ramène… d’où je viens, c’est à dire au château d’eau. Il s’agit donc du GR retour. Après un tour pour rien, je retrouve le GR de l’aller dont les marques, dans ce sens, sont encore moins visibles que dans l’autre. Quand vous aurez contourné le rocher solitaire, faites bien attention de ne pas rater le retour qui s’infléchit sur la gauche (pas de balisage visible dans ce sens).

La Rigoutière, le bois puis le sentier qui longe la ligne SNCF. Je sais que je ne suis pas loin de l’abri d’aérodrome que peu de personnes autour de moi connaissent. Moyennant un petit détour et une petite grimpette, vous pouvez découvrir ce grand bunker, invisible depuis le sentier, bien caché dans la végétation. Abri d’aérodrome, du projet fortiff.

C’est grâce à la cache Luftwaffe en Provence – Bunker de commandement, par Serge Robert que je l’ai découvert. Les deux enfants de 6 ans et 2 ans qui m’accompagnaient, en avaient été ravis ; nous avions visité les lieux avec deux personnes de l’association Air soft qui nettoyaient le site avant leur prochaine partie de flashball.

Le terrain d’aviation des Milles, aménagé dans l’urgence en 1939, servira à l’occupant entre 1942 et 1944. L’aéroclub a été créé en 1945, la base française en 1949 (BA 114). Le site ne défendait rien, il contrôlait les avions qui se posaient et décollaient. Aménagé en deux parties distinctes, le bunker dispose d’embrasures de tir, au nord et au sud. Dans les tobrouks1, un homme armé effectuait la surveillance. D’après Michel dans le forum Sudwall. La Luftwaffe abritait et dissimulait sous des filets de camouflage des Messerschmitt 109 et 110, des Foke Wulf 190.

Le 31 juillet 1944, dans la matinée, le radar allemand de longue portée du Cap Couronne a détecté un écho dans le secteur de la Sainte-Victoire. De ce bunker de commandement, deux pilotes de la Luftwaffe basés aux Milles-l’Enfant reçoivent l’ordre de décoller avec leurs Focke Wulf 190 pour l’intercepter. L’avion est pris en chasse au-dessus de Trets, probablement touché. L’appareil va chercher à retourner tout de même vers sa base en Corse mais il s’abime en mer avec son pilote quelques instants plus tard (31 juillet 1944), entre Marseille et La Ciotat.
De retour au terrain de l’Enfant, le commandant demande à ses deux pilotes de garder à jamais le silence sur cette attaque, d’une part l’avion abattu n’était pas armé, et de plus il s’agit probablement de « Tonio », alias Antoine de Saint-Exupéry, qui est depuis recherché sur les ondes par les alliés. D’après Serge Robert dans la fiche de sa cache.

On sait maintenant qu’Antoine de Saint-Exupéry s’est écrasé au large de l’île de Riou. Pour de plus amples informations, lire l’article sur la calanque de Marseilleveyre. Horst Rippert qui l’aurait abattu, a également été retrouvé.

Image de l’itinéraire (sans mes errements mais avec le bunker) 7km800, 91m dénivelée, 2h35 dépl.

Un parcours surprenant qui chemine entre nature, habitations et la technopôle de l’environnement : une bonne surprise. Compte tenu des difficultés de repérage, vous pouvez télécharger la route pour votre GPS. Je vous proposerai sûrement un autre morceau de ce GR®2013 avant le mois de janvier.

1Le tobrouk (Ringstand) est un emplacement de combat bétonné muni sur son dessus d’une ouverture circulaire (ou octogonale) permettant un champ de tir de 360°. Il existait plusieurs modèles utilisant mitrailleuse, mortier, canon antichars, tourelle de char, lance-flamme, binoculaire, projecteur. Selon le site le mur de l’Atlantique

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Une réflexion sur « GR 2013 en avant-première dans le Petit Arbois »

  1. Merci pour ce bout de GR2013, si tu en a d’autres, je suis preneur, ou toutes randonnées autour de Vitrolles (où j’habite).
    Je vais suivre ta trace GPS ça évitera que je me perde.
    Bien Cordialement, Richard

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