Voilà un itinéraire au profil tout en montées et en descentes, entre villas et mer. Pour profiter de ces petits ports de la Côte Bleue, il faut donc accepter les escaliers de béton, les petites routes en lacets et en pente, les propriétés privées qui interdisent parfois arbitrairement l’accès au chemin. Mais entre deux contraintes, quel plaisir de se poser dans une calanque déserte, à l’eau limpide, ou d’écouter le clapotis de l’eau qui vient vous lécher les pieds !
* Je vous propose un itinéraire de 2h A/R env. 5,4km (3h si retour par les vallons 7,100km), sur carte IGN réalisé à partir de CartoExplorer
Sur le chemin trois petits ports : la Redonne, le petit Méjean et le grand Méjean ; deux petites calanques : la calanque des Anthénors et celle des Figuières ; de loin, deux viaducs : celui de la Redonne et celui de Méjean.
* Le temps qu’il fait aujourd’hui, à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie
Les arbres de la côte sont torturés par le vent : certains, presque à l’horizontale, s’accrochent bravement à la falaise. Comment peuvent-ils tenir debout ? Dans la première calanque, celle des Anthénors, un plongeur me regarde avec inquiétude comme si j’allais lui prendre sa place. Le rocher des Anthénors semble avoir été taillé par la main de l’homme. Autrefois, les pêcheurs de l’Estaque venaient l’hiver seincher1 les loups au moment du frai. Pêche importante mais délicate selon Gérard Chevé. Les galets blancs de la plage sont des débris de fossiles usés par la mer et tombés des rochers qui bordent la crique.
Dans la seconde, une pointe, conglomérat ocre et rouge, dentelé, plissé, penché, quadrillé comme un pain bien cuit, me semble presque artificiel. Un gigantesque escalier droit, aux marches inclinées trop profondes, sans rampe (si l’on excepte le grillage des maisons de chaque côté) mène jusqu’à Figuières après de gros efforts. Impossible de le rater : un canal d’écoulement central le partage en deux. Qui a donc pu concevoir un escalier aussi peu fonctionnel ?
Le port de la Figuière est presque désert, si petit, comme emprisonné entre la mer et le reste du monde. Sur le port du petit Méjean2, la même tranquillité ; sur le port du grand Méjean, seuls un couple et son chien profitent des quais. La route qui relie Figuières à Méjean et que l’on emprunte en partie pour venir jusqu’ici, a été financée grâce à une tombola au début des années cinquante. Initialement la gare de cette section devait être construite à Méjean. Alors que les travaux étaient engagés, un sénateur désirant conserver sa tranquillité dans la calanque réussit à faire déplacer la gare à la Redonne !
Deux mouettes surveillent le large. Je m’asseois sur le banc face aux quelques rares bateaux.
Sur une ancienne carte de 1694, à l’emplacement du port, on peut lire « Port dans lequel on peut mettre 5 ou 6 galères », sans doute les galères du roi Soleil. Je vous recommande la lecture de De l’Estaque à Pounent, gérard chevé, Les Editions de la Nerthe, 2003 pour y retrouver des informations complètes sur la calanque de Méjean.
En allant vers Marseille, en contrebas du chemin de la douane, se trouve une grotte marine dont la sortie débouche au niveau de la mer (voir la photo du blog * En route pour l’Erevine à partir de Méjean). Au soleil, les couleurs émeraude de l’eau invite à la plongée.
* L’itinéraire en photos, du site Balade en Provence
* Sur le chemin des calanques, site dédié à la Côte bleue
Dans l’Express du 22 août 2005, jérôme dupuis écrivait dans son article intitulé les vraies calanques des Marseillais : « En longeant la mer quelques minutes sur le chemin des douaniers, on tombe sur la calanque jumelle de la Vesse, encore plus tranquille. Un bout du monde à l’ombre d’un gigantesque viaduc, comme un décor tiré d’un roman de Jules Verne. .. Cette Côte bleue … a pourtant souvent séduit peintres et poètes, tel Blaise Cendrars, tombé fou amoureux de la calanque de la Redonne », en 1927 : « …je découvrais des poches d’outremer, des golfes en miniature, des ilots, des bosquets sacrés, des roches, des tables à l’antique, une crique, un désert de pierres… » (Blaise Cendrars).
Compte tenu des difficultés pour trouver une place de parking dans ces ports minuscules en saison touristique, le moyen le plus adapté et le plus original pour effectuer cette randonnée, est de partir dans la matinée avec le train de la Côte Bleue depuis Marseille ou Miramas, s’arrêter en gare d’Ensuès, marcher, pique-niquer dans une petite calanque ou un port, et revenir en fin d’après-midi. Dans certains trains, vous pourrez même emmener gratuitement votre vélo. Plaisir garanti pour toute la famille !
* CD du parcours ferroviaire à commander
* Les horaires 2016-2017 de la ligne 7 Marseille-Miramas (page à réactualiser)
1seincher : encercler
2méjean : du provençal miéjo = milieu