* Le castrum Saint-Michel à Trets


La visite de ce castrum mérite bien une petite visite et l’office de tourisme l’a bien compris. Prochainement, le nouveau sentier vigneron y passera. Mais vous pouvez aussi aller le visiter par un simple aller-retour, ou l’intégrer dans une petite boucle comme nous l’avons fait. Nous nous sommes garés le long du chemin de Grisole, pas très loin du carrefour avec le chemin de Cabassude et celui avec la carraire des Espardinaux.

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Nous avons pris le chemin de Grisole vers l’est ; après l’accès au château Grand Boise, quand ce n’est plus bétonné, nous avons longé la propriété privée La Démolarde sur notre gauche, délaissant le chemin à droite vers le Mirador. Merci à la commune d’avoir gardé la propriété de ce sentier rural qui, après quelques lacets, mène au castrum arlulfo (ou arnulphi selon d’autres auteurs ?) en latin. Vous remarquerez sans doute beaucoup d’indications « propriété privée » sur votre gauche : tant que vous restez sur le chemin rural, pas de problème.

Le roi de Bourgogne Conrad III, dit le Pacifique concède à Arlulf un important domaine fiscal, la curtis de Trets [en 950]. Comment Arlulf s’imposa au sein du comitatus Massiliensis à la fin du Xe siècle, extrait de la thèse de Pierre Vey. Les descendants d’Arlulfe deviennent vicomtes de Marseille, le domaine s’agrandit donc, comprenant 21 communautés entre Sainte-Victoire et La Ciotat. Trets est rattachée à la mense comtale de Marseille mais sur un plan territorial à Aix.
Deux agglomérations se forment alors sur Trets : celle autour du château d’Arlulfe, celle proche des terres cultivables et des voies commerciales autour de l’église Notre Dame de Nazareth.

Visiblement la commune entretient le site car l’accès est débroussaillé. Nous sommes entrés dans le castrum dans un virage en épingle sur la droite par une barbacane, ouvrage de fortification se composant d’un chemin autrefois couvert et voûté, permettant de protéger un point important, l’enceinte intermédiaire ou la porte principale. Des archères sont encore visibles. Sur un des murs, nous avons repris des forces avant de monter jusqu’à la chapelle qui est construite sur le point le plus élevé.

Après plus de 1000 ans d’existence et plus de 600 ans d’abandon, je suis impressionnée par le nombre de murs encore debout. Il est vrai que le lieu n’est pas indiqué par un panneau directionnel et que la vue aérienne ne révèle rien non plus. La chapelle, dédiée à saint Michel, est consacrée en 1001 (Actes concernant les vicomtes de Marseille, H de Gérin-Ricard, Emile Isnard, Monaco-Paris, n°26, 1923) : la pierre dédicacée à cette occasion a été retrouvée et scellée dans un pilier de l’église paroissiale Notre Dame de Nazareth. Les contreforts de la chapelle côté plaine sont de taille impressionnante mais on ne peut plus profiter de la vue sur la vallée : trop d’arbres. Sur les quatre côtés, il reste le bas des murs qui permet d’en évaluer la taille. A l’arrière, accolé à la chapelle, un petit bâtiment qui pourrait être une sacristie.
Trets d’union n°63 

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Les sentiers vignerons, Trets


Décembre 2021, ce n’est pas le moment pour parcourir les sentiers vignerons tels que sur le descriptif remis par la cave Lou Bassaquet de Trets : Florian, de l’office de tourisme de Trets, m’avait informée qu’il devait être rebalisé car certaines parties étaient devenues privées ; le balisage est donc parfois absent, parfois présent mais avec de mauvaises surprises ; cependant, j’ai réussi à trouver un itinéraire praticable qui est un mix entre le sentier long et le court.

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Après l’achat d’un sandwich en centre ville, je vais jusqu’à la cave pour retirer le dépliant du sentier vigneron. Le marché paysan est installé devant et le cellier est plein de monde. Je passe sous la voie ferrée Gardanne-Carnoules, puis près du kiosque (1932).

17 juin 1944 : un officier allemand juché sur le kiosque, prononce des paroles menaçantes au cas où des armes seraient trouvées dans les maisons. Le maire se porte garant de la loyauté de ses administrés, allant jusqu’à donner sa parole d’officier. En fin d’après-midi, les allemands n’ont rien trouvé : les tretsois regagnent leur maison. d’après Trets actu

Dès l’avenue Marius Joly, la vue sur Sainte-Victoire est inhabituelle : le plateau du Cengle barre le massif qui émerge au-dessus des toits. Au carrefour suivant, l’oratoire Saint-Barthélémy est construit sur une pyramide tronquée. Barthélémy est un des douze apôtres, patron des bouchers, des tanneurs et relieurs.

Aix, 25 Août. La fête de Trets [Saint-Barthélémy] ne s’est point terminée sans à-coup. A la suite d’une dispute survenue entre les nommés Rigaud et Pepita, dans le bar des Joyeux, ce dernier tira sur son antagoniste trois coups de revolver dont un projectile atteignit Rigaud au biceps droit. […]
Son coup accompli, Pepita a pris la fuite et malgré les plus actives recherches de la gendarmerie, il n’a pu être arrêté. On croit que la cause initiale […] est due à une rivalité de femme. Le Petit Provençal, 26 août 1910, site retronews

Après le Chemin de Saint-Esprit, j’entre dans les vignes ; ce spectacle d’automne est un ravissement de couleurs : nuances de brun, de jaune sur terre, gris bleuté pour les montagnes et un bleu pur pour le ciel. Près du vallon de Bourdin, le rouge du feuillage, définitivement égaie la nature. Au fond le mont Aurélien dominant la plaine de l’Arc, avec son bec caractéristique. Ressourçant. Le sentier d’exploitation longe une belle allée d’arbres avant de rejoindre la route de Bendel.

Je passe pour la première fois à côté d’un champ de vignes cultivées en cordon, une technique ancienne que l’on trouvait dans les manuels d’agriculture du XIXe. Chaque branche charpentière sera palissée2 le long d’un fil tendu à l’horizontale à 40 cm ou 80 cm de hauteur.

Afin d’assurer un travail efficace de la vendangeuse un palissage est dressé2. Cette technique permet la taille en cordon de Royat. Les ceps sont mieux alignés sur le rang. On évite ainsi des blessures graves à la vigne […] la Syrah exige 2 fils de plus, dits « fils releveurs » qui vont éviter aux rameaux de se courber vers le sol. Extrait du guide du sentier Lou Bassaquet p.5.

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Maussane, le canal de la vallée des Baux, la carrière du Mas Rouge


Départ route de Saint-Rémy à Maussane-les-Alpilles, au niveau du pont-canal pour une randonnée totalement non balisée mais sur chemins publics (sauf peut-être la berge du canal…). L’accès pentu au canal de la vallée des Baux passe devant un vestige romain de l’aqueduc de Caparon, le second aqueduc d’Arles qui captait l’eau principalement au rocher d’Entreconque : c’est celui qui alimentera la meunerie de Barbegal. Patrimoine ville d’Arles.

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Après quelques mètres en équilibre sur le bord du canal, nous longeons l’aqueduc de Flandrin sans risque mais bien accroché tout de même au garde-fou côté droit ; il passe au dessus du gaudre1 d’Entreconque (ou Vaupelière ? ou Foux ? car pour compliquer il change de nom ensuite).  Dès que nous le pouvons, nous sautons sur le chemin qui borde le canal. Là commence une tranquille promenade sur la berge.

La couleur de l’eau me surprend : grisâtre, chargée de limons ; ce canal prend sa source à Eyguières, via le canal Boisgelin-Craponne alimenté lui-même par les eaux de la Durance : c’est peut-être d’elle que viennent les limons. Depuis le XVIe s., le canal de Craponne et, depuis la fin du XVIIIe s., celui de Boisgelin conduisent de la Durance vers Arles des eaux d’irrigation chargées de sédiments. selon Milieu et sociétés dans la vallée des Baux, Philippe LeveauDYNAMIQUE DU PAYSAGE, pp.203-217

Comme dans beaucoup de projets de canaux, il s’est écoulé beaucoup de temps entre l’idée et sa réalisation : entre 1855 et 1914… Longueur : 53 km, 7 siphons, 3 aqueducs, 7 tunnels. Superficie irriguée : 2800 ha, 80% de terres agricoles, 1600 adhérents.

Régulièrement, une numérotation MA pour MAussane (mais A pour Aureille, F pour Fontvieille) suivi d’un chiffre identifie les filioles et siphons du canal : par exemple une plaque MA10T près d’une martelière. Bel alignement de pneus dans un champ sur notre droite : pour s’être embêté à le faire, il doit bien servir à quelques chose…

Nous empruntons un de ces petits ponts qui donne accès à un champ de belles fleurs blanches (roquette blanche ?) et de grands champignons, genre amanites selon André.

Au niveau du gaudre du Mas de Cayol, un déversoir provoque une chute d’eau qui accroît la vitesse sans doute parce que la pente est trop faible. Sera-t-il possible de rejoindre la route au Mas de Lambrusque ? sur la carte, le tracé s’arrête mais sur place, moyennant de descendre au pied du siphon, ce sera possible. Nous tentons de poursuivre sur les berges mais c’est impossible : le sentier nous éloigne et la berge au pied d’une petite falaise est inaccessible. Nous prenons la route de Mouriès à Saint-Rémy avec ses figues de Barbarie puis la route du Destet.

Le hameau des Calans se traverse rapidement. Rien trouvé sur La Chapelle qui en fut une, sans doute, mais désacralisée aujourd’hui. Nous retrouvons le canal au niveau de l’aqueduc des Calans qui a son déversoir de sécurité comme sur l’aqueduc de Flandrin et il a débordé : sous le pont des traces noires le prouvent. Etait-ce lors des inondations de 2003 ? Photo extraite de l’Etude aléa inondations Maussane, ingerop.com. Sous le pont, par où passe le gaudre de Valostre, nous identifions un abreuvoir protégé par un enclos de pierres.

Nous entrons dans un paysage typique des Alpilles : piste caillouteuse, rochers dénudés ou déchiquetés, entrecoupés de vallons, végétation basse, sans trace visible d’occupation de l’homme ; un paysage pour moutons souvent représentés dans les tableaux de Théodore Jourdan ; des montées et descentes qui nous mènent au point culminant avec, en contre-bas, dans un vallon à sec, un champ de fruitiers puis un champ d’oliviers ; curieuse, je goûte une olive noire tendre mais… extrêmement amère… attendons qu’elles soient traitées.

Insensiblement, quelques arbres s’ajoutent à la garrigue ; nous passons sur le territoire des Baux de Provence ; d’énormes blocs de rocher bien serrés nous invitent à la pause déjeuner. Pourquoi ont-ils été posés là ? nous le saurons plus tard.

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