** Vestiges romains de l’aqueduc de la Traconnade


Cette balade découverte des vestiges de l’aqueduc romain qui alimentait Aix-en-Provence, situés à Jouques et Peyrolles, est plutôt une somme de petites balades qu’une vraie randonnée. Sans Alain Balalas qui nous accompagne et les retrouve tous, sans boussole, même au travers une végétation envahissante ou hostile, il aurait été impossible de les localiser. Je l’en remercie vivement.

1er vestige non loin de la source (photo estoublon1er vestige non loin de la source (photo estoublon)En commençant par la source, le premier vestige (sur terrain privé bien que ce ne soit pas signalé) taillé en plein rocher, est proche de la source de la Traconnade, sur le bord de la route, dans un endroit humide. L’intérieur du canal est en bon état : nous y circulons avec une bonne lampe de poche observant les concrétions, Emplacement de la lampe à huile des ouvriersles saignées horizontales laissant supposer l’emplacement de coffrages. Les ouvriers posaient leur lampe dans des encoches toujours visibles, creusées latéralement dans la roche à intervalles réguliers.

IMG_8837.JPGL’impasse du canal romain à Jouques porte bien son nom mais comment deviner où se trouvait le canal maintenant que tout est détruit ? le seul témoignage est une vieille photo imprimée que nous présente A. Balalas.

Un regard de visite (photo estoublon)IMG_8564.JPGDe nombreux regards de visite permettent de contrôler ou de nettoyer la conduite ; ils sont placés de façon plus ou moins régulière tout le long du parcours ; ils sont plus ou moins comblés mais encore visibles. Ce sont des puits rectangulaires, donnant accès au canal. Ils sont toujours soigneusement voûtés en claveaux1. Des encoches – opes2 – creusées dans les parois pour l’emplacement d’échafaudages facilitent l’accès au conduit durant la construction. Nous ne trouverons pas les dalles monolithiques qui recouvraient les regards, elles ont probablement été cassées ou réutilisées. Nous constatons d’ailleurs que les pierres de certains murs de soutènement proviennent certainement de l’aqueduc.

Sur la carte, j’ai pu mesurer approximativement la distance entre deux regards en suivant la courbe de niveau de la carte IGN : elle avoisine 72m, ce qui correspondrait à deux actus3, par analogie avec les principes énoncés par Vitruve et Pline l’Ancien […]. Entre le ‘puits Maurel‘ et le regard 3, en suivant la courbe de niveau, il y a 4 actus3 : il manquerait donc bien un regard entre les deux. Cette règle a été appliquée à l’aqueduc du Gier à Lyon.

Voir aussi l’Etude de l’aqueduc de Béziers par l’Université de Franche Comté

IMG_8553.jpgIMG_8560.JPGDans le quartier de Saute-Lièvre, nous trouverons deux voûtains4 suivis dans le même axe d’une curieuse cabane en pierres.  La cabane est construite selon le même principe de voûtain composé de 8 à 10 claveaux1. Elle est fermée artificiellement dans le fond par un mur vertical de construction récente, ce qui est étrange pour une cabane. L’épaisseur de ses murs, la présence d’un reste de mur maçonné du côté gauche et collé à la cabane, nous font penser dans un premier temps, que son propriétaire a réutilisé le canal romain ; mais la voûte interne serait alors plus d’1m50 au dessus des voûtes les plus proches. Peut-être une reconstruction « à la romaine » avec les pierres du canal ?

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Balade insolite sur les bords du canal du Verdon à Peyrolles en Provence


Balade insolite et sans grand danger sur l’ancien canal du Verdon (à vos risques et périls cependant…) pour qui sait faire preuve de prudence. Les berges sont généralement en bon état ; parfois un à-pic vertical de plus de 2 mètres de chaque côté, sur une berge étroite où le pied n’a que quelques centimètres d’espace libre de chaque côté, procure la sensation d’être un découvreur des temps modernes ; parfois au contraire, la marche se fait sur le sol à côté de la berge ; ou bien dans le canal dans lequel on peut se sentir enfermé, sans aucune visibilité sur le paysage environnant. Pas de balisage pour ce parcours inédit.

Ce canal désaffecté depuis 1970, a pris la relève du canal Zola devenu insuffisant. Le 15 août 1875, l’eau du Verdon arrivait à la fontaine de la Rotonde, traversant la Haute-Provence puis les communes au nord d’Aix-en-Provence, mais l’inauguration avait eu lieu avec les eaux du canal Zola. C’est une partie située sur Peyrolles que nous parcourons aujourd’hui. Je vous avais déjà présenté une partie sur Venelles jusqu’à l’aqueduc de Parrouvier.

IMG_7513.JPGIMG_7497.JPGNous partons de la citerne 250, citerne de la plaine de Leuze, écrite en grandes lettres avec deux fautes d’orthographe ! Pour l’aller, nous choisissons de marcher sur les berges qui réservent parfois la surprise d’un arbre mort qu’il faut enjamber : la balade commence à un premier tunnel qui ne semble pas d’époque suivi d’une martelière1. Quelques ouvrages d’art jalonnent le parcours : tunnels, pont-aqueduc2, passerelle. Les parois du canal sont parfois inclinées (ce qui permet de descendre dans le fond du canal sur les fesses !), parfois verticales. En fonction des terrains rencontrés et du type de protection des berges, les inclinaisons varient. Celles construites dans la terre sont plus inclinées pour ne pas s’ébouler. IMG_7498.JPGMathématiquement, la forme en trapèze est la plus économique, la plus facile à construire, et celle qui offre le moins de résistance à l’écoulement de l’eau. D’après Dictionnaire des sciences mathématiques pures et appliquées, J.B. Petit, Alexandre André, Victor Sarrazin de Montferrier, Louis Puissant, Bruxelles, Librairie militaire, 1840, Tome 3

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Circuit Notre Dame d’Astor à Peyrolles


Exemple de balisage bleuAprès plusieurs semaines d’inactivité, c’est ma première sortie : elle a pour but de tester mes ‘nouveaux yeux’ suite à une opération. Il fait froid, le mistral souffle. Le circuit est balisé bleu mais il faut être attentif pour ne pas se perdre. Départ de la chapelle Saint-Sépulcre où le stationnement n’est pas en zone bleue.

IMG_6912.JPGConstruite aux Xe et XIIe s. c’est le monument le plus ancien de Peyrolles. Située sur un promontoire rocheux auquel on accède par des marches de pierre, la chapelle occupe l’emplacement du premier castrum. D’après Mr Duby, historien du moyen âge, il s’agirait d’une chapelle votive, commémorant un retour de croisade. ll existe trois autres exemples en Provence d’architecture semblable, en forme de trèfle à quatre feuilles mais la chapelle du Saint Sépulcre est la plus petite.

Photo estoublonSes absidioles, toutes identiques, ont une couverture de 2,90 m et une profondeur de 1,80 m. On y venait lors de la première communion afin d’aller en procession à l’église paroissiale. La messe y était célébrée le jour de la St Marc. C’est au 17è siècle que le clocheton, sous arcade a été rajouté sur un carré central. Le clocher actuel a été restauré en juillet 1976 suite à la foudre.

La chapelle Saint-Sépulcre

Article de journal paru sur le retable de la mise au tombeau (3 août 2006)

IMG_6917.JPGIMG_6916.jpgNous longeons le canal de Provence puis pénétrons en forêt ; nous marchons de temps en temps sur des blocs calcaires : nous nous perdrons une fois : il y a tant de petits sentiers de droite et de gauche ! Nous traversons le canal au pont Saint-Joseph : quel est ce champignon à lamelles d’au moins 10cm de diamètre, sur le bas côté ? Nous marchons désormais sur la route jusqu’à la chapelle Notre Dame d’Astor, berceau du village du temps des gallo-romains.

IMG_6926.JPGPhoto estoublonUne aire aménagée ajoute de la convivialité à ce lieu un peu triste : l’intérieur est vide, il ne reste plus rien. Le plafond fortement dégradé, devait être recouvert de peintures à l’origine. la chapelle est imposante avec ses contreforts manifestement ajoutés plus tard. Quelques pierres d’origine réemployées dans l’ancien presbytère n’ont pas été recouvertes d’enduit. « La pierre blanche en réemploi est un fragment d’une statue de Pomone, dont la tête, trouvée par Bernard Poyet à cet emplacement, se trouve dans le bureau du maire de Peyrolles ». Le projet territorial du Grand Site Sainte Victoire (2004-2006) y a programmé des travaux prioritaires de consolidation d’urgence.

Photo estoublonIMG_6923.JPGDes fragments de sculpture dont certains en ré-emploi, trois gros blocs de calcaire coquillier présentant des trous de louve permettent d’attester une occupation antique à proximité immédiate de la chapelle. […] La chapelle est datée des XIe s. ou XIIe siècle. grâce au « cintre de la porte d’entrée et par des arcades à baies géminées ».
En 1582, l’église Notre Dame d’Astor dépend de la chapellenie Saint Ambroise, laquelle église est ruinée. [..] La voûte aurait été reconstruite au XVIIe s., et une datation similaire est attribuée au premier état des enduits décorant l’intérieur |…].
IMG_6928.JPGQuatre sondages […] ont livré des sépultures, attestant ainsi l’étendue et la variété des architectures des tombes. Des sépultures construites, anthropomorphes, sont bâties au moyen de moellons et dalles, majoritairement de tuf, disposées verticalement, soigneusement agencées, et fermées à la tête et aux pieds par un moellon disposé transversalement. … daté du XIIe s. ou du XIIIe s.
Sur l’ensemble de l’édifice, la façade occidentale (entrée) est celle qui conserve le plus d’éléments architecturaux rattachables au Moyen Âge. […] Les reconstructions du XVIe-XVIIe s. concernent pour l’essentiel les parties hautes de la chapelle, […] .

Extrait sélectionné du Site de Peyrolles en Provence, patrimoine

IMG_6931.JPGIMG_6933.JPGIMG_6932.JPGNous repartons par le Plan après avoir traversé le petit canal de Peyrolles. La route du Plan est jalonné d’oratoires dont l’oratoire rural du Plan (ou Roy René) couronné d’une corniche et d’une croix. C’est le plus ancien de Provence. Son pilier porte la date de 1481 qui correspond au rattachement de la Provence au royaume de France. Le pilier en pierre de taille est d’origine. Restauré, l’oratoire a été classé en 1935.

Circuit des oratoires

Je n’ai pas été convaincue de l’intérêt de ce circuit, trouvé  sur internet. Pourquoi nous avoir emmenés en forêt pour arriver en bordure de route ? La chapelle d’Astor est vide et aucun panneau sur place ne nous donne d’informations sur son historique. Un simple aller-retour à la chapelle d’Astor par la route du Plan peut constituer une agréable balade dominicale.

Image de l’itinéraire 11.200km 125m dénivelée 2h45 dépl.

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J’adresse mes remerciements à Alain Balalas pour la relecture et la correction de cette note.
Il est auteur de plusieurs livres De Peyrolles en Provence à Jouques, coll. Mémoire en images, A.Sutton, 2000
Peyrolles ; Glossaire et lexique local à L’usage des anciens et des nouveaux Peyrollais, Le Livre d’Histoire, 2006 et d’articles dans la presse locale.