La chartreuse de la Verne cachée dans le massif des Maures depuis plus de 8 siècles


img_0001.JPGSitué au cœur du massif des Maures, le monastère de la Verne1 (photo Ti’Mars…) est relativement difficile d’approche. Après une longue, très longue et déserte, mais magnifique route D14 (puis D214), au détour d’un virage alors qu’on se croit perdu, on aperçoit le monastère, grandiose dans son écrin de verdure : 155m de long et 85 de large, à 425m d’altitude !  Comment est-ce possible qu’un tel monument soit aussi bien caché ?

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L’évêque de Toulon fit construire la chartreuse en 1170 à l’emplacement d’un ancien prieuré. Vue aérienne

  • En 1174, la première église romane y fut consacrée, la seule à ne pas être détruite par les incendies de forêt successifs (1214, 1271 et 1318) qui ravagèrent les bâtiments,
  • pillée en 1416 par les seigneurs de Bormes qui s’approprièrent une grande partie des terres,
  • saccagée par les guerres de religion,
  • occupée par les Huguenots en 1577. Le cadet de Baudiment  s’empara alors de tous les plus beaux objets du culte, fit battre les moines et les contraignit à s’enfuir, nus, dans la forêt.
  • Elle surmonta plusieurs raids barbaresques,
  • subit un autre incendie en 1721,
  • ne put terminer les importants travaux de construction entrepris à cause de la Révolution qui dispersa les moines, définitivement cette fois.
  • Jamais achevée, elle fut vendue comme bien national en 1792,
  • classée monument historique en 1921, elle est aujourd’hui propriété des Eaux et Forêts. Grâce à l’association des Amis de la chartreuse de la Verne et aux soeurs de Bethléem qui l’occupent depuis 1983, la restauration du monument se poursuit.

Page consacrée à la chartreuse, site du diocèse de Fréjus-Toulon

Site des Amis de la chartreuse de la Verne

img_3667.JPGimg_3663.JPGimg_0003.JPGBâtie sur des terrasses successives, la chartreuse ouvre son monumental portail de pierre de serpentine vert sombre sur la cour des Obédiences mais nous ne pourrons entrer. Tout comme dans l’abbaye de Saint-Félix, une prison y a été construite. Sur le portail, une statue de la Vierge à l’enfant (photo Ti’Mars…). Au premier niveau, des colonnes avec anneaux de style Renaissance. Un rempart présentant une tour aux deux angles sud, protégeait les bâtiments et leurs habitants. Aujourd’hui, la tour au sud-ouest a eté entièrement reconstruite : c’est par là qu’entrent les visiteurs désormais. Les chartreux ont fait d’importants travaux pour capter plusieurs sources et en acheminer l’eau par deux aqueducs en pierre sèche. Des citernes recueillaient les eaux de pluie. La ligne de division de deux diocèses passe par le milieu de l’église et du cloître. On peut peut-être imaginer que les seigneurs qui ont fait don de ces terrres à l’abbaye ont cédé des terrains en bordure du fief voisin, évitant ainsi des conflits avec leur propriétaire.

Pas de visite le mardi : je devrais me contenter de cette Visite en images de la chartreuse de la Verne ou de ces quatre vues panoramiques.

Photos (extérieur et intérieur) de la base des monuments historiques de la région PACA

Horaires des messes dans toutes les paroisses de France  (pas de messe publique dans le monastère de la Verne)
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L’île de Porquerolles, du Langoustier à l’Alycastre


toulon-et-places-adj-1756.jpgNous arrivons à la Tour Fondue, sur la presqu’île de Giens, quelques minutes seulement avant le départ de la navette. Le stationnement y est obligatoirement payant. Après une traversée tranquille d’une vingtaine de minutes, nous débarquons sur le port plein de monde qui s’égaille progressivement vers les plages.

L’ensemble des îles fut érigé en seigneurie par François 1er sous le titre de marquisat des îles d’or (à cause des reflets dorés des micaschistes ?), à charge pour le marquis de les mettre en labour et de les garder contre les corsaires.  Robida Albert (1848-1926), La vieille France.

Après avoir appartenu à des particuliers, la presque totalité des îles sont acquises par l’état pour en sauvegarder le patrimoine naturel.

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img_3718.JPGNous avons prévu de découvrir les forts, à chaque extrémité de l’île, près desquels deux caches sont placées. Si vous regardez la carte des îles d’Hyères, vous vous apercevrez que les systèmes de défense sont vraiment nombreux sur cette petite surface : près du débarcadère, avec le fort Sainte-Agathemyrte.miniature.jpgà l’ouest, sur l’île du petit Langoustier1 (construit sous l’autorité de Richelieu), un autre sur la pointe du grand langoustier1 ; à l’est, au lieu dit la Repentance, l’ancienne batterie Galéasson, et le fort de l’Alycastre2 (construit sous l’autorité de Richelieu). Le matin, nous longeons la côte festonnée de plages de sable bordées de pins, de img_3730.JPGbruyères et de myrte (Photo de droite : Parc national des îles d’Hyères) odoriférants. Je suis surprise que presque tout le parcours soit ombragé. Passage devant la plage d’argent. Soudain Ti’Mars… s’écrie :

« Un homme à la mer ! »

Etonnement. Il me montre l’écran de son GPS ; l’alerte est bien écrite en clair. Ah ! c’est beau le dernier cri de la technologie ; la trace de son parcours se dessine clairement dans l’eau de la mer. Je regarde mon écran : ma trace est bien sur terre. Réinitialisation de son GPS. Rien n’y fait. Finalement, nous découvrons que la cartographie livrée ne contient pas les îles de la Méditerranée. Près du fort du grand Langoustier1 qui surveillait la petite passe, nous observons de près les goélands maîtres des lieux qui couvent à même le sol. Derrière, une petite île héberge les vestiges du fort du petit Langoustier1. img_3728.jpgimg_3737.JPG

Leur occupation mettait le littoral méditerranéen à l’abri d’un débarquement entre Toulon et Saint-Tropez […] Les premières fortifications y furent édifiées entre 1634 et 1643. Ensuite on y implanta une poussière de batteries qui furent déclassées, pour la plupart vers 1884, au profit des 2 plus récentes disposant d’un armement moderne, à savoir la Fort du grand Langoustierimg_3743.jpgbatterie de Repentance sur Porquerolles et de l’Éminence sur Port-Cros. […] Les décisions de désarmement tombèrent les 21 novembre 1881, 13 octobre et 31 décembre 1882. »  (Extrait du site Index des fortications françaises 1874-1914 des Iles d’Hyères)

Au début du siècle, les habitants de l’île, pourtant peu nombreux, avaient  la réputation de croire aux esprits ! Voici ce que rapporte le mèdecin de la marine dans Revue maritime (Paris), France – Service historique de la marine, tome 153, Librairie militaire R. Chapelot et Cie, 1902) :

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Retour par l’intérieur des terres où nous découvrons quelques hectares de vignes du domaine de l’Ile encore vendangées à la main : Porquerolles a même son AOC Côtes de Provence que nous ne manquerons pas de goûter !
img_3757.JPGFort de l’AlycastreL’après-midi, direction du fort de l’Alycastre2 le long de la grande plage. Entouré d’une enceinte en étoile, il a servi de prison d’état à partir de 1848. Non loin de la pointe rocheuse, quatre navires antiques ont sombré. Toute proche, la plage du Lequin est bien tentante en cette chaude fin d’après-midi  ; plus éloignée du port que les autres, elle n’est pas très fréquentée : un petit bain s’impose avant le retour.Le parc national de Port Cros.

Itinéraire des forts Porquerolles (14,500km – 3h20 env. – dénivelé 70m)

Les chemins de Porquerolles, site personnel

Indéniablement, cette île vaut le déplacement : pas de voiture rien que des vélos et des piétons, des sentiers de promenade bien balisés, des plages, faune et flore souvent uniques mais protégées.

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Un grand merci au geocacheur Jack83 pour le fort de l’Alycastre et l’île de Porquerolles 2 qui nous ont permis de re découvrir le bonheur d’une journée à Porquerolles. Une autre cache de Jack83 à ne pas manquer : la résurgence du Ragas.

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1Langoustier : « la langouste a donné son nom à la presqu’île et à son environnement ; dans un écrit de 1712 on trouve Fort du Lingoustier encore plus proche de la lingusta provençale »
2Alycastre : « c’est sur la carte de Tassin en 1634 que l’on voit apparaître pour la première fois le nom de Licastre. Il s’agit probablement d’une déformation de « le castre » (le château) qui était alors en construction »
(selon la note du petit Pierrot)

Les gorges du Carami


le Caramyle pont romainImpossible de trouver le parking avec le GPS voiture : il a fallu que je demande à un habitant de Tourves. Quand enfin j’y parviens, il est déjà plein. De nombreuses familles ont emmené le pique-nique mais ne vont pas plus loin que le pont de Cassade ou pont romain, probablement situé sur la voie aurélienne. J’ai décidé de faire une boucle en longeant la rivière jusqu’à l’ancien barrage puis en revenant par le GR qui traverse une ancienne carrière de bauxite.

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ruines

Le blog de Fouchepate : très belles photos des gorges à ne pas manquer

Peinture rupestre (photo Vincent Potalino)Le Carami (ou Caramy) prend sa source dans le massif de la Sainte-Baume. Je longe la rive gauche d’abord par un sentier facile : parcours agréable sous la fraicheur des arbres ; devant les ruines de la ferme Rimbert, une famille s’est installée pour le pique-nique ; j’apprendrai à mon retour que c’est sur une des barres calcaires qui la dominent que l’on trouve neuf grottes ornées de peintures rupestres tracées au doigt (voir Expressions graphiques de la préhistoire à nos jours, Ph. Hameau). Merci à Vincent pour la photo d’une de ces peintures. Voir aussi Nature passion : l’homme couché de la photo de Vincent pourrait être celui de la grotte Alain.

caramy-5.jpgAu fur et à mesure de ma progression, le parcours devient plus aventureux : il faut parfois marcher dans l’eau, emprunter une corniche étroite et instable, passer au dessus d’un arbre. Deux fois à mi-parcours, j’ai cru que j’allais être bloquée : j’ai dû traverser la rivière à gué puis continuer sur l’autre rive.  A un autre moment, je n’ai eu d’autre choix que d’escalader les rochers, remonter puis redescendre au bord de l’eau dès que possible. Jusqu’à atteindre l’ancien barrage, je me suis demandée si j’arriverais à mes fins. Ce torrent aux eaux qui vagabondent toute l’année, était déjà canalisé au temps des romains.

rochers avec diaclasesblocs rocheuxles gorges

Une vieille passerelle enjambe la rivière non loin du barrage. C’est par là sans doute que les wagonnets de bauxite devaientanciens rails pour le transport du minerai traverser la rivière depuis Mazaugues pour rejoindre la gare ferroviaire de Tourves  (voir Association les gueules rouges). Le transport se faisait par charrette et parfois par câble aérien. J’ai bien du mal à croire que le Var fut le premier centre mondial pour l’extraction de la bauxite… Non loin de là, l’entrée d’un tunnel d’exploitation est encore visible. Un groupe de jeunes a pris possession de l’unique emplacement au bord de l’eau : c’est par là que je dois chercher le trésor gorges profondes caché par le geocacheur VarVincent. Mais ils ne décampent pas. J’en profite pour aller jusqu’au vieux barrage de la mine, à peine visible derrière les gros blocs de pierre. De petites cascades d’eau se cachent dans les creux. Les parois des gorges ont de curieuses formes bombées, creusées de sillons verticaux causés par la circulation d’eau acidifiée (ce sont des diaclases) qui finit par dissoudre la roche, élargir les diaclases, les séparer en blocs individuels qui s’écroulent dans le lit du Carami.

Quand finalement les jeunes me laisseront la place, il sera trop tard pour que j’entame de longues recherches : mauvaise réception des signaux GPS, lecture trop rapide de la fiche, pas de photo susceptible de m’aider.

Je traverse la rivière pour remonter jusqu’au croisement avec le GR99 ; la terre est franchement rouge et cela me rappelle la latérite en Guyane. Cette roche contient beaucoup d’alumine comme la bauxite.

tracteur-elec-tourves.jpg« La bauxite a été découverte en 1821, près des Baux. C’est une roche sédimentaire composée d’alumine, d’oxyde de fer – d’où sa couleur – et de silice. Elle a été exploitée pour son minerai d’aluminium (4 tonnes de bauxite produisent 1 tonne d’aluminium).  La formation de la bauxite s’est effectuée au cours des temps géologiques, surtout au cours du crétacé alors que régnait un climat tropical. La valeur des bauxites comme minerai d’aluminium dépend de leur teneur en hydrate d’alumine (bauxite rouge). » Ci-contre, aquarelle de Marc A Dubout, extraite du site des Gueules Rouges.

L’exploitation s’est arrêtée progressivement à compter de 1970, l’importation de minerai en provenance de Guinée ou d’Australie et son traitement dans des complexes dits « sur l’eau » se révêlant moins coûteux.

Au fur et à mesure que je m’éloigne de l’emplacement de l’ancienne carrière, le sentier reprend les couleurs habituelles de la pierre. Au loin, je devine la chapelle Saint-Probace, perchée sur « la costa du Gau ». A travers bois, le retour me semble long. Je ne croise qu’un couple pas tout jeune, celui que j’avais rencontré sur l’autre rive et qui effectue la boucle dans l’autre sens.
Je rentrerai avec un « didn’t find it » mais sans déception aucune.

Boucle de mon  itinéraire 10km, 2h50, dénivelé 170m (+ un autre tracé vert d’accès aux gorges depuis le sud) ; celui du site Randonner dans le Var au départ de Mazaugues

Le site Lithothèque : les deux accès

Quelques photos du site Provence Balades

Une autre randonnée décrite dans le topo-guide Le Var à pied… fiche n°16, 9m, 3h