Le chateau de Roquefeuille en période de chasse


img_2934.JPGimg_2960.jpgPour que les chasseurs ne me prennent pas pour du gibier, j’avais mis pantalon clair et pull mauve : peu de chance qu’un sanglier ait pareille allure. Le sentier longe les vignes du domaine de Roquefeuille puis traverse le canal avant de s’enfoncer dans les bois, dans le vallon de Pardigon. De tous côtés, je suis entourée de chasseurs postés sur les pistes forestières. Les balles sifflent et je ne suis pas très rassurée.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

Je n’ai pas trouvé tout de suite l’étroit sentier menant aux ruines du chateau : c’est un chasseur, posté sous le mont Olympe, qui me l’a indiqué ; il était accompagné de deux chiens de chasse au collier fluo.

Roquefeuil. De roche et  » fueilh  » feuillage. Le premier seigneur portant le nom de Roquefeuil est Burgondion 1er de Trets (voir le site de Jean Gallian pour la généalogie de la famille d’Agoult). Roquefeuil, autrefois petite commune à part entière, fut rattachée à Pourrières avant le XVème siècle au grand dam de Trets et de Pourcieux. Balthazar d’Agoult d’Ollières est le dernier à porter ce nom. Il est issu d’une des plus anciennes maisons nobles de Provence et du Dauphiné  – les d’Agoult – qui donna de nombreuses branches, possédait beaucoup de terres, avait fait de nombreuses alliances dans la région. A la révolution le seigneur du lieu ayant fui en Italie, ce territoire fut confisqué par les Biens Nationaux puis vendu à la commune de Pourrières. Il y avait même un prieuré Saint-Barthélémy de Roquefeuil situé dans les bois, près de la verrerie sous le Mont Aurélien.

Il reste bien peu de chose de ce château : quelques murs en ruine dont on a peine à deviner leur usage passé. Je profite cependant de la vue et je cherche la cache Roquefeuille qui y est placée (propriétaire : le grand Serge Robert). Je demande au chasseur posté là haut de m’indiquer un autre chemin pour le retour, histoire de varier un peu. img_2944.JPGimg_2955.jpg« Par le vallon de l’Aubanède, tourner à droite après la citerne, dans le sentier qui descend. Mais c’est un peu plus long ». C’est parti ! Le sentier descend jusque dans le fond du vallon. Je surveille le GPS de façon à m’assurer que je rejoindrai la trace de départ. Je crapahute dans le lit de la rivière, pas toujours facile. Le retour semble long malgré les paysages variés mais l’intérêt réside dans la Provence verte, assurément beaucoup plus fraîche l’été. Je me perds dans les sous-bois, retrouve ma trace après avoir marché dans un sous-bois sableux. Forêt et sable siliceux sont les deux conditions pour l’installation d’une verrerie qui a fonctionné du XVIIème au XIXème siècle. Le noble Mathieu Queylar en était le propriétaire. Je rejoins les bords du canal où, à ma grande surprise, tout une famille de pêcheurs y a jeté sa ligne.

Finalement, j’ai fait une boucle de 10kmBoucle de 10 km

Les chasseurs, qui avaient récupéré un sanglier de 60kg dont j’ai suivi les traces sanguinolentes sur le sentier bleu, l’avaient déjà installé dans leur 4×4.

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Le vin « château de Roquefeuille » (Pourrières1) est en bien meilleure forme que le château médiéval du même nom : je vous le conseille avec un plateau de fromages de chèvre de Provence.

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1Pourrières = pourri ! La célèbre bataille remportée par le général Caïus Marïus contre les Teutons et Ambrons déferlent du Septentrion pour envahir Rome en 102 avant JC. Le nom de Pourrrières viendrait de champ pourri (campi putridi) en raison de l’abondance des ennemis tombés à terre… invention d’érudits du XVIIè, disent les archéologues qui pensent plutôt qu’il faut rechercher l’origine du nom dans la culture des poireaux (la description du lieu faite par un écrivain de l’époque ne correspondant pas à Pourrières)

Le pic de Bertagne, trois itinéraires


img_2627.JPGpic-bertagne-1900.pngN‘en déplaise aux amoureux de la Sainte-Victoire, le pic des mouches (1011m) n’est pas le point culminant du département des Bouches-du-Rhône. Pour atteindre le pic de Bertagne, dans le massif de la Sainte-Baume, j’ai emprunté trois sentiers différents, à trois moments différents. Le point de passage obligé côté nord est le monument en l’honneur des Excursionnistes Marseillais : ces conquerrants de la Provence nous ont laissé quelques photos du début du siècle ; la tenue des femmes de l’époque me fait sourire.

Attard-Maraninchi Marie-Françoise, Les photographies des Excursionnistes marseillais, témoignage d’une «conquête» de la Provence (1897-1914), Imageson.org, 17 juillet 2006

Télécharger les itinéraires vers le pic de Bertagne (1042m)

img_2658.JPGLa première fois, à partir du Cros, côté Plan d’Aups : chemin alternativement en sous-bois et dégagé. J’ai pu me régaler de mûres sauvages, peu caloriques, délicieuses (de la famille des fruits rouges et de la framboise, mais si ses petits grains sont violacés), et admiré le globe fleuri du thym. Le pic de Bertagne montre sa face calcaire verticale et inaccessible. Il faut d’abord passer le vallon du chemin de fer1 puis partir à l’assaut du pic de Bertagne en suivant les marques rouges. Mieux vaut ne pas y aller par temps de mistral ! un coup de vent lors d’un passage rocheux à grande enjambée, sur le sentier étroit et vous vous retrouvez quelques mètres plus bas.

img_3049.JPGimg_3048.JPGLa seconde fois par la grande baume sur la D2 : le sentier passe sous une grotte large et longue qui, à la tombée de la nuit, rend la traversée impressionnante. Des fouilles récentes prouvent qu’elle était habitée à l’âge du néolithique. Des randonneurs, lampe torche à la main, visite les recoins de la grotte.
img_3054.JPGJe descends jusqu’à la plus importante glacière (XVI ou XVIIIème siècle ?) de la région, construite sur un petit plateau sur lequel déjeunent de nombreux randonneurs. 17m de hauteur, 10m de diamètre. Une résurgence du Fauge alimentait des bassins aériens qui gelaient en hiver. On découpait alors la glace en gros blocs qu’on déposait dans le puits sur un lit de paille, jusqu’à l’été suivant ; on les remontait alors en charrette à dos de mulets, la nuit pour limiter la fonte des blocs. Enveloppés dans de la toile de jute, on les transportait  jusqu’à Marseille, Toulon ou Aix. Continuer la lecture de Le pic de Bertagne, trois itinéraires

*** En route vers la résurgence du Ragas


En route pour le Revest les Eaux (Var), la Suisse Varoise comme certains la surnomme. A 5km de Toulon. Ce village vient de fêter l’anniversaire de sa libération à la fin de la seconde guerre mondiale. Le vieux village, aux maisons de toits roses, se mire dans les eaux claires du Ragas dont les eaux sont retenues dans un lac aménagé. * Itinéraire vers le Ragas

Belles et grandes photos de Catherine dans son article sur le barrage de Dardennes, randonnée sur le tour du lac

img_2266.JPGEtant venue pour la résurgence (de type vauclusien), je rejoins le barrage des Dardennes et j’emprunte le GR51 près du panneau d’information sur les ponts du Colombier ; l’un d’eux, a été construit aux frais du propriétaire du moulin. Tous les habitants avaient le droit de l’utiliser pour traverser la rivière avec leurs bêtes, ou leur charrette, sans avoir à payer une quelconque redevance au sieur Artigues.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie et le vent

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La découverte du barrage (construit en 1912) et de ses eaux turquoises est une agréable surprise : un paysage de carte postale. Constater qu’il n’y a de l’eau que d’un côté du barrage en est une autre ! Je n’ai compris que plus tard en quoi il était différent : alimenté par 7 sources souterraines, il ne sert que de réservoir pour la commune de Toulon.

img_2273.JPGJe marche le long du lac. De nombreuses interdictions de se baigner jalonnent le parcours mais cela n’empêche pas les gens d’être dans l’eau. Je me pose la question du « pourquoi est-ce interdit ? » sans trouver de réponse satisfaisante puisqu’il ne peut y avoir de lâcher d’eau comme dans les barrages classiques. Pour rejoindre l’autre rive, je traverse d’anciennes restanques à sec en cette saison et sur lesquelles des cultures poussent encore de manière régulière. Je n’ai aucun mal à passer sur l’autre rive. Je vois l’embouchure du torrent à son arrivée dans le lac et par curiosité, j’y pénètre. D’énormes blocs de rochers, indisciplinés, rendent la marche quasi impossible ; c’est comme s’ils avaient été violemment bousculés jusqu’en bas.

img_2276.JPGLe chemin, de plus en plus étroit, m’offre sa fraicheur sous les arbres. Il n’y a plus personne désormais. Bientôt je me retrouve coincée, devant choisir entre un étroit chemin montant ou bien le cours du torrent. Je pressens que la découverte de la résurgence n’est pas loin. J’essaie le premier mais ne trouve pas le moyen de redescendre au pied de cette énorme falaise qui barre le passage. Je décide alors de remonter le lit du torrent. J’ai l’appareil photo dans la poche, pour être prête à capter un souvenir que je partagerai avec d’autres plus tard. Malheureusement, durant cette expédition où j’utilise les mains et fais le grand écart sur les blocs rocheux, je le cogne contre un rocher. Le boîtier en gardera une trace extérieure et le viseur une feuille d’arbuste à l’intérieur. Après quelques mètres pénibles, je lève les yeux : une vieille passerelle métallique traverse la rivière ; une énorme ouverture dans le rocher me prévient que la résurgence est là. Sera-t-elle impressionnante malgré l’absence d’eau ?

Ce syphon, visité par les plongeurs, est profond de 117m ; celui de Fontaine de Vaucluse img_2277.JPGest de 315m (le 3ème au monde pour sa profondeur).

Edouard Martel qui en a fait la première description en 1894, écrit : « … sa superbe entrée s’ouvre verticale et triangulaire (haute de 10 à 15m et large de 5 à 10m) dans une pittoresque falaise. Elle domine de 40m la source ordinaire de la Dardennes.[…] Il arrivait parfois qu’après de grandes pluies, l’eau souterraine, ne trouvant pas d’épanchement suffisant par la source, s’élevait jusqu’à la gueule du gouffre et s’en échappait en torrent furieux. Profitant de cette disposition, la municipalité de Toulon a fait creuser vers 1879 un tunnel horizontal qui va drainer la rivière souterraine. »

ragas3.jpgSi vous regardez les strates redressées presque à la verticale, vous constaterez que c’est dans le joint de deux strates que l’eau a foré cette cheminée. Je m’approche de l’ouverture : la forme en ogive du fond et les restes de branches encastrés, témoignent de la puissance des eaux hivernales. …puis comme elle franchit la grille, elle s’épand soudain au dehors en un tumulte d’écume et un fracas véritablement impressionnant. Zigzags dans le Var, j. henseling, 1947, pages 39-43. Vous ne la verrez ainsi qu’une ou deux fois par an. En attendant, regardez les très belles photos du blog de Fouchepate dont une prise en janvier 2006…

Ne manquez pas le film sur le système du Ragas extrait du film “L’eau de là” (France 2), réalisé par Philippe Maurel qui m’a aimablement communiqué l’adresse de la vidéo prise lors des crues de janvier 1999. Les crues de la Reppe font l’objet d’un autre reportage filmé http://www.aiga.name/news-janvier.htm.

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