La crête de Lure en passant par le cairn 2000


IMG_0334.jpgNous réitérons sur une grande partie du parcours que nous avions parcouru en mai 2009… sous la neige (voir la crête de Lure jusqu’au cairn 2000). La particularité de cette crête c’est qu’à plusieurs endroits, le panorama est à 360° d’un côté sur le Jabron, de l’autre sur la Durance : on devine même les pénitents des Mées.
Mes acolytes commencent, bien sûr, par la toute nouvelle cache MONTAGNE DE LURE. PANORAMA A DEGRES placée par thierry9076 au pas de la Graille, col qui relie l’adret à l’ubac de la montagne. Les deux faces de la montagne sont fortement contrastées : l’ubac descend abruptement vers le Jabron tandis que l’adret s’étend en pentes douces avec pelouses exposées au vent et forêts. La montagne de Lure, site paca écologie.

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Par le GR6, nous longeons la crête jusqu’au cairn 2000, monument de pierre sèche élevé en l’honneur des randonneurs. Nous recherchons la pierre ‘Geocacheurs de Provence’ que nous avions laissée l’an dernier mais elle n’y est plus ; d’autres  posées au sol ou coincées entre deux pierres, l’ont remplacée : un morceau de mosaïque, une pierre peinte de couleurs vives, un message écrit sur la pierre, un collage de pierres volcaniques, une casquette oubliée, etc. Ceux qui viennent jusqu’ici ont manifestement prévu de déposer leur pierre à l’édifice.

GC2EMJX Le Cairn 2000 (la centième) par estoublon

IMG_0366.jpgNous traversons un pierrer très blanc « en assiettes cassées » qui sonnent clair sous les pas. Des petites constructions de pierre sèche ponctuellement jalonnent le sentier. Sur la crête, face à la vallée du Vançon et au bois de la Fayée, nous prenons notre pique-nique. Ti’Mars… improvise une table en empruntant aux petites coccinelles (6 ou 7 points sur les élytres, pas de tache blanche sur la tête) une pierre plate sous laquelle elles étaient nichées bien à l’abri. Service régional de l’alimentation de Normandie.

Sa morphologie est stable et n’évolue plus : le nombre de points est prédéterminé à la sortie de l’oeuf. Ils nous servent bien souvent à identifier les différentes espèces de coccinelles

Nous essayons d’identifier les villages (oui, là bas, c’est bien Sisteron), la crête étroite à l’est qui s’enroule autour d’un vaste cirque. Progressivement nous descendons par le pas de la Croix sans aller jusqu’au pas de Richaud : il faudra bien remonter car estoublon a quelques nouvelles caches à placer.

Panoramique depuis la crête de la montagne de Lure (auteur : Ti'Mars...)

Au retour, Ti’Mars… tente de remettre en place le panneau du conseil général tombé au sol ; nous passons à côté d’une prairie aux taches qui brillent au soleil : ce sont des chardons argentés. Nous arrêtons au GC2EMFD Signal de Lure par estoublon ; randonneurs, VTTistes ou simples promeneurs, grimpent tous là haut près des antennes. Un arrêt à la fenêtre de la montagne de Lure provoque un attroupement similaire. GC2EMN0 Montagne de Lure : la fenêtre, estoublon. Non loin de la station de ski, il reste à trouver GC2CMJY MONTAGNE DE LURE. ETOILES, CIEL PUR ET RANDONNEES par thierry9076.

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En redescendant vers Saint-Etienne les Orgues, nous nous arrêtons à l’église Notre Dame de Lure. Devant l’ermitage, des panneaux solaires ont été installés dans le jardin largement fleuri et cultivé. Sur le parvis, autrefois parlaient les invités et les membres de la communauté à l’ombre des tilleuls centenaires. J’entre dans l’espace d’accueil des hôtes où sont exposés l’histoire de l’abbaye et les travaux en cours.  Puis je traverse l’espace des frères convers qui entraient par une petite porte sur la droite. Après le choeur des moines, c’est le transept, lieu de passage. De chaque côté, près de la statue de Saint-Eutrope et Saint-Benoit étaient célébrées les messes privées. Je remarque les fresques peintes au XIXè qui ne m’avaient pas frappée lors de ma première visite. Impossible ensuite de rater la cache de la Montagne de Lure : abbaye Notre Dame de Lure, par Serge Robert, qui donnera un peu de fil à retordre à Ti’Mars… et estoublon.

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La crête de Lure Pas de la Graille, 8km300 A/R, 2h40 dépl. 155m de dénivelée. La randonnée la plus longue partirait de la station de ski pour rejoindre le village de Peipin. Mais réservée aux sportifs.

En bordure du parc des Ecrins : le lac de la Douche à partir du Casset


Hautes-Alpes : temps idéal pour randonner en été mais que de monde sur ce petit itinéraire menant au lac de la Douche en bordure du parc national des Ecrins ! c’est manifestement le parcours classique et touristique permettant de découvrir un petit lac laiteux après avoir longé l’impétueux Petit Tabuc. Vous pouvez partir du village du Casset – avant ou après un déjeuner chez Finette (pas de site, coordonnées seulement), avant ou après la cache GC112W4 Guisane – le Casset de biboux – ou du pont du Clot du gué (1567 m) ; le Casset est un des hameaux de la commune du Monêtier les Bains.

Sauvetage (illustré) d’un chamois au lac de la Douche en février 2009

IMG_5476.JPGIMG_0017.jpgNous traversons le pont sur le torrent du Petit Tabuc qui se jette dans la Guisane qui elle-même se jette dans la Durance ; il nous faut partager le GR 54 (tour de l’Oisans et des Ecrins) avec quelques cavaliers. La montée se fait en douceur en forêt de mélèzes mais sur un terrain un peu accidenté par pierres et racines.  Plus loin, au niveau du Grand Pré (1683m) et de l’aire de pique-nique, nous traversons la passerelle sur le torrent du glacier du Casset qui vient alimenter sur notre gauche,  le Petit Tabuc.

Le commerce direct de la glace naturelle du glacier : au XIXè siècle, avant l’avènement du réfrigérateur, de mai à septembre, des blocs de glace de ce glacier étaient dégagés par explosion, transportés par mulet (plus tard par téléphérique) jusqu’au pont du Clot du Gué,  où ils étaient découpés en blocs réguliers de 50cm de côté [j’évalue un bloc à 114kg environ, ce qui semble compatible avec ce que pouvait porter un mulet], puis charroyés jusqu’au pont du Casset ; protégés par de la sciure et des branchages, ils étaient alors transportés sur d’importants attelages jusqu’à la gare de Briançon d’où ils rejoignaient en train Marseille et la Provence. Voir le site des Amis du Casset. Au début du XXè siècle, à la Roche des Arnauds, la glace sera fabriquée artificiellement, stockée en hiver et conservée dans des glacières comme dans le sud de la Provence. Voir l’article *** Circuit de la glace dans le Var dans ce blog

La glace naturelle […] persiste assez longtemps sur les marchés face à la glace artificielle produit de l’usine malgré la nette différence de prix (la première se vend 6 à 11 centimes le kg en 1900 à Paris contre 1 centime pour la deuxième ». Extrait de L’artisanat de la glace en Méditerranée occidentale, Ada Acovitsioti-Hameau, supplément au cahier de l’ASER, 2001

glacie du Casset (photo empruntée au site alpes-photos.com)Selon une étude de Gilles Garrite et Philippe Lahousse, le glacier du Casset réagit très vite aux fluctuations climatiques depuis 150 ans. Vers 1925, le front2 du glacier se situe  à 1970m ; à partir de cette date, c’est une longue période de recul. En 1952, l’IGN mesure le front à 2430m, en 1970 à 2450m : c’est un abrupt de glace très instable d’où se détache des pans entiers. Vers 1940-1950, les températures hivernales augmentent et les précipitations diminuent fortement : c’est à ce moment que le glacier se partage en deux branches. « En annonçant un réchauffement drastique du climat au cours des cent prochaines années, les scientifiques laissent planer une véritable menace sur les glaces terrestres ».

Chronique d’une catastrophe annoncée (1985)

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** En suivant le canal de Manosque de la Brillanne à Ganagobie


Une randonnée inédite, mélange d’une idée de Bob_13/estoublon et d’une idée personnelle. Comme il fait chaud, j’ai privilégié l’absence de dénivelée et une randonnée moins longue qu’habituellement :  le canal de Manosque, ce vieux canal d’irrigation de 57km qui relie Corbières à Chateau Arnoux ; il distribue de l’eau brute pour l’irrigation agricole, mais aussi l’arrosage des jardins, l’alimentation des fontaines et des bassins communaux, sur environ 2600 hectares (La Provence, 24 juillet 2009). Nous laissons un véhicule près du célèbre pont romain puis revenons à la Brillanne où commence la randonnée ; la seconde partie se fera donc en forêt, au moment le plus chaud.

IMG_0005.jpgIMG_0008.jpgDébut : le PR balisé de jaune qui fait le tour de la Brillanne ; il commence d’abord le long d’une route puis s’enfonce en forêt, longeant le Lauzon qui offre, après le siphon1, quelques jolis coins de baignade vraiment tranquilles dans une eau blanchâtre, sans doute due aux carrières de craie.

Le canal de Manosque :

  • La loi du 07 juillet 1881 a déclaré d’utilité publique la construction du canal de Manosque.
  • L’acquisition des terrains et les travaux ont été exécutés par l’Etat entre 1881 et 1926.
  • L’Association Syndicale du Canal de Manosque, chargée de l’administration, de l’exploitation, de l’entretien, des travaux et de la perception des taxes, a été créée par le décret du 08 décembre 1892. Le canal de Manosque lui a été remis définitivement en 1926.
  • En 1977, l’entretien et l’exploitation du canal de Manosque sont remis en affermage à la Société du Canal de Provence.
  • En 2004, lancement de l’élaboration d’un Contrat de Canal

IMG_0015.jpgIMG_0016.jpgPrès du canal, nous croisons un employé chargé de son entretien ; nous l’interrogeons sur la possibilité de le longer jusqu’au pont romain. Il nous assure que cela est possible, et même au delà. Les berges du canal sont fleuries et les papillons décorent les tapis d’herbes de minuscules motifs mobiles et colorés ; la présence de l’eau est rafraichissante. A partir de maintenant, nous essaierons de suivre le canal jusqu’au bout. Nous rencontrerons cependant un obstacle de taille…

IMG_0029.jpgLe canal zigzague maintenant le long des champs d’oliviers : nous veillons à bien suivre les berges pour ne pas empiéter sur les propriétés privées ; à l’approche de la route, le canal disparait dessous, nous le retrouvons de l’autre côté après une petite grimpette. Au milieu de la vieille route, nous apercevons d’anciens clous  de chaussée qui séparaient autrefois les deux voies. Nous sommes maintenant au pied du village de Lurs, dans le quartier de Giropey où le célèbre Gaston Dominici emmenait ses chèvres. C’est d’ailleurs en revenant de ce quartier qu’il apprit l’assassinat des Drummond par sa femme Marie et sa belle-fille Yvette. Extrait du site Gaston Dominici innocent.

IMG_0035.jpgIMG_0031.jpgLes berges sont maintenant faciles à suivre ; de temps à autre, il faut marcher sur un mur étroit avec à gauche de l’eau et à droite un petit ravin. Un peu plus loin, le canal reconstruit s’éloigne du pont à parapet unique – ancien canal désaffecté qui nous permettra de traverser le ravin. Le garde-corps pour le passage des aigadiers – gardes du canal – est souvent en assez bon état. Une ancienne roue à aube est encore fixée sur le canal, vestige des premières tentatives de pompage pour monter l’eau vers des terres au dessus du niveau du canal. Le courant entraînait les pales de la roue. IMG_0033.jpgDes godets déversaient l’eau dans un réservoir surélevé, sans doute posé près du canal. A l’époque du cadastre napoléonien, cette zone était partagée, de chaque côté du canal, en parcelles de largeur identique appelées les îles de Giropey ou les îles de Peyredul. Des ponts permettent encore d’accéder sur l’autre rive.  Qu’y avait-il au delà ? des cultures ? de l’élevage ?

En septembre 1942 le mur amont du pont de Giropey s’effondre sur toute sa longueur ; il doit être réparé en catastrophe en déviant les eaux dans une bâche en bois de 30m, réalisée en 4 jours seulement ! le canal de Manosque, de son invention à ses nouveaux enjeux, C Chapuis, A de Réparaz, C Martel, H Pignoly, Alpes de Lumière, 2012

IMG_4967.JPGIMG_4966.JPGNous continuons à suivre les berges qui sont maintenant en terre ; ce sont de grosses bosses qu’il nous faut maintenant franchir, parfois envahies par la végétation ; nous sommes de plus en plus souvent à l’ombre, ce qui la rend la balade fort agréable. Au niveau de la gare de Lurs, un wagonnet rouillé termine sa vie de l’autre côté du canal. J’ai cherché bien longtemps comment il avait pu arriver là et à quoi il servait. Mon hypothèse est que ce wagonnet faisait partie du chemin de fer aérien reliant la mine de Sigonce à la gare de Lurs.

Le 20 mars 1927, le conseil municipal donne un avis favorable pour le projet de création, par la société des mines, d’un chemin de fer aérien reliant la mine de Sigonce à la gare de Lurs afin de pouvoir déverser le charbon directement dans les wagons SNCF.  Suite à la guerre de 1914-1918, l’Allemagne avait une dette de guerre à honorer. C’est ainsi que les allemands construisent les 26 pylônes qui seront nécessaires à cette installation, et les mettent en place entre Sigonce et Lurs, aidés de techniciens français. La ligne a une double longueur de 5726 mètres. Au départ, 110 wagonnets contenant 180 kg de charbon seront pincés à un monocâble. Finalement, après usage, ce seront 94 wagonnets qui feront la navette Sigonce-Lurs en 42 minutes. Extrait du site Sigonce, la mine de lignite

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