Avec Claude à la manœuvre, on sort forcément des sentiers battus : du hors balisage, des raccourcis dans la garrigue basse où l’on circule à vue assez aisément. Nous sommes trois filles pas très sportives, et notre guide.
Dès le départ, la tour carrée du château d’Esparron émerge du village ; la piste est facile, bordée d’argeiras, à la floraison précoce. Les touffes de lavande grisâtres bien alignées n’ont pas encore pris leur couleur d’été.
Sur le sentier caillouteux, coincées entre les cailloux, de jolies fleurs jaunes parviennent à pousser : du lin jaune reconnaissables à ses fines nervures.
Claude tente une descente vers le ravin d’Albiosc au sud en mode sanglier puis se ravise pour un sentier plus facile… qui nous mène à la propriété privée de la Colle. Face à l’issue incertaine, nous préférons sagement continuer sur la piste balisée et faire un grand détour par l’Est.
Arrivés au camping de la Baume par le petit pont de bois, nous le traversons en suivant le ravin à courte distance. Au fond du terrain, on se trouve un petit coin tranquille dans un champ pour le repas. Claude régale avec sa boisson préférée…
Nous longeons le ruisseau sous les arbres, en petites montées et descentes ; pour raccourcir le trajet, il faut traverser le ruisseau à gué mais il y a pas mal d’eau : soit on traverse à pieds nus, soit on trouve un endroit plus facile. Claude qui a de grandes jambes, se retrouve rapidement sur l’autre rive après avoir vaincu les lianes épineuses ; pour les petites jambes c’est plus problématique. Julie, elle, choisit l’option d’enlever ses chaussures. Puis, à travers champs, au feeling, nous récupérons la piste ; en haut du talus, une croix de bois plantée sur la D82 nous sert de point de repère.
Et comme Claude n’aime pas les pistes balisées, c’est à travers la garrigue que nous allons rejoindre la Bastide Neuve, non grillagée, sans panneau d’interdiction à l’attention des promeneurs. Du coup, j’ai bien l’impression que nous traversons involontairement leur propriété en passant non loin de la pierre tombale de la grand-mère…
La traversée du bois est bien agréable à l’ombre. Au carrefour de la carraire de la Séouve1, Claude nous promet qu’il n’y aura plus de mauvaise surprise, plus de grosse montée ; nous longeons d’abord un champ mais il faut bien rejoindre le seuil du plateau, le Sui2 ; après le repas, toujours plus difficile de monter !
Qui pourrait imaginer que sur ce plateau désert, aux bois de feuillus abandonnés, on y cultivait et on y gardait les moutons ? Il y avait même la porcherie du sanglier, un élevage de porcs dont la toponymie a gardé le souvenir (Jas des Porcs). Nous coupons le sentier balisé à la carraire à partir duquel nous allons suivre un tout petit bout du sentier botanique. Les vestiges de murs de pierre sèche aux Sambres3 signalent probablement l’ancienne bergerie de Grand Jeaume.
Depuis les Grandes Plaines, on voit un bout du lac : c’est ce que nous voulions, donc point besoin de se s’en rapprocher davantage.
A l’approche du village, nous retrouvons la voie de transhumance des troupeaux d’Arles que l’on pourrait suivre jusqu’au pont coupé qui traversait le Verdon et sous l’eau depuis qu’existe le lac d’Esparron (1967). Sur la carte IGN de 1950 ce pont y figure encore.
Du village perché, la tour du château datée du XIIIe semble le protéger. Nous empruntons la belle allée qui mène au château. Dans le champ, une chèvre se gratte la tête contre un arbre.
La fontaine accolée au château servait à la fois au seigneur du lieu et aux villageois. Un buffet classique ajouté au XVIIIe tour décore l’entrée du château. Le lavoir plus simple est un peu à l’écart du château pour la tranquillité des lavandières… et du châtelain. Mais ce qui est impressionnant ce sont les remparts que l’on voit bien de la route ; tout le quartier de Vière est en cours de réhabilitation.
Après ce long périple, rien de tel qu’une bonne bière à la terrasse du café !
Au choix : un itinéraire aménageable en hors piste principalement (descendre dans la garrigue à l’ouest de la Colle jusqu’au ravin semble possible) ou un itinéraire sur route et piste totalement, moyennant de passer à côté du camping et suivre le balisage le long de la Bastide Neuve. Une autre randonnée classique à Esparron : de la Séouve à la chapelle Sainte-Madeleine.
Image de l’itinéraire 15km600 4h50 déplacement (7h45 au total), 162m dénivelée (+419, -419)
1séouve ou séuve ou céouve : forêt au moyen-âge
2Suy suei : seuil – plat, d’où plateau
3sambres : de sambro, cavité dans la roche où se conserve l’eau de pluie, abreuvoir pour les animaux sauvages (source : parc naturel régional du Verdon)
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