Balade non loin d’Aix-en-Provence pour découvrir un environnement contrasté. Nous allons partir près d’un des ‘nouveaux’ ponts de la ligne de chemin de fer Aix-en-Provence-Marseille mise en double voie (3,5 km) entre Gardanne et Aix-en-Provence depuis plusieurs mois ; les travaux ne seront pas terminés avant 2021. Accompagnée du chien Tatooine et de ses maîtres, je cherche à finaliser un circuit à présenter aux copines de randonnée.
La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie
Les ponts actuels, en vérité, ont été doublés d’un deuxième pont en béton juxtaposé à celui en pierre. Le premier a été couvert d’un parement esthétiquement réussi. Nous longeons la voie ferrée dans le sens Aix-Gardanne sur un sentier en sous-bois ; à droite après le pont, une annexe du site de Mange-Garri d’Alteo (Alteo produit de l’alumine à partir de la bauxite) avec son panneau d’information site classé laissant sous-entendre un danger potentiel : est-ce lieu de stockage de l’ammoniac ? Lire dans ce blog Boucle autour de Mange Garri.
Nous passons sous le pont du vallon d’Encorse ; par curiosité, un jour de janvier, j’avais grimpé le talus et vu passer un train d’une trentaine de wagons, venant de Fos et transportant la bauxite jusqu’à l’usine de Gardanne.
La bauxite arrive par bateau au terminal minéralier de Fos sur mer […] Le déchargement d’un bateau nécessite une escale de 6 à 10 jours). […] La totalité de bauxite est acheminée en train, sauf en cas de défaillance du transporteur.
[…] La production annuelle se décline de la manière suivante :
- 132 000 tonnes partent en vrac par la mer (l’acheminement se fait en camion).
- 42 000 tonnes sont conditionnées en conteneur et expédié par la route.
- 36 000 tonnes (soit 3 000 tonnes par mois) sont expédiées en train à Sélestat (en citerne).
- 26 000 tonnes sont expédiées en train à Caudiès (dans les Pyrénées Orientales, en passant par Miramas et Rivesaltes).
Tout le reste est acheminé par la route. Mis à part les expéditions en train (ce qui représente une part modale de près de 13% parmi les volumes de production), tout est acheminé par la route durant les jours ouvrés. Selon l’étude DOSSIER D’ENQUETE PRÉALABLE À LA DÉCLARATION D’UTILITÉ PUBLIQUE Décembre 2016
Nous quittons la belle piste pour se rapprocher de la ligne de chemin de fer après la galerie des quatre tours qui a été démolie (voir photos avant et après sur le site de l’inventaire ferroviaire français) ; trois tranchées rocheuses ont été excavées pour pouvoir doubler la voie ferrée par des opérations de microminage. D’importants filets de protection ont été scellés le long de la voie. C’est ici, dans un passage finement caillouteux, que je me suis fait une entorse au pied droit… ce qui ne m’a pas empêché de continuer.
Nous repassons sous la voie dans un sens puis dans l’autre, longeons la voie ferrée ; les anciennes traverses de chemin de fer en chêne, traitées, réputées imputrescibles et ininflammables, ont été abandonnées le long du sentier.
Julien nous indique au loin le moulin perché sur la colline du Cativel, au nombre de trois par le passé. Le roy René montait sur le Cativel pour voir le départ de la chasse et en suivre les péripéties sur toute l’étendue de son territoire. Des photos sur le site moulins-a-vent.net
Derrière la table d’orientation, le premier moulin restauré porte la date gravée de 1567. Sur le second moulin a été érigée en 1894 une croix de métal réplique de celle qui domine la montagne Sainte-Victoire. Ville de Gardanne
Après un court parcours dans le petit bois, nous retrouvons le chemin bitumé de la Crémade. Le portail du terrain de sport étant ouvert, nous le traversons pour retrouver le GR 2013 le long du vallat de Cauvet. Bordé d’habitations, il offre cependant un bel espace campagnard avec de nombreuses norias. A la station d’épuration, nous traversons la plaine puis remontons le long du grillage du lycée agricole. Derrière l’espace rural occupé par un troupeau de chèvres, les deux grosses cheminées de la centrale thermique de Gardanne et à gauche, rude contraste, le plateau du Cengle au pied de Sainte-Victoire.
De là nous repérons les norias qui autrefois permettaient l’irrigation (environ 4 m de hauteur et 6 m de profondeur). La Ville a procédé à la réhabilitation de l’’une d’entre elles, à vocation pédagogique, avenue de Mimet, dans le cadre d’un programme immobilier. Il y a plus d’un siècle, ce mécanisme ingénieux ayant supplanté le puits, permettait l’irrigation des champs grâce à la force d’entraînement d’un cheval ou d’un mulet.
En lieu et place de l’unique seau remonté à la main par une chaîne ou une corde, la noria permet de multiplier les quantités d’eau recueillie grâce à une chaîne sans fin munie de plusieurs ‘godets’ et fixée à un mécanisme entraîné par un cheval ou un mulet. À Gardanne comme partout dans les environs, l’exploitation des nappes phréatiques pour arroser les champs a stoppé avec le raccordement des réseaux au Canal de Provence.
Dans le cadre d’un programme immobilier en cours de réalisation sur l’avenue de Mimet, la mairie a donc pu acquérir l’une des dernières norias.
[…] Sur sa chaîne, dont ne subsiste aucun godet d’origine, 12 (d’une capacité de 5 litres chacun) y seront fixés. C’est moins que les 48 qu’elle comptait, mais ce sera bien assez pour expliquer le mécanisme aux enfants ! Selon la Marseillaise du 27/12/2017
En bas de la courte descente rocheuse, nous retrouvons la Luynes, cette rivière affluent de l’Arc dont la qualité de l’eau est jugée médiocre par les pêcheurs et par l’étude d’impact [qui] mentionne des pollutions de la Luynes par les polychlorobiphényles (PCB), non liées au stockage des résidus de l’usine. L’état de la rivière est considéré comme mauvais au niveau d’Aix-en-Provence, avec en particulier des pollutions par le cuivre, qui ne proviennent pas non plus de l’usine Alteo. Selon l’avis délibéré de l’autorité environnementale.
Une mare écologique a été aménagée avec un système de compensation automatique du niveau d’eau : pourtant elle est à sec. L’arbre qui en barrait le passage suite à la dernière tempête a été enlevé ; ainsi nous passons devant la Bastide des quatre tours (fin XVIe), que n’a jamais connu le roi René. Mais il venait de temps en temps à Gardanne pour chasser les oiseaux des étangs, ou le petit gibier d’où, peut-être, ce nom de pavillon de chasse du Roy René, donné par le ministère de l’agriculture lorsqu’il reprit en charge le domaine en 1938.
Une passerelle métallique permet de traverser la rivière au niveau du seuil et longe la paroi rocheuse au-dessus de laquelle passe le train. Quand il a plu, cette zone transpire l’humidité.
Un itinéraire facile dans lequel la modernité voisine le monde rural, avec alternance de sentiers, petites routes calmes, à découvert dans la plaine ou en sous-bois. Gardanne peut être réhabilitée : ce n’est pas que les boues rouges ou la plus haute cheminée de France… Cézanne y a vécu et l’a peinte.
Image de l’itinéraire 7km600, 2h de déplacement (2h30 au total), 136 m dénivelée (+145, -145). Pour une randonnée d’une journée, juste avant d’entrer dans le parc du Pavillon de chasse, il suffit de poursuivre sur le GR2013 puis suivre le tracé balisé le mur de Gueydan (ajouter 3km700 environ, tracé rouge foncé sur la carte)
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