*** Le sentier de l’Imbut, sortie par le Vidal


Yves avait pourtant envoyé plusieurs avertissements : le sentier de l’Imbut1, c’est une rando technique, difficile, réservée aux adultes et enfants de plus de 10 ans, en bonne santé physique, sans chien, fortement déconseillée par l’office du tourisme. Randonnant chaque semaine, l’ayant déjà parcouru en février 2009 (lire dans ce blog le sentier de l’Imbut) sur sa presque totalité, j’étais persuadée que je pouvais y arriver. Ce fut bien plus difficile que je ne l’imaginais… Je n’oublierai pas le sentier Vidal sur paroi verticale, pas à cause du vertige, mais parce qu’il est très physique… Deux jours plus tard, au réveil, j’ai toujours mal partout : aux genoux, aux épaules, aux cuisses.

A noter : le diaporama du sentier de l’Imbut (paysages) sur PhotoPeach (id=7jdog1) n’est plus accessible.

Départ sur le parking sous l’auberge des Cavaliers. La descente de la falaise du même nom annonce la suite : ce sera un parcours qui méritera une attention de tous les instants. La petite échelle en descente n’est qu’une formalité. Peu avant d’arriver à la plage au bord du Verdon, Liberty04 se blesse au genou avec un tronc d’arbre coupé au sol ; nous la soignons et courageusement, elle décide de continuer la rando.

dyna et ses cavaliersemmach et cameleonds

IMG_0076La grande baume, tout en contours arrondis, attire les curieux ; une simple planche de bois et voilà les plus hardis hissés sur le palier supérieur.

Lorsque nous croisons la stèle rappelant la mort de Maïlys, 19 ans, une des participantes nous raconte les circonstances de son décès ; sans doute a-t-elle récupéré l’information d’une autre personne. Non, elle n’était pas en balade avec son lycée ; non il n’y a pas eu de lâcher d’eau par l’EDF. Alors comment cela s’est-il passé ? ayant recherché les circonstances de l’accident à la source, je m’aperçois qu’il s’agit d’une rumeur, information déformée comme souvent quand on n’est pas directement concerné par l’événement.

septembre 2013, Mort de Maïlys, 19 ans
Le dernier jour, avant de plier bagages, ils [Maïlys et son fiancé] avaient décidé […] de traverser la passerelle de l’Estellié pour chercher un endroit où piquer une tête. « Le Verdon était bas, avec un débit de 1,5 m3 d’eau selon EDF. La profondeur était faible, 1,50 m au plus.
[…] Maïlys décide de longer les rochers côté sortie d’eau.
Son copain l’a vue subitement disparaître sous ses yeux. En fait, elle s’est coincé le pied au fond, entre deux rochers. Elle a alors perdu l’équilibre et est tombée dans le déversoir, là où le flux augmente et où le phénomène de siphon s’accentue. […]

Rosnow explique que dans des contextes indéfinis, si les gens ne parviennent pas à comprendre individuellement les faits, ils se mettent à discuter et évaluer des hypothèses informelles, collectivement. Extrait de cairn.info

Ce qu’il faut retenir c’est que le danger est là même parfois pour des sportifs aguerris.

Le vieux cadeNous avons tous passé les passages techniques du sentier de l’Imbut, un par un, sans grande difficulté pour qui n’a pas le vertige et ne minimise pas le risque : des passages rocheux à passer en montée ou descente, souvent par appui des mains, des rochers brillants élimés par le passage répété des randonneurs, des racines d’arbres ou troncs coupés, des mains courantes parfois un peu trop souples ou trop courtes.

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** Saint-Michel l’Observatoire par les Craux sur le chemin de la pierre sèche


Voilà une randonnée que j’ai faite deux fois en 2010, en changeant de sens, et je n’ai pas vu les mêmes choses ! la troisième en 2015 avec quelques membres de la communauté d’OVS et Yves Provence qui a inclus deux variantes : le village de Lincel et le moulin de Saint-Michel, variantes précédées dans le texte des mots variante 2015 ; en 2010, estoublon avait préparé la visite en effectuant des recherches dans différentes sources dont le livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009. De plus trois rencontres fortuites avaient renforcé l’intérêt des découvertes.
Le chemin est balisé jaune tout le long. Nous sommes partis du village, le livre propose un départ de la maison du potier sur la N100 (aujourd’hui D4100).

Les curiosités géolocalisées sur une carte googlemap

La ferme du Claus typiquement provençale avec son pigeonnier central incorporé à l’habitation, Ferme du Clauss’individualise néanmoins avec ses ouvertures entourées de céramiques colorées et son bâtiment surélevé. Nous suivons le PR jaune bien balisé jusqu’au hameau de la Combette autrefois cultivé.

Le puitsLe puitsUn peu d’avant y arriver, voici un puits de pierres sèches restauré ; sa voûte pointue a été remontée avec des pierres récupérées lors de la précédente construction ; une belle poutre de bois sert de linteau tandis que la margelle n’est autre qu’une large pierre plate bien choisie ; nous arrivons au hameau ruiné mais partiellement restauré.

Le lavoirLe lavoirLa Grande Fontaine, point d’eau du hameau, fut sans doute un lieu de rencontre sociale ; elle compte une source, un réservoir, un lavoir avec plusieurs bassins ; l’eau sourd toujours de la barre rocheuse et la mousse a envahi le lavoir.

cornouillesSur le chemin vers Lincel, un ovésien (inscrit sur le forum OnVaSortir) féru de botanique nous présente les cornouilles, fruits du cornouiller mâle, que nous trouvons légèrement acidulées : ce sont des drupes rouges, de la taille et la forme d’une olive, qui entrent dans la préparation de marmelades ou confitures.

Panneau du chemin de CompostelleNous remontons vers Lincel par le sentier muletier soutenu par un haut mur de pierre sèche mais nous ne trouverons aucune des bornes annoncées dans le livre de Florence Dominique.

Variante 2015 : La muraille du châteauNous montons dans le vieux village par une calade puis une ruelle étroite coincée par la muraille du château et les maisons ; Le guetteur de Lincelle château, maintes fois démoli et reconstruit, appartient à un propriétaire privé ; sur le mur, un écusson de la Provence à peine visible derrière les arbres ; le guetteur de Lincel au coin d’une ruelle à angle droit, se présente en armure à nos yeux étonnés, puis un autre à l’entrée d’une maison. Issus de la fête de la récupération, ils ont été une seconde fois récupérés par les habitants pour le bonheur des visiteurs.
L'église de LincelVue générale sur LIncelL’église romane Sainte-Madeleine du XIIIè au toit de lauzes, a conservé son ordonnancement d’origine en croix latine.
Avant de repartir nous jetons un coup d’œil sur ce que nous aurions classé volontiers « plus beau village de France » s’il n’y avait eu ces câbles disgracieux en tous sens. Si vous avez emprunté cette variante, prenez la route ; quelques centaines de mètres plus loin, vous retrouverez le parcours balisé de jaune.

Nous tournons à épingle à cheveu (attention de ne pas rater le sentier sur la gauche) ; le sentier descend doucement jusqu’à la route goudronnée. Nous avons bien failli raté l’étroit sentier du sentier de Compostelle qui nous évite de marcher sur la route.

Le potierNous traversons la N100 (D4100) pour rejoindre la maison du potier d’art Guillaume Common (il fabrique de drôles de lampes-champignons…) qui porte l’inscription la Bégude1 : ancienne ferme, peut-être relais postal, on s’y arrêtait pour se désaltérer. Situé sur la voie romaine, ce lieu a pu recevoir également des voyageurs à cette époque. Suivons le sentier du gué balisé.

le gué du ReculonDu gué du Reculon, découvert en 1961  par Pierre Martin et étudié par Guy Barruol, il ne reste que l’arête formée de 22 gros blocs de calcaire en gros appareil. En se penchant un peu, on peut voir le mur de soutènement en forme de barrage-voûte pour résister à la pression de l’eau et de la terre. Sa taille a été évaluée à 25m de long et 6 à 7m de large. La chaussée est totalement sous terre et c’est tout ce que vous pourrez en voir. Pierre Coste suppose qu’il y avait là autrefois un gué romain mais celui-ci daterait plutôt du XVIIIe.

Via Domitia – le gué du Reculon, YvesProvence

FossileAu milieu du sentier, un gros bloc rocheux s’est détaché de la paroi. Un fossile de pecten y est bien visible. Alors que nous en cherchons d’autres dans « la partie inférieure litée lors de la sédimentation par les mouvements des chenaux marins » sous la barre rocheuse, un homme nous interpelle. C’est un jacquet retraité qui parcourt le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Comment en viendra-t-il là ? toujours est-il qu’il déballe son sac à dos et nous explique que chaque objet est étudié et pesé de façon à ce que l’ensemble soit le plus léger possible. Il nous montre la lame de couteau de quelques grammes, collée à chaud avec de l’araldite dans un petit morceau de bois, le porte-feuille fait main dans une pochette plastique, le fil de métal servant de scie, le matelas mousse, les polaires dont le poids n’excède pas 250g chacune, le sac à dos ultra léger qu’il tient d’un seul doigt. Il nous montre son carnet de  voyages dans lequel il a dessiné les monuments ou paysages visités en chemin. Finalement, le plus lourd sera son guide de randonnée. Il termine en nous conseillant d’aller à Carniol où les fossiles se trouveraient sans même les chercher.

Le chemin de Saint-Jacques dans les Alpes de Haute Provence

Mur de soutènementUn amas de pierres longent la voie jusque dans le fossé. Nous descendons sur les pierres particulièrement instables. Le mur de soutènement est extrêmement haut (4m de hauteur) mais sa fragilité est manifeste : de chaque côté, il s’est écroulé ; il s’oriente sur la droite, le long de la barre rocheuse. Sans doute les pèlerins rejoignaient-ils l’hospitalité d’Ardène par ce sentier arrivant par derrière le prieuré d’Ardène.

CèdresNous, nous arriverons par devant. De très grands cèdres du Liban cachent l’immense propriété d’Ardène ; à l’entrée, on peut lire le nom des propriétaires : les Buffet-Delmas d’Autane dont l’atelier a été photographié et vendu en carte postale au début du XXè siècle. En 1860, Louis-Gonzague d’Ardène plante une cédraie, contenant aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers d’arbres. 871_atelier_marquis_autane.jpgAvant cette époque, le domaine avait déjà été le lieu d’implantation d’espèces végétales venues des terres lointaines : jardin botanique, d’acclimatation avec jardins suspendus. Les cèdres ont essaimé dans la forêt de Bonnieux et se sont reproduits naturellement dans la forêt toute proche. Vous les reconnaitrez à leur cône redressé en forme de tonneau, leurs branches horizontales et leur feuillage persistant.

Le cèdre du Liban, wikipedia

Chapelle d'ArdèneD’abord Villa Ardena ou Villa Dardano, un relais le long de la Via Domitia, d’Ardène devient en 1209 une hospitalité pour accueillir les pauvres ; au Moyen-Age, sur la route des pèlerinages, elle accueille également les pèlerins. La chapelle d’Ardène a servi longtemps de chapelle rurale aux habitants du hameau des Craux2.

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*** Les gorges de Saint-Pierre par le désert minéral


Le troupeau change de préAvant d’arriver à Beauvezer, la voiture d’Yves est immobilisée par un troupeau de 1000 bêtes conduites par une bergère qui l’amène dans un autre pré ; mais elle ne s’arrête pas n’importe où mais à quelques mètres d’une cache ! Je descends, trouve sans difficulté la cache magnétique puis repars pour le rendez-vous de 9h30 au niveau du pont sur le Verdon.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours

GC592T3 Fontgaillarde, Pailloux

J’y étais déjà allée en juin 2015 sans faire la boucle complète (lire dans ce blog les gorges de Saint-Pierre) ; aujourd’hui nous passerons par la forêt domaniale du Haut-Verdon et « le désert », comme le surnomme notre guide Yves Provence. Pour avoir la description complète, je vous suggère de lire les deux articles car je n’ai pas voulu me répéter ce que j’avais écrit en juin.

1 – Les gorges

Pause près de la chapelletableau dans la chapellePetit détour par la chapelle Saint-Pierre qui offre un endroit de repos et de pique-nique ; les plus hardis ont atteint l’oculus par le toit et jeté un œil sur l’intérieur de la chapelle. Dans les gorges, je ressens la même impression que la première fois : c’est un endroit digne des gorges du Verdon ; à partir des courbes de niveau, j’ai évalué sous nos pieds, entre 30 et 90m de profondeur ; au-dessus de nous, plus de 200m de falaises dominant le ravin de Saint-Pierre.

Au dessus de nos têtesEn rive gauche [du Verdon], de nombreux ravins […] dégringolent parfois en cascade (cascades de la Chaumie et de la Lance) ou ont formé de petites gorges (de Saint-Pierre). […] Le torrent dégringole en une succession de cascades, rythmée par les plis géométriques de la roche calcaire. Extrait de données paca 

Petites gorges ?! dit le texte ; ce n’est pas ainsi que je les aurai décrites…

photo nathalie chamoisQuelle chance ! Nathalie (connue aussi sous le pseudo Liberty04) saisit le chamois sur le versant d’en face ; il grimpe la paroi presque verticale, posant les pattes sur les strates qui constituent d’étroites marches d’escalier. jeune chamois photo LibertyParce qu’il était accompagné de son petit, elle pense qu’il s’agirait d’une femelle ; d’après les connaisseurs, ce n’est pas pourtant pas évident de si loin, de déterminer le sexe de l’animal ! Les cornes généralement plus fines chez la femelle, semblent lui donner raison. De très près, le faisceau de longs poils prolongeant le fourreau de la verge du mâle, aurait été un critère infaillible !

C’est la tête, et surtout les deux cornes en forme de crochets dont elle est parée, qui donnent aux chamois leur physionomie propre et ne les laissent confondre avec aucun autre animal.
Mâles et femelles possèdent des cornes qu’ils conservent tout au long de leur existence. Les chamois changent de livrée deux fois par an au cours d’une mue d’automne (août-septembre) et d’une mue de printemps (avril-mai).
Les chamois peuvent vivre 25 ans, ce qui constitue une longévité étonnamment élevée pour des animaux de cette taille.
Son poids oscille entre 35 et 50 kg chez le mâle, 25 à 38 kg chez la femelle. Le dimorphisme sexuel peu marqué des chamois rend difficile la distinction des mâles et des femelles. Selon l’Oncfs
2 – La Forêt Haut-Verdon et le désert de pierres

Champignons forêt Haut-VerdonA la fin des gorges, au pont qui enjambe le Saint-Pierre, nous attaquons la montée du GR de Pays Tour du Haut-Verdon par la forêt domaniale ; les bolets des pins sont très nombreux mais pas très ragoûtants, et de plus laxatifs parait-il ; après 10 lacets en épingle, c’est un cirque rocheux que nous parcourons sous la serre de l’Aï ; après le croisement vers la cabane de Chabanal – ce n’est pas notre chemin –, c’est un désert de pierres de bas en haut. Le sentier étroit, parfois instable, parfois risqué, mérite toute notre attention ; on l’identifie à peine sur les photos. ReboisementSix ravins presque tous à sec seront à traverser sur des strates de pierre ; dans le fond du vallon, en levant les yeux, c’est une série impressionnante de strates superposées qui accueillent habituellement l’eau qui dégringole en cascade. Les deux derniers ravins, le ravin de Saint-Pierre et celui des pépinières, annoncent l’arrivée proche des cabanes de Congerman.

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