Le sommet des Monges à partir du lac d’Esparron la Bâtie


IMG_5857.JPGSurprise ! oui j’ai été très surprise de découvrir les Monges dont j’avais déjà entendu parler par estoublon. Je rêvais de solitude tout là haut, j’ai été servie : je n’ai croisé qu’un couple en début d’après-midi. Partout de l’immensité à se sentir toute petite et bien faible. L’accès en voiture est difficile, passe dans des gorges, d’impressionnants virages : ici, pas de parc national, pas de surfréquentation, que des amoureux de la nature, à pied ou à cheval.

J’ai passé la nuit à la maison des hôtes de la Motte du Caire que j’aime particulièrement pour sa simplicité et son accueil (il y a même le wifi !). La maitresse de maison cuisine fort bien ; son mari, marc Linarès, guide de randonnées, pourra vous éclairer sur les randonnées environnantes et donc sur fiche les Monges qu’il a rédigée.

IMG_5858.JPGIMG_5871.JPGLa randonnée commence au lac d’Esparron (la Batie) ou lac des Monges accessible l’été par une longue piste étroite qui traverse un gué et sinue beaucoup. Je me gare au parking de l’ONF déjà occupé par plusieurs voitures. Je rejoins le lac derrière lequel s’étend le grand bois de la forêt des Monges. Le GR6 grimpe très doucement entre deux rangées de framboisiers sauvages puis se sépare en deux pistes. Je le quitte pour celle de droite qui entre dans une forêt aux arbres gigantesques. Au bout de la piste en cul de sac, je tourne à gauche au panneau à peine visible : à partir de là, les paysages vont changer au gré de mes changements de direction : sous-bois humides, landes, pinèdes, pâturages, entre ombre et lumière.

IMG_5877.JPGIMG_5899.JPGParvenue sur la crête dégagée, je m’assois face aux pâturages de Clapouse1 ondulés et d’un vert jauni par le soleil. J’entends les moutons bêler. Tout en bas, le troupeau s’agglutine en larges arabesques autour de la cabane de Clapouse. Après avoir mangé une partie de mon sandwich, je repars en sous-bois clairsemé dont les arbres ont tous un tronc incliné dans le même sens. IMG_5874.JPGUne grosse chenille traverse le sentier, roule sur un caillou, pirouette puis se retourne. Elle porte une livrée brune sur le dessus, des rayures jaunes latérales, un dard noir recourbé sur l’arrière train. Je l’observe pendant quelque temps. Je pense qu’il s’agit d’une Chenille du sphinx du pin

L’ activité est bien sûr essentiellement dévolue à la prise de nourriture, ce qu’elle fait en se saisissant très adroitement d’une aiguille de pin, et en la grignotant par le dessus.  Une corne post abdominale noire, et typique, orne le postérieur des chenilles de pinastri.

Plantes nourricières : Pin sylvestre , Epicéas, Mélèze.

Cycle biologique : Une ou deux générations par an. Les œufs sont pondus sur les aiguilles par groupe de deux ou trois (juin à août). L’éclosion s’opère une quinzaine de jours après la ponte […]. Elles ont une activité diurne, mais sont très lentes et difficiles à repérer en raison de leur coloration. La nymphose s’effectue sous des aiguilles de pin tombées à terre ou dans le sol, à faible profondeur. Extrait du site les pages entomologiques d’André Lequet

Photo de l’imago (site liboupat2.free.fr

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La grotte de la baume Bonne au bord du Verdon à Quinson


IMG_0198.jpgRendez-vous devant le Musée de préhistoire des gorges du Verdon, à 9h15. L’animateur n’est manifestement pas chaud pour partir : la météo est incertaine, il y a risque de pluie et les sentiers risquent d’être dangereux. IMG_0202.jpgIls vérifient notre équipement de parfait randonneur mais devant l’enthousiasme de la trentaine de personnes inscrites, il cède, fait signer les décharges puis nous partons pour le sentier qui relie le Musée de Préhistoire au site majeur de la région : la grotte de la Baume Bonne (monument historique, 1992).

A l’époque de la construction du barrage, vers 1885, les ouvriers l’avaient surnommé la grotte des faux monnayeurs parce que le contre-maitre y fabriquait les jetons de cantine. Bulletin de la Société préhistorique française, la Baume Bonne à Quinson, B et B Botttet, 1947

IMG_0215.jpgIMG_0206.jpgPartant du Musée, le sentier balisé de jaune « Méyas par la Calliandre » serpente dans la garrigue des plateaux calcaires ; quelques passages fort glissants sur les rochers recouverts de feuilles mortes nous obligent par sécurité à nous accrocher aux arbustes. La montée est raide et l’arrivée sur le plateau nous soulage ; l’animateur s’arrête : à l’aide des panneaux d’information, nous essayons de nous représenter les lieux il y a 300 000 années à l’époque où, chassant le rhinocéros, ou le bouquetin dans les falaises,  homo erectus (note : le 13 août 2011, un homo erectus a été trouvé dans la grotte du Lazaret (06) et identifié par le professeur Henry de Lumey) n’avait qu’un petit quart d’heure de marche pour rentrer chez lui, à la grotte de la Baume-Bonne. Mais nous, à cause du barrage édifié par l’E.D.F. nous sommes obligés de faire un détour par cette falaise pénible. Depuis le barrage, quelques grottes ont été englouties sous les eaux.

IMG_0247.jpgIMG_0251.jpgLe chemin plonge brusquement dans les gorges ; après un passage protégé par une rampe métallique, nous empruntons un solide escalier avant de rejoindre la grotte de la Baume Bonne protégée par une grille fermée à clé. IMG_0234.jpg

Exposée au sud, protégée des vents dominants, près de la rivière (pêche), de la plaine en contre-bas et du plateau au-dessus (chasse), elle constitue un emplacement idéal pour l’homme préhistorique. On peut comprendre qu’elle ait donc été surnommée la « bonne grotte ». Comme elle se situe à 10m au-dessus de l’eau (mais à 50m au dessus du niveau naturel de la rivière), on peut même y venir en canoë à partir de Saint-Laurent du Verdon.

Grotte de la Baume Bonne, Banque d’images PACA, ministère de la culture

IMG_0258.jpgIMG_3093r.JPGLa grotte se termine par une impressionnante cloche karstique de 22m de haut, résultat de l’action des eaux de ruissellement et des eaux du Verdon (photo de droite). Les fils du carroyage posés par les derniers archéologues pendent du plafond de la grotte. Les fouilles ont permis de repérer plusieurs ensembles stratigraphiques empilés les uns sur les autres sur 5m de profondeur correspondant à plusieurs périodes d’occupation humaine durant le paléolithique. Les informations ci-dessous ont été rassemblées à partir de Modes de vie à la préhistoire, site prehistoire paca, Musée de préhistoire des gorges du Verdon, le guide des sites préhistoriques Provence-Alpes-Côte d’Azur, F. Boyer, Mémoires millénaires, 2006.

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La chapelle Saint-Michel de Cousson


IMG_0021.jpgIl n’y a pas un Cousson mais deux ! C’est la montagne des Dignois. Pour nous y rendre, nous  allons à Entrages annoncé fièrement par des buis taillés de chaque côté de la chaussée. Un « chateau », résidence campagnarde construite en 1782, dont les fenêtres de derrière ont toutes été murées, a dû avoir son heure de prospérité au XVIIIème siècle.

IMG_2744r.JPGA Entrages, le seul droit de péage ayant existé depuis le moyen-âge est le curieux et modique droit de pulvérage1 qui permettait aux seigneurs de percevoir une taxe chaque fois que des troupeaux de moutons traversaient leurs terres incultes pour rejoindre les pâturages d’été de Haute-Provence, ou dans l’autre sens, pour rejoindre la Basse-Provence en hiver.

Durant leur trajet, les transhumants étaient censés trouver de la nourriture sur les chemins qu’on avait tracés pour eux. C’est pour dédommager les seigneurs que fut instauré ce droit. Il était calculé en fonction du nombre de bêtes et de la distance parcourue sur les terres du seigneur. Annales des Basses-Alpes. Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes 1899-1900, T.9.

Les lettres patentes du 16 janvier 1764 maintiennent le statut de Provence concernant le droit de pulvérage et autorisent les seigneurs à lever ce droit sur les troupeaux d’averages ou de moutons brebis, chèvres et chevreaux passant par leurs terres gastes, à raison de 6 deniers par «trentenier2», sans qu’ils puissent rien exiger pour les boeufs, les vaches, les chevaux, mulets, ânes et cochons.  Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790, Bouches-du-Rhône…, M. Blancard, P. Dupont, Paris

IMG_0027.jpgLe parking au bout du village est déjà plein : le Cousson et sa chapelle attirent beaucoup de monde. Au delà, plus de route, seulement le GR qui monte au Cousson. Par une montée continue jusqu’à 1511m d’altitude, nous sommes le plus souvent en plein soleil. Dans la descente empierrée où les racines sont de véritables pièges, une équipe de VTTistes tentent de descendre sans mettre le pied à terre. Nous les laissons passer, appréciant leur sens de l’équilibre. L’un d’entre eux passe par-dessus son guidon et disparait dans le fossé. Plusieurs minutes plus tard, il émerge sans grand dommage.

Descriptif de la randonnée sur le site Haut-Vernet (boucle)

Au pas d’Entrages, nous quittons le GR pour le tracé jaune qui contourne la cuvette formée par les deux sommets du Cousson. Nous croisons une randonneuse partie à 8h du lieu-dit les Eaux-Chaudes. Ce nom vient du torrent d’eau chaude, sulfureuse et saline, jaillissant à des températures diverses, entre 42° et 45°, par neuf sources, au pied d’un immense rocher aux pentes nues : ce sont là les Thermes de Digne » ; un couple accompagné de son vieux chien qui tire la langue, tente de persuader ses enfants qu’ils sont bientôt arrivés.

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Enfin, au loin, la chapelle Saint-Michel apparait en bordure de falaise, défiant le vide. On ne voit qu’elle tant l’espace est dégagé. Elle est si proche du bord qu’il est impossible d’en faire le tour complet et si on le tente, mieux vaut ne pas avoir le vertige et avoir recommandé son âme à Saint-Michel…

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