Le sentier du littoral près du fort de Brégançon


Petite promenade familiale sans prétention avec pour unique but la baignade l’été et le fort de Brégançon… J’ai profité d’une invitation chez des amis au Lavandou pour découvrir ce petit bout de sentier du littoral. Aujourd’hui 14 août 2008, certains touristes ont pu voir le président de la République débarquer au fort pour une réunion avec la secrétaire d’état américaine Condoleezza Rice. Quand j’y étais le 10 août, le pavillon français témoignant de la présence du président, ne flottait pas : un seul garde en protégeait l’entrée. Pour éviter le prix du parking de Cabasson l’été (8€ la journée en 2008), mieux vaut privilégier les périodes hors saison.

Merci Dédou de l’invitation à découvrir le sentier du littoral (les contraintes concernant le parking ont été appréciées !) grâce à la cache GCZXFH le fort de Brégançon.

img_9001r.jpgimg_9004-224x300.jpgDe loin on le croirait sur une île mais il est désormais relié à la terre par un pont. Les différents présidents de la république française l’ont diversement apprécié. Histoire du fort sur le site de la présidence de la république et sur celui de linternaute :

  • « Le 25 août 1964, le Général de Gaulle, venu présider les cérémonies du 20ème anniversaire du débarquement allié en Provence, vint coucher à Brégançon.
  • Par arrêté du 5 janvier 1968, le Fort fut affecté à titre définitif au ministère des Affaires culturelles pour servir de résidence officielle.
  • Le Président Georges Pompidou et son épouse y séjournèrent à plusieurs reprises, en août 1969 et durant les étés 1970 et 1971 notamment.
  • Le Président Valéry Giscard d’Estaing se rendait régulièrement à Brégançon avec son épouse : il y passait une semaine pendant l’été, deux jours à la Pentecôte et un week-end l’hiver [Mémoire de Valéry Giscard d’Estaing].  Le 26 février 1978, il y donna une interview télévisée à l’approche des élections législatives.
  • Le Président Jacques Chirac et son épouse se rendaient régulièrement à Brégançon, durant l’été et lors des vacances de Pâques.  » Extrait du site de la présidence.

Le fort de Brégançon sur le site de la commune de Bormes les Mimosas, où l’on lit qu’il fut aussi un repère de pirates !

le sentier sur les rochersimg_9009.jpgLa balade, tantôt sur passages rocheux, tantôt sur les plages (Cabasson nord, du kiosque blanc, plagette sud de la villa de Brégançon, plage de l’ilot du Jardin, plage des Nouvelles, des ïlots de l’Estagnol), tantôt en sous-bois, tantôt au soleil, est plutôt variée. Après la première plage bondée de monde, le sentier monte à l’ancienne borne topographique de taille impressionnante : de là, c’est la première vue sur le fort. A la pointe de la Vignasse, une plaque commémorative indique que le petit port a été construit par Maurice Arène en 1958. Un grand amateur de navigation borméen ?

img_9005r.jpgMême en été, peu d’amateurs parcourent le sentier du littoral, sauf pour se rendre d’une plage à l’autre. Le vent léger a rendu la promenade fort agréable et j’en profite pour glaner quelques galets colorés. Les seuls pièges de ce sentier sont les racines d’arbres qui gonflent par endroit le chemin et les passages rocheux mouillés par la mer montante.
Sur la plage de l’ilôt du jardin, n’existe officiellement aucune zone de mouillage forain1 et pourtant des dizaines de bateaux sont alignés à quelques mètres de la côte ! Leur propriétaire a rejoint la plage le temps d’un après-midi.
bregancon-reglementation.jpgLégende de la photo de droite extraite  du Système d’Information Géographique du Var  (la carte entière) :

  • rayé rose : zone de mouillage
  • pointillés jaunes : chenal
  • ligne pointillée bleue : limite des 300m avec petit rond jaune (bouée des 300m)
  • zone rayée rouge : mouillage et circulation interdits (Fort de Brégançon)
  • zone rayée vert clair (ZRUB : zone réservée uniquement à la baignade et  ZIEM : zone interdite aux embarcations motorisées).

Il n’y a pas que le mouillage qui soit interdit autour du fort mais le survol également, même en ULM.  Le 1er août 2008 un pilote d’ULM a été interpellé suite au survol du fort de Brégançon. Selon l’arrêté ministériel, les infractions à l’interdiction de survol sont passibles d’amendes de 15.000 à 45.000 euros et d’un emprisonnement de six mois à un an.

ancrage_ecologique_schema.jpgConsciente de l’impact du mouillage répétitif, la commune de Bormes a fait installer un réseau permanent d’ancrages fixes écologiques pour les bateaux. « Quelle que soit la nature du sol, l’ancre ne repose pas sur le fond. Elle pénètre le sol verticalement jusqu’à parfait affleurement. Le poids n’est donc plus un facteur de tenue. Ce type d’installation n’a pas montré d’impact négatif sur l’herbier environnant sur la durée de l’étude ». Ancrages écologiques (également utilisé à Port-Cros pour le sentier marin)
L’itinéraire du fort de Brégançon aux ilots de l’Estagnol, 6km, 2h00 A/R

Mais vous pouvez continuer le sentier du littoral jusqu’à Pellegrin (Voir De Cabasson à Pellegrin, fiche pratique 12 du topo-guide Le Var… à pied, Fédération Française de Randonnée, FFR, 2005 première édition)

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1 Un mouillage  » forain  » est un lieu situé en dehors d’un port

Lofoten, au nord du cercle polaire, été 2008


Séjour magique aux îles Lofoten presque au moment du soleil de minuit… nuits claires propices aux longues discussions et visites tardives…
Cliquer sur la photo pour consulter l’album :

De l’ermitage orthodoxe St-Jean à la voile de Facibelle


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Nous sommes à nouveau dans les Alpes-de-Haute-Provence où aucun arrêté d’interdiction de circuler dans les massifs n’a été pris pour l’été, contrairement aux Bouches-du-Rhône. Les premières randonnées nous ont convaincus de continuer nos découvertes. Départ juste après le tunnel de Pérouré, peu avant 18h  : c’est la présence des boites aux lettres de la chapelle, en bordure de la D900, qui nous confirment le départ du sentier. Le Bès tourmenté circule entre les nombreuses couches rocheuses inclinées. L’indication d’un sanctuaire attise notre curiosité.

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herman de vries a accepté avec enthousiasme d’implanter Le Sanctuaire de la nature en ces lieux. Situé en altitude sur le site de roche-rousse, le dispositif du sanctuaire enserre avec des piques en fer forgé dont les pointes sont dorées à l’or fin, une ancienne maison forestière en ruine, habitée par de vieux buis, des rosiers et des arbustes. Comme une guérison, dit Herman de Vries, comme en ville où la nature retrouve sa place dans la moindre parcelle de terrain vague. Que gagnons-nous à faire un sanctuaire avec une grille plaquée d’or ? On ne gagne rien, mais il n’est pas nécessaire de toujours gagner quelque chose sur la nature. Avec cette attitude, je veux réintégrer dans cette nature la notion du sacré pour un moment de réflexion.
Peu après le sanctuaire, à l’entrée d’un bois que nous n’avons pas hésité à qualifier de sacré, tout comme herman de vries, une pique sur laquelle le mot « silence » est gravé en lettres d’or. Cette inscription fait partie du projet traces (CAIRN) ; elles sont gravées dans la pierre à des endroits choisis par l’artiste dans la Réserve Géologique. Ces traces fonctionnent comme les notes de bas de page du paysage. Avec le mot silence commence la méditation. Nous y avons vu un lien avec l’ermitage orthodoxe.

Un centre d’art, le Centre d’Art Informel et de Recherche sur la Nature (CAIRN), regroupant le musée et la réserve a été créé pour développer une programmation tournée vers l’art contemporain : Andy Goldsworthy par exemple a réalisé une œuvre dans le refuge d’art du vieil Esclangon (voir Et si le vélodrome n’était pas à Marseille ?).

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Cet « ambulo ergo sum » peint sur un rocher, nous a bien surpris également : sans mouvement nous n’existons plus (formule empruntée à Gassendi, philosophe et mathématicien, né près de Digne en 1592). herman de vries veut nous donner la possibilité de réfléchir sur notre propre démarche dans l’instant…

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Après quelques avertissements incitant au silence, nous parvenons à la chapelle orthodoxe St-Jean bien cachée en haut de la montagne, dans la verdure. Coquette avec sa coupole à bulbe rouge, elle nous incite à pénétrer par la porte entrouverte. Une coupole sur le nef de l’église symbolise le ciel au-dessus de la terre (voir lexique orthodoxe). Les clochers à bulbe sont caractéristiques de l’architecture religieuse russe. Au sommet, la croix orthodoxe à huit branches : la transversale supérieure, c’est l’écriteau qui portait l’inscription « Jésus de Nazareth Roi des Juifs ». La transversale médiane, c’est la pièce de bois où furent cloués les mains du Christ. Quant à la transversale inférieure qui correspond à la pièce de bois où furent fixés les pieds, elle est disposée en biais car elle évoque les deux larrons crucifiés avec le Christ : le mauvais larron la tire vers le bas (L’Enfer) tandis que le bon larron la tire vers le haut (le Ciel).

Principales caractéristiques d’une église orthodoxe :
– l’absence de statues et de sculptures et l’importance des icônes,
– l’iconostase : c’est une haute cloison qui sépare le sanctuaire où se trouve l’autel de la nef où se trouvent les fidèles,
– l’absence d’orgues.
Extrait du site Russie sur Seine
Derrière le drapé blanc placé devant la porte, vit un ermite orthodoxe que nous ne voulons pas déranger. De quoi vit-il ? pas de trace de culture ni d’élevage, 1h30 pour rejoindre la départementale, peu d’habitations et aucun commerce dans les environs…

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Le balisage jaune continue : nous décidons de le suivre bien que ne sachant pas trop où il nous conduira. Un sentier balisé a quelque chose de rassurant : il mène toujours à bon port. Il est à peine visible dans les bois, il circule parfois sur des dalles rocheuses, parfois en sous-bois, toujours en zig-zag s’éloignant de notre point de départ, et descendant rapidement dans le vallon. Où sommes-nous ? Quand au loin je reconnais la lame de Facibelle, après en avoir douté au moins une dizaine de fois, je comprends que je suis au cœur du vélodrome, cette fameuse curiosité géologique que nous avions en vision panoramique deux semaines auparavant (voir Et si le vélodrome n’était pas à Marseille ?). Je ne le reconnais pas et j’en suis décontenancée. De loin, la lame semblait fine, frêle et gonflée comme une voile au vent. De près, c’est un amas de gros rochers grossièrement posés les uns sur les autres et qui tiennent on ne sait trop comment, miracle d’équilibre mis en relief par l’érosion. Peu après, c’est un passage à gué avec une superbe marmite sur le cours de l’Adret.
Retour en suivant la direction de la passerelle sur le Bès. Nous descendons encore et encore jusque dans un sous-bois si sombre qu’on croirait la nuit tombée. La passerelle est en vérité un pont suspendu tenu par des câbles métalliques. Pour traverser le torrent, il faut jouer à Indiana Jones. Pas d’autre solution. Et croyez moi, plus on avance plus elle bouge !

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Le retour vers le parking se fait sur la route départementale à bonne allure. Quand nous parvenons au tunnel de Pérouré, nos regards se fixent sur un objet insolite : une sorte de grande nasse suspendue au-dessus du torrent. Toutes nos hypothèses progressivement s’écroulent. Il n’en reste qu’une : que ce soit une œuvre d’art contemporain comme il en existe tant dans le territoire de la réserve. Je pensais à une œuvre de Hubert Duprat qui avait prévu de laisser une trace lui aussi mais il s’agit d’une chrysalide ou nasse de pêcheur, œuvre d’un workshop. L’objectif de cet atelier est la production et l’installation, par les étudiants de l’école, d’une œuvre d’art qui restera en place sur la VIAPAC [via per l’arte contenporanéo = voie pour  l’art contemporain] pendant deux années. Pour suivre au jour le jour le workshop de Digne, par le texte et la photo, voyez le blog des étudiants. »  Extrait du site de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes.

Une balade pleine de surprises avec parfois l’impression d’un parcours aventureux. Boucle sanctuaire de la nature – St-Jean – voile de Facibelle – passerelle de 7.100km, dénivelée 457m, 3h