Si les champs de lavande ne sentent pas grand chose en hiver, ils gardent leur couleur lavande légèrement grisâtre ; sur un fond bleu pur et des montagnes enneigées, le plateau de Valensole est un spectacle enchanteur avec ses bouquets bien taillés, ses allées rectilignes fuyant vers l’horizon : une oeuvre d’art. Valensole en images
Le parcours PR2 Chante-Bri est balisé de jaune ; j’ai commencé par la visite du village de Valensole, tout en montées et descentes, petites ruelles enroulées autour de l’imposante église Saint-Blaise ; le lavoir datant probablement de 1681 avec une toiture refaite en 1855, est en arrière de la fontaine de la place des Hé
ros de la Résistance, dans le creux de la rue de la Grande Fontaine.
C’est un ensemble de cinq bassins ; en avant deux rectangulaires et en arrière contre le mur, trois plus petits. Un petit mur de refend1 établit une division et une rigole les fait communiquer. D’après La Haute Provence monumentale et artistique, R. Collier, Digne, 1986
Les maisons les plus anciennes sont construites avec des galets, les fameux galets transportés par la Durance d’autrefois. Le premier monument rencontré est la chapelle Mayeul ; avec un clocher-tour, dédiée au 4è abbé de l’abbaye de Cluny, elle porte la date de 1743. C’est le propriétaire d’une boutique située à cet endroit qui en aurait fait cadeau à la ville pour le culte du saint ; les consuls de la ville y étaient reçus lors de leur prise de fonction.
Le circuit emprunte pendant un certain temps la D6 qui relie Valensole à Manosque : peu intéressant mais nécessaire pour arriver jusqu’à l’ancienne départementale délaissée qui longe des champs d’amandiers vers Chante-Bri.
Puis il passe de l’autre côté de la route vers Trotte-Vache ; piste tranquille qui traverse les champs de lavandin au port buissonnant, compact et arrondi. Autour de moi, des montagnes pratiquement partout donc celles du nord bien blanches.
Je descends maintenant dans le ravin du Fer, boisé et humide là où les champs de lavande s’entrecroisent ; quel contraste avec les champs ! au bord du ravin, une immense bâtisse en ruine qui existait encore en 1826 ; je vais suivre la célèbre carraire des troupeaux d’Arles et progressivement remonter sur le plateau ; au loin, une silhouette blanche non identifiée. Je retrouve bientôt l’immensité des cultures de lavandin. Non, la balade ne se déroule pas sur terrain plat contrairement à ce que l’on pourrait penser.
Aux abords du Chateau Saint-Ange, je tourne à gauche pour longer l’Olivole sur une piste de terre. Au loin, le Chiran et le Mourre de Chanier enneigés forment une cassure que l’on reconnait facilement. Au Sud-Est le grand Margès et à l’ouest les montagnes moins hautes du côté de Digne.
Variante : aller-retour de 5km400 vers Monroc sur le thème de la résistance.
Le 16 juin [1944] les résistants restent terrés ; c’est le cas de tout un groupe qui trouve refuge près de Monroc où ils seront rejoints par Chaumont, chef FFI départemental. […] Dans la campagne, c’est la chasse à l’homme. D’après les chemins de la liberté, sur les pas des résistants de Haute-Provence, H. Vésian, C. Gourdon, ADRI/AMRID, 2004
Les champs de blé du domaine de Monroc s’étendent vers le nord, un peu à l’écart des grands axes, propices aux parachutages. Si le plateau de Valensole est à découvert, son avantage pour les résistants est sa grande superficie : 128 km2, soit aussi étendue que la ville d’Hyères dans le Var.
Je coupe la route venant du chemin d’Oraison et continue vers la zone artisanale ; le château d’eau à l’emplacement du poste de guet allemand pendant la guerre, détone un peu dans le paysage.
Créé durant l’occupation italienne, il [le poste de guet] comptera 22 militaires ; ses patrouilles sont très actives et parfois meurtrières. […] le terrain d’aviation de Catalany est en 39-40 considéré comme un terrain de secours. Avec l’occupation italienne, il est rendu inutilisable par le creusement de quelques tranchées. Ce dispositif semble insuffisant aux allemands qui y font planter des centaines de pieux en bois par des civils réquisitionnés. D’après les chemins de la liberté, sur les pas des résistants de Haute-Provence, H. Vésian, C. Gourdon, ADRI/AMRID, 2004
Je passe par la place Valette et l’ancien pré de foire avant de rejoindre mon parking.
Pour les amateurs de geocaching, la cache d’Yves Provence la rencontre de Valensole. Vous pourrez la chercher lors de cette randonnée. Pour fêter les 50 ans de l’arrivée des extra-terrestres, la commune avait placé une reconstitution au coin du champ.

Une promenade courte, agréable l’hiver, et sans doute ravissante et odorante aux beaux jours, quand les arbres et la lavande sont en fleurs.
Au retour, sur la route vers Manosque, je m’arrête près de la stèle de Vallongue, là où un groupe de résistants tombe nez à nez avec un convoi allemand le 11 juin 1944. Deux d’entre eux tentent de s’échapper dans les bois et sont abattus. Six autres sont fusillés sur le bord de la route. Quelques heures plus tard, aux Grandes Marges (centre de ralliement des principaux chefs civils et militaires), les allemands surprennent les résistants qui parviennent à s’enfuir.
17 résistants sont morts dans le secteur de Valensole en ce dimanche ensoleillé du 11 juin.
Image de l’itinéraire 10km avec visite du village, 2h20 déplacement (2h50 au total), 73m dénivelée (+256, -256). Ajouter 5km400 A/R pour Monroc
1Un mur de refend n’est rien d’autre qu’un mur porteur ne faisant pas partie des murs de façade. Il est généralement placé selon l’axe du faîte de l’édifice. Selon futura sciences
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Jolie balade pour oublier les soucis d’un déménagement…