Quinson, ce sera ma troisième visite ; cette seconde randonnée, 7 ans après celle du vieux village de Quinson par la Quille, se termine de façon identique (mais dans l’autre sens), par une descente ardue qui n’est pas facile surtout en cette saison, mais elle est mieux balisée qu’en 2009. Nous stationnons sur le parking du musée de la Préhistoire et attendons la dernière voiture tout en espérant que le brouillard se dissipera.
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Nous allons monter sur le plateau du Meyas par un sentier raide qui affronte la falaise pourtant sans difficulté particulière ; à mi-hauteur, il se faufile dans une faille rocheuse avant de rejoindre la piste. C’est ce tracé que l’on prend lorsqu’on visite la grotte de la Baume Bonne avec un guide.
Sur le plateau, les panneaux explicatifs ne sont pas tous lisibles mais la vue sur le village à un peu moins de 500m d’altitude, vaut le déplacement. On se rend compte de ce que l’on vient de grimper. Yves renonce à descendre au bord du Verdon pour voir la grotte : de toutes façons elle est grillagée et incompréhensible sans les explications des archéologues.
La table d’orientation où se trouve la cache Quinson #1, la table d’orientation de bob_13, n’est plus entretenue.
Demi-tour pour rejoindre l’imprononçable source de Vaudauduerde ; au bout du plateau de Meyas commencent les grandes étendues ; après la traversée de la route de Riez, la piste grimpe sans arrêt en longeant le lit d’un ravin où s’évacuent les eaux de pluie ; sur la droite, quelques marcheurs ont visité les ruines de Durde datant du XVè ou XVIè. C’est ce hameau qui explique sans doute le toponyme Vau dau Duerde, soit la vallée de Duerde (nom d’un propriétaire ?).
Un peu plus loin, à la source de Vaudaudurde aménagée, Yves pose une cache. Un abreuvoir à deux bassins creusé dans la masse, un réservoir voûté et un arbre tout courbaturé, voilà le décor champêtre. Sur le cadastre napoléonien, on voit bien que la source est captée à partir d’un petit affluent du côté de la Bourre.
La source de Vaudoudurde, Yves Provence
Nous revenons sur la piste et la montée continue ; au nord le Chiran et la crête enneigée du Mourre de Chanier. La piste de terre humide traverse des champs à perte de vue, entre lavandes et terres fraîchement labourées. A la Vudèle, Yves attend les retardataires pour rejoindre la source de la Poiraque1, dans un creux, complètement cachée par la végétation. Ensemble complet d’utilisation de l’eau : une fontaine à noria à chaîne et piston (fin XIXè), un lavoir, un réservoir qui recueille le surplus d’eau pour l’arrosage. L’ensemble a été restauré en 2012-2013, grâce aux efforts du Parc du Verdon, de la commune et de l’association Quinson histoire et devenir dont le président n’est autre que l’auteur du livre ci-dessous. S’il n’avait fait si froid, c’est là que nous aurions pris notre pique-nique.
Quinson sur Verdon – Découverte d’un village en Haute-Provence, François Warin, Les Alpes de Lumière, 2002
La source de Poiraque, Yves Provence
Nous avons choisi un champ au soleil pour pique-niquer. Est-ce parce qu’il est tard pour manger mais personne ne parle ; les esprits s’éveilleront plus tard, au moment du rhum arrangé…
Nous reprenons notre chemin vers la Vudèle dont le linteau historié porte le coeur, la croix et la date de 1782 ; puis la ferme de la Vachenque où a été trouvée une stèle funéraire gallo-romaine exposée dans le couloir de la mairie ; enfin la Templière qu’il est tentant d’attribuer aux templiers ! tout comme la Védule, la Chérine qui portent au féminin le nom de leur propriétaire, cette terre appartenait à la famille Templier de Cotignac. Marie Pélagie Templier a épousé le vicomte de Barras, co-seigneur de Saint-Laurent-du-Verdon et de Fox.
On aurait pu descendre par la route mais Yves a préféré passer par le vieux Quinson, espérant y trouver un endroit pour une nouvelle cache. Avant de quitter Saint-Pierre bien dégagé, petit coup d’œil sur la montagne de Lure. Le chemin est rempli de flaques d’eau d’une belle couleur d’argile rouge ; évitera-t-on la catastrophe ? ben oui ! malgré les exercices périlleux pour éviter de marcher dans l’eau, personne n’est tombée. De nombreux clapiers, enclos de pierre sèche, murs de soutènement laissent deviner qu’ici autrefois il y avait de la vie. La zone occupe plus de 5 ha : nous sommes sur l’oppidum proto-historique Saint-Michel qui a servi de base au village fortifié du vieux Quinson.
L’éperon était barré par un mur de 25m de largeur et 3m de haut, un des exemples les plus spectaculaires selon Philippe Borgard. Le grand cairn que nous avons remarqué côté gauche, posé sur un mur, pourrait matérialiser le mur de l’oppidum.
Avant de redescendre, quelques curieux poursuivent l’étroit sentier jusqu’au bastion quadrangulaire de 12m sur 5 que l’on voit très bien d’en bas. Ce bel appareil médiéval composé de mortier à base de graviers remontés de la rivière, ne fait pas penser à une maison mais à un dispositif de protection qui a sa réplique sur l’autre versant : une salle de garde ? ne pas conclure trop vite qu’il s’agit de l’église à cause du bénitier car il est percé d’un trou et l’orientation nord-sud n’est pas celle d’une église…
Descente redoutée de la falaise à partir de l’ancienne croix Saint-Michel remplacée aujourd’hui par le panneau directionnel ‘Vieux Quinson’ ; 150m de dénivelée à parcourir sur des rochers très glissants cachés par de nombreuses feuilles mortes, si glissants que nous serons nombreux à passer les difficultés sur les fesses, obligés de poser le bâton, parfois coincés dans une étroite cheminée, ou frôlant le vide.
Philippe ferme la marche, rassurant et aidant les deux dernières. Parvenus à la Quille, ce haut rocher pointu et solitaire, on pourrait croire que la suite sera relax ; pas tout à fait ! le sentier va se terminer dans les galets et les cailloux et en une large boucle rejoint les ruines de la chapelle Saint-Clair d’un côté (A partir de 1860, Saint-Clair a disparu) et la chapelle neuve Notre Dame de l’autre. Quand autrefois avait lieu le pélerinage de Saint-Michel, les pèlerins également avaient quelque peine à grimper jusque là. Le coutumier de 1835 le rappelle :
Le 8 mai, dimanche après l’apparition de St Michel on va en procession sur le mont St Michel, en chantant l’hymne Tibi Christi Splendor Patris. Vers le milieu de la montée, on bénit le territoire et l’on cesse de chanter à cause de l’aspérité du chemin. […] On reprend ensuite le chant en suivant la crête de la montagne jusqu’à une croix qui s’y rencontre ; là, on bénit le territoire, ensuite l’absoute pour les morts et l’on descend sans chanter par la même raison que dessus jusqu’à la chapelle de St Clair. Là, on bénit le territoire et l’on retourne en chantant l’Ave Marie Stella jusqu’au village. En y entrant, on entonne le Te Deum et arrivés à l’église, le prêtre célèbre la Ste messe. Texte cité par Archeoprovence
Quinson 1#, La chapelle Notre Dame, slorenzo
La carte des caches de Quinson
image de l’itinéraire 12km900 3h30 déplacement (6h25 au total), 205m dénivelée (+315, -315)
1Poiraque : du provençal pouso-raco (noria de deux mots puiser – cracher) ou pourraco = asphodèles (il y en a !)
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