GR 2013 d’Aix Jas de Bouffan aux Milles


Note : Les photos ont été recadrées mais non retouchées.

Comment redécouvrir l’environnement dans lequel on vit tous les jours ? en l’observant à pied, sur le GR 2013, du quartier du Jas de Bouffan aux Milles. C’est au départ du Bois de l’Aune que j’ai eu le plus de mal à repérer le GR (en bas de la résidence les Dahlias, arrêt de bus n°2 et non n°3, traverser la route et tourner à droite) ; le guide m’a été indispensable. GR 2013 Marseille-Provence, sentier métropolitain autour de la mer de Berre et du massif de l’Etoile, Cercle des marcheurs, excursionnistes marseillais, comité départemental de la randonnée pédestre des Bouches-du-Rhône, Editions Wildproject et FFR, 2013. Une portion du GR est particulièrement dangereuse sur la route D18 très  fréquentée, sans trottoir ; impossible de se mettre à l’abri des voitures sauf à descendre dans le fossé à chacun de leur passage.

En passant aux Milles, j’ai découvert un imposant bâtiment près de l’Arc : le lavoir des grands-mères époque où la bugade1 se faisait à la main. Les lavandières posaient le linge sur le rebord en pente et le tapait avec un battoir en bois. C’était l’occasion pour les femmes de discuter et se raconter les potins du village.

Camp des MillesMoyennant un petit détour, je me suis trouvée face à ce tristement célèbre camp d’internement et de déportation, le seul grand camp français encore intact et accessible au public, un lieu-témoin de la déportation des enfants juifs. Malheureusement, en ce premier mai, il était fermé à la visite. Prévoir environ 3h pour une visite complète.

Dans ce bâtiment furent internées entre 1939 et 1942, plus de 10 000 personnes dans des conditions de plus en plus dures. Réfugiée en France, la plupart fuyait le totalitarisme, le fanatisme et les persécutions en Europe.
L’histoire du Camp des Milles témoigne de l’engrenage des intolérances successives, xénophobe, idéologique et antisémite qui conduisit à la déportation de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs depuis le Camp des Milles vers le Camp d’extermination d’Auschwitz, via Drancy et Rivesaltes.
Ils faisaient partie des 10000 Juifs de la zone dite « libre », qui, avant même l’occupation de cette zone, ont été livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy, puis assassinés dans le cadre de la « Solution finale ».
Face au racisme, à la lâcheté et à l’indifférence, des résistants aux Milles comme ailleurs sauvèrent l’honneur de la France et de l’humanité. Extrait du site campdesmilles.org

Au bout de la rue Albert Decanis, faut-il traverser la voie ferrée et poursuivre sur le chemin des déportés, ou bien tourner à gauche avant la voie ferrée ? dans les deux cas, il y a une erreur dans le guide ; de toutes façons je pense que les deux options mènent au même endroit.

Image de l’itinéraire Aix ouest (rotonde Bois de l’Aune) aux Milles (route d’Apt) : à partir de là, le GR continue vers l’Arbois, je vous en ai parlé dans l’article GR 2013 en avant-première dans le Petit-Arbois.
9km780, 2h déplacement à vitesse moyenne rapide (2h35 au total), 106m dénivelée

1bugade : terme provençal désignant la lessive

Boucle de Ganagobie par le canal de Manosque


Circuit inédit qui conjugue la découverte du plateau de Ganagobie et celle du canal de Manosque, dont les berges sont en principe uniquement

affectées au personnel d’exploitation pour l’entretien et l’exploitation des ouvrages conformément aux statuts de l’ASCM et à l’ordonnance 2004-632 du 1er juillet 2004. La Filiole 14, avril 2011

Tout commence par une belle descente dans des sentiers ravinés qui coupent les lacets de la départementale plutôt spectaculaires. Dans l’un des virages, le GR, profondément creusé, est impraticable et je serai obligée de suivre la route sur quelques mètres pour le récupérer plus loin.

Tout en bas, avant de suivre le canal, je retrouve le pont romain de Ganagobie, sur le Buès, découvert assez tardivement lors de la prospection systématique des ponts sur la via Domitia. La voie romaine, si elle a facilité la communication et le commerce, servit plus tard de voie d’invasion aux Lombards. Datant du début IIè siècle, 30m de long, 10m de hauteur, une seule arche reposant sur des culées massives, ce pont romain est toujours utilisé par la petite départementale qui le traverse.

L’entrée sur le canal de Manosque est précédée d’un classique panneau d’interdiction de circulation ; le long du canal, la promenade est à vos risques et périls. En période hivernale ont lieu les travaux de réhabilitation : trois tronçons du canal maître à Ganagobie ont fait l’objet en 2008/2009 d’un recuvelage1 des berges. Si le danger est donc moindre en hiver, période de repos du canal, il existe néanmoins quand le canal est en eau : beaucoup d’ouvrages d’art devront être traversés en posant parfois le pied sur une surface étroite ou non sécurisée. Enfants turbulents, s’abstenir !

Le canal de Manosque

  • L’acquisition des terrains et les travaux ont été exécutés par l’Etat entre 1881 et 1926.
  • En 1977, l’entretien et l’exploitation du canal de Manosque sont remis en affermage2 à la Société du Canal de Provence.
  • En 2004, lancement de l’élaboration d’un Contrat de Canal.
  • Les eaux distribuées par le canal de Manosque sont dérivées de la Durance. La prise actuelle est située dans le barrage de l’Escale à Château-Arnoux
  • 13 communes traversées réparties sur 6 cantons, desservies en eau brute par le canal de Manosque.
  • surfaces irriguées multipliées par 6 entre 1950 et 2000, passant de 270 ha à 1800 ha.
  • Le canal maître mesure 57 km et les filioles3 représentent un linéaire d’environ 250 km.
  • 3 500 adhérents dont seulement une cinquantaine sont agriculteurs.

Quant à ceux qui jettent dans le canal la carcasse de leur voiture, ils ont eu une bien mauvaise surprise quand celui-ci a été vidé en août 2012 car l’immatriculation de la quarantaine de véhicules a été remise à la police qui fera une enquête pour retrouver leur propriétaire. Ceux qui auraient fraudé leur assurance sont passibles d’une peine de 5 ans de prison et d’une amende de 375 000 €…

L’eau du canal s’en va les carcasses de voitures dansent

De nombreux ouvrages d’art jalonnent ce parcours escarpé : un pont-aqueduc (64 sur la totalité du canal) avec rambarde métallique, un autre sans protection qui domine le vide (Mal-Pas), un ponceau4 et ses pierres mal jointoyées entre lesquelles l’herbe repousse. Deux des ponts portent un numéro (11.70, 11.67) qui vraisemblablement représentent leur distance en km par rapport à la prise d’eau du barrage de l’Escale. Le canal devient souterrain, je le retrouve un peu plus loin creusé directement dans le rocher. Il devient plus étroit ; la végétation qui colonise ses bords est celle des zones humides comme le rouge du cornouiller sanguin ou les joncs. Le canalAprès le gros tuyau disgracieux, je retrouve les berges du canal, construites différemment : d’un côté, assemblage de pierres à cinq faces, de l’autre une surface bétonnée lisse. Au pont-aqueduc du ravin de Pont-Bernard, parmi les aménagements plus importants, je reconnais une martelière5. De façon à partager la ressource en eau, une distribution « au tour d’eau » impose la mise en oeuvre des arrosages à des heures pré-définies.

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MP 2013 : chasse au 13’or à Cadolive


Cette chasse au 13’or a été organisée lors de l’inauguration de Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture. Plusieurs villes des Bouches des Rhône avaient préparé leur chasse au trésor autour du même thème : le bâton de sourcier1. Pas de tirage au sort du gagnant donc à vous de proposer une récompense à vos enfants. Si vous ne connaissez pas Cadolive2, cette chasse au trésor vous prendra sans doute un peu plus d’une heure. Pour les plus jeunes, la reformulation des textes imagés sera nécessaire (ce qui est entre parenthèses est pour eux) ; dites bien aux enfants de s’aider des noms de rue.

Je l’ai adaptée légèrement pour que les enfants s’impliquent plus facilement dans la recherche ; ce qui est en italique a de l’importance ;  à trois endroits différents, nous était communiqué un indice par une personne qui nous accueillait sur place ; j’ai inclus cet indice dans le titre de la photo. Si vous avez un doute sur le lieu final qu’il fallait découvrir, écrivez-moi !

Un monsieur revient sur les terres de son enfance. Il s’empare du bâton de sourcier de son grand-père, bâton qui le guide alors dans une folle aventure qui commence en face de la mairie de Cadolive. Il raconte :

Ce bâton veut-il me mener vers une source cachée ? il m’entraîne à l’opposé de l’hôtel de ville pour me faire traverser le gué de la rivière de voitures. Non pas du côté des voûtes mais a-droitement vers une source de musique et de livres.  Puis mon guide se tourne davantage vers un passage couvert (souterrain) qui me permet de saluer trois lions. En levant les yeux, je découvre une montagne prénommée Victoire.

Mon sourcier remonte les numéros de rue à contre-sens (les numéros des rues vont en descendant jusqu’au n°1). Ici on évacue l’eau sous des petits ponts devant chez les gens. Je ruisselle jusqu’au balcon pour admirer un cercle de brique entourant un abreuvoir aux quatre tuyaux. Ne pouvant boire cette eau, mon bâton continue à s’en éloigner vers l’olivier qui nous dit de suivre la République ; très vite mon bâton m’emporte dans la voie où l’on puits(ait) jadis l’eau précieuse ; le bois du bâton se dirige non pas vers un arbre à mûres mais dans une étroite rue où l’on cuisait autrefois, sous un petit toit, de belles miches nourries au blé. Quand la rigole se termine sous mes pieds, mon guide veut partir vers la voie qui amène en bas et qui pourtant s’appelle montée.

Je découvre ébahi une cloche perchée sur un géant de pierre jaune. Je dois y aller, c’est là que se cache mon premier indice. Mon bâton veut  traverser le gué de bandes blanches sur le ruisseau de voitures. Il va maintenant jusqu’à la source rouge (borne à incendie) qui aide les sapeurs à  braver les flammes. La piste est chaude : la voie porte le nom d’un ancien lieu de lavage ; ce n’est qu’après de nombreux pas que je découvre ce lavoir aux bords penchés, où on se gelait les doigts en hiver avant que n’arrive les machines à laver.

Il veut dégringoler marche par marche jusqu’à retrouver le plat, tout en bas, à la clairière large (un parking en forme de demi-lune). Je me retourne un instant : quelle vue sur le mont Julien ! Il veut couler mes pas dans un petit passage marqué de deux barrières ; j’aurais pu entendre autrefois « en voiture ! » car la bastide rose est l’ancienne gare du village.

Sur la rive d’en face, je peux toucher le bois (un endroit avec plein d’arbres) contre le métal (une barrière). Une fois la barrière dans le dos, deux dégringolades sont possibles mais seule la gauche est la bonne.  Cette pinède puise l’eau intelligemment pour survivre. Un totem de bois (panneau de bois) n’y a pas survécu. Mon bâton peut toucher le toit d’une maison bâtie sous terre ; quelqu’un y a gravé trois sportifs côte à côte. Mon sourcier me dit de continuer dans le sens contraire de la flèche.

Après un drôle de tremplin, il me faut continuer sur un chemin de hauts et de bas. Au totem suivant (panneau de bois), une balançoire (planche à bascule) a été emportée ; encore une bosse et un drôle de tremplin. Mon guide frétille non pas du côté des barres de fer mais toujours selon la même ligne.

A mesure que j’avance, je distingue les étranges branches métalliques d’un arbre qui n’a pas besoin d’eau mais d’un autre type de courant pour vivre. A la cime une fourche ; sur une petite butte, une borne de roche carrée coiffée de rouge3 : elle délimite la fin de Cadolive et le début de la commune voisine. Quand la borne sera à votre droite, vous aurez trouvé le chemin qu’il faut prendre. Un peu plus loin un totem vélo. C’est bien le lit d’une voie d’eau que je trouve en bas : je décide de suivre ce vallat des Gorgues qui me parle d’un homme arboré ou bien l’inverse d’un arboret-homme (à lire à voix haute).

Je longe donc ce lit (sans quitter le chemin) dompté par les hommes qui ont placé de gros blocs de pierre. J’ignore le totem suivant pour passer le lit, retrouver la mont-agne. Au sommet le jumeau de l’arbre de fer nous accueille. A proximité, une petite forêt telle une île au milieu des douves. Il s’agit d’évacuer l’eau par temps de pluie. Mon guide veut nous faire contourner l’île dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

L’on passe un pont sous terre qui rejette l’eau vers le contre-bas. A la pointe des murs tombés sous le poids du temps et des eaux du ciel était un lieu où l’on enfournait la chaux (panneau) qui, si elle était vive mélangée à l’eau, devenait éteinte. Quel pouvoir !

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