En bordure du parc des Ecrins : le lac de la Douche à partir du Casset


Hautes-Alpes : temps idéal pour randonner en été mais que de monde sur ce petit itinéraire menant au lac de la Douche en bordure du parc national des Ecrins ! c’est manifestement le parcours classique et touristique permettant de découvrir un petit lac laiteux après avoir longé l’impétueux Petit Tabuc. Vous pouvez partir du village du Casset – avant ou après un déjeuner chez Finette (pas de site, coordonnées seulement), avant ou après la cache GC112W4 Guisane – le Casset de biboux – ou du pont du Clot du gué (1567 m) ; le Casset est un des hameaux de la commune du Monêtier les Bains.

Sauvetage (illustré) d’un chamois au lac de la Douche en février 2009

IMG_5476.JPGIMG_0017.jpgNous traversons le pont sur le torrent du Petit Tabuc qui se jette dans la Guisane qui elle-même se jette dans la Durance ; il nous faut partager le GR 54 (tour de l’Oisans et des Ecrins) avec quelques cavaliers. La montée se fait en douceur en forêt de mélèzes mais sur un terrain un peu accidenté par pierres et racines.  Plus loin, au niveau du Grand Pré (1683m) et de l’aire de pique-nique, nous traversons la passerelle sur le torrent du glacier du Casset qui vient alimenter sur notre gauche,  le Petit Tabuc.

Le commerce direct de la glace naturelle du glacier : au XIXè siècle, avant l’avènement du réfrigérateur, de mai à septembre, des blocs de glace de ce glacier étaient dégagés par explosion, transportés par mulet (plus tard par téléphérique) jusqu’au pont du Clot du Gué,  où ils étaient découpés en blocs réguliers de 50cm de côté [j’évalue un bloc à 114kg environ, ce qui semble compatible avec ce que pouvait porter un mulet], puis charroyés jusqu’au pont du Casset ; protégés par de la sciure et des branchages, ils étaient alors transportés sur d’importants attelages jusqu’à la gare de Briançon d’où ils rejoignaient en train Marseille et la Provence. Voir le site des Amis du Casset. Au début du XXè siècle, à la Roche des Arnauds, la glace sera fabriquée artificiellement, stockée en hiver et conservée dans des glacières comme dans le sud de la Provence. Voir l’article *** Circuit de la glace dans le Var dans ce blog

La glace naturelle […] persiste assez longtemps sur les marchés face à la glace artificielle produit de l’usine malgré la nette différence de prix (la première se vend 6 à 11 centimes le kg en 1900 à Paris contre 1 centime pour la deuxième ». Extrait de L’artisanat de la glace en Méditerranée occidentale, Ada Acovitsioti-Hameau, supplément au cahier de l’ASER, 2001

glacie du Casset (photo empruntée au site alpes-photos.com)Selon une étude de Gilles Garrite et Philippe Lahousse, le glacier du Casset réagit très vite aux fluctuations climatiques depuis 150 ans. Vers 1925, le front2 du glacier se situe  à 1970m ; à partir de cette date, c’est une longue période de recul. En 1952, l’IGN mesure le front à 2430m, en 1970 à 2450m : c’est un abrupt de glace très instable d’où se détache des pans entiers. Vers 1940-1950, les températures hivernales augmentent et les précipitations diminuent fortement : c’est à ce moment que le glacier se partage en deux branches. « En annonçant un réchauffement drastique du climat au cours des cent prochaines années, les scientifiques laissent planer une véritable menace sur les glaces terrestres ».

Chronique d’une catastrophe annoncée (1985)

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Le grand et le petit Laoucien


Nous nous arrêtons sur l’aire d’accueil au départ d’une boucle autour du plus grand lac à la Roquebrussanne. estoublon m’en avait parlé avec tant d’enthousiasme que j’ai profité de la conférence de l’ASER à Méounes-les-Montrieux (« Histoire de la Provence Verte ») pour aller le visiter.

Un peu d’étymologie sur ce terme de laoucien ou laoutien : sur le cadastre napoléonien (1830), laoucien est écrit avec la lettre « c » et non la lettre « t ». L’origine poétique proposée par papyfred de geoforum me semble plus juste que celle trouvée habituellement sur les sites internet (loucioun = lavabo, cuvette)Lau (diphtongue : *laou) : c’est le lac ; cien-ciencho est le qualificatif : contenu(e), enclos(e). D’où un lac enclos. Même origine laou que la villa du Loou-Sambuc, geocache archéologique toute proche, que jcoud nous invitera à visiter.

le_grand_laoutien09.jpgLes laouciens (ils sont deux : le petit et le grand) présentent l’aspect de cratère mais n’ont rien de volcanique ; leurs eaux sont turquoises comme celles du Verdon, leurs berges abruptes et instables. Leur niveau d’eau peut varier de plusieurs mètres selon les saisons, le petit se trouvant le plus souvent à sec. C’est sans doute pour cela que la végétation n’est pas celle des eaux dormantes, immergée ou flottante. Au mileu d’une plaine  et cultures de vignes, ils ne doivent leur formation qu’à des effondrements successifs au niveau de la nappe phréatique.

Légendes autour des Laouciens, site merveilles du Var

Chroniques souterraines, P. Courbon, revue Speluca 127

En savoir plus sur le grand et le petit Laoucien, blog randomania Plus

La météo à cet endroit, aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

IMG_3851r.JPGNous descendons jusqu’au bord du lac du grand Laoucien, d’abord par un escalier aménagé puis en dérapant sur les feuilles mortes de la pente raide. L’eau est calme, à peine frissonnante par le vent. Quelques arbres, à d’autres moments hors de l’eau, sont totalement immergés aujourd’hui. Si vous regardez alors les bords du cratère, vous verrez que les risques d’effrondrement ne sont pas nuls.
Nous remontons jusqu’en haut pour faire le tour du lac. IMG_3864r.JPGPar endroit, les bords sont abrupts ; les strates inclinées fort apparentes se reflètent comme dans un miroir. estoublon me présente un amadouvier, un jeune et un vieux desséché.

IMG_3859r.JPGAmadouvier (extrait du site botanique.org) : « nom familier donné à un champignon polypore (Fomes fomentarius) qui pousse en parasite sur les troncs de feuillus vivants ou morts comme le chêne et le peuplier, mais aussi sur le frêne, le saule et le hêtre. […] Une coupe transversale de ce polypore montre la présence d’une croûte… sous laquelle on trouve la chair, douce au toucher, dont la consistance a celle de la ouate et d’où l’on tire l’amadou. L’amadou a été utilisé à la fin de la préhistoire pour produire du feu ; les hommes de cette époque l’amorçaient grâce à des étincelles provenant de la percussion d’un morceau de pyrite contre une roche dure (silex) qu’ils dirigeaient sur un morceau d’amadou qui se consumait alors et qui était tout à fait capable d’enflammer de petites brindilles bien sèches. »

Un mur large de 2m au moins, a été construit à quelques mètres du précipice et semble se poursuivre sur la moitié du lac. Murs d’un oppidum ou de protection pour les troupeaux ? C’est en cherchant la cache de papounet83 le grand laoutien que je me suis posé la question… sans trouver de réponse.

limnolegeria_longesita.jpgIl serait aussi l’unique endroit en France (et non au monde) où vit un acarien d’eau (et non une plante subaquatique…) Hydrachnidia Limnolegeria longiseta découvert par Motas en 1928. VonTasha a mené l’enquête et révélé la méprise sur ce forum de biologie ; l’erreur a été reproduite sur tous les sites de tourisme de la région ! Un exemple courant d’erreur à grande échelle sur internet où il est nécessaire de vérifier ses sources auprès d’organismes ou personnes compétentes sur le sujet. Depuis 2006, cet acarien a été découvert également en Sicile. Il se caractérise par de longues pattes et des rangées de longs cheveux qui lui permettent de nager. European Water Mites Research et ce journal de zoologie l’université de Turquie (d’où est extrait le schéma de droite).

Les ruissellements et écoulements naturels ont été organisés de façon à alimenter les laoutiens. Ce lac et une vingtaine de sources majeures alimentent les communes environnantes. Il faut donc les protéger. C’est ce que tente de faire l’Association CLIP de Garéoult

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Panorama du grand Laoucien – photo estoublon

Le lac du grand laoutien, fiche DIREN-PACA, site classé mais pas protégé : « Motivation de la protection : L’aspect incongru des deux petits lacs karstiques au milieu d’une vaste plaine cultivée, dont l’un des deux seulement est protégé ».

Papyfred (forum français dédié aux sciences de la terre), que je remercie chaleureusement, explique ainsi leur formation :

le_grand_laoutien01.jpgBeaucoup de gypses dans tout ce secteur sédimentaire… Donc, des évaporites hydrosolubles ! Il s’en suit la présence (souterraine) de nombreuses poches de dissolution… celles des deux Laoutiens, lorsque les terrains (trop minés) qui les recouvraient se sont effondrés, ont atteint la surface.  » […] Ce qui fait la différence ici, c’est que le « cratère » ouvre sur la nappe phréatique.

Lors de forte sécheresse, on peut apercevoir une pierre gravée en provençal que l’on peut traduire par « me voir, c’est pleurer de soif ». IMG_3880r.JPGNous rejoignons le petit Laoucien, lac temporaire, que nous avons la surprise de trouver rempli. « Autrefois, lorsque le petit lac se trouvait à sec en période de sécheresse, on descendait un âne attelé à une charrue pour en labourer le fond, très riche en humus végétal. On y semait des haricots que l’on récoltait avant les pluies ». Espace presse de la Provence Verte. Sur le cadastre napoléonien, il est d’ailleurs découpé en 4 parcelles de terre, tandis que le grand est représenté par une surface bleue.

Itinéraire de découverte grand et petit Laoucien, 2km env., 1h, dénivelée 40m env.

Coteau Chiron dans les basses gorges du Verdon


IMG_2979r.JPGIMG_0036.jpgPetite balade agréable et pas difficile bien qu’il s’agisse des gorges du Verdon. Départ du chateau de Saint-Laurent du Verdon datant sans doute de la fin du XVIIème siècle avec ses 4 fortes tours d’angle et son ancien pigeonnier. Sa porte en plein cintre est encadrée de deux pilastres surélevés. un document d’archives l’attribue à Claude Castellane. Au moyen-âge, ce petit village ne comptait pas moins de 7 seigneurs ou co-seigneurs. Comment donc se défendait-il contre les assauts alors qu’il n’avait même pas de murailles ?

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Nous passons devant l’oratoire à la croisée de deux balades. Pour nous, c’est tout droit. Le chemin de droite rejoint Notre Dame sur Verdon. Vous retrouverez la description des deux balades dans Gorges, lacs et plateaux du Verdon… à pied – 20 promenades et randonnées, F.F.R., F.F.R., coll. Topoguides, 2007

Saint Laurent du Verdon, wikipedia

Au lieu-dit Plan Pélissier à Saint-Laurent du Verdon ont été trouvées des tombes composées de tegulae1 ; « en 1961, devant le portail du chateau, il a été dégagé un sarcophage en plomb, mesurant 2m de long, avec une toiture de tegulae1 en bâtière ; des tombes sous tuiles ont été bouleversées près de l’église. tout cela peut remonter au IVème siècle ». La Haute Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, 1986

IMG_2984-300x242.jpgDescente douce vers le lac articificiel Saint Laurent ; il a plu de la veille et l’argile colle aux chaussures ; ce sera bientôt si lourd que j’aurai du mal à marcher et chercherai à m’en débarrasser, en vain. Balade à ne pas faire par temps humide !
IMG_0015.jpgIMG_2986r.JPGAu bord du coteau Chiron, au loin le pont sur le Verdon qui rejoint Artignosc dans le Var, de l’autre côté du Verdon ; le lac a des allures d’étang où l’eau stagne en bordure et où rien ne bouge. Seul un héron y fera son envol.

IMG_2997r.JPGIMG_3003r.JPGNous longeons les rives du lac en nous élevant progressivement ; les falaises de calcaire si caractéristiques du Verdon ne sont pas encore très hautes, le Verdon est calme et accessible : un bon compromis pour qui veut le découvrir sans trop de fatigue ou de risque. Depuis la presqu’île à la fin du coteau, nous voyons Montpezat sur sa butte pointue dominée par son château. En tournant à gauche, le camping la farigoulette nous en met plein les yeux avec avec ses jeux d’extérieur aux couleurs vives.

IMG_3005r.JPGLa boucle grimpe dans un sous-bois puis passe le long d’un vaste champ hors balisage avant de rejoindre le sentier qui passe près de la ruine des Angles. Sur la place où nous sommes garés, des toilettes sont ouvertes au public (rares dans un village ; je soupçonne qu’elles servent essentiellement aux chasseurs) ; pour être présentable à Quinson, je me décrotte au point d’eau.

IMG_0040.jpgIMG_0042.jpgLoin des grands axes de communication, cette randonnée peut être utilement couplée avec la visite du musée de la préhistoire à Quinson ou celle, guidée, de la célèbre grotte de la Baume Bonne dans les gorges du Verdon (visite virtuelle sur le site du musée). Prochaine visite les 21 et 22 novembre 2009, sur réservation auprès du musée de la préhistoire de Quinson.

Saint-Laurent du Verdon, dans le parc naturel régional du Verdon

Saint_Laurent_sur_Verdon, boucle du coteau Chiron, 6km200, 2h dépl., 81m dénivelée

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1tegula : tuile plate à couvrir les toits, faite ordinairement d’argile cuite au four -voir dictionnaire des antiquités grecques et romaines, A. Rich, 1983