Cette balade découverte des vestiges de l’aqueduc romain qui alimentait Aix-en-Provence, situés à Jouques et Peyrolles, est plutôt une somme de petites balades qu’une vraie randonnée. Sans Alain Balalas qui nous accompagne et les retrouve tous, sans boussole, même au travers une végétation envahissante ou hostile, il aurait été impossible de les localiser. Je l’en remercie vivement.
En commençant par la source, le premier vestige (sur terrain privé bien que ce ne soit pas signalé) taillé en plein rocher, est proche de la source de la Traconnade, sur le bord de la route, dans un endroit humide. L’intérieur du canal est en bon état : nous y circulons avec une bonne lampe de poche observant les concrétions,
les saignées horizontales laissant supposer l’emplacement de coffrages. Les ouvriers posaient leur lampe dans des encoches toujours visibles, creusées latéralement dans la roche à intervalles réguliers.
L’impasse du canal romain à Jouques porte bien son nom mais comment deviner où se trouvait le canal maintenant que tout est détruit ? le seul témoignage est une vieille photo imprimée que nous présente A. Balalas.
De nombreux regards de visite permettent de contrôler ou de nettoyer la conduite ; ils sont placés de façon plus ou moins régulière tout le long du parcours ; ils sont plus ou moins comblés mais encore visibles. Ce sont des puits rectangulaires, donnant accès au canal. Ils sont toujours soigneusement voûtés en claveaux1. Des encoches – opes2 – creusées dans les parois pour l’emplacement d’échafaudages facilitent l’accès au conduit durant la construction. Nous ne trouverons pas les dalles monolithiques qui recouvraient les regards, elles ont probablement été cassées ou réutilisées. Nous constatons d’ailleurs que les pierres de certains murs de soutènement proviennent certainement de l’aqueduc.
Sur la carte, j’ai pu mesurer approximativement la distance entre deux regards en suivant la courbe de niveau de la carte IGN : elle avoisine 72m, ce qui correspondrait à deux actus3, par analogie avec les principes énoncés par Vitruve et Pline l’Ancien […]. Entre le ‘puits Maurel‘ et le regard 3, en suivant la courbe de niveau, il y a 4 actus3 : il manquerait donc bien un regard entre les deux. Cette règle a été appliquée à l’aqueduc du Gier à Lyon.
Voir aussi l’Etude de l’aqueduc de Béziers par l’Université de Franche Comté
Dans le quartier de Saute-Lièvre, nous trouverons deux voûtains4 suivis dans le même axe d’une curieuse cabane en pierres. La cabane est construite selon le même principe de voûtain composé de 8 à 10 claveaux1. Elle est fermée artificiellement dans le fond par un mur vertical de construction récente, ce qui est étrange pour une cabane. L’épaisseur de ses murs, la présence d’un reste de mur maçonné du côté gauche et collé à la cabane, nous font penser dans un premier temps, que son propriétaire a réutilisé le canal romain ; mais la voûte interne serait alors plus d’1m50 au dessus des voûtes les plus proches. Peut-être une reconstruction « à la romaine » avec les pierres du canal ?
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