D’Eguilles à Saint-Cannat par le chemin de Berre


Me revoilà sur le chemin poissonnier dont je vous ai parlé dans mon article Sur le chemin poissonnier à Eguilles et Coudoux. Ça fait plusieurs semaines que je n’ai pas marché – trop chaud, interdiction de circuler dans les massifs forestiers, des invités chez moi ; je reprends par une balade tranquille avec un peu de vent. Partie d’une idée trouvée le site communautaire Visorando Randonnée Saint-Cannat, j’ai modifié le point de départ, abrégé la partie sur Eguilles mais ajouté le passage au jas de Coussou.

quartier Bastide BlanchePetit coin de Sainte-Victoire depuis le chemin poissonnierJe me suis garée sous le pont TGV : le sentier d’exploitation part dans le quartier de la Bastide Blanche et rejoint le chemin poissonnier : c’est déjà Saint-Cannat. La Sainte-Victoire apparaît au loin. Ce vieux sentier poissonnier est assez large, caillouteux et sans grand intérêt : des chardons, des bosquets d’arbres et des postes de chasse, Piège araignéele piège au sol en forme d’entonnoir d’une toile d’araignée. Peut-être la toile d’une tégénaire ? Ces arachnides sont pratiquement aveugles mais perçoivent les vibrations les plus minimes : elle sort alors pour emporter son butin.

La TouloubreCentre équestre Saint-CannatAvant le Puits de Monet, non loin d’un carrefour de pistes, un étroit sentier sur la gauche évite la descente raide dans les cailloux ; la Touloubre n’a presque pas d’eau ; à  l’approche du centre équestre, deux chiens chahutent ; leur maîtresse a bien du mal à les empêcher de poser leurs pattes boueuses sur moi. Je prends connaissance des menus du renommé Mas FauchonMas de Fauchon puis j’entre dans une zone résidentielle aux belles propriétés ; au croisement, le chemin de Saint-Cannat à Berre part sur la gauche, du côté des installations sportives ; avant d’arriver sur le boulevard extérieur de Saint-Cannat, je longe un immense champ de tomates.

Eglise de St-CannatLa Vierge et l'enfant, après l'assomptionCe qui frappe, c’est que l’église Notre-Dame de Vie est neuve parce que reconstruite après le tremblement de terre de 1909 qui a détruit le village.

C’est l’une des premières églises en ciment ; elle a été consacrée en 1927 sous la protection de la Vierge Marie […]. Reliquaire de St-Cannat Vè siècleOn peut y découvrir le sarcophage-reliquaire de Saint-Cannat du Vè siècle. Cette église a été entièrement ravalée et réhabilitée.

Saint-Cannat #2 – L’Eglise, par Tic&Tac!

Pour prolonger la visite de Saint-Cannat, ont été placées d’autres caches dans le centre :

Saint-Cannat #1 – Lavoir 1, Saint-Cannat #3 – Lavoir 2, Saint-Cannat #4 – Le canal d’irrigation, Saint Cannat #5 : Cache Bonus, par Tic&Tac!

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*** Le sentier des aiguiers, Saint-Saturnin les Apt


Cela faisait bien longtemps que je voulais faire ce sentier extrait de 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominique, le Bec en l’air, 2008 ; avec mes amis Claire & Denis, nous n’étions allés que jusqu’aux aiguiers1 Grognard.

Les photos de Yves Provence

balisage du sentierDépart du parking des Longuets sur la D230 qui mène à Sault ; le parking est peu visible surtout si aucune voiture n’y est encore garée. Des poteaux de bois portant une marque verte baliseront le circuit. Les lettres identifiant les points d’intérêt sont reportés sur la carte IGN en bas de page.

Au virage en épingle à cheveux, direction les Romanes ; je m’engage par erreur vers la Thébaïde, bordée d’un muret de pierres (je n’ai pas vu le modeste panneau de bois à l’entrée) au lieu de la contourner par la droite ; les propriétaires attablés pour le petit déjeuner me remettent gentiment sur la bonne voie.

aiguiers bessons aiguiers bessonsLes aiguiers Bessons2 (A, B) se font face de part et d’autre du chemin ; à droite deux bassins séparés par un mur de pierre. On accède au second à ciel ouvert par trois marches taillées dans la pierre.

Puis direction la Cassette ; sur la gauche, un petit sentier conduit à l’aiguier de Barralié (C) ; l’impluvium est envahi par les pins ; trois abreuvoirs en pierre taillée sont construits à proximité ; un escalier d’accès est creusé dans la roche pour accéder au réservoir : les deux toits de pierre sèche couvrent deux bassins séparés dont la longueur totale est de presque 7m. Compte tenu de l’ombre, il est bien difficile de faire des photos convenables ; celles du livre ont été prises en hiver : c’est mieux !

la Cassette la CassetteJ’ai d’abord trouvé deux cabanes écroulées avant de trouver la grande cabane de forme oblongue avec un élégant décroché qui souligne le début de la voûte ; elle s’ouvre sur des champs de lavande. Le panneau l’appelle borie de la Cassette (D) ; borie est un terme impropre pour cabane mais c’est celui que tout le monde connait…

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Les Caisses de JeanJean, Mouriès


Inspirée de la randonnée 34 publiée dans le topo-guide Les Bouches-du-Rhône à pied, FFR, FFR, 2002, elle s’est transformée, grâce à Majo qui a l’art de débusquer ce que je ne vois pas, en véritable découverte d’un oppidum bien caché !

Nous avons stationné sur un des parkings aménagés par le CG13, au croisement de la D24 (qui traverse les Alpilles du nord au sud) et de la D24A. Le panneau d’information sur la nouvelle réglementation 2016 d’accès aux massifs forestiers a été mis à jour : il est désormais possible de randonner toute la journée en niveau orange et rouge.

Champ d'oliviersonopordonLa balade commence tranquillement le long des champs d’oliviers. Majo m’offre pour la photo quelques fragiles œillets sauvages qui n’arrêtent pas de bouger avec le vent. Quand elle a eu écrasé le globe rouge de l’ail sauvage, elle en a convenu : ça sens l’ail ! et ce que Mireille croit être un chardon laiteux pourrait-il être un onopordon d’Illyrie avec des ailes en forme d’épine sur sa tige épaisse ?

canal des BauxLe canal des Baux que nous allons suivre très régulièrement, coule abondamment ; nous sommes dans la période de plus fort débit pour l’irrigation. Son parcours, d’une longueur de 53 kms [ndlr : 7 siphons, 3 superbes aqueducs, 7 tunnels dont celui des clapiers], danse dans les Alpilles, tantôt au cœur, tantôt à ses pieds. Sans lui, il est probable que les agriculteurs auraient été ruinés, la sécheresse ayant sévi pendant plusieurs années. Il a fêté ses 100 ans en 2014 ; ce canal prend sa source à Eyguières, via le canal Boisgelin Craponne alimenté lui-même par les eaux de la Durance, et la transporte jusqu’à Fontvieille. Il peut servir aussi aux pompiers en cas d’incendie.

[22 juin 1873] C’est donc poussés par une impérieuse nécessité que les populations (+/- 12000 habitants), […] de leur initiative privée, se sont formés le 8 juin courant en association syndicale libre comprenant 760 adhérents qui ont engagé 1430 hectares à l’arrosage, 4000 hectares pourront être arrosés par la suite… Historique du canal

Nous abordons maintenant la longue partie sur la route de Servanes2, passant devant le château qui se cache au bout d’une longue allée. Nous délaissons le GR653A pour continuer sur la variante du Cagalou. Strates qui émergentAu carrefour avec le sentier rural, nous sommes attirées par un haut mur de pierre, tout seul sur le talus à côté de quelques arbres, comme planté là par l’homme ; mais non, ce sont trois strates redressées mises à nu sans doute par l’érosion.

Piste le long du GaudreFenouil sauvageLa piste suit le Gaudre de Malaga ; Majo me montre le fenouil sauvage que j’ai bien envie de goûter ; la racine semble profondément enfoncée dans la terre et je n’arriverai pas à la déterrer sans les outils appropriés. Celui-là n’a pas de bulbe mais on consomme ses feuilles et ses tiges anisées : à l’intérieur d’un poisson grillé par exemple. Une imposante construction sur le Gaudre nous fait penser que Ancien réservoir sur le Gaudre (?)le ruisseau alimentait un grand réservoir avant de continuer son chemin. Le bleu du ciel, les arêtes découpées de la montagne, le vert des oliviers, le jaune des argeiras constituent le paysage typique des Alpilles. Nous aimons.

Paysage typique des Alpilles

Au niveau de Cagalou, un ancien puits puis la belle propriété d’Entremonts. Nous envisageons de nous rendre à l’oppidum des caisses de JeanJean, sans savoir si ce sera indiqué mais il y a une étoile sur la carte : ça vaut donc le coup d’essayer.

balisage zone d'escaladeAprès un rapide coup d’œil à la carte IGN, sur la droite du chemin de Cagalou, deux hommes descendent d’un chemin non balisé ; ça pourrait être celui-là ; nous suivons les icônes bleues représentant un escaladeur mais bientôt ce sentier nous éloigne : nous sommes sur les Petites Caisses où se trouvait autrefois un faubourg allongé de l’oppidum ; après un demi-tour de quelques dizaines de mètres, Majo décide de rejoindre le bon chemin par un raccourci glissant et en pente.

Les Caisses de JeanJean, quel drôle de nom ! attesté en 1791 par le « cadastre » de l’Assemblée constituante, il ne désigne que les terres du piémont méridional, limitées au sud par le « vieux chemin de Maussane à Eyguières » et à l’est par celui de Cagalou. Jehan fils de Jehan [JeanJean], est le premier propriétaire connu de cette partie de Mouriès ; quant à l’origine toponymique de ‘Caisses’, certains pensent à une origine pré-celtique (cal, car, cr = pierre), à moins qu’il ne s’agisse du provençal cais (pluriel caisses), la mâchoire, par analogie avec la forme du lieu, et les dents par analogie aux barres rocheuses découpées qui se font face comme les dents d’une mâchoire. la mâchoire (photo-aerienne-5 GAM)les dents (photo-aerienne-2 GAM)Les photos aériennes d’Alain Laforest du GAM pourraient vous convaincre de cette ressemblance… Des Caisses, il y en a plusieurs : les Petites Caisses et les Caisses de Servane2 sur le piémont sud des Caisses de JeanJean.

Vue sur Sainte-VictoireBorne 10 du parcours d'interprétationAprès un coup d’œil sur Sainte-Victoire au loin, et la tour des Opies, nous entrons par la partie haute de l’oppidum (l’acropole) et découvrons la borne 10 du sentier de découverte (à télécharger) établi par les élèves de SEGPA du collège René Cassin de Tarascon et les écoles de Mouriès, avec l’aide de l’association « Chemin Faisan » et le PNR des Alpilles. Puis nous entrons par ce qui fut la ‘porte‘ de l’oppidum (photo Mireille Laforest) ; Espace entre les deux barres rocheusescaisses-7-10-12-5 porte en cours de fouilles Mireille Laforest GAMquelle surprise ! une vaste prairie dans un espace plutôt plat coincé entre deux barres rocheuses et qu’il est impossible de deviner quand on est à ses pieds.

La zone archéologique comprend un habitat de hauteur, l’oppidum des Caisses, et en contrebas, du côté sud, le site de Tericiae, dans la plaine. Le site est connu depuis le début du XIXe siècle. […] Chacune des deux extrémités de cet espace est constituée d’un rempart, de telle sorte que le village, protégé par ces deux murs, se trouve dans une position quasi imprenable.

Les archéologues ont identifié cinq périodes d’occupation, entre le 8e-7è siècle avant J.-C. et  le 3e siècle après J.-C. où il est définitivement abandonné soit presque 1000 ans d’occupation.
stele CAI.85.02 fragment de futAu cours de ces périodes, les pierres ont été réemployées, comme par exemple les stèles gravées du rempart R1 réutilisées en boutisses1 dans les remparts plus tardifs. Schéma extrait de l’article  de Marcadal Yves, Paillet Jean-Louis, « Blocs architecturaux de tradition hellénistique de l’oppidum des Caisses de Jean-Jean (Mouriès, Bouches-du-Rhône) », Revue archéologique 1/2011 (n° 51) , p. 27-62 ; URL : www.cairn.info/revue-archeologique-2011-1-page-27.htm
DOI : 10.3917/arch.111.0027.

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