Le vieux village de Quinson par la Quille


IMG_0043.jpgSuite à notre visite à l’office du tourisme de Quinson, IMG_0045-150x112.jpgnous décidons de monter jusqu’au vieux Quinson par la Quille. La fontaine de la place de la paix à deux bassins en fonte est occupée par des tortues. Huit fontaines datent presque toutes de la fin du XIXè siècle, période de construction du canal du Verdon dont la prise d’eau se trouve au barrage de Quinson.

16 août 1868 : « une crue subite poussa les eaux du Verdon dans l’enceinte de la ville qui détruisit à Quinson les premiers ouvrages de la prise du canal d’Aix, et emporta les échafaudages, la voie ferrée, les wagonnets ainsi que tous les instruments du chantier. » Annales des Basses-Alpes. Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-AlpesSociété scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, T.VII, Labord-Corusart, Digne, 1880-1943

Association Quinson, histoire et devenir

IMG_0047.jpgLe linge s’égouttait, accroché aux barres suspendues de chaque côté de l’ancien lavoir. Le bâtiment a été construit près des champs où l’on étendait le linge. L’arrivée de l’eau se fait par une petite fontaine décorative à l’extrémité du lavoir, face à la rue.

« La principale bugade […] se faisait au lavoir quatre fois par an (mais jamais la semaine des morts ni la semaine sainte) et chaque bugadière apportait jusqu’à 30 draps. » Quinson sur Verdon – Découverte d’un village en Haute-Provence, François Warin, Les Alpes de Lumière, 2002

 

IMG_0050.jpgIMG_0049.jpgNous passons derrère la chapelle notre Dame qui est fermée. De là, la montée est continue ; je l’ai trouvée un peu difficile et risquée à cause de l’humidité emmagasinée sous les feuilles d’automne qui rendait les pierres et les rochers glissants ; certains passages nécessitent de s’aider des mains. Pendant longtemps, nous avons douté pouvoir passer cette barre rocheuse, haute et longue. Contrairement à ce qui est écrit dans Gorges, lacs et plateaux du Verdon… à pied – 20 promenades et randonnées, F.F.R., F.F.R., coll. Topoguides, 2007, ce circuit n’est pas à classer dans ‘très facile’.

IMG_0051.jpgIMG_0055.jpgAu pied de la Quille, monolithe dressé comme une quille, nous hésitons sur le chemin à adopter : il faut passer derrière, par un étroit goulet ; le sentier se resserre de plus en plus parfois au tracé incertain. Le balisage est si rare que plusieurs fois, nous avons eu des doutes sur le fait d’être sur le bon chemin.

IMG_0059.jpgQuand nous arrivons au sommet, inquiets de cette première partie que nous pensions facile, nous ne trouvons qu’une habitation en ruine, vestige de l’ancien village Castrum de Sancta Michaele de Quinsono. Je comprends maintenant pourquoi sur la carte qui nous a été remise figure un lieu dit Saint-Michel. Le toponyme Saint-Michel est souvent celui d’un lieu élevé. Est-ce tout ce qui reste du Vieux Quinson ? où était donc l’église où les habitants se rendaient en pélerinage ? Deux bastions quadrangulaires (12mx5m), l’un sur le versant oriental que l’on voit bien du village, l’autre dominant le Verdon, pourraient avoir été des salles de garde. Par un faisceau d’indices venus des villages les plus proches, F. Warin pense que le castrum de Quinson était probablement dédié à Mercure avant de l’être à Saint-Michel.

Une première autorisation de construire un nouveau village a été donnée aux habitants de Quinson oralement par Hugues de Plaisance. Sur la foi de ce seul engagement les habitants ont commencé à construire leur village vers 1277. Mais l’attestation écrite promise n’arriva jamais. La reine Yolande d’Aragon, veuve de Louis II d’Anjou, leur donna son accord le 4 octobre 1419 alors que le village était déjà reconstruit. Sur cet acte de la cour royale d’Aix, il est interdit aux fonctionnaires de Barjols de s’y opposer, comme ils l’avaient fait jusqu’à lors, faute d’autorisation écrite.

IMG_0054.jpgIMG_0062.jpgDe ce point culminant, nous avons une vue bien large sur la plaine et le barrage. Le retour se fait soit par une variante rapide mais raide et caillouteuse, soit plus tranquillement par un chemin qui ne sera pénible que sur les quelques centaines de mètres restant, probablement le lit d’un ruisseau. Nous rejoignons l’office du tourisme par le cimetière puis le parking derrière celui-ci.

IMG_0064.jpgAprès le dernier café au bar du centre ville, c’est le retour par la route de Riez. Le soleil couchant a embrasé les arbres : impossible de quitter les lieux sans une dernière photo.

Quinson par la quille 4km000, 1h25, 166m denivelée

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1quinson de l’occitan quinsoun signifiant pinson en provençal, rapprochement couramment fait, puisque le pinson figure sur les armes de la commune ; les toponymistes se basent sur la forme ancienne du nom du village (Poncius de Quincione, en 1042) : nom propre romain, Quinctius ou Quintio selon les auteurs.

La chapelle Saint-Michel de Cousson


IMG_0021.jpgIl n’y a pas un Cousson mais deux ! C’est la montagne des Dignois. Pour nous y rendre, nous  allons à Entrages annoncé fièrement par des buis taillés de chaque côté de la chaussée. Un « chateau », résidence campagnarde construite en 1782, dont les fenêtres de derrière ont toutes été murées, a dû avoir son heure de prospérité au XVIIIème siècle.

IMG_2744r.JPGA Entrages, le seul droit de péage ayant existé depuis le moyen-âge est le curieux et modique droit de pulvérage1 qui permettait aux seigneurs de percevoir une taxe chaque fois que des troupeaux de moutons traversaient leurs terres incultes pour rejoindre les pâturages d’été de Haute-Provence, ou dans l’autre sens, pour rejoindre la Basse-Provence en hiver.

Durant leur trajet, les transhumants étaient censés trouver de la nourriture sur les chemins qu’on avait tracés pour eux. C’est pour dédommager les seigneurs que fut instauré ce droit. Il était calculé en fonction du nombre de bêtes et de la distance parcourue sur les terres du seigneur. Annales des Basses-Alpes. Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes 1899-1900, T.9.

Les lettres patentes du 16 janvier 1764 maintiennent le statut de Provence concernant le droit de pulvérage et autorisent les seigneurs à lever ce droit sur les troupeaux d’averages ou de moutons brebis, chèvres et chevreaux passant par leurs terres gastes, à raison de 6 deniers par «trentenier2», sans qu’ils puissent rien exiger pour les boeufs, les vaches, les chevaux, mulets, ânes et cochons.  Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790, Bouches-du-Rhône…, M. Blancard, P. Dupont, Paris

IMG_0027.jpgLe parking au bout du village est déjà plein : le Cousson et sa chapelle attirent beaucoup de monde. Au delà, plus de route, seulement le GR qui monte au Cousson. Par une montée continue jusqu’à 1511m d’altitude, nous sommes le plus souvent en plein soleil. Dans la descente empierrée où les racines sont de véritables pièges, une équipe de VTTistes tentent de descendre sans mettre le pied à terre. Nous les laissons passer, appréciant leur sens de l’équilibre. L’un d’entre eux passe par-dessus son guidon et disparait dans le fossé. Plusieurs minutes plus tard, il émerge sans grand dommage.

Descriptif de la randonnée sur le site Haut-Vernet (boucle)

Au pas d’Entrages, nous quittons le GR pour le tracé jaune qui contourne la cuvette formée par les deux sommets du Cousson. Nous croisons une randonneuse partie à 8h du lieu-dit les Eaux-Chaudes. Ce nom vient du torrent d’eau chaude, sulfureuse et saline, jaillissant à des températures diverses, entre 42° et 45°, par neuf sources, au pied d’un immense rocher aux pentes nues : ce sont là les Thermes de Digne » ; un couple accompagné de son vieux chien qui tire la langue, tente de persuader ses enfants qu’ils sont bientôt arrivés.

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Enfin, au loin, la chapelle Saint-Michel apparait en bordure de falaise, défiant le vide. On ne voit qu’elle tant l’espace est dégagé. Elle est si proche du bord qu’il est impossible d’en faire le tour complet et si on le tente, mieux vaut ne pas avoir le vertige et avoir recommandé son âme à Saint-Michel…

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Lagremuse, village perché abandonné


Lagremuse, village abandonné (1793 : 74 habitants, 1844 : 66 habitants, 1918 : aucun) fait l’objet d’un circuit de découverte ‘La Route du Temps’ proposé par la Réserve Géologique à qui vous demanderez le descriptif détaillé des points de visite. Vous trouverez 3 panneaux d’information en cours de route. Sur les conseils d’estoublon, nous arrivons par la large piste forestière qui monte, qui monte de façon continue sur 164m de dénivelée, pas grand chose en soi, sauf si juste avant on a parcouru les gorges de Trévans avec ses 640m de dénivelées positives cumulées ! La moitié du parcours se fait en sous-bois.

IMG_1952.JPGComme beaucoup de petites communes rurales des Alpes-de-Haute-Provence, Lagremuse a été désertée à la fin du XIXe siècle.  Les habitants de la commune du Chaffaut portent un grand attachement à ce village perché de la vallée de la Bléone. Des vignes étaient cultivées à l’ouest du village, sans doute dans le quartier dit ‘des Vignes’ : peut-être y trouverez-vous encore quelques ceps abandonnés ; les oliveraies ont été récemment restaurées. cassini_lagremuse_.jpgSur la carte de Cassini (1778-1779), la commune s’appelait La Gramuse, du nom du petit lézard gris qui se dore tranquillement sur les murs et murets, au soleil brûlant de l’été. « […] Avant la révolution ce village se nommait presque toujours Lagramuse ou la Gramuse en deux mots ». Armorial des communes de Provence, ou Dictionnaire géographique et héraldique, Louis J S. de Bresc, 1866. En 1962 elle a fusionné avec la commune de Saint-Jurson pour former la nouvelle commune du Chaffaut-Saint-Jurson.

IMG_0400.jpgIMG_1940.JPGDu chateau fortifié construit sur trois rochers, dit-on,  il ne reste que les hauts murs et les ouvertures côté Bléone d’un côté, côté oliveraie de l’autre. Il a été construit au XVe siècle. La chapelle du chateau était consacrée à Sainte Agathe : difficile de reconnaitre un édifice religieux.

Le premier seigneur de Grémuse s’appelait Jean Guiramand au XIVe siècle. Un de ses ancêtres, Pierre de Guiramand, fut le maitre d’hôtel de Charles du Maine. Source : site de Jean Gallian, famille Guiramand. Les armoiries du village de Lagremuse sont donc celles de cette famille ; l’oiseau est un faucon qui a des longes au pied. Un faucon de sable symboliserait un homme fort et homme de guerre selon le Manuel héraldique ou Clef de l’art du blason, L. Foulques-Delanos, Limoges, oct. 1816.

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Petite digression. La longe est la seconde pièce essentielle de l’équipement du faucon. Nouée aux anneaux des jets, elle est solidement liée à la perche ou au bloc où l’oiseau est posé. S’ajoutent les sonnettes, petits grelots attachés aux tarses de l’oiseau par une lanière de cuir. Par leur son, le fauconnier peut suivre plus facilement les allées et venues de son oiseau et le localiser lors des parties de chasse. Informations extraites du forum sur la fauconnerie, site du Castel de Lyon.

Comment se passe la chasse au faucon ? On lâche une proie de sa cage. Le faucon s’élève à la verticale, reste en vol stationnaire ; au cri du fauconnier, il frappe violemment sa proie. Quand le fauconnier le rappelle, le faucon revient ; c’est le chien qui ramène alors la proie tombée au sol.
IMG_1941.JPGDepuis le promontoire, nous tentons de reconnaître les sommets et les villages grâce à la table d’orientation qui domine la vallée de la Bléone.  Beaucoup de vent et le risque sans doute pour de jeunes enfants d’être bousculés. Au loin, l’Estrop, où se trouve les sources de la Bléone, et souvenir d’une ascension particulièrement éprouvante

IMG_1942.JPGIMG_1950.JPGDans le village, toutes les constructions étaient assemblées avec de très gros galets bien ronds de la Durance. Les rochers épars sur le site sont constitués de débris cimentés comme ceux des pénitents des Mées : le poudingue, « roche sédimentaire détritique consolidée, constituée de débris arrondis, qui sont d’anciens galets qui ont subi un transport sur une certaine distance dans des rivères ». Extrait de wikipédia. Le village abandonné de Bras d’Asse était bâti avec les mêmes matériaux, disponibles sur place. Regardez l’épaisseur des murs et admirez l’art d’assembler des murs droits avec des galets ronds !

poudingueIMG_1948.JPGDerrière le portail de fer que nous refermons soigneusement, c’est l’étroit sentier balisé qui suit partiellement le chemin existant à l’époque du cadastre napoléonien (1808) : chemin d’Entrevènes à Lagremuse puis chemin des Mées. Si vous êtes certain d’avoir trouvé le numéro de parcelle où est construit le château, faites-le moi savoir ! Le parcours est presque totalement en sous-bois, appréciable l’été.

Les graviers rendent parfois ce sentier balisé glissant ; il est plus rapide pour rejoindre le parking. Si vous faites l’aller et le retour par celui-ci, vous ne verrez pas le second panneau d’information et vous ne bénéficierez pas de la vue sur le village complet.

IMG_0404.jpgEn route, une zygène (du trèfle ?)  a été bien difficile à photographier.

Au retour, nous passons devant le chateau de Carmejane devenu lycée agricole dont le nom me rappelle le dernier propriétaire de la terre et du château de Lagremuse,  Albin Charles Marie de Carmejane, directeur des lignes télégraphiques au XIXe siècle. Trois corps de logis et un pigeonnier en tourelle ronde à toit en éteignoir […] (fin XVIIIe – début XIXe) p.272 du livre de Raymond Collier, la Haute Provence monumentale et artistique, Digne, 1986

Voilà une courte promenade vers un site qui plaira aux familles et qui méritait bien une cache Lagremuse, village abandonné  par estoublon.
Lagremuse 1h20 depl 3km645 dénivelée 164m