*** Les gorges de Saint-Pierre jusqu’à la cascade


C‘est la troisième fois que je marche dans les gorges, creusées très profondément par le torrent de Saint-Pierre, affluent du Verdon ; nous utilisons le chemin muletier qui a servi à la fin du XIXe siècle au reboisement de la forêt.
Je vous déconseille fortement d’y aller en pleine chaleur (Juillet est le mois le plus chaud et le plus sec de l’année) car le sentier en balcon sur des rochers, circule entre deux hautes parois rocheuses qui ne laissent pas passer le moindre souffle d’air. Et bien peu d’ombre tant qu’on n’est pas arrivé au niveau du pont.

Au bout du vallon reculé de Saint-Pierre, les gorges offrent un paysage rocheux tourmenté. Dans ce paysage très boisé, les falaises abruptes et découpées forment un canyon tortueux. Le Haut Verdon d’Allos, Atlas des paysages des Alpes de Haute-Provence

Ce qui a changé par rapport à mes précédentes visites :

  • la découverte d’un artiste ‘peintre forestier’ à la chapelle Saint-Michel ;
  • un panneau d’information sur les gorges au niveau du pont au croisement avec les deux sentiers qui montent en forêt ;
  • une cascade bienfaisante accessible trouvée par notre guide Yves Provence où nous prendrons notre pique-nique.

Aller-retour à la chapelle Saint-Pierre toujours bien entretenue ; une pancarte de bois porte ce message : ‘A la mémoire de Patrick Serena, peintre forestier’. C’est un aquarelliste de la Société des aquarellistes de Provence qui a exposé surtout dans le 04 où il habite : Vachères, Forcalquier, Beauvezer, Allos mais aussi Cucuron, Carry, Cassis, etc. En 2017, il a été sélectionné pour la 3e fois au Salon International de l’Aquarelle au Grand Palais à Paris. En 2015 il a réalisé la fresque murale située au-dessus de l’autel de cette chapelle rurale de Beauvezer (Remarquez la marmotte et le chamois). Il est connu dans la vallée du Haut-Verdon pour avoir repris une technique du XVIIe siècle en utilisant la plume du peintre, une plume spécifique qui se trouve sur les ailes de la bécasse (seule la plume de l’aile gauche est employée par les peintres) pour peaufiner les détails. Quelques unes de ses œuvres sur son site

Toujours impressionnants, ces gorges et ce sentier en balcon à mi-hauteur. Un sentier étroit ou un peu plus large (1 m à 1 m 50 minimum pour une mule chargée), parfois conforté par de hauts murs de soutènement, avec un passage avec câbles, d’autres sous la voûte de la roche. Nous arrivons à la passerelle qui traverse le torrent.
Personnes sujettes au vertige, s’abstenir !

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Notre Dame de Consolation, variante vers la fabrique de Villemus


Plus de 10 ans après je parcours à nouveau le circuit balisé de Notre Dame de Consolation à Jouques auquel j’ai ajouté deux variantes : au départ un aller-retour vers Notre-Dame de la Roque (le sentier passe dessous), et une petite boucle vers la fabrique de pipes de Villemus. Le ressenti est différent ; ce que j’avais jugé difficile l’est moins avec l’entrainement. Notre-Dame de Consolation à partir du village de Jouques

Nous stationnons près du cimetière de l’église saint Pierre qui a pris la place d’une chapelle du XIe ; de nombreuses tombes ont été retrouvées lors de la restauration en 2000 ; elle est devenue église paroissiale lorsque Notre Dame de la Roque est devenue trop excentrée ; une des chapelles est dédiée à Sainte-Consorce, fille de saint Ser, l’ermite de Puyloubier.
Variante 1 : Pour les amateurs de patrimoine, un petit aller retour sur l’éperon rocheux s’impose : il porte l’ancien castrum fortifié du Moyen-Age et la chapelle Notre Dame de la Roque. Un sentier aux larges pas d’ânes conduit au sommet, en passant devant l’oratoire de Notre dame de la Roque et celui de la Vierge du XVIe tourné vers le village. Un clocher enfermé dans une tour carrée porte la date de 1390.

C’est la plus vieille chapelle de Jouques, confirmée en 1135 par Innocent II. Son clocher date de 1390. Elle offre une vue sur la vallée du Réal et l’atypique Grand Pré dans lequel, au début du XXe, paissaient quelques vaches normandes de la ferme Borghino (Bulletin de liaison n°22, 1er semestre 2019, Les Amis de Jouques). Si vous redescendez vers le village au niveau de la porte, vous pourrez voir sur votre gauche l’ancienne tour de l’horloge construite par la communauté entre 1761 et 1764 et son enfilade d’arcs appartenant à l’ancienne résidence d’été des archevêques d’Aix (XVIe) : c’est Louis de Bretel qui résida surtout à Jouques et fit aménager le château et les jardins ; cette résidene a été rachetée par le sculpteur Antoine Sartorio. Le Portail Supérieur, vestige isolé, appartient à la première enceinte du village médiéval près des quatre maisons de l’enclos Jean Roque.

Un vieux Jouquard nous confirme le bon chemin, ombragé, pour rejoindre le GR9. Il circule le long des cultures en restanque ; les fleurs de printemps bordent le chemin : iris, cistes, et petites pervenches bleues.
Direction le hameau fleuri de Bèdes – dite parfois Toscane provençale ; alors qu’un chien fugueur nous suit sur la route, nous croisons une dame en voiture qui le cherche ; au ton de sa voix, le chien a compris : il fait demi-tour !

Variante 2 : à la sortie du hameau, il faut dévier du sentier balisé pour une route qui mène à la ferme Notre-Dame et sa chapelle privée intégrée ; nous passons devant un lavoir et une fontaine alimentés par un réservoir dont l’eau autrefois était remontée par une éolienne de pompage ; réservée à un usage domestique, elle coule toujours.
Le sentier pavé s’enfonce entre champs et sous-bois puis avant de contourner le champ, la fabrique de Villemus apparaît de l’autre côté, vaste bâtiment à trois étages de 15 m de long qui nous étonne dans ce lieu désormais désert. Nous contournons le champ jusqu’à se trouver devant la façade. Complètement fermée, elle ne peut être visitée. Nous apercevons deux bâtiments différents (d’autres ont été rasés) : l’ancienne ferme et la fabrique. Les rebuts de production autrefois jalonnaient les champs.

La fabrique de Villemus au pied de Vautubière a été créée en 1845 par le député Louis-Auguste Pons, sur le plateau de Bèdes, non loin de la ferme Notre-Dame. L’eau y était amenée par captage d’une source proche au nord ; l’eau de pluie était récupérée dans une citerne de l’entresol de la maison.
Par l’observation des rebuts de production, on sait que la fabrique était polyvalente : vaisselles de tables, poteries culinaires, tomettes estampillées ‘Villemus’ ; des biscuits d’assiettes à marli2 caractéristique des production d’Albisola suppose la présence d’ouvriers italiens. Cette vaisselle a été largement exportée.
Les jouquards connaissent surtout les pipes de six modèles différents : simples, sans décor, ou représentant par exemple un modèle à figure (l’homme de loi) ou d’inspiration coloniale pour l’exportation. Photo ci-contre extrait du document de : Henri Amouric, Lucy Vallauri, La fabrique de Villemus, une usine à la campagne, 2006, pp.230-233, LAMM – Laboratoire d’archéologie médiévale méditerranéenne

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De Bibémus à Bimont


Un classique facile et typique, à partir du plateau de Bibemus, que je parcours avec Tatooine, le chien de ma fille. Depuis Aix-en-Provence, on monte par une petite route, le chemin de Bibémus, qui est aussi le GR653A, chemin de Compostelle. Le parking est presque toujours plein car le lieu attire non seulement les randonneurs mais aussi les joggers, les promeneurs de chiens, les  amateurs de Qi Gong et de yoga, etc.

La piste large passe devant les carrières de Bibémus exploitées pour les monuments aixois jusqu’au XVIIIe siècle (visite sur réservation auprès de l’office du tourisme) ; elles ont fait la renommée du peintre Cézanne qui découvre les lieux à l’abandon : il fait naître entre 1895 et 1904 des œuvres de renommée mondiale, telle Le rocher rouge. Extrait du site cezanne-en-provence.com. Les méthodes d’extraction de la molasse à Bibémus par les Romains sont très inspirées des techniques employées à Carthage à la même époque ; le nom de Bibemus a d’ailleurs une consonance latine.

Le premier sentier sur la droite mène au barrage Zola après une belle descente ; les piliers de chaque côté et le mur de pierre sèche rappellent qu’au début du XIXe, le lieu était privé, cultivé par la famille de Charles Venture du Tholonet (Curieux : il porte l’ancien nom de la montagne et de la chapelle sur Sainte-Victoire…) : vignes, pâture, bâtiment rural figurent sur le cadastre napoléonien.

Je continue vers l’est sur le plateau, sous les pins ; dans les flaques d’eau qu’ont laissé les pluies abondantes d’hier, une auréole jaune-vert fluo s’est déposée comme une dentelle. C’est le pollen de pin. En avril et mai, dans les villes, le pollen des pins prend la forme d’une poussière jaune envahissante : dans les rues, sur les voitures, sur les terrasses, sur les toits et sur le linge étendu dehors !

Variante : sous cette piste large, sur la frontière Aix-Le Tholonet, se cachent quelques grottes qui ont servi de terrain de jeux à bon nombre d’enfants ; ouvertes sur les Infernets et le barrage Zola, elles offrent quelques vues sans obstacle, bien meilleures que depuis la piste. Merci André.

Sur une petite esplanade à découvert, le barrage Zola en contre-bas, apparaît ; les jours de pleine lune, il paraît que le spectacle des reflets de l’astre nocturne sur l’eau vaut le déplacement… Merci Domi pour l’information.

Le plus souvent en sous-bois, le sentier offre néanmoins à l’œil attentif quelques trouées avec vue sur la Sainte-Victoire, aujourd’hui encore dans les nuages. Un arbre déraciné rappelle que le mistral peut être plus fort que la nature. Sur une aire plane près de la falaise, deux cabanes en forme de tipi ont été construites à l’aide de branchages, soigneusement entourées d’un chemin délimité par des cailloux. Elles dominent les Infernets, toponyme que l’on retrouve aussi à Vitrolles et Vauvenargues, et qui désigne un lieu d’accès difficile ou… les enfers.

Aux deux tiers du trajet, une variante s’éloigne en large boucle dans les bois tandis qu’une autre reste sur le bord de la falaise. Je prends la plus proche du bord, que l’on identifie par une petite esplanade de cairns en tout genre construits sans doute par les randonneurs à la manière du rituel des pélerins de Compostelle. De multiples petits sentiers sont possibles et tous mèneront au barrage du Bimont. Le parking est vaste et les touristes nombreux ; on ne peut toujours pas traverser le barrage à pied à cause des travaux mais bientôt, en juin, le passage sera rétabli.

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