Je cherchais depuis plusieurs semaines comment atteindre l’aqueduc de Parrouvier (photo Ti’Mars). J’avais visité la forêt du Collet Blanc dans tous les sens. J’étais même partie des Carlues, espérant trouver un sentier qui l’atteindrait depuis le sud. Pas d’accès public : que des propriétés privées ! Le Bigleux me montra son cheminement de l’autre côté de la route, me raconta avec enthousiasme qu’il jouait dans ce canal étant enfant et qu’aucun obstacle ne venait alors l’en empêcher ; c’était des kilomètres de balade ininterrompue pour le plus grand plaisir des amateurs de vélo. Pour les VTT, voir la description du Vallon du Puits par Paul-Henri Giraud.
* La météo de ce jour à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie
Poursuivant mes recherches, je tombe un jour sur ce blog citoyen. Aussitôt j’entre en relation avec DD qui porte un grand intérêt à Parrouvier. Il m’explique comment y aller…
Achevé en 1876, le canal du Verdon est progressivement remplacé par le canal de Provence entre 1969 et 1980. La fontaine du Cours Mirabeau a été alimentée par le canal du Verdon (1875). L’idée c’est de marcher dans le canal à l’air libre, mais en ai-je le droit quand il traverse une propriété privée ? autour de moi, les avis sont partagés. Quelques éléments de droit vont m’aider à comprendre :
- Au moment de la construction du canal, une surface de terrain de chaque côté des rives du canal doit être acquise par le concessionnaire pour faire les travaux (manoeuvre des engins, stockage des matériaux) : c’est le domaine hors ligne qui est généralement rétrocédé aux propriétaires quand la concession est terminée ;
- les ouvrages en concession sont remis à l’état en fin de concession (le canal principal lui-même par exemple) ;
- les ouvrages hors concession comprennent les aménagements demandés par les collectivités.
Dès l’arrêt de l’exploitation, les propriétaires qui ont été expropriés se voient proposer la rétrocession de leurs biens. Ils peuvent également renoncer à ce droit. (frédéric fargues, les caractéristiques juridiques du patrimoine foncier d’un concessionnaire de l’état : la société du canal de Provence, mémoire ESGT, 2002). Il me suffira de vérifier au cadastre que le canal du Verdon est bien propriété de l’état et savoir si le domaine hors ligne a été rétrocédé. La mairie de Meyrargues me faxe le plan. Chaque parcelle est repérée par un numéro : celle du canal lui-même est facilement identifiable grâce à sa forme en zig zag géométrique. Entre le parking et l’aqueduc, et même au delà, pas de problème : le canal appartient au ministère de l’agriculture et de la forêt. J’y vais dès le lendemain soir…
Drôle de marche que celle là ! je me gare au parking près du bâtiment des Scouts. A cet endroit la ligne de chemin de fer est très proche de la route ; en quelques minutes, je rejoins un pont aqueduc. Je monte sur ses berges puis dans l’ancien canal du Verdon que je ne quitterai plus pendant 3km. Il serpente sans arrêt, traversant des champs, une forêt ou des propriétés privées. Taille dans le rocher, pavage en pierres, dalle de béton ou remblai de terre, tous les modes de construction sont représentés. Un canal large, évasé et peu profond au début puis plus étroit avec des murs si hauts que je m’y sens emprisonnée : il est alors impossible de remonter sur les berges. Je passe sous des ponts, repère les vannes d’irrigation pour les propriétés, enjambe ou contourne les branches et pierres qui sont parfois tombées de là haut. Envahi parfois par la végétation il ne ressemble plus à un canal. Sensations garanties !
Soudain, un oiseau de proie sort de la forêt dans un bruissement d’aile qui résonne fort dans ce paysage déserté ; par deux fois, il tournoie autour de moi très haut dans le ciel. Etant la seule proie dans le coin, je ne suis pas très rassurée… Lorsque j’arrive au pont aqueduc de Parrouvier, la surprise est totale : un bel ouvrage, relativement en bon état mais dont l’accès vient d’être barré par un affreux mur de béton. Impossible de le traverser désormais en marchant dans son canal. Pour le voir en entier, il faut voler ou passer de l’autre côté en descendant puis remontant le vallon.
C’est un des principaux ouvrages d’art de la branche mère du canal du Verdon : 121m30 de longueur, une clé de voûte à 21.50m au-dessus du sol, 12 arches en plein cintre de 8m d’ouverture. D’après Exposition universelle internationale de 1878 : rapport sur les matériels et procédés des industries agricoles et forestières, Alfred Durand-Claye, Paris, 1878
(photo de l’aqueduc en entier DD, auteur du blog citoyen)
J’ai découvert ce site de chasse au trésor du petit patrimoine : l’aqueduc de Parrouvier y figure. Les geocacheurs ne sont donc pas les seuls à faire découvrir les modestes témoignages du patrimoine français ?
A quoi sert aujourd’hui cet ancien canal de Verdon ? ici comme parcours de randonnée, là comme gîtes pour les chauves-souris (massif de Concors) ! Cette balade me plaira tellement que je la ferai connaitre aux geocacheurs (l’aqueduc de Parrouvier) et aux randonneurs en rédigeant une fiche descriptive pour le site Week end et tourisme en Provence.
itinéraire canal Parrouvier, 3,260km aller, 27m déniveléé
Visite du 6 septembre 2008 : dans le canal humide suite aux derniers orages, de nombreux papillons virevoltent autour de moi ; j’en suis surprise, n’en ayant presque pas vu cette année lors de mes balades. L’azuré commun, tout de bleu vêtu à l’intérieur et de brun avec des lunules orange à l’extérieur et le nacré de la ronce. il en est un autre plus grand et volant en couple que je ne parviendrai pas à saisir au vol. Les papillons de France, avec des photos de près bien nettes (bravo au photographe)
Je remercie le Bigleux et DD pour leur aide. Vous aussi, si vous avez tenté l’expérience, laissez un commentaire sur le blog !
©copyright randomania.fr
Il y a plus de 30 ans j’ai eu l’occasion de faire cette balade et de traverser l’aqueduc. C’était vertigineux. L’accès était alors possible.
J’ai toujours voulu y retourner mais mes souvenirs étaient vagues. Merci pour votre fiche concernant ce lieu insolite.
il est possible de marcher sur le canal mais il est formellement interdit de pénétrer dans le propriétés adjacentes car il y a dans ce cas la violation de propriété privée.
[ndlr] réponse par mail perso : cette interdiction est précisée dans la note
Bonjour,
Je tombe par hasard sur votre site en cherchant des informations sur cet aqueduc que j’ai connu dans les années 70-80. A l’époque j’étais âgé de 12-13 ans, j’habitais au Parc Rigaud sur la route des Pinchinats, et nous étions une bandes de galopins à vélo, quelques fois, voire souvent garnements, qui exploraient tous les coins et recoins en recherche de balade en pleine nature et d’émotions excitantes pour les jeunes aventuriers que nous étions.
J’ai d’ailleurs des anecdotes très amusantes sur nos pérégrinations locales (visites de souterrain, de ruines, de châteaux,…).
Pour revenir à l’aqueduc de Parrouvier, c’était un endroit que nous affectionnions particulièrement car pour s’y rendre il y avait des kms d’une large piste en V (le canal) et nous filions à rendre vitesse dans le canal, alors en relatif bon état, en passant d’un bord à l’autre en faisant de grands zigzag avec nos vélos…
Bonjour ! de bons souvenirs que ce canal, surtout en VTT. J’en parle sur mon site : http://phgiraud.free.fr/CarteSurTable/rando/index.html
Merci pour ce très agréable descriptif
Cette balade dans ce canal me fait penser à la traversée de la partie haute (désormais interdite) de l’aqueduc du pont du Gard.
Ça a l’air passionnant, merci beaucoup pour l’idée et la présentation qui donne vraiment envie !
Nicoulina m’a permis grâce au geocaching de découvrir ces lieux, de faire une magnifique balade et quelques photos.
Et aujourd’hui la publication d’une fiche ‘touristico-historique’ très complète qui donne du sens à cette promenade.
Merci et félicitations pour ce travail de recherche et la qualité de la présentation…