San Peyre, petit coin de nature en pleine ville


Balade sans prétention mais fort agréable au sommet de cette petite colline dominant la Napoule dans le parc départemental du San Peyre de 18 ha. « Dans ce parc situé dans une zone urbaine, au milieu des pins, des chênes-lièges et des mimosas, vous apprécierez les couleurs et senteurs des espèces du maquis (bruyère, arbousiers, cistes) ainsi que les formes particulières des cactées ».

Parc départemental du San Peyre

La météo à cet endroit, aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

IMG_0080.jpgIMG_3462r.JPGNous faisons rapidement le tour de la colline sur un chemin enneigé, puis nous montons par une allée tout en dalles rosées et larges zigzags. Un chat que l’on dirait presque sauvage, tant il est gros et d’une immobilité presque menaçante, nous observe 2m plus haut. La montée continue et régulière en fait une balade familiale facile quelles que soient les conditions météorologiques.  Au sommet, se devinent l’ancienne chapelle  – et un donjon – celui du château d’Avignonet. [Mémoires de la Société des sciences naturelles, des lettres et des beaux-arts de Cannes et de l’arrondissement de Grasse], Cannes, 1876

Guy de Maupassant, au cours de ses promenades, rencontra un ermite qui vivait retiré dans la chapelle au sommet du mont. Cela lui inspira une nouvelle (l’ermite) parue dans Gil Blas en 1886. Des années plus tard, le mont San Peyre était rebaptisée grâce à lui « la montagne sacrée ».

Oscar Wilde y est venu se reposer aux frais d’un ami.  Il est conquis par cette symphonie de parfums et de couleurs : « bleu saphir de la mer, rouge chaud des porphyres, luminosité du ciel et profusion des fleurs ».

IMG_0088.jpgEn 1242, le castrum de Mandelieu et le castrum d’Avignonet sont englobés dans les biens de l’Église d’Antibes où est situé alors l’évêché. L’évêque de Fréjus donne l’église et le château à Lérins.  Raymond d’Avignonet s’en empare par la force puis les restitue dès qu’il est condamné en 1272. Les moines de Lérins, ravis de son attitude empressée, les lui cèdent alors et ne gardent qu’un droit de suzeraineté. En 1390, le château d’Avignonet est détruit par les troupes du vicomte de Turenne.

IMG_0083.jpgIMG_3467.JPGLa chapelle chapelle Saint-Pierre (San Peyre) a donné son nom au site ; de beaux parements de porphyre vert jouent avec ceux de prophyres rouges typiques de l’Esterel. Bien qu’elle n’ait plus que les murs, on peut deviner sa forme et sa taille avec ce qu’il en reste.

IMG_0101.jpgIMG_0089.jpgLà haut, une seule table de pique-nique près du poste d’observation, et une table d’orientation face au Mercantour et à la côte exceptionnellement enneigée  : d’ailleurs, l’alerte orange déclenchée depuis la veille nous a contraints à trouver refuge à Cannes.

les coulées de Maure-Vieille (image fournie par richarmin)Ce parc est situé sur une des coulées de rhyolite1 (coulée principale à l’ouest, coulée du Vinaigre, coulée de Théoule, coulée San Peyre) , roche volcanique effusive, venant du volcan de Maure-Vieille lors de ses périodes d’activité. Aussi quand vous chercherez la cache du volcan de la Napoule GC1GRE8, de TacTac, ne cherchez pas le volcan lui-même : il se situe quelques kilomètres à l’ouest. Actif pendant 50 millions d’années, il a projeté des émissions de lave à grande distance comme dans les gorges de Pennafort. De ce volcan, il reste la caldeira2de Maure-Vieille, « large dépression générée par l’effondrement d’un édifice volcanique suite à une éruption explosive majeure qui aurait partiellement ou complètement vidée la chambre magmatique ». Merci à  Papyfred et richardmin du forum de géologie, pour leur aide.

Géologie découverte de Maure-Vieille, document pdf par Maurice Moine. Schémas, photos, explications des 3 phases, lecture du paysage
Afficher sur carte satellite le Parcours de découverte géologique de la caldeira de MaureVieille établi d’après le document de Maurice Moine ci-dessus. Sur la droite, la colline du San Peyre.
Image de l’itinéraire du San Peyre, 1km850, 35mn dépl. (1 petite heure au total), 81m dénivelée

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1caldeira (ou caldera) : du portugais caldeira qui signifie chaudron
2rhyolite : le magma acide (à teneur élevée en silice) a donné des laves riches en gaz et très fluides appelées rhyolites ou prophyres rouges

La chapelle Saint-Pancrace par le refuge d’art


Un vent glacial souffle aujourd’hui, 20 février 2010, sur Digne-les-Bains ; je ne monte pas très haut : j’espère ne pas rencontrer de neige. Il reste un emplacement de parking aménagé sur la droite, peu avant le panneau indiquant que le col Corobin est fermé, et des places le long de la route non loin du départ du sentier.

La météo à cet endroit, aujourd’hui et à 3 jours
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IMG_3645r.JPGIMG_3643r.JPGJe longe le torrent des Eaux-Chaudes dont la couleur brune indique qu’il charrie de grandes quantités de boue depuis les intempéries des derniers jours. Sur quelques mètres je longe la route déserte avant d’obliquer à gauche dans un sentier bien repéré. Dès le premier virage vers l’est, le vent a rendu la neige verglaçante ; je dois passer au-dessus d’éboulements récents. Puis je passe le portillon retenu habilement par un gros ressort en spirale afin qu’il se referme automatiquement derrière les promeneurs. IMG_3695r.JPGAu carrefour suivant, changement de décor :  les marnes noires constituent un paysage en grosses bosses entre lesquelles coule parfois un filet d’eau et où se faufile le sentier. Impossible d’y placer un panneau peint de jaune : c’est une grosse flèche constituée de pierres accolées au sol qui me confirme le bon chemin. Ces robines caractéristiques ont donné leur nom au village de la Robine-sur-Galabre.

IMG_3653r.JPGIMG_3656r.JPGDans une ancienne cabane de berger, l’artiste anglais Andy Goldsworthy a sculpté une entrée de forme circulaire et y a construit un cairn en gros galets. Il a placé des bancs à l’intérieur comme à l’extérieur qui permettent de se reposer, regarder les robines ou… pratiquer l’introspection. C’est un des nombreux refuges d’art qui sillonnent les chemins de la Réserve géologique.

Les bains thermaux, refuge d’art d’Andy Goldsworthy, page 8

IMG_3661r.JPGIMG_3664r.JPGAprès l’oratoire sanglé dans du fil de fer, nouveau changement de paysage : je traverse un passage en forêt avant d’entamer la montée ; je croise un sportif en T-shirt qui dévale la pente à toute allure alors que je suis emmitouflée dans une écharpe et porte des gants ; une fois sur la crête, je peux reconnaitre la barre des Dourbes enneigée et le pic de Couard que m’a présenté estoublon de la veille. Je retrouve des passages verglacés. Des ânes sont passés par là : d’ailleurs, sous la chapelle, un ratelier est accroché à côté de la citerne qui se remplit d’eau de pluie.

IMG_3676r.JPGIMG_3679r.JPGIMG_3678r.JPGAu bout d’un sentier verglacé, une croix en fer forgé domine la ville de Digne. Avec beaucoup de précaution, je le parcours jusqu’au bout, passant à côté d’un panneau indicateur très explicite pour qui connait tant soit peu le provençal « cagadou ». Depuis la croix, la ville de Digne m’apparait coincée entre ses montagnes. Quel spectacle !

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Le sommet de Tigne à Volonne : un versant au sec, un versant dans la neige


pont_Volonne_le_Dauphine.JPG7 février : j’arrive à Volonne par le 4è pont construit sur la Durance.  Le premier pont, à péage, autorisé par décret royal du 1/4/1844 est achevé en 1846. L’adjudication est passée en faveur des frères Escarraguel. La construction s’appuie de part et d’autre sur la roche en place. La longueur du pont, au-dessus de la Durance, n’est que de 99 mètres. Sa largeur est de 3,9 m.

Un second est détruit par la résistance en 1944 : le vieux bac est remis en fonctionnement, tout comme il le fut à Avignon ou Valence ; le troisième (1949) vient d’être remplacé par un pont à haubans en 2006. Transformation d’un pont suspendu en pont à haubans (DSI Network)

Le bac à traille (définition wikipedia), ou bac à chaine, embarcation utilisée pour traverser un cours d’eau, qui se déplace le long d’un câble (la traille) tendu entre deux mâts ou deux tours situés sur chaque rive.

Sa technique de navigation consiste à placer ce grand bateau plat avec un certain angle par rapport au courant de manière à le faire avancer. Sous le directoire, les bacs sont de la responsabilité des communes et leur tarif est réglementé : 1 sou pour une personne ou 1 cochon, le double pour un cheval scellé. Exemple de ce type de bac : Avignon, Passage d’une rive à l’autre, documents d’archives départementales du Vaucluse, pp. 24-25.

La particularité des bacs de la Durance tient au mât (« aiguille ») et à la corde qui sert de câble. Le dessin trouvé par estoublon, l’auteur du pont de Volonne, est issu du livre de Josette Chambonnet, Château-Arnoux. Les voies de communications : Routes, bacs, ponts et chemin de fer, société scientifique et littéraire des Alpes de Haute-Provence, 1er semestre 1987, n° 303.
De l’originalité des bacs de la Durance, Catherine Lonchambon, Médiévales 36, 1999 (concerne les bacs depuis Mirabeau jusque dans le Vaucluse)
La navigation sur la Durance, site de l’Amicale des anciens et des personnels du Lycée Professionnel Vauvenargues

En savoir plus sur les ponts à Volonne dans Randomania Plus

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Tour de l'HorlogeIMG_0525.jpgPour nous ce sera la randonnée par le sommet de Tigne, pas tout à fait celle du tour de Tigne proposée par l’office du tourisme de Volonne : compter presque 100m de dénivelée en plus. Le parcours débute par la traversée du village de Volonne, en direction des deux tours que nous ne manquerons pas de visiter. Des escaliers taillés dans la roche permettent d’y grimper. La tour de l’Horloge porte l’horloge communale (lou reloge) construite au XVIè comme dans beaucoup de communes de l’époque ; quelquefois, une plate-forme permettait de surveiller les incendies ou bien elle accueillait des réunions de la communauté ; un gardien la mettait à l’heure, ce qui n’est plus utile depuis que celle-ci est électrifiée ; la tour de vigie avec une porte en plein cintre en bordure de ravin (datant de 1015 selon Féraud, mais la date gravée n’est plus visible), nous protège à peine du vent froid qui souffle ce matin.

Pour en savoir plus les tours de Volonne sur randomania Plus

Selon l’abbé Féraud, la tour de gué a probablement fait partie d’une forteresse que se seraient disputé Henri III et Charles 1er d’Anjou, comte de Provence. Raymond Collier, ancien archiviste du département, pense que ces tours ne sont qu’une partie du système défensif de Volonne au même titre que le chemin de ronde. Comment une forteresse aurait-elle pu être construite sur un éperon rocheux si étroit ?

  • Dans la charte de 1064, Pierre de Volonne fait des donations à l’abbaye de Saint-Victor, donations situées dans le comté de Gap et le territoire de Volonne, « ce qui prouve que le castrum1 de Volonne commandait à un territoire s’étendant […] de la portion sud de la seigneurie de Dromon jusqu’au delà de la Bléone […] aujourd’hui Malijai ». Cartulaire de la Commanderie de Richerenches de l’Ordre du Temple (1136-1214). T. 1, publié et annoté par le marquis de Ripert-Monclar,… Ordre du Temple. Commanderie (Richerenches, Vaucluse)F. Seguin (Avignon). Le terme de castrum n’a donc pas ici le sens de château.
  • Dans un livre récent sur l’histoire de la famille des Baux, Hugues de Berre en 1332 puis son frère ont bien reçu le « chateau » de Volonne en récompense de leurs services. Mais peut-être est-ce simplement une traduction erronée du mot castrum, simple lieu fortifié ?

IMG_0522.jpgimg_3411r.jpgIl y a là une cache posée par estoublon GC23M6W les tours de Volonne et nous ne pouvons la manquer : elle réserve une surprise à Ti’Mars…. pour son anniversaire. De là, nous apercevons les toits du village, l’aqueduc (photo de droite prise au zoom) qui amenait l’eau de la source Saint-Antoine aux trois fontaines du village, la Durance et le camping l’Hyppocampe, point de rencontre de la fête régionale de la randonnée en 2008.

Histoire géographie et statistiques du département des Basses Alpes, J.J.M. Féraud, Digne, 1861, p. 694 et suiv.
La Haute-Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, 1986

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