L’ichtyosaure de la Robine


IMG_8285r.JPGIMG_8288r.JPGLichtyosaure de la Robine, reptile marin fossile dont l’aspect est celui d’un requin, est maintenant bien connu : Je l’ai découvert la première fois lorsque j’habitais Digne.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
La Robine

Georges Bellon, un Dignois passionné de géologie, prend connaissance de l’existence de l’ichtyosaure de La Robine. Il fait part de la découverte à Guy Martini, futur directeur de la RNGHP. Dans le cadre de ce projet de Réserve, de protection sur place et de valorisation du site, une fouille est lancée et un squelette presque complet d’ichtyosaure est dégagé. Le premier musée de site en Europe protégeant les ossements d’un grand verterbré fossile est inauguré en 1984.

IMG_8291r.JPG J’ai eu la chance de connaitre M. Martini à ce moment là et de pouvoir me rendre sur place en passant par un sentier en partie privé, en suivant un vallon tant bien que mal puis en grimpant sur les robines1. Il n’était pas balisé et il fallait bien connaitre les lieux pour le retrouver. Désormais, un sentier balisé et un parking ont été aménagés un peu plus loin. J’y retourne donc aujourd’hui, sous la pluie.

schema_squeltte_andreani_2002.jpgrestes_thorax_et_crane_la_robine.jpgAprès une belle grimpette le long du torrent et de ses cascades, on arrive sur les lieux ; les gouttes de pluie obscurcissent la coupole protectrice et il est presque impossible de reconnaitre l’animal. De plus, il est assez mal conservé et cela peut être décevant si on s’attend à découvrir un squelette parfaitement identifiable.

Le spécimen rarissime pour la région, repose sur son flanc gauche, à l’exception du crâne, dont seule la face dorsale est visible. Il mesure environ 4,20m. Il est assez mal conservé et certaines pièces manquent comme la plus grande partie du rostre, le bassin, de nombreuses vertèbres de la queue.

Plusieurs autres ichtyosaures ont été trouvés à Prads Haute Bléone, dont un presque complet mais sans la tête. Âgé de 90 millions d’années, ce fossile fait l’objet d’études par les paléontologues de la Réserve géologique de Haute-Provence. Un site archéologique touristique a d’ailleurs été créé à l’entrée du village de Prads, où on peut y voir des moulages réalisés sur l’ichtyosaure de Prads. Schémas et photo extraits de : Trois gisements fossilifères phares de la réserve géologique des Alpes de Haute Provence, livret-guide d’excursion géologique, congrès de l’association paléontologique française, 2007. Attention ! document de 7Mo.

2004 : sur l’archipel quasi désertique du Svalbard [en français le Spitzberg], en Norvège, un paléontologue et son équipe ont découvert un squelette  d’ichtyosaure de 150 millions d’années dans un état de conservation exceptionnel. Découverte d’un gisement de reptiles marins dans l’archipel du Svalbard

Mon accolyte, ancien professeur de biologie, me fait remarquer l’accumulaton de rostres de bélemnites2 dans l’espace autour du squelette ; il y en a dans tous les sens, preuve que les courants étaient faibles ou inconstants. Ils vivaient en pleine eau tout comme les ichtyosaures. Schémas de bélemnites

Itinéraire vers l’ichtyosaure, 4.430km A/R, 1h40, dénivelée 540m
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Et si le vélodrome n’était pas (qu’) à Marseille ?


Temps maussade aujourd’hui mais un randonneur ne s’arrête pas facilement. Depuis que nous avons entendu parler du vélodrome, lors d’une conférence à Volonne (journées régionales de la randonnée 2008), nous sommes impatients d’aller le découvrir. Il pleuvine mais nous entamons courageusement notre marche non loin du tunnel du Pérouré, près des clues de Barles. Sur l’étroite route déserte (ouverte seulement en 1913), nous croisons un religieux marchant d’un bon pas, rencontre incongrue dans un endroit fréquenté uniquement par des randonneurs et sans aucune boutique. Peut-être est-il l’ermite de la chapelle orthodoxe de Saint Jean (encore répertorié sur le site de l’archevêché des églises orthodoxes en Europe occidentale) ? On peut y passer en prolongeant le sentier balisé vers la Lame de Facibelle : vous trouverez une description de la randonnée sur le site d’un amoureux du Haut-Vernet.

La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

IMG_0494.jpg (photo Ti'Mars...)Même je ne m’y connais pas en géologie, je me rends bien compte qu’il a dû se passer pas mal de choses : là des molasses rouges, des marnes noires, des plis presque verticaux, ici des gros rochers ronds et soudés, ou des fossiles marins. Nous montons dans le lit d’un torrent qui commence à se remplir d’eau à cause de la pluie. Plusieurs panneaux d’information nous expliquent ces phénomènes géologiques mais pourquoi donc sont-ils si compliqués pour les débutants que nous sommes ?

IMG_8259r.JPGNous sommes bientôt en vue du refuge d’art du Vieil Esclangon qui contient une œuvre d’Andy Goldworthy (2005), artiste mondialement connu dans le domaine du land art. Il a laissé ainsi plusieurs traces dans ce département. Le refuge, maison restaurée de l’ancien village, est fermé pour protéger le fragile mur d’argile – ce qui ne plait pas à tout le monde – mais l’œuvre est visible à travers les vitres latérales. Pour y entrer uniquement sur réservation gratuite : 04 92 31 45 29.

IMG_8261r.JPGSite officiel des refuges d’art. Accès aux refuges (document pdf)

Biographie de l’artiste, site wikipedia

Journal graphique

Les refuges d’art avec Etoile rando et un guide professionnel

Le vieux village d’Esclangon (La Robine sur Galabre) est abandonné : il ne reste que le cimetière et quelques murs en ruine. Dans le pré bien vert des vaches paissent en liberté. Quel contraste avec les Bouches-du-Rhône !

IMG_8265r.jpgle BèsNous reprenons notre marche. Plus nous avançons, plus nous découvrons des fossiles le long du chemin. Enfin vous atteignons le but de notre visite. Curieuse sensation que celle d’être entourée de tous côtés par des montagnes. Panorama sur le Blayeul d’un côté, sur la basse vallée du Bès, le village actuel d’Esclangon et le vélodrome de l’autre.

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Les pénitents des Mées


Album de la fête régionale randonnée 2008 (1)

Un week-end consacré à la randonnée, week-end organisé par la fédération régionale de la randonnée, à Volonne (04) pour sa seconde édition. On s’est raccroché au groupe à la dernière minute et nous ne l’avons pas regretté. L’hébergement en camping **** à Volonne (04) était à la hauteur de l’organisation.

penitents_wikipedia.jpgphoto wikipedia

Description de la randonnée, par le site saute-collines

IMG_0289.jpgIMG_0299.jpgLa première randonnée nous mène jusqu’aux fameux pénitents des Mées (itinéraire de 13.5km,  dénivelée 460m, 5h30 environ avec l’arrêt pique-nique) que tout le monde voit au loin en se rendant dans les Alpes mais que personne n’escalade jamais.

La météo aujourd’hui à cet endroit

Nous partons du village des Mées. Il a plu de la veille et le départ commence fort : se promener sur des galets mouillés compacts alors qu’on est si loin de  la mer, ça fait plutôt bizarre ! c’est un sentier en pente un peu raide, sur lequel la mairie décline toute responsabilité. Dans un virage en épingle, nous passons à proximité de la chapelle St-Roch, puis près d’une borne kilométrique (D101) et d’une fontaine moderne. Au XVIème siècle, cette chapelle prend ce vocable, certainement après les épidémies de peste de 1580 ou 1589, Saint-Roch étant habituellement invoqué lors de la peste et du choléra. J’en ai rencontré beaucoup dans la région, la peste de 1720 ayant débuté à Marseille, et s’étant propagé dans toute la Provence (voir La malédiction du grand Saint-Antoine dans ce blog). A la Révolution, elle est vendue comme bien national. Le 29 septembre 1984 M et Mme Jean-Marie Henry en font don à la ville des Mées. « L’Association a consacré exactement 20 chantiers de bénévoles […] soit pour monter les matériaux pour la toiture, soit pour rendre le chemin accessible et aménager l’intérieur de la chapelle et le parvis. » (extrait du site de l’association les Amis des Mées). C’était probablement l’église paroissiale primitive, lorsque le village était accroché au versant du rocher.

IMG_8132.JPGIMG_8143.JPGIMG_0310.jpgIMG_8135_galets.JPG
Marque de l’érosion sur les pénitents ; vue de près sur le poudingue

Bientôt, nous sommes sur la crête, dominant les pénitents qui semblent bien grands désormais. On les appelle ainsi en raison de leur silhouette ; d’après la légende, ils représentent les moines de la Montagne de Lure qui ont été pétrifiés par saint Donat au temps des invasions sarrasines pour s’être épris de belles jeunes femmes Mauresques qu’un seigneur avait ramenées d’une croisade. De là haut, je me rends mieux compte de leur composition et je vois que des morceaux de galets se détachent encore : l’érosion continue.
Schématiquement c’est le résultat de 3 phases essentielles (voir en détail Rochers et légendes, du site des Amis des Mées avec schémas) :

  • 25 millions d’année : la faille de la Durance élève le côté ouest (Forcalquier, Manosque,…) ; contre cette élévation butent les anciennes rivières de nos rivières actuelles (la paléo Durance, par exemple) ; plus au nord naissent les Alpes aussitôt attaquées par l’érosion. Ces blocs arrachés, roulés et devenus galets s’accumulent dans un delta de 60 km de long et de 30 km de large (zone du plateau de Valensole), sur des épaisseurs considérables (Les Mées: 600 à 800 m.). Le calcaire dissout dans l’eau les cimente avec un grès très dur. La roche ainsi formée constitue le poudingue.
  • Ces dépôts s’arrêtent il y a environ 2 millions d’années. Au niveau des Mées, en profondeur, une couche épaisse de conglomérat accumulé, de plus de 100 mètres d’épaisseur et longue d’au moins un kilomètre, se trouve enfermée dans cette masse. Sont déjà pré-formés les futurs pénitents…
  • la Durance attaque le poudingue, le « rogne » sur une épaisseur d’environ 400 mètres. A chacun de ses passages puissants, elle arase le sol et crée une terrasse ; des vallons se forment, tel celui de la Combe.
    Quand elle atteint les Mées, elle butte contre cette partie très dure, racle la face nord-ouest et rabote ainsi une haute façade verticale. Nous retrouvons aujourd’hui, sur l’avant de nombreux rochers, cette face plane.
  • Lors des périodes glaciaires, le gel débite le poudingue en morceaux et laisse les matériaux sur place. Mais aux époques plus chaudes, les eaux sauvages venant du plateau emportent tous les matériaux instables qui vont s’engager dans les fissures existantes et ronger profondément le poudingue.

Sur le coté ouest, le poudingue, profondément travaillé dégage des monolithes. De cette double érosion, latérale et verticale, résultent ces formes coniques qui sont devenues des Pénitents. L’érosion continue toujours…
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