Marseilleveyre et la grotte Saint-Michel d’eau douce


img_3829.JPGEn route pour le massif de Marseilleveyre depuis le parking à la sortie des Goudes. En provençal, cela signifie voir Marseille. J’ai décidé de monter jusqu’à la grotte Saint-Michel (221m) ; j’ai lu quelques commentaires de geocacheurs enchantés d’avoir découvert le parcours de Ti’Mars… aux Goudes (7 chasses au trésor en un seul circuit de randonnée !) et j’ai vu quelques photos sur le site Week end et tourisme en Provence. La première montée est caillouteuse. Après le croisement avec le GR51-99, le sentier sinue ensuite en larges boucles. J’aperçois bientôt l’imposante barre rocheuse verticale du rocher Saint-Michel. Je croise alors une famille dont les enfants impatients ne cessent de poser LA question « Quand est-ce qu’on arrive ? ». Le père est un enfant du pays qui jouait autrefois dans la grotte et vient aujourd’hui pour la faire découvrir à ses enfants. Il me parle de la grotte de l’ours et celle de l’ermite. Même si sa femme ne m’a pas cru, la grotte de l’ermite a bien abrité autrefois un religieux napolitain.

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grotte-de-lermite.jpgA Saint-Michel d’Eau Douce, et dans la grotte de l’Ours, on a retrouvé des silex taillés, des haches polies qui prouvent qu’une peuplade y vivait au néolithique. La grotte de l’ermite (photo extrait du site Topo des calanques/Goudes/grotte de l’ermite), au nord-est de celle-ci, a abrité au moyen-âge, un ermitage et une petite chapelle troglodytique qui portait le nom de Saint-Michel d’eau douce. Elle fut donnée en 1395 au frère ermite François. Au XVIIème siècle, elle portait le nom de San Miquel de Ayga Dossa. Saint-Michel d'Aigue-DouceEn 1980, on pouvait encore voir les vestiges du mur de clôture, des traces d’aménagement dans le rocher mais il n’y a plus aucune trace de la chapelle. Dans un acte de propriété foncière des archives de Saint-Victor, il est fait mention d’une source vraisemblablement située dans la grotte Saint-Michel actuelle ; [ndlr : elle serait dans une crevasse à main droite, au fond de la baume ; si elle tarit, c’est signe de malheur. L’eau de ruissellement recueillie dans un ‘bénitier’, aurait de merveilleuses vertus]. L’ermitage a été abandonné après 1751. Extrait d’un article de Anne-Marie Durupt, Les portes des calanques, oct. 2005

img_3851.JPGimg_3848.JPGLe sentier se rétrécit et nécessite de plus en plus d’attention. Il grimpe de façon continue et je dois prévoir quelques arrêts pour souffler. Je ne vois toujours pas la grotte. Soudain la famille s’arrête et suit l’index du père désignant un trou dans le rocher ; des dégoulinades, qui ont laissé des traces noires sur le rocher, semblent s’y perdre : c’est la grotte Saint-Michel dont une des salles reçoit l’eau de pluie par infiltration et ruissellement. J’escalade le pas glissant de l’entrée puis me plante face à l’intérieur de la grotte, pour la surprise des yeux. img_3857.JPGElle est grande, humide, fraîche. Des stalactites ont sculpté le plafond. Une zone dangereuse est signalée sur la gauche, une autre face à moi est protégée par une corde. Derrière, une pente humide et glissante conduit à une des chambres dont on devine l’entrée étroite. Je vois dans les yeux du père de famille qu’il est heureux d’avoir retrouvé le terrain de jeu de son enfance. img_3855.JPGimg_3871.JPGimg_3867.JPGIl me propose d’aller explorer la grotte au delà de la corde. Malheureusement, je suis attendue et n’ai pas le temps de le suivre. Muni d’une lampe-torche, il s’aventure dans le noir avec ses plus grands enfants. De là haut, le cap Croisette et l’île Maire se dessinent avec netteté sur le ciel bleu.

Je continue la randonnée sous le rocher de Saint-Michel où des voies de 70m font le bonheur des amateurs d’escalade.  Sous le rocher des Goudes, je m’arrête pour voir l’ancienne vigie (devenue refuge des Excursionnistes marseillais) et la calanque de Callelongue, là où on ne va pas plus loin par la route. Au 15ème siècle, des postes de guet situés sur des points élevés, permettaient,  par des signaux visuels transmis de l’un à l’autre, de prévenir Marseille de l’approche de galères espagnoles, génoises ou autres. La vigie du sommet de Marseilleveyre (photo de droite), en liaison avec celle des hauts de Riou (XIIè siècle) prévenait d’éventuelles attaques de barbares. La descente vers la calanque parmi les pierres qui roulent sans arrêt, est un peu fatigante mais la perspective d’un poisson bien frais mangé au Cap Croisette1, est très motivante.

img_3891.JPGC’est un lieu bien particulier, dépaysant, sauvage. On n’y accède qu’à pied après avoir marché sur un sentier bétonné puis sur un sentier de terre qui se perd dans les rochers couverts de tapis d’asterolides maritimes, ces fleurs img_3894.JPGjaunes poussant entre les rochers, que vous ne trouverez qu’ici, caractéristiques d’un milieu marin sec et exposé au vent. Un ravissement de couleurs. C’est le secteur le plus sec de France : les précipitations annuelles n’y sont en moyenne que de 300 à 400 mm, contre par exemple 500-600 mm par an à Marseille. Le creux d’un rocher du côté de l’anse de la Maronaise2 ne ferait-il pas une bonne cache ? img_3878.JPGLa randonnée se terminera finalement à la pointe Croisette, avec vue sur l’île Maire, devant un loup dont le goût frais me fait encore saliver…

Merci au geocacheur Ti’Mars… pour le grand bol d’air marseillais ; il y a dans ce parcours tout ce que peut aimer un randonneur curieux. Pour le début du circuit au fortin des Goudes, voir dans ce blog le reportage de FR3 Méditerranée.

Itinéraire dans le massif de Marseilleveyre les Goudes – Callelongue

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1Croisette : autrefois les petites croix qui se succédaient sur la pointe, en hommage aux nombreux naufragés de la marine à voile (passage étroit avec courant fort à cet endroit)
2Maronaise : d’après les gens du coin, il s’agirait plutôt de la mahonnaise depuis qu’une mahonne, chaland de port à forme très arrondie utilisé en Méditerranée, repose à l’entrée de la calanque. En 1989, l’anse portait le nom de Mongenet (extrait du journal n6, Association La Porte des calanques, mai 2006)

L’île de Porquerolles, du Langoustier à l’Alycastre


toulon-et-places-adj-1756.jpgNous arrivons à la Tour Fondue, sur la presqu’île de Giens, quelques minutes seulement avant le départ de la navette. Le stationnement y est obligatoirement payant. Après une traversée tranquille d’une vingtaine de minutes, nous débarquons sur le port plein de monde qui s’égaille progressivement vers les plages.

L’ensemble des îles fut érigé en seigneurie par François 1er sous le titre de marquisat des îles d’or (à cause des reflets dorés des micaschistes ?), à charge pour le marquis de les mettre en labour et de les garder contre les corsaires.  Robida Albert (1848-1926), La vieille France.

Après avoir appartenu à des particuliers, la presque totalité des îles sont acquises par l’état pour en sauvegarder le patrimoine naturel.

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img_3718.JPGNous avons prévu de découvrir les forts, à chaque extrémité de l’île, près desquels deux caches sont placées. Si vous regardez la carte des îles d’Hyères, vous vous apercevrez que les systèmes de défense sont vraiment nombreux sur cette petite surface : près du débarcadère, avec le fort Sainte-Agathemyrte.miniature.jpgà l’ouest, sur l’île du petit Langoustier1 (construit sous l’autorité de Richelieu), un autre sur la pointe du grand langoustier1 ; à l’est, au lieu dit la Repentance, l’ancienne batterie Galéasson, et le fort de l’Alycastre2 (construit sous l’autorité de Richelieu). Le matin, nous longeons la côte festonnée de plages de sable bordées de pins, de img_3730.JPGbruyères et de myrte (Photo de droite : Parc national des îles d’Hyères) odoriférants. Je suis surprise que presque tout le parcours soit ombragé. Passage devant la plage d’argent. Soudain Ti’Mars… s’écrie :

« Un homme à la mer ! »

Etonnement. Il me montre l’écran de son GPS ; l’alerte est bien écrite en clair. Ah ! c’est beau le dernier cri de la technologie ; la trace de son parcours se dessine clairement dans l’eau de la mer. Je regarde mon écran : ma trace est bien sur terre. Réinitialisation de son GPS. Rien n’y fait. Finalement, nous découvrons que la cartographie livrée ne contient pas les îles de la Méditerranée. Près du fort du grand Langoustier1 qui surveillait la petite passe, nous observons de près les goélands maîtres des lieux qui couvent à même le sol. Derrière, une petite île héberge les vestiges du fort du petit Langoustier1. img_3728.jpgimg_3737.JPG

Leur occupation mettait le littoral méditerranéen à l’abri d’un débarquement entre Toulon et Saint-Tropez […] Les premières fortifications y furent édifiées entre 1634 et 1643. Ensuite on y implanta une poussière de batteries qui furent déclassées, pour la plupart vers 1884, au profit des 2 plus récentes disposant d’un armement moderne, à savoir la Fort du grand Langoustierimg_3743.jpgbatterie de Repentance sur Porquerolles et de l’Éminence sur Port-Cros. […] Les décisions de désarmement tombèrent les 21 novembre 1881, 13 octobre et 31 décembre 1882. »  (Extrait du site Index des fortications françaises 1874-1914 des Iles d’Hyères)

Au début du siècle, les habitants de l’île, pourtant peu nombreux, avaient  la réputation de croire aux esprits ! Voici ce que rapporte le mèdecin de la marine dans Revue maritime (Paris), France – Service historique de la marine, tome 153, Librairie militaire R. Chapelot et Cie, 1902) :

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Retour par l’intérieur des terres où nous découvrons quelques hectares de vignes du domaine de l’Ile encore vendangées à la main : Porquerolles a même son AOC Côtes de Provence que nous ne manquerons pas de goûter !
img_3757.JPGFort de l’AlycastreL’après-midi, direction du fort de l’Alycastre2 le long de la grande plage. Entouré d’une enceinte en étoile, il a servi de prison d’état à partir de 1848. Non loin de la pointe rocheuse, quatre navires antiques ont sombré. Toute proche, la plage du Lequin est bien tentante en cette chaude fin d’après-midi  ; plus éloignée du port que les autres, elle n’est pas très fréquentée : un petit bain s’impose avant le retour.Le parc national de Port Cros.

Itinéraire des forts Porquerolles (14,500km – 3h20 env. – dénivelé 70m)

Les chemins de Porquerolles, site personnel

Indéniablement, cette île vaut le déplacement : pas de voiture rien que des vélos et des piétons, des sentiers de promenade bien balisés, des plages, faune et flore souvent uniques mais protégées.

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Un grand merci au geocacheur Jack83 pour le fort de l’Alycastre et l’île de Porquerolles 2 qui nous ont permis de re découvrir le bonheur d’une journée à Porquerolles. Une autre cache de Jack83 à ne pas manquer : la résurgence du Ragas.

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1Langoustier : « la langouste a donné son nom à la presqu’île et à son environnement ; dans un écrit de 1712 on trouve Fort du Lingoustier encore plus proche de la lingusta provençale »
2Alycastre : « c’est sur la carte de Tassin en 1634 que l’on voit apparaître pour la première fois le nom de Licastre. Il s’agit probablement d’une déformation de « le castre » (le château) qui était alors en construction »
(selon la note du petit Pierrot)

L’île de l’Oiselet au bord du Rhône


 

IMG_0037.JPGimg_3533r.JPGimg_3532.JPGDes canaux, le Rhône dont les rives ont été aménagées, un début de sentier prometteur, tout y est pour une balade agréable. Dès le début du sentier écologique de l’Oiselay, les oiseaux sont si nombreux dans la forêt qu’ils font un réel vacarme ! La peupleraie blanche tire son  nom des nombreux peupliers au tronc blanc présents sur les berges du bras des Arméniers. Le robinier faux acacia, plutôt envahissant, peut vivre jusqu’à 300 ans, pousse vite, se régénère après la coupe (une quarantaine de fois) ; le saule limite l’érosion des berges et participe à l’épuration des eaux. Nous sommes sur l’île d’Oiselet, entre le Rhône et le bras mort des Arméniers. Le pont suspendu des Arméniens (monument historique protégé) permettait autrefois de rejoindre cette île depuis Sorgues.

Auparavant elle était reliée par un bac à traille qui ne pouvait fonctionner durant les intempéries. C’est pourquoi les familles de l’île se sont groupées en association syndicale pour présenter le projet de construction d’un pont ; celle-ci prendra en charge une partie des dépenses de construction (Passages d’une rive à l’autre, archives départementales du Vaucluse, P. 17)

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pont_des_arm__niers_DRAC_PACA.jpgEssentiellement agricole, l’île produisait au XIXème siècle des céréales, du fourrage, de la betterave sucrière. Cependant au début du XXème siècle l’activité agricole stagnait à cause des difficultés du transport assuré par trois bacs à traille.[…] Les crues du Rhône empêchaient le bon fonctionnement du bac de l’Oiselet… Aussi, le 28 novembre 1922, les îliens demandent l’autorisation de créer « une association syndicale libre pour la construction d’un pont sur le Rhône ». Ouvert à la circulation le 26 août 1926, … l’ouvrage consiste en une passerelle suspendue semi-rigide à une seule travée de 157,50 mètres de portée. La chaussée, en madriers de chêne boulonnés, est revêtue d’un platelage jointif en planches de sapin. Les trottoirs sont également en planche de sapin. Les pylônes, en béton, sont d’une hauteur d’environ 20 mètres. Pour en savoir plus : le site du ministère de la culture (Photo du pont extraite de ce site)

img_3538r.JPGimg_3542.JPGimg_3543.JPG

Nous allons jusqu’au gué emprunté par des voitures et qui est à peine couvert d’eau en ce mois d’avril. Quelques promeneurs se sont déjà installés sur les berges rafraîchissantes de la rivière. Une dame pêche non loin du panneau d’information sur les poissons. Tellement enthousiasmés par cette première balade, nous décidons après le repas de partir à pied jusqu’aux ruines du chateau de Hers, à Chateauneuf du Pape.

img_3562r.JPGDes kilomètres de sentiers plats, l’idéal pour le vélo. Nous longeons des champs de colza en bordure de route, puis les berges du Rhône, ou celles des canaux qui le jouxtent. En chemin, nous trouvons quelques ponts autorisant le passage d’une rive à l’autre.

img_3567.JPGIMG_0045.JPGLa tour de l’Hers et le donjon carré sont les plus anciens vestiges de ce chateau fort qui commandait le passage du Rhône (XIIè siècle – photo de la tour Ti’Mars…). On peut y voir aussi les restes du mur d’enceinte et un peu plus loin celui d’un ancien péage fortifié. Un viticulteur y a établi sa résidence en 1795, après avoir enlevé les anciennes fortifications.

Pour le retour, nous nous trouvons presque malgré nous le long du bras des Arméniers, avec pour seul moyen de repérage notre GPS de randonnée. Confiants, nous partons à l’aventure. img_3569.JPGimg_3570r.JPGL’environnement est plutôt inattendu, très vert, des prairies mamelonnées et perdues au milieu de quelques buissons ou bouquets d’arbres. On suit une piste pour les chevaux. J’aperçois le bout de l’îlon Saint-Luc qu’il est impossible de rejoindre à cet endroit. Après la traversée du petit et du grand St-Marc, nous longeons un champ et parvenons enfin à retrouver la trace de l’aller. Nous sommes donc sur le bon chemin mais marcher sur une route n’ayant rien d’agréable, nous décidons de nous rapprocher du Rhône, à l’affût de quelques oiseaux ou mammifères.  Hélas ! l’idée n’est pas bonne ! non seulement, nous nous éloignons mais en plus il  n’y a plus de pont pour traverser le canal ! Nous n’avons pas de carte IGN. Il est presque 19h et nous sommes fatigués. Je ne verrai finalement qu’un couple de canards sauvages s’envoler.
IMG_3576r.JPGimg_3573r.JPGNous arrivons finalement à l’usine-barrage de Sauveterre qui  dérive les eaux vers le bras de Villeneuve,  et il y a un pont, pour notre plus grand soulagement. Le pollen est tellement tombé qu’on dirait de la neige. Nous rejoignons finalement le sentier écologique emprunté ce matin ; la pêcheuse est toujours là mais n’a pas fait de pêche miraculeuse.

Quand nous parvenons au parking, les pronostics sur les kilomètres effectués vont bon train ; mon coéquipier les évalue à plus de 20km ; plus scientifiquement, compte tenu de notre vitesse moyenne, j’évalue l’itinéraire à 17km. Finalement, nous n’aurons parcouru que 15km à peine l’après-midi, comme quoi le facteur psychologique joue un rôle important dans ce cas…

Idées de balade à Sorgues

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Merci Renard84 de nous avoir fait découvrir ce lieu grâce au geocaching