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Boucle Sainte-Trinité à Jouques


J‘ai trouvé cette nouvelle randonnée sur le site du comité départemental de randonnée des Bouches du Rhône : boucle de Sainte-Trinité. Moyennant de petits détours, je vous ai indiqué  quelques curiosités que m’a fait connaitre le groupe de ‘traconniers’, chercheurs des vestiges de l’aqueduc romain de la Traconnade, en particulier M. Balalas. Une grande partie du circuit se pratique facilement sur chaussée revêtue, traversant des lotissements présents ou à venir mais avec peu de circulation automobile. Vous passerez insensiblement de Jouques à Peyrolles puis de Peyrolles à Jouques. Parking à côté de l’église de Jouques.

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Le pont passe au dessus du Réal, ruisseau tumultueux à cet endroit et abondant qui prend sa source près de Rians ; il est alimenté par plusieurs sources dont la célèbre source de la Traconnade que les Romains avaient captée pour alimenter en eau la ville d’Aix-en-Provence. Grâce à ce débit, de nombreux moulins cités encore au cadastre napoléonien vers 1810 (moulins à huile, à tan1, à papeterie, épeautre) avaient été construits le long du cours d’eau. La société de pêche y procède parfois à des déversements de poissons d’élevage mais ne l’indique plus sur internet pour éviter le braconnage. D’après le site de Jouques, sa température de 6 degrés l’hiver et d’un maximum de 20 degrés l’été, convient parfaitement aux salmonidés, à savoir les truites et plus spécialement les farios (parcours piscicole privé sur 10 kilomètres).

Je passe près du quartier du Défends, toponymie que je retrouve pratiquement lors de chacune de mes randonnées ; la zone « en interdiction », réservée autrefois à la communauté pour éviter la sur-exploitation et les dégradations causées par les troupeaux, n’en a plus que le nom. Jouques possédaient énormément de bois il y a quelques siècles. L’arrêt du parlement en date du 4 juin 1753, dont je vous cite un extrait ci-dessous, avait pour but de limiter le trafic de bois – écorce de chêne pour les moulins à tan1, charbon de bois, bois à brûler – entre les propriétaires de Jouques et les citoyens d’Aix. Le porte-marteau2 veillait à l’application du règlement.

Exemple concret de mise en deffens :
L’article VII de l’arrêt du parlement d’Aix-en-Provence a mis en deffens les bois taillis jusqu’à l’âge de six ans pour ceux dont les coupes sont réglées de vingt ans en vingt ans ; […] a fait inhibitions et défenses à toute personne, même aux propriétaires, d’y introduire pendant le dit temps des bêtes de charge, boeufs, chèvres ou moutons, sous peine de cent livres d’amende. Arrest de la cour de parlement de Provence […]. Qui défend de couper aucune sorte d’arbres dans le terroir de Jouques depuis le 15 avril jusqu’au 15 septembre, sous peine de 300 liv. d’amende, […], 4 juin 1753

Saute-Lièvre : un quartier que j’ai parcouru en long et en large où se cachent plusieurs vestiges romains de l’aqueduc de la Traconnade.  Quand vous marcherez sur le chemin Blanchon, sur la gauche, cherchez donc la cabane de pierre (un puits du XIXè selon M. Balalas) qu’on dirait bâtie avec de grosses pierres du canal romain.

Sur le coteau exposé au sud, entre Chênes Verts et Catalan, je découvre le site de Petrus (non balisé, probablement sur une propriété privée), du nom du plus grand oratoire jouquard dédié à Saint-Pierre, daté de 1740 ; quel est ce curieux aménagement autrefois sur les terres de la bastide Catalan ? Qui l’a construit ? pourquoi et quand ? une baignoire de pierre et sa vidange, quelques marches pour accéder à une petite grotte retaillée portant encore les traces d’écoulement d’eau, un long banc de pierre divisé en sept sièges par un dessin en double trait gravé dans la pierre, terminé par un accoudoir ; quelques alvéoles creusées pour les accessoires, tout cela en pleine nature, caché au milieu de quelques arbres dans une zone à l’abandon. Ici, point de japonais qui auraient pu y reproduire la coutume du bain de loisirs (Les bains japonais) mais peut-être l’aménagement du parc de la bastide au XVIIè ou XVIIIè qui jouerait le même rôle que les piscines d’aujourd’hui ; ou bien un bain rituel juif rabbinique (voir exemple de Miqve à Bischeim) du XVIIIe siècle : c’est l’hypothèse de A. Balalas à laquelle je crois moins car ce bain rituel était généralement souterrain, caché, et le nom de Adaoust, le constructeur supposé, n’est pas d’origine juive.
Une légende tenace raconte qu’à certaines périodes de l’année, la lune serait visible depuis Petrus à travers le Trou de la Lune, cavité naturelle dans la montagne du petit Concors, ce qui est techniquement impossible selon les auteurs P. Doucière et G. Congès

Appartenant autrefois à S. Adaoust, vendu en 1778 à d’Arbaud de Jouques, revendu par lots trois ans plus tard, l’ensemble architectural de la bastide Catalan serait exceptionnel car les éléments traditionnels n’ont pas été altérés : logis du fermier sur deux niveaux, four, cave ; au sud remises, écuries et bergeries ; tout autour clapier, cochonnier, poulailler, bugadière3.
Selon Jouques : un village, son histoire, Association les Amis de Jouques, Association les Amis de Jouques, 2006

Tranquillement, je poursuis ma route le long des habitations ; dans le fossé à droite, un ancien puits témoigne encore du travail de la pierre autrefois. Qui pourrait me confirmer le nom de cet arbuste qui amène un peu de couleurs en hiver ?

Moyennant un petit aller et retour, vous pourrez de loin mesurer l’étendue du château de Trempasse4 (Peyrolles) dont le nom est gravé sur la façade. Villa carrée construite en 1899, ses quatre tours rondes élancées lui ont valu le surnom de ‘château’. Selon la mairie de Peyrolles, de nombreux éléments tels  que la cuisine et les boiseries peintes, seraient d’origine. Les bâtiments de ferme qui jouxtent la maison dateraient du XVè siècle. De retour à côté du chemin, l’herbe cache à peine du matériel agricole abandonné et rouillé.

L’intérêt de ce quartier, vous le trouverez sans doute lors de la recherche des cabanes de pierre sèche ; elles ne sont pas évidentes à trouver dans ce fouillis d’arbres et la végétation envahissante (pas de balisage). En ayant découvert beaucoup dans des départements différents (04, 84, 13) je peux vous dire que celles de Peyrolles et Jouques ont deux particularités :

  • une qui rend la construction probablement plus difficile qu’ailleurs : les pierres sont grosses, arrondies, de forme irrégulière, souvent couvertes de mousse, et pourtant assemblées sans liant ;
  • la toiture à faible pente est souvent végétalisée : servant d’isolant thermique et retenant l`eau de pluie ; avec une fonction esthétique quand elle est en fleurs : à voir au printemps !

L’une d’entre elles ressemble à un bunker ! basse, étroite fenêtre encastrée et camouflage naturel : je pense qu’elle sert aux chasseurs pour l’affût au gibier. Les deux dernières, accolées, ont surtout un intérêt pour les geocacheurs.

Les cabanes de Peyrolles, Bob_13

Les bories de Peyrolles, par Alain Balalas

Deuxième partie de la boucle qui remonte vers le nord. Après la traversée des bois, c’est celle des grandes propriétés agricoles. Au niveau du sentier qui mène à la Métairie (sans doute y avait-il là un ensemble important de bâtiments et de terres voués à l’agriculture),se trouve un abri sous roche aménagé (photo de gauche) : un petit mur de pierre sèche en protégeait l’accès. Situé non loin de la métairie, peut-être avait-il la même fonction qu’une cabane : lieu de stockage d’outils, abri de berger,…

La route longe le ruisseau jusqu’à la chapelle Sainte-Trinité, à la croisée de plusieurs voies rurales ; de style roman, elle porte sur sa façade deux dates de restauration 1640 et 1740. Extérieurement, l’abside est joliment décorée d’une rangée de génoises sur des dalles débordantes. Elle est fermée, comme toutes les chapelles rurales de nos jours, mais vide de tout mobilier. La statue de Saint-Bacchi réalisée en 1951 dans un tronc de cerisier par un artiste amateur, a été portée en procession jusqu’à la chapelle Saint-Bacchi. Selon l’association les Amis de Jouques, elle a été fermée au moment de la loi de séparation entre l’église et l’état, soit en 1905.

Chapelle Saint-Bacchi : aurait été construite au IXè siècle, bien communal jusqu’en 1920, vendue avec le domaine qui l’entoure. […] Il y subsiste entre autre, une fresque représentant Saint-Bacchi vêtu en centurion romain portant à la main gauche l’oiseau et à la main droite la palme des martyrs. Selon le site jouques.fr

Derrière la chapelle, sur la droite, une autre cabane adossée presque entièrement au talus, vous tourne le dos.
Les curieux iront sûrement voir devant !

Quand vous arriverez au village de Jouques, n’hésitez pas à le visiter : il est plein de charme. La multi-cache de le Bigleux permettra aux chasseurs de trésors des temps modernes d’en découvrir les parties les plus intéressantes. Jouques 1 Le village.

10km200, 2h30 déplacement, 58m dénivelée+ Baignoire ajouter 1km A/R, 20mn env. + boucle des cabanes 1km150, 25mn env (prévoir le temps de la recherche !)

1Tan : constitué d’écorce de chêne moulue, utilisée dans l’application des méthodes anciennes de tannage végétal. Le tannage végétal est plus particulièrement appliqué aux cuirs des gros bovins, notamment aux cuirs pour semelles de chaussures. Extrait de wikipedia
2Porte-marteau : officier de la maîtrise des eaux et forêts, qui était dépositaire du marteau, avec lequel on marquait le bois désigné pour être coupé et vendu, dans les forêts du roi.
3Bugadière : structure maçonnée qui ressemble à un placard destinée à accueillir le linge sale et la cendre du foyer par dessus. Selon wikipedia
4Trempasse : de troupa(s) ensemble d’animaux (ou personnes) rassemblés ; d’où troupeaux d’animaux transhumants qui descendaient des Alpes pour regagner la Crau à la fin de l’été. Peut-être préférerez-vous la thèse de Mme A. de Peyrolles : comme c’est un lieu particulièrement pluvieux, les gens disaient : – Alors là-bas j’ai pris une belle trempasse !…

©copyright randomania.fr

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7 réflexions au sujet de « Boucle Sainte-Trinité à Jouques »

  1. Bonjour Ami Randonneur

    J’aimerai faire cette trés belle randonnée , Pouvez vous m’envoyer la trace G.P.X SVP un grand Merci

    Amicalement Jean-Claude Randonneur du Var
    [ndlr] envoi par mail

  2. bonjour,
    rando pleine de surprises.
    serait il possible d’avoir la trace gps ?
    en vous remerciant.
    B.LUCAS
    [ndlr : envoi par mail ce jour]

  3. Ma famille est originaire de Jouques et Aix en Provence, merci pour ces renseignements que je ne connaissais pas tous.

  4. A propos de la signification de Trempasse, voici ma proposition.
    En regardant sur la carte dite d’état-major (1820-1866) j’ai cru lire « trinqo passe », ce qui voudrait dire en provençal « passage de la tranchée ».
    Cependant « trempassa » est aussi une forme variétale de trepassa qui veut dire aller au-delà et on trouve dans le Trèsor « Trepassa un valat » « traverser un vallon » ce qui me semble bien correspondre à la configuration du terrain.
    Pour la transhumance on dira, en provençal Estivo ou amountagnage pour un troupeau on dira escabot, avè ou abeiè ou troupèu.
    D’autre part la carraire d’Arles (Chemin de transhumance) passait plus bas au niveau de Venelles vers Vauvenargues. (Vallon des Cascavèu (grelots en provençal), Jas de la Keyriè, Jas du Ligourès)
    [ndlr] réponse détaillée par mail perso ; plusieurs drailles existent à Peyrolles dont deux qui traversent le quartier des Trempasse

  5. 1) D’après Mme Amoretti de Peyrolles (oui, la même famille que la fille du puisatier de Pagnol…) Trempasse ne veut pas dire Transhumance, car dans ce cas ça s’écrirait comme Ventabren « trenpasse », mais parce qu’à Peyrolles c’est un lieu particulièrement pluvieux, et que les gens disaient : — Alors là-bas j’ai pris une belle trempasse (je me suis trempé).

    2) la cabane en pierre de Saute-Lièvre est un puits du XIX° siècle, j’en ai vu plusieurs du côté de Pertuis ; je croyais vous avoir envoyé l’article. Il semble n’y avoir aucun rapport avec la Traconnade.
    AB
    [ndlr] trempasse serait la déformation de troupa(s), troupe de personnes ou d’animaux rassemblés selon le dictionnaire provençal-français de Simon Jude Honnorat. Le quartier des troupas, sur le cadastre napoléonien, accueillait probablement les troupeaux.

  6. Bonjour,

    J’essaye de reconstituer une violente bataille qui eut lieu entre Peyrolles et Meyrargues en 1944. Je le fais pour la fille d’un Américain qui y fut gravement brûlé. Je suis à la recherche d’un bunker qui est peut-être celui indiqué sur votre boucle Sainte-Trinité à Jouques. Etant parti de rien, voici le brouillon de où j’en suis :

    http://moimessouliers.free.fr/tous/topos/1944_a_peyrolles/texte.htm

    Pourriez-vous m’indiquer comment y aller, je suis un habitué de la randonnée. Et bravo pour votre site !

    Merci d’avance.

  7. Bonjour avez-vous un descriptif détaillé de portions du nouveau GR2013 à me proposer.
    ou bien des itinéraires de rando près de la cote de la bleue (proche de Marseille)
    Merci d’avance
    [ndlr] réponse plus complète par mail perso. Pour le descriptif détaillé voir le nouveau guide de la FFR qui vient de paraitre sur le GR 2013
    Pour les randos sur la Côte bleue, sélectionner dans le menu des catégories géographiques à droite, le sous-menu Côte Bleue dans * 13 Bouches-du-Rhône

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