L’aqueduc des Sagnières à Clamensane


Voilà un itinéraire aux paysages variés, bien balisé, dans la fraîcheur des sous-bois. Le sentier, au départ de Clamensane, a été entretenu, les arbres coupés, c’est un plaisir de côtoyer l’eau tout le long du parcours ; les enfants apprécieront sûrement d’y passer à gué. La découverte des Hautes Terres de Provence continue…
IMG_1540r.JPGIMG_1537r.JPGIMG_1538r.JPGLa première passerelle au-dessus du torrent du Vermeil est condamnée ; nous traversons à gué, en se mouillant les pieds. Au loin, on dirait un haut mur de pierre en ruines, fin comme la lame de Facibelle ; il se dresse, solitaire et incongru, dans le paysage verdoyant : serait-ce le rocher de la baume qui sous les poussées tectoniques aurait émergé entre deux failles ? Voir la Géologie à Clamensane, site geo-alp

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IMG_1542r.JPGSous d’épaisses frondaisons, le petit barrage déverse l’eau en cascades, cette eau si précieuse pour toute la partie montagneuse du département. Saviez-vous que la qualité bactériologique des eaux de consommation dans cette région est la moins bonne du département ? mais heureusement, cela ne concerne que 5% de la population. Le nombre élevé de captages (535 contre 145 captages dans les Bouches-du-Rhône), pour une faible consommation d’eau (21millions de m3 prélevés dans le 04 contre 237 millions m3 par an dans le 13) pénalise le département qui doit engager autant de procédures de protection que de captages. Source : la protection des ressources en eau en PACA, 2006

Ce barrage est sans doute un ouvrage de correction torrentielle qui consiste à « transformer le profil naturel du torrent sauvage en une série de marches d’escalier faiblement inclinées vers l’aval. Ces seuils brisent l’énergie du torrent et provoquent le dépôt de matériaux à l’amont de chaque petit barrage, dont la retenue se comble peu à peu. » Extrait des risques naturels en montagne, ministère de l’écologie et du développement durable

Parler d’eau, c’est évoquer Marcel Massot (1899, 1981), député des Basses-Alpes, qui a défendu les droits des agriculteurs au moment de la construction du lac de Serre-Ponçon par l’EDF. Ils craignaient que ceux habitant à l’aval de la réserve ne manquent d’eau pour irriguer leurs terres. Votre texte défavorise les agriculteurs au bénéfice des industriels », a-t-il lancé à l’assemblée le 14 novembre 1963. Et lorsque la propriété du lit [de la rivière] et du droit de pêche a été transféré à l’état, il a négocié des « indemnités pouvant être dues en raison des dommages entraînés par ce transfert. Archives de l’assemblée nationale

IMG_0331r.jpgAqueduc photo Vx murier SigoyerIMG_0337.jpgLe sentier passe dans le canal de l’aqueduc des Sagnières, pont de pierres à plusieurs arches qui ressemble à ceux construits autrefois par la société du Canal du Verdon à Venelles. (auteur de l’aqueduc en automne : propriétaires du Vieux Mûrier). Aucune autre trace de cet aqueduc d’irrigation n’est visible. Peut-être a-t-il été construit pour une activité locale nécessitant de l’eau (ancienne tuilerie ?). Je n’ai acune réponse pour l’instant à mes interrogations.

IMG_1554r.JPGAu delà du pont, dans le ravin des Sagnières, se succèdent trois vastes étendues d’eau stagnantes appelées les Sagnières. Sans doute faut-il voir là une origine provençale, de sagno = roseau. Puis ce sont les Basses Graves avec ses maisons isolées dans de vastes prairies verdoyantes.

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Nous suivons la route pendant quelque temps avant de nous enfoncer dans un sous-bois qui ne ressemble pas au précédent. Les terres noires fines et instables sont de plus en  plus visibles ; un énorme champignon parasite d’un arbre, se fait dévorer par des dizaines d’insectes noirs et jaunes. Merci à Sylvie qui vient de me communiquer le nom de ce coléoptère mycophage de taille moyenne vivant sur les champignons arboricoles, surtout ceux qui parisitent les feuillus : Diaperis boleti, inventorié par Linné en 1758.

IMG_1567r.JPGIMG_1569r_1.JPGNous signalons au cavalier qui tire un second cheval que le sentier s’est affaissé un peu plus loin, laissant peu de place aux sabots des chevaux : il doit l’emprunter pour rejoindre les Basses Graves.

IMG_1566r.JPGIMG_0353r.jpgIMG_1461r.JPGNous approchons de l’ancien cimetière, ses deux anciennes tombes et son ‘rocher qui parle’ (article explicatif à venir). A partir de là, le retour vers le  centre du village est le passage le moins bien entretenu, en forte pente, et non marqué. C’est le seul reproche que l’on peut faire à l’office du tourisme des Hautes Terres de Provence qui ne doit pas avoir de grands moyens pour l’entretien de ses sentiers mais fait de gros efforts pour le tourisme.

 IMG_0341.jpgIMG_0342r.jpgIMG_0343.jpgIMG_0356.jpg

Télécharger la fiche de randonnée de l’office du tourisme de la Motte-Turriers (Hautes Terres de Provence)

Aqueduc_sagnieres_itinéraire 6.450km 2h25 dénivelée 177m

Notre chambre d’hôtes se trouvait Au vieux mûrier à Sigoyer, petit village bien tranquille où nous avons été accueillis chaleureusement dans une ancienne ferme que les propriétaires améliorent toujours, et qui de plus, a obtenu le label ‘Tourisme et handicaps’, c’est assez rare pour être signalé. Les repas étaient dignes d’un grand chef et les discussions animées autour de sujets aussi variés que les produits régionaux, le travail des fonctionnaires internationaux ou l’éducation des enfants en difficulté. Les prix, un peu élevés pour la  région, sont cependant à la hauteur des prestations.

Le circuit des cabanons pointus – cabanoun pountchu – à Mane


Petite boucle à Mane proposée par estoublon, pour découvrir plusieurs cabanons pointus, constructions de pierre sèche le plus souvent à usage agricole ; en 1963, Pierre Martel en avait recensé une centaine entre Saint-Michel et Mane ; sans le savoir, je retrouverai ce circuit décrit dans le dernier livre acquis : 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009.

Curieusement, dans le même secteur, les constructions de pierre sèche sont repérées sur la carte IGN par quatre dénominations différentes : Cnon ou Cabanons, bories (terme à proscrire !), Cnes pour cabanes. Mais comment donc l’IGN met-il à jour les cartes et récupère-t-il la dénomination locale exacte ? Il consulte d’abord les glossaires établis par des érudits régionaux (ça explique le terme impropre de borie…) puis il fait des enquêtes sur le terrain (ça explique le terme de cabanons et cabanes), ce qui enrichit le dictionnaire. Enfin la commission de toponymie établit une liste des termes figurant dans des états justificatifs de noms dont la signification a été vérifiée dans des ouvrages récents (ça explique les graphies). Mais si ce fonctionnement explique les différents termes, il est étrange que ces termes soient si différents dans une zone géographique aussi petite !

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Voici la carte de Cassini datant de 1778. Le barrage de la Laye n’existait pas, bien sûr ; la rivière s’appelait l’Aye devenue ultérieurement Laye signifiant bois, forêt dans le sud-est (selon le glossaire des termes dialectaux de Pégorier, IGN, 2006). Légende des cartes de Cassini

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IMG_0039.jpgLe premier cabanon est juste en face du parking. On accède au second par un sentier bordé d’un muret ; les pierres plates de la toiture (lauses) sont fortement inclinées.  Un chemin caladé réhabilité par les bénévoles de l’association Alpes de Lumière, nous mène au grand cabanon des Eyroussiers.

img_1115.jpgIMG_0042.jpgAvec ses 40m de circonférence, c’est certainement le plus vaste que l’on connaisse dans les environs. Sa construction est soignée : les pierres équarries de l’encadrement de l’entrée portent une feuillure intérieure contre laquelle venait buter une porte de bois. img_1116.jpgUne pierre au sol marque le seuil. Le linteau de bois était surmonté d’une corniche de protection. L’intrados1 de la voûte prend naissance au sol et s’incurve en douceur jusqu’à la cime. Un travail de pro et d’artiste !

img_1120.jpgDerrière le cabanon, un long et haut mur d’enceinte est couronné de lauzes en épi posées de chant, en oblique. Il stabilise le mur et dissuade animaux et maraudeurs de tentatives d’escalade ou de franchissement. Technique du couronnement, site pierreseche.chez-alice.fr

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img_1126.jpgTandis que mon compagnon de route cherche la cache des ‘cabanes du pays de Mane’ placée par estoublon, je suis attirée par un  assemblage en opus spicatum2 dans le bas du mur (2ème photo à gauche) : c’est la première fois que j’en vois un. Le mur a été relevé ultérieurement par des pierres posées en assise horizontale. L’angle du mur  a fait l’objet d’un certain soin avec des grosses pierres plates parallélépipédiques taillées à angle droit et dont on alterne les faces. Cette propriété privée est vouée à la pierre sèche : une curieuse statue de pierre trône même dans le jardin !

En pratique, le chaînage d’angle, site pierreseche.over-blog

IMG_0056.jpgA partir du calvaire (1876) dans le virage, petit aller et retour pour la Vue sur le barrage de la Laye, cache que nous n’avions pas trouvée la dernière fois. Nous improvisons la fin du parcours, évitant ainsi la départementale 950. Un cabanon en bien mauvais état se trouve à l’angle d’une prairie où les premiers moutons sont de sortie.

img_1136.jpgPremier visuel à émerger de la plaine environnante, la citadelle éblouit par sa carrure.

Mane, les cabanons pointus, site de la communauté de communes

Itinéraire du sentier des cabanons, 1h30, 3km500, 115m dénivelée

Ce circuit m’a procuré beaucoup de plaisir : ‘c’est du bon geocaching’, dirait Serge Robert ; si vous êtes intéressé par la pierre sèche, je ne peux que vous inciter à faire le circuit des *** bergeries du Contadour dans la montagne de Lure.

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intrados1 : profil apparent intérieur d’une voûte ou d’un arc
opus spicatum2 : appareil réalisé avec des pierres disposées obliquement sur la tranche et alternativement en épi

(définitions extraites du glossaire du livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, D.Larcena et D. Lacaillele bec en l’air, 2008)

Le vallon de la Piche, Faucon du Caire


Note  : après la parution de cet article, suite à nos remarques, l’office du tourisme des Hautes Terres de Provence a revu le balisage de cette randonnée.

Première randonnée conseillée par l’office du tourisme intercommunal (situé au pied de la via ferrata au Caire) classée difficile. Celui qui nous conseille nous laisse une photocopie, et un numéro de téléphone au cas où nous serions perdus : l’idée est curieuse mais nous comprendrons plus tard pourquoi il a pris cette précaution. Il nous montre un croisement sur la carte où il se pourrait bien que le panneau indicateur ne soit pas encore remis en place ! En tous cas l’accueil, la rapidité et la qualité des réponses sont meilleurs que dans les grandes villes. Bravo, nous reviendrons !

Nous allons à Faucon du Caire1 que le Chevalier de l’Ordre du Croissant Hélion de Glandevès reçut en récompense de ses services dans la conquête du royaume de Sicile au XVème siècle. Comme à Bras d’Asse, je suis surprise qu’il existait un baron dans ce village.

Télécharger le descriptif de la randonnée, site de l’O.T. des Hautes Terres de Provence

faucon_geologie.gifLa route longe le Grand Vallon, une vallée profonde que ne parcourt pourtant qu’un petit ruisseau. Ce n’est pas lui qui a pu creuser la vallée mais les écoulements de langues glaciaires du nord-est qui ont fondu. Le tracé de cette vallée a été dirigé par une grande fracture qui a mis  côte à côte deux compartiments très différents, d’un côté des calcaires argileux sombres, de l’autre des alternances de grès et marnes de Molasses rouges. Terres noires, marnes rouges, grès verts, toutes les couleurs de la géologie locale sont à Faucon. Si vous regardez la carte géologique (extraite du site Geol-Alp), vous verrez d’ailleurs qu’elle a plein de couleurs différentes.

img_0226.jpgÇa commence bien : un beau panneau tout neuf à l’entrée du sentier, comme celui qui est à gauche « le Caire par le Viéraron » ; nous longeons les terres noires du img_0230.jpgravin de la Bouchouse dont la surface a été rougie par les actions du climat. Le sentier est parfois à peine visible sous la végétation. La montée est raide et continue. Nous cherchons souvent le balisage tant il est situé soit trop haut, soit trop loin, soit absent ou invisible. Une petite cascade au loin, attire nos oreilles par son léger clapotis.

IMG_1423r.JPGIMG_1425r.JPGAu fameux croisement où il faut tourner à gauche (le panneau est bien présent…), la piste s’élargit et nous savons que les vaches l’empruntent également. Sur le petit coin de prairie avant la descente, nous observons les papillons et les fleurs de printemps qui ont eu tant de mal à sortir cette année. Nous passons à côté d’un effrondrement rocheux naturel qui semble avoir été dynamité tant les blocs sont tombés de façon désordonnée. La voie est barrée par un arbre en travers du chemin : impossible de le contourner, il nous faut l’enjamber.

Au changement de vallon, mon compagnon de route s’éloigne par la droite, enjambant les arbres et marchant sur les ronces ; il a toujours de bonnes IMG_1428r.JPGraisons pour me convaincre qu’il s’agit du bon chemin : « il faut revenir par l’autre vallon [de la Piche] » et en plus, « je vois bien le chemin sur mon GPS « . Au bout de 100m, nous nous trouvons en haut d’une barrière rocheuse dominant la rivière et il est impossible d’aller plus loin. Si le ravin de la Piche porte ce nom dérivé de pis – avec ses variantes pisse, pich, pissoun = cascade – c’est sans doute que des cascades y tombent en pluie fine mais nous n’en verrons pas de ce côté bien qu’ayant souvent côtoyé l’eau en traversant à gué le ruisseau. Vocabulaire et toponymie des pays de montagne, R. Luft, Club Alpin Français de Nice-Mercantour, 2006. J’ai d’ailleurs déjà rencontré une cascade de la Piche lors de ma montée au refuge de l’Estrop.

IMG_1435r.JPGDemi-tour puis descente dans la forêt par une piste que l’on devine plus qu’on ne la voit : elle n’est plus sur la cartographie du GPS. Quelques marques jaunes reviennent, manifestement rafraichies depuis peu. A nouveau, elles se font trop discrètes ; dans cette forêt au côté sauvage, nous parlons d’égarement possible, de couverture de survie, de briquet que nous aurions dû emporter, de coordonnées que nous aurions dû laisser à nos enfants, enfin de tout ce qui rassure quand on songe qu’on peut se perdre…

img_0232.jpgimg_0233.jpgSur la crête, je ne vois que plus tard la croix jaune qui nous indique une fausse piste : il fallait tourner à gauche en épingle à cheveu. Bientôt nous arrivons sur le promontoire où se trouvait un ancien castrum ; désormais s’y trouve un « rocher qui parle« , rocher artificiel qui diffuse un conte ou une anecdote reliée à un jeu thématique : je vous en reparlerai dans un autre article. La descente se fait par un escalier aménagé retenu par des traverses rondes en bois dont certaines ne maintiennent plus la terre. Manifestement, l’entretien du sentier n’est pas terminé.
IMG_1437r.JPGAu final ma curiosité n’a pas été rassasiée sur ce parcours dont l’intérêt réside dans la dépense physique et des fleurs que je n’ai vues nullement ailleurs ; certaines sont des espèces protégées comme cette orchidée qui ressemble à Ophrys bécasse, ou abeille, bourdon, mouche, les différences sont si subtiles et mon ignorance si grande… certaines fleurs sont rares comme l’Ephedra Negri qui se cache dans les marnes noires mais je n’en verrai pas.

Consulter Inventaires et protections réglementaires de l’environnement Région PACA – FAUCON-DU-CAIRE

Vallon de la_Piche itinéraire_4.400km 2h05 déplacement_(2h20 au total) 561m de dénivelée

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1caire : du celtique car, ker = pierre, sommet rocheux, le plus souvent accessible par escalade ; d’où la Motte du Caire, le Caire, Faucon du Caire