La boucle des Mariaudis : mieux avec quelques variantes


Une boucle qui figure dans la liste des randonnées proposées par l’office du tourisme de Forcalquier. Je vous la propose avec quelques variantes.

IMG_0318-225x300.jpgNous empruntons le boulevard Latourette pour rejoindre le chemin des Ybourgues et le GR6 (rouge/blanc). Sur l’arête rocheuse, un grand cabanon pointu est construit dans le jardin d’une propriété, ce qui est curieux, cette construction se trouvant habituellement dans la nature. Nous descendons dans le vallon du Viou (balisage jaune), passons le pont, dans un sous-bois, sur une route forestière.

IMG_0328.jpgAu carrefour avec le GR6, je propose à mes acolytes une première variante : descendre jusqu’à la rivière puis rejoindre les Ybourgues, hameau dépendant de Limans (balisage rouge / blanc). La descente caillouteuse est parfois raide : presque 200m de dénivelée ; nous passons devant quelques champs de lavande, quelques bosquets d’arbres avant d’atteindre la Laye et la retenue de la Laye (plus de 2 millions m3, barrage mis en eau 1965) qui a envahi même les champs : les arbres sont au milieu de l’eau.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

IMG_0333.jpgIMG_0338.jpgLes Ybourgues, petit hameau à grosses maisons qui devient au XIIè siècle un véritable village avec église, château, et même couvent des Bénédictins. Face à la fontaine, le chateau remanié au cours des siècles qui a appartenu aux comtes de Provence puis aux Forbin-Janson seigneurs de Mane. La tour faisant office de colombier avait des archères étroites. A l’opposé, une tourelle rectangulaire. Le logis a plutôt un style post-renaissance mais ne choque pas à côté du style médiéval. Les pierres d’angle porte l’année de leur restauration. Le second niveau sert d’habitation ; côté cour les trois fenêtres à meneau étaient pourvues de coussièges1 latéraux. La forme d’ensemble fait penser à un corps de ferme mais certains indices font penser à des fortifications. Peut-être une ferme fortifiée ? la boucle des pigeonniers de Limans dans ce blog vous permet également d’y passer.

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Après avoir dégusté quelques mûres prises sur les branches basses du mûrier au dessus de la route, nous cherchons un endroit pour le pique-nique. Moment convivial de partage de nos provisions. La remontée jusqu’au carrefour sera un peu difficile…

IMG_0360.jpgAu carrefour avec le sentier de Mariaudis, nous continuons sur le GR6 le long d’un vieux mur de pierres sèches. A peine 200m plus loin, estoublon nous propose une seconde variante vers un cabanon pointu. Au carrefour suivant en allant vers Mane, il nous emmène à la recherche d’un grand cabanon pointu (troisième variante) qu’il a aperçu dans le quartier des Eyroussiers, là où nous avions parcouru le sentier des cabanons. Nous y allons à travers bois et garrigues. IMG_0376.jpgIl est particulièrement grand, bien équipé : une banquette, une cheminée et renforcé sur son pourtour extérieur. Devant, c’est une véritable esplanade avec banc de pierre pour les soirées d’été. Cela valait la peine de le chercher.

IMG_0398.jpgNous rejoignons le GR6. Au loin, la colline où trône fièrement la citadelle de Forcalquier : un paysage de carte postale. Lorsqu’il tourne vers la gauche, il devient étroit et pénible.  estoublon propose une quatrième variante : rentrer par le quartier de la Louette et le célèbre viaduc du Viou.

IMG_0384.jpgDans ce quartier, coulait la fontaine de la Louette réputée pour son aptitude à faire cuire des légumes secs.  C’est en passant sous le viaduc du Viou que l’on mesure sa hauteur, sa grandeur même : sous une arcade, une plaque commémore sa construction (de 1882 à 1887).

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La crête de Lure jusqu’au cairn 2000


IMG_1145.JPGIMG_1139.JPGEn montant jusqu’à la station, nous nous arrêtons à l’abbaye Notre-Dame de Lure fondée en 1166. De grands arbres déploient largement leur branchage : ce sont des tilleuls plantés probablement en 1824. Ils cachent à peine l’église dont le portail principal a été fermé à cause du vent qui y dépose les feuilles mortes. Lucien, l’ermite, s’occupe de son jardin tout en acceptant de discuter avec les randonneurs. Il a accroché un message au robinet de la fontaine pour signaler qu’il recherche un robinet à double voie. Face à l’église, de grands monuments ont été érigés en reconnaissance à Notre Dame de Lure.

IMG_1141.JPGL’église a été construite par les moines de l’abbaye de Boscodon ; abbaye chalaisienne, Lure dure 150 ans puis est absorbée par le chapitre de la cathédrale de Notre Dame des Doms à Avignon en 1303. Les 20 moines ne s’y installent pas. En 1481, elle devient simple chapelle. Au XVIème siècle elle tombe en ruine et est en partie ensevelie par un glissement de terrain. Un berger entend une voix qui lui commande de relever le sanctuaire. De 1637 à 1659 les travaux sont entrepris ; depuis cette époque le pélerinage du 15 août demeure toujours vivace.

La météo aujourd’hui à cet endroit
Avec la température ressentie

img_0091.jpgNous partons de la plus vieille station de ski du département (1934) mais qui depuis 1997, a fermé bon nombre de ses pistes. Nous passons près du monument dédié à l’astronome Godefroy Wendelin mais devenu illisible.

« Installé en Provence de 1598 à 1612 il crée en 1603 le premier observatoire météorologique et astronomique de son genre […] sur la montagne de Lure. A partir des observations des satellites de Jupiter, Wendelin et son confrère Peiresc furent les premiers à montrer que la troisième loi de Kepler s’appliquait aux satellites de Jupiter, apportant ainsi la preuve que ces lois étaient bien lois universelles ». Extrait de wikipedia

img_1216img_1170En ce 3 mai 2009, en quelques heures, soleil, vent, pluie, grêle, orage, soleil sur fond de neige se sont succédés sur la montagne de Lure. De 24° à Aix, nous sommes passés à 6° au point culminant à 1827m d’altitude. Montagne de contrastes, elle ne cesse de nous surprendre : pâturages, landes ou désert de cailloux, sentier rocheux et secs ou herbeux saxifrage à feuilles opposées ?Crocuset humides, bordé de résineux ou au contraire sans végétation ; nous ne verrons que deux espèces de fleurs de printemps, un seul insecte, et aucun mammifère,… pourtant y vivent 6 meutes de loups (information FR3 du 19/02/2010) dont un loup gris aperçu en 2006 (le loup est de retour dans la montagne de Lure), c’est sûr ! et peut-être même un autre dans le Ventoux..

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img_0121-300x225.jpgimg_1182-225x300.jpgVu d’en bas, le G.R. qui mène au sommet semble interminable mais monte tranquillement. Il est balisé par une série de poteaux de bois. Il y a tellement de neige sur la crête du sommet que je m’enfonce jusqu’aux chevilles. Le sentier de la crête ne se voit plus : talons bien plantés au sol pour ne pas déraper,  nous contournons par en dessous les antennes du signal de Lure qui étincellent de lumière. Mais le sentier des crêtes devait passer au-dessus. Nous le rejoignons un peu plus loin. Le  belvédère espéré s’est caché sous un voile brumeux.

img_0130.jpgLà de petites constructions de pierre sèche ont été bâties. Chacune a son style mais ont-elles leur utilité ? on ne peut pas y mettre grand chose, à part peut-être des boissons fraîches l’été !

Nous passons au pas de la Graille – un col d’une altitude de 1 597 m encore fermé en ce début mai. Il permet de passer de Saint-Étienne-les-Orgues (réunion de deux fiefs, celui de Saint-Etienne et celui des Orgues, durant le haut moyen-âge) à Noyers-sur-Jabron.  Quand nous sommes à l’adret, l’ombre est fraiche et nous avons besoin d’un vêtement chaud ; à l’ubac au contraire, on pourrait rester en T-shirt.
img_1201img_0143Le cairn 2000 est bien plus grand encore que le Pape que nous avions vu sur la crête de la Faye (les bergeries du Contadour) ; planté élégamment au milieu de la prairie, il se voit de loin et nous attend au sommet de la montagne. Devenu un véritable symbole pour les randonneurs, il est entouré de messages déposés par autant d’amoureux de la nature venus « mettre leur pierre à l’édifice ». C’est ce qu’a fait également mon compagnon de route qui a déposé en hauteur côté levant une pierre plate « Geocacheurs de Provence ». Si vous y allez, vous me direz si elle y est toujours…

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« Pour toi qui passes près de ces pierres,
sache que ce carrrefour est sans frontières,
il est symbole universel,
et pour les randonneurs (il est) leur tour de Babel »
27 avril 2000,
Comité Départemental de la randonnée, commune de Cruis

Img_1210.jpgArrêt pique-nique sur l’unique table à côté de l’unique arbre de la prairie. Sous le vent qui s’est levé, je sors ma baguette et y étale généreusement un demi fromage de Banon – le site de l’AOC Banon – que je déshabille des feuilles de châtaignier qui préservent son incomparable crémeux. « La technique du caillé doux n’utilisant que du lait de chèvre et de la présure convient parfaitement à son affinage particulier sans oublier bien sûr de le tremper dans la gnôle pour obtenir de ce crémeux à cœur l’inimitable saveur […]. S’il est accompagné d’un Châteauneuf du Pape blanc ou d’un ‘Côtes du Ventoux’ selon l’humeur, on en apprécie toutes les fragrances ». Extrait du site de Maître Acappella

img_1218img_0164.jpgLe temps ayant changé, nous décidons de ne pas prendre de risques et nous revenons au point de départ par la route qui, étant barrée, nous appartient totalement. Elle est aussi longue que celle des crêtes mais avec moins de dénivelée. Petite bataille de boules de neige : c’était trop tentant compte tenu du 1 mètre de neige bordant un des côtés de la route. Les quelques trous fraîchement creusés dans le tronc des arbres ont été faits par un pic, plutôt par un pic noir que par un pic épeiche car les trous sont assez grands et ovales, habituellement creusés à plus de 4m du sol, ce qui met les petits à l’abri des prédateurs terrestres. Il a en effet été observé avec certitude dans la montagne de Lure. Atlas communal des oiseaux nicheurs du Luberon et de la Montagne de Lure

Grâce à la cueillette des plantes médicinales, de nombreuses familles de droguistes à Saint-Etienne ont fait fortune ; les marchandises étaient vendues ou échangées sur les foires.

IMG_0094.jpgLe séjour n’aurait pas été complet sans notre chambre d’hôtes au mas de Foulara à Cruis. Gite de charme en pleine campagne dans un décor de verdure, il est tenu par un couple qui aime la région et régale généreusement ses pensionnaires avec des produits frais régionaux : quiche à la ratatouille, agneau de Sisteron aux petits légumes accompagnés d’un coteau de Pierrevert, fraises du pays et son coulis ‘maison’.

Itinéraire crête de Lure 15km870, 4h30 depl. (5h20_au total) 256m dénivelée

*** Les formes insolites des rochers des Mourres


img_0090.jpgimg_0099.jpgimg_0103.jpgimg_0110.jpg

img_0129.jpgtypes_de_formes_Mourres.jpgCinq formes de rochers, cinq curiosités : ondulations, monticules, meules de foin, cylindres, vasques. Balade insolite sur le territoire de Forcalquier et qui serait probablement peu rassurante sous les faibles rayons de la lune : des personnages ou animaux surgissent de tous côtés. Que voyez-vous à gauche ? un pingouin ?

img_0115.jpg Partis des Payans sur la D16, nous avons atteint les Mourres1  après une longue montée dans les vallons entre la campagne2 ‘les Souillons’ et ‘le Moulin’ ; le paysage est désertique, seules quelques touffes de végétation img_0113.jpgéparses poussent sur les flancs de la colline ; jusqu’à ce que nous apercevions le premier rocher en forme de champignon, nous doutions être sur la bonne voie. Dans un premier temps, nous montons vers le nord, passant sous les ponts naturels ou jetant un oeil à travers les rochers troués ; des cavaliers traversent le site et s’étonnent : du haut de leur monture, ils voient mieux que nous les chapeaux massifs de ces champignons géants, formés de petites couches entrecroisées, inclinées et fendues.

img_0127.jpgDécouvrir la France par la géologie, François Michel, BRGM, quelques lignes sur les Mourres dont une photo avec légende traduite en anglais
Livret guide des 4èmes journées nationales du patrimoine géologiqué 2008 (ARCHIVE), à télécharger en bas de page (une page sur les Mourres, document pdf 4Mo)

Je ne saurai expliquer facilement comment ces rochers se sont formés : j’ai essayé de faire la synthèse de tous les documents rédigés sur le Net par des géologues. Grâce à Marie-Jo Soncini, géologue à la réserve Géologique de Haute-Provence, j’ai pu apporter quelques corrections à cet essai de vulgarisation scientifique. Stéphane Legal du parc du Lubéron, m’a fourni deux documents de recherche. Qu’ils en soient remerciés tous deux !

Notez bien que vous êtes devant une
rareté géologique !

En savoir plus, l’article la formation des Mourres sur randomania plus.

C’était à l’époque où la région était occupée par un lac marécageux (25 millions d’années, Oligocène supérieur).

  1. Phase de changement du niveau du lac3 : des îlots d’herbiers aquatiques dont la nature n’est pas encore identifiée, croissent en surface du plan de l’eau. « Si le niveau d’eau s’élève assez au-dessus de ces associations que l’on peut baptiser des herbiers, elles meurent, puis s’indurent. Croissent alors «sur leur dos» de nouveaux herbiers, et ainsi de suite, suivant les fluctuations du niveau d’eau »
  2. Les rochers grandissent rapidement verticalement ;
  3. puis l’ilot central se nécrose, ce qui favorise son envasement par une vase calcaire alors même que les végétaux croissent sur la périphérie et en hauteur, formant des structures annulaires  ;
  4. consécutivement à l’envasement, le calcaire se fixe autour des végétaux, dans les zones profondes et au coeur des structures puis s’indurent progressivement.

Ce régime de sédimentation singulier a donc stabilisé et durci les masses calcaires mais à la différence des récifs de coraux, cela a dû se produire alors que l’herbier n’était plus vivant.

  • Phase de baisse du niveau du lac4, l’eau se retire, les mouvements tectoniques, les pressions entrainent la déformation des strates à la périphérie du massif alpin ; le lac se redresse en oblique sous la poussée des Pyrénées puis des Alpes ; l’érosion décape les terrains argileux de préférence aux roches calcaires.
  • Les jeux de l’érosion actuelle dégagent progressivement les rochers de ce site en entraînant vers le bas les marnes tendres de leur assise.
  • Quand les eaux de ruissellement commencent à emporter la marne friable, l’érosion laisse émerger des rochers grisâtres (image 1),
  • Quand l’érosion a enlevé complètement la marne, apparaissent des rochers de différentes formes, gris en haut sur du calcaire blanc plus tendre en bas (image 2),
  • En dessous de la D12, enfin, quand l’assise blanche est érodée, le rocher gris qui était suspendu, se retrouve au sol (image 3).

Paléogenèse des Mourres, site des professeurs de SVT de l’académie d’Aix-Marseille, avec petite animation sur la formation des Mourres par les herbiers. En observant bien, vous reconnaitrez trois étapes successives de cette érosion :

img_0124.jpgimg_0112.jpgimg_0138.jpg

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