La chapelle d’Augès et la ferme des Lioux


Au départ de Peyruis, en direction des Martrons, nous partons à 5 pour une petite balade entre amis, prétexte à fêter 3 anniversaires. Nous traversons la forêt du prieuré : est-ce celle du prieuré de Ganagobie à moins de 10km à vol d’oiseau ? non je pense plutôt qu’il s’agit de celle du prieuré Saint-Jean-Baptiste de Mallefougasse, ou du prieuré rural Saint-Georges dépendant de Saint-André de Villeneuve, là où nous allons ce matin. Abbayes et prieurés de l’ancienne France, Tome II, Provinces ecclésiastiques d’Aix, Arles, Avignon et Embrun, R. P. Dom Jean-Martial Besse, Ch. Poussielgue (Paris), 1909

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Départ du Bas-Col ; un petit troupeau de vaches rustiques et paisibles ne semble pas avoir froid. Il fait -9°, 20km/h de vent froid et de maigres flocons de neige volètent autour de nous. Avec une température ressentie de -16°, nous avons tous enfilé plusieurs vêtements, un bonnnet, des gants et pris les bâtons de randonnée pour marcher dans la neige.

Nous cheminons dans les bois de chênes et de pins. Un arbre écroulé nous contraint à le contourner. Au bout de 450m, sous les arbres, à gauche, nous n’avons pas vu l’ancien cimetière de la commune d’Augès (du latin augelum), commune tellement désertée qu’elle a fusionnée avec Mallefougasse le 1er janvier 1974. 107 habitants en 1837, 24 habitants dans 6 maisons en 1906 (Annales Basses-Alpes – T13, Société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, 1907) ; fin 1908, il est même signalé que la population agglomérée d’Augès est de 1 habitant, record absolu parmi les plus petites communes de ce département.

Drôle de nom que celui de Mallefougasse1 qui fait penser à mauvaise fougasse ou mauvais pain.

Un peu plus loin, un sentier plus raide atteint la chapelle d’Augès, désormais transformée en maison mais ayant gardé son clocheton ; le logement étant inoccupé, nous accédons au promontoire et son point de vue remarquable sur la Haute-Provence, la montagne de Lure.

Sa partie la plus ancienne remonterait au XVe siècle, époque où un moine de Ganagobie l’occupait. Avant la Seconde Guerre Mondiale, elle accueillait l’école de l’ancienne commune d’Augès. Un instituteur, Germain Lagier, y raconte son arrivée : « Après une heure de marche (…), on accéda à l’école, perchée au sommet d’une colline, en vue de la montagne de Lure. Quel fut mon étonnement de constater que l’école était en fait une chapelle munie de son clocher ! (…)  Extrait de Fondation du patrimoine

Extrait du journal de Germain Lagier, un instituteur des Basses-Alpes, Editions de Haute-Provence, 1993, quand il enseignait à Baudinard.

Enfin, la chapelle a servi de mairie où le dernier Conseil Municipal eut lieu en 1971. Au XIXè siècle, sur la porte, une pierre était chargée d’un lièvre poursuivi par un énorme lévrier. S’il s’agit du blason d’un ancien seigneur d’Augès, je n’ai pas trouvé lequel. Les seuls que j’ai trouvés sont issus des Fortia, marquis de Pille, gouverneur des places du château d’If et des îles de Marseille.
Histoire géographique et statistique du département des Basses-Alpes, Jean-Joseph-Maxime Feraud, Vial, 1861

Au retour, nous délaissons la direction de la vigie sur la colline Tourdeaux pour celle de l’ancienne ferme fortifiée des Lioux où l’on devine le passé agricole des collines. Précédée d’un grand puits, elle est composée de plusieurs pièces ; le pigeonnier éventré s’élance vers le ciel. A l’arrière, depuis le mur d’enceinte, la chapelle d’Augès est bien visible sur sa colline.

un carré d’environ 30m de côté, clos de murailles aveugles, et au centre le logis et un pigeonnier. P. Ollivier-Elliott

Les photos de JM Foulon

Qui dit ‘fête’ dit ‘bon repas’. Le Fougassais nous a accueilli pour un excellent repas gastronomique au coin du feu, à Mallefougasse. Croyez-moi, ce tout petit village possède un bistrot de pays (spécialité de daim) qui vaut le déplacement.

Image de l’itinéraire, 2km400, 1h déplacement, 83m dénivelée

Dans les Alpes de Haute-Provence, 18 balades réussies pour toute la famille, FFR, ADRI, CDT, FFR, 2005

1Malefougasse : malo Tortello, malafocacha (1273) puis mala fougassa

Chateauneuf-lès-Mane par les Charbonnelles


Pluies éparses a annoncé Météo France, pas de quoi me décourager. J’arrive donc sur le parking du prieuré de Salagon où je me prépare. IMG_7372.JPGImg_7394.jpgLa pluie fine mais continue ne semble pas vouloir s’arrêter ; je décide de me mettre en route quand même vers les Hautes Plaines : je suis de nature optimiste… La route est bordée de quelques oratoires et grimpe de manière continue. Il pleut toujours ; je croise un couple en imperméable qui fait demi-tour. IMG_7377.JPGLes aiguilles de pin pleurent. Je croise un groupe d’une dizaine de randonneurs, encapuchonnés dans de larges imperméables noirs. L’un d’eux m’interpelle : les sentiers sont boueux, il n’arrête pas de pleuvoir depuis ce matin, nous faisons demi-tour, pas vous ?

IMG_7375.JPGIMG_7380.JPGLe sentier n’est pas difficile alors je le poursuis sous la pluie ; bientôt mon coupe-vent ne coupe plus rien mais le soleil pointe le bout de ses rayons. En quelques secondes, le brouillard de pluie qui cachait les vallées et collines a disparu. Sur le plateau à la végétation clairsemée, les premières campanules sont sorties.

sculpture de fer dans le jardin de l'artisteAprès être passée devant le jardin de Pierre Boutteau où des sculptures en fer de récupération de grande taille sont alignées tels des chevaux de course prêts à partir, je poursuis la route qui mène à la chapelle Notre Dame de l’Assomption à Chateauneuf-lès-Mane que j’avais visitée il y a quelques mois.

Img_7394.jpgLa chapelle Notre Dame de Châteauneuf. Le gardiennage de la chapelle est assuré par une soeur ermite, logée dans le prieuré attenant. A l’emplacement de l’ancien cimetière, elle a posé ses ruches. Elle s’est longuement entretenue avec nous lors des journées du patrimoine 2009. Pour la datation, voir l’étude de Daniel Thiery, aux origines des églises et des chapelles rurales des Alpes de Haute-Provence

A l’intérieur, le chœur est magnifique, en pierre blanche parfaitement taillée avec un haut cul de four et deux colonnes romanes à chapiteaux corynthiens (extrait de Pays de Lure Forcalquier Manosque et de Giono, Ollivier-Elliott, Edisud, 2000)

Les peintures murales me surprennent :IMG_0327r.jpg sur un des murs, plusieurs croix de l’ordre des templiers y sont peints. Ferait-elle partie de la donation faite aux templiers par la Dame des lieux ? elle est très proche d’un établissement templier, ce que rappelle Bernard Falque de Bézaure dans son livre Sur les traces des Templiers, Cheminements en Provence, Thoard, 1997

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De Fontienne à Forcalquier en passant par le dolmen du Clot de Melly


IMG_0127.jpgPour faire cette randonnée, il faut laisser une voiture à Forcalquier et l’autre à Fontienne, près de l’église ; si vous disposez d’une journée entière, le retour en boucle sera toujours possible. Vous passerez par les rochers des Mourres, *** les formes insolites des rochers des Mourres, curiosité géologique unique au monde.

La journée devrait être pleine de surprises préparée mes compagnons de route pour mon anniversaire : je me suis laissée guider et j’espère que nous trouverons un des rares dolmens des Alpes-de-Haute-Provence, annoncé par Ch. Cotte de la Société préhistorique française dans sa séance du 26 juin 1912. Pour cela estoublon a imprimé un document qu’il a trouvé sur le site Persée.
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